Que le plaisir de nous entendre parler ne nous fasse jamais oublier que les auditeurs sont faciles à lasser ; que l’inconstance et la légèreté du plus grand nombre ne leur permettent pas de donner, à rien de sérieux, une attention longtemps suivie ; et lorsqu’une fois cette lassitude commence à se faire sentir, tout l’effet de notre éloquence devient absolument nul.
N’oublions pas que le jour où les peuples s’enferment avec imprévoyance dans le cercle étroit de leurs intérêts, et où ils aiment mieux soigner leur prospérité matérielle que leur intelligence, ils commencent à déchoir.
Je ne vous oublierai pas, couple généreux, jeunes Francs que je rencontrai au milieu du champ du carnage ! […] Aucune ruine ne répéta ce grand nom, et Sparte même sembla l’avoir oublié. […] L’Eurotas, appelé d’abord Himère, coule maintenant oublié sous le nom d’Iris, comme le Tibre, autrefois l’Albula, porte aujourd’hui à la mer les eaux inconnues du Tévère. […] et l’on nous oublie ! […] De plus cruels souvenirs ont fait oublier cet intérêt.
Par toi les malheureux oublient leurs peines, les heureux doublent leurs plaisirs. […] Toute ma vie il sera peint devant mes yeux ; et si jamais les dieux me faisaient régner, je n’oublierais point, après un si funeste exemple, qu’un roi n’est digne de commander et n’est heureux dans sa puissance qu’autant qu’il la soumet à la raison. […] Là, tous les airs de la ville seraient oubliés ; et, devenus villageois au village, nous nous trouverions livrés à des foules d’amusements divers, qui ne nous donneraient chaque soir que l’embarras du choix pour le lendemain.
On oublie l’orateur ; le sujet seul occupe. […] L’orateur, en pensant au salut de la république, ne s’oublie pas, et ne se laisse pas oublier. […] Il ne doit jamais oublier que s’il montre trop d’art il nuit à son propre dessein, en répandant le doute sur sa sincérité. […] Si elle est ennuyeuse et diffuse, elle le fatiguera et sera bientôt oubliée. […] Il y a dans le raisonnement, comme dans les autres parties du discours, une certaine tempérance qu’on ne doit jamais oublier.
En réduisant ces deux traités, en les débarrassant du fatras métaphysique auquel les deux écrivains se laissaient trop facilement entraîner ; en augmentant le nombre des exemples, diminuant l’étendue de quelques-uns d’eux et les appropriant davantage au sujet ; en ajoutant enfin quelques détails visiblement oubliés ou omis mal à propos, et redressant quelques jugements ou quelques faits historiques, il nous a semblé qu’on pouvait en tirer un petit volume où ne manquerait rien d’essentiel, et dont le nom des auteurs primitifs, cité à toutes les pages, garantirait d’ailleurs les excellents principes.
Il faut les ménager, et leur faire croire qu’ils ont plutôt oublié que manqué. » 2.
Voici une comparaison : comme en creusant la pierre ou le métal on y grave des caractères qui deviennent ineffaçables, ainsi j’ai cherché à retenir vos paroles de manière à ne plus les oublier. — J’ai gravé vos paroles dans mon esprit : voilà le trope. […] La science beaucoup plus répandue de nos jours, les découvertes entrées rapidement dans le domaine public ont enrichi la langue d’une foule de métaphores dont les écrivains des deux derniers siècles, les eussent-ils connues, se seraient soigneusement gardés, parce que leurs lecteurs ne les auraient point comprises, et qu’en définitive, il ne faut pas l’oublier, le premier mérite, quand on parle, est d’être entendu.
Son humeur, sa passion ne l’a pas moins inspiré que sa raison, et il y a dans sa vie des taches qui ne s’effaceront pas, comme dans ses écrits des torts que ses séductions ne sauraient faire oublier. […] N’oubliez point vos amis, et ne passez point des mois entiers sans leur écrire un mot.
D’ailleurs, la cour n’oubliait aucun moyen qui servît à faire cesser les assemblées : M. le duc d’Orléans, le premier président et le président de Mesmes en représentaient la conséquence préjudiciable à la paix générale ; que les ennemis s’en figuraient un triomphe qui les rétablirait de leurs pertes passées : et néanmoins, le roi avait autorisé tous les arrêts que la compagnie avait donnés ; mais les voies de douceur étaient mal interprétées, et passaient pour des marques de faiblesse et de crainte qui rendraient les ennemis du cardinal plus fiers et plus actifs à le pousser. […] dit-elle, m’avez-vous oubliée ? […] » Voilà l’état d’une veuve chrétienne, selon les préceptes de saint Paul ; état oublié parmi nous, où la viduité est regardée, non plus comme un état de désolation, car ces mots ne sont plus connus, mais comme un état désirable, où, affranchi de tout joug, on n’a plus à contenter que soi-même, sans songer à cette terrible sentence de saint Paul : « La veuve qui passe sa vie dans les plaisirs » ; remarquez qu’il ne dit pas : La veuve qui passe sa vie dans les crimes ; il dit : « La veuve qui la passe dans les plaisirs, elle est morte toute vive198 ; parce que, oubliant le deuil éternel et le caractère de déflation qui fait le soutien comme la gloire de son état, elle s’abandonne aux joies du monde. […] Pourquoi croyez-vous que les Romains fussent si jaloux de mettre leurs aigles et leurs dieux à la tête de leurs légions, et que les autres peuples affectassent de prendre ce qu’il y’avait de plus sacré dans leurs superstitions, et en traçassent les figures et les symboles sur leurs étendards, sinon pour empêcher que le tumulte et l’agitation des guerres ne fit oublier ce qu’on doit aux dieux qui y président, et afin qu’à force de les avoir sans cesse devant les yeux on fût comme dans une heureuse impuissance de les perdre de vue ? […] Oubliez-vous déjà que vous êtes chrétien ?
Elle n’épargna rien jusqu’à sa santé, elle n’oublia pas jusqu’aux plus petites choses, et sans cesse, pour gagner Madame de Maintenon7, et le roi par elle.
Mais si le temps m’épargne, et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé, je trouverai des vers, Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée, Aura ma dernière pensée, Comme elle eut mes premières amours.
— Avec Horace et Boileau, la poésie didactique exprime dans l’épître les conseils de la raison, en bon sens et du goût, en vers qui ne s’oublient jamais. […] S’il est encore permis au philosophe de s’émouvoir quand il expose, démontre et défend les grandes vérités et les saintes lois de la morale et de la religion, il n’oublie cependant jamais qu’il est l’interprète de la science, et de la science la plus sublime, celle qui nous enseigne le secret de toutes les autres. […] Il n’a pas non plus oublié Bossuet. […] N’oublions pas Fléchier, dont l’éloquence fut d’ailleurs trop estimée de ses contemporains. […] Son style est incorrect, mêlé de latinismes singuliers, de mots et de tours empruntés aux habitudes du grand seigneur, mais concis, fougueux, coloré, plein de ces brusques fiertés qui enlèvent, comme madame de Sévigné le disait de Corneille, et qui ne s’oublient jamais.
Horace perfectionna le lyrique, en réunissant l’enthousiasme de Pindare à la douceur d’Anacréon, et fit oublier Lucile, qui avait été, chez les Romains, le père de la satire.