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29. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XI. Poésies fugitives. »

On comprend, sous le nom de poésies fugitives, tous ces petits poèmes courts et légers destinés à plaire un moment. […] De ces rondeaux un livre tout nouveau À bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère : Hormis les vers qu’il fallait laisser faire            À La Fontaine. […] De nos jours, on ne met plus ainsi le sentiment à l’alambic ; mais on se plaît à torturer l’esprit par l’énigme, le logogriphe et la charade, qui font l’amusement des oisifs de salon : on n’y gagne pas grand’chose, sinon peut-être de se croire de l’esprit en cherchant à deviner celui des autres.

30. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VIII. Petites pièces anciennes. »

Je vous vis et je vous aimai : Si ce dessein vous plut, Silvie, Le premier jour du mois de mai Fut le plus heureux de ma vie. […] Pour ce vous plaise ordonner promptement Nous être fait du fonds suffisamment ; Car vous savez, seigneur, qu’en toute affaire, Procès, négoce, hymen ou bâtiment, L’argent surtout est chose nécessaire. […] De plus, on s’est imposé des règles tout à fait artificielles ou capricieuses, qui ont élevé la valeur du sonnet, à mesure qu’il plaisait au juge de se rendre plus difficile.

31. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

ou bien n’y a-t-il effectivement aucune distinction à faire entre eux, et devons-nous répéter, avec le proverbe, qu’il ne faut pas disputer des goûts, et que tout ce qui plaît est bon, par la seule raison que cela plaît ? […] En quelque genre de composition que ce puisse être, ce qui flatte l’imagination et touche le cœur, plaît aux peuples de tous les siècles. […] Voilà ce qui plaît et transporte. […] Nous appelons ordinairement cette espèce de style, style oriental, parce qu’il plaît surtout aux peuples de l’orient de l’Europe. […] Je publiai mes ouvrages, parce qu’on m’avait dit que je pourrais plaire à ceux à qui c’est une gloire de plaire. » Cette manière d’écrire, que la plupart des écrivains français ont adoptée, convient aux sujets agréables et faciles à traiter.

32. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

C’est la brièveté qui plaît surtout, et qui frappe dans ce genre. […] Le but avoué du poème didactique est d’instruire ; ici, l’auteur a directement en vue d’amuser et de plaire. […] Chacune de ses descriptions pourrait plaire, si elle était seule ; elle ressemblerait du moins à un tableau de paysage. […] En ces sortes de feinte, Il faut instruire et plaire ; Et conter pour conter me semble peu d’affaire. […] Outre les qualités dont nous avons déjà parlé, le récit dans l’apologue doit encore, s’il veut plaire, être revêtu des ornements qui lui conviennent.

33. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

La vérité toute nue ne serait pas accueillie favorablement de tous ; et, souvent, pour persuader les hommes, il faut leur plaire et les toucher. […] combien me plairait votre aspect enchanteur Si le plaisir encore était fait pour mon cœur. […] Enfin, observez que la même pensée plaît ou déplaît, suivant la manière dont elle est rendue. […] Ce qui rend la fable si séduisante, c'est qu'on croit entendre un homme dont la bonhomie se plaît à répéter ces petits drames, qu'on lui a dits, ou qu'il croit avoir vus. […] Rassure-toi ; même à la cour La bergère sait plaire encore : On aime l'éclat d'un beau jour Et les doux rayons de l'aurore.

34. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Leur vue à mon foyer prête un nouvel appas : L’homme se plaît à voir les maux qu’il ne sent pas. […] L’histoire ne souffre point les ornements empruntés de l’art ; on veut, au contraire, que l’épopée charme, plaise, touche, étonne. […] Le récit épique parcourt alors les temps, les lieux, comme il lui plaît ; il peint, à son gré, les objets de toute espèce, qu’ils soient horribles, hideux, dégoûtants même. […] Veut-elle plaire au troupeau des caillettes ? […] Mais, revenant à sa forme première, On la revoit sous les traits de Lemierre ; Elle s’y plaît, etc.

35. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Sans la clarté, les plus riches ornements du style ne jettent qu’une pâle lueur au sein de l’obscurité, et fatiguent le lecteur sans lui plaire. […] Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, l’écrivain cherche à plaire : il faut que son style soit fin, gracieux, élégant, varié. […] Il plaît, il intéresse par la vérité des pensées, la justesse des expressions, la netteté et la précision des phrases. […] Ce qui caractérise le style tempéré, c’est l’art de plaire. […] Il joint aux grâces du sentiment le coloris de l’imagination ; et en s’attachant à plaire par les charmes de l’élocution, il contribue merveilleusement à la persuasion.

36. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Remarques particulières sur chaque espèce de mots. » pp. 46-52

Ainsi dites : ces images, tout amusantes qu’elles sont, ne plaisent pas. […] Exemples : cette image, toute amusante qu’elle est, ne me plaît pas : ces images, toutes belles qu’elles sont, ne me plaisent pas 1.

37. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Admis dans la congrégation de la doctrine chrétienne, puis professeur de rhétorique à Narbonne, où il brilla par d’ingénieuses bagatelles que couronnaient des académies de province, il attira l’attention de Conrart, qui se plaisait à produire les talents, et, grâce à son patronage, il devint précepteur chez M. de Caumartin, qui lui fit connaître la société la plus choisie. […] Vous immolez à votre souveraine grandeur de grandes victimes, et vous frappez quand il vous plaît ces têtes illustres que vous avez tant de fois couronnées. […] L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extraordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort.

38. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Plus soucieux encore de plaire que d’instruire, de charmer que d’être utile, il chercha surtout le bruit, l’éclat, la gloire, la première place dans un siècle sur lequel il régna, et dont l’influence régnait elle-même sur l’Europe. […] J’y fus pris ; j’asservis au vain désir de plaire La mâle liberté qui fait mon caractère3 ; Et, perdant la raison, dont je devais m’armer, J’allai m’imaginer qu’un roi pouvait aimer. […] Tandis qu’il jase, et s’étudie à plaire, Un officier arrive, et le fait taire, Prend la parole, et conte longuement Ce qu’à Plaisance eût fait son régiment, Si par malheur on n’eût pas fait retraite. […] — Il faut s’instruire et se sonder soi-même, S’interroger, ne rien croire que soi, Que son instinct ; bien savoir ce qu’on aime, Et, sans chercher des conseils superflus, Prendre l’état qui vous plaira le plus. […] Sainte-Beuve : « Je le comparerais volontiers à ces arbres dont il faut choisir les fruits ; mais craignez de vous asseoir sous leur ombre. » D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indignes et du peintre et du coloris ; que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera, comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche ! 

39. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Conclure en balançant les avantages de ces deux arts, et en donnant la supériorité à celui qui plaira le plus. […] Cette pure nature dont vous parlez est précisément ce qui est beau, et ce qui plaît uniquement. » 3° Évitez de vous faire un style à vous, un style original, semé d’expressions et de tournures forcées. […] 9° L’hyperbole qui nous fait grandir ou diminuer les objets, plaît beaucoup, quoiqu’elle s’éloigne de la vérité. […] Soyez bien persuadé, s’il vous plaît que vous n’obligez pas une ingrate, et que vos bontés me pénètrent à un point qui vous acquiert mon moi tout entier. […] Je trouvai encore d’autres choses qui me plurent for surtout les arènes.

40. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre II. Seconde espèce de mots. » p. 7

Je plais au Père, pour à le Père. […] Je plais aux Pères, pour à les Pères.

41. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Conseils à M. de Chateaubriand sur le Génie du christianisme 1 Fragment … Qu’il se souvienne bien que toute étude lui est inutile ; qu’il ait pour seul but, dans son livre, de montrer la beauté de Dieu dans le Christianisme, et qu’il se prescrive une règle imposée à tout écrivain par la nécessité de plaire et d’être lu facilement, plus impérieusement imposée à lui qu’à tout autre par la nature même de son esprit, esprit à part, qui a le don de transporter les autres hors et loin de tout ce qui est connu. […] Votre esprit s’est mis du parti de votre désolation, et raisonne comme il plaît à celle-ci. […] Je voudrais avoir eu assez de bonheur et assez de bonnes qualités pour qu’il leur plût de citer souvent à leurs nouveaux amis quelque trait de ma bonne humeur, ou de mon bon sens, ou de mon bon cœur, ou de ma bonne volonté, et que ces citations rendissent tous les cœurs plus gais, mieux disposés et plus contents. […] Joubert disait ailleurs à une personne qu’il voyait fléchir sous le poids de ses tristesses : « La vie est un devoir si le soin de l’entretenir est le seul dont il plaise au ciel de nous charger, il faut attiser ce feu sacré, en s’y chauffant de son mieux jusqu’à ce qu’on vienne nous dire : c’est assez. » 1.

42. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Enfin, on peut la considérer telle qu’elle n’a jamais existé, et telle qu’elle ne sera jamais : à l’aisance, à l’innocence, à la simplicité du premier âge, nous nous plaisons à joindre le goût délicat et les manières polies des temps modernes. […] Les bergers peuvent avoir le désir de plaire, l’émulation dans les jeux, l’ambition d’entretenir un troupeau nombreux et fécond, des passions douces, tendres et modérées, mais jamais de ces passions violentes et cruelles qui sont le fléau de la société. […] Un berger, vainqueur dans les jeux ou qui aura réussi à plaire, pourra chanter sou bonheur et sa gloire. […] La simplicité, qui forme ici la qualité fondamentale, consiste à n’employer que les termes ordinaires, et à les employer sans faste, sans apprêt, sans dessein apparent de plaire.

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