N’oublions pas que dans quelques scènes du Menteur (1642), Corneille inaugura la haute comédie, et prépara la route à Molière1. […] Dites que le sommeil vous l’a fait oublier. […] Il l’interrompt au moment où, sous le coup de l’affront, son fils allait oublier qu’il parle à un père.
S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent que pour avoir le mérite de la dire, et de la dire bien ; elle devient un roman entre ses mains ; il fait penser les gens à sa manière, leur met en la bouche ses petites façons de parler, et les fait toujours parler longtemps ; il tombe ensuite en des parenthèses qui peuvent passer pour des épisodes, mais qui font oublier le gros de l’histoire, et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez. Que serait-ce de vous et de lui, si quelqu’un ne survenait heureusement pour déranger le cercle et faire oublier la narration ? […] Appeler Corneille l’auteur d’Œdipe, c’est trop oublier le Cid ; parmi tant de héros, pourquoi choisir Childebrand ?
Briquet, et par extension batterie : tel est le sens primitif, aujourd’hui presque oublié, du mot fusil. […] J’aime mieux, avec La Harpe, louer ici le poëte « de n’oublier rien en se servant des mots les plus ordinaires, et de les combiner sans effort, de manière à leur donner de l’élégance et du nombre. » 3.
Original jusque dans ses imitations, il a l’air, quand il emprunte, de prendre son bien où il le trouve, et fait oublier les sources auxquelles il puise. […] Bien qu’il ait le don des métamorphoses, et s’oublie lui-même pour être tour à tour chacun de ses acteurs, il nous découvre aussi pourtant sous ses œuvres la cordialité d’une âme généreuse, éclairée, tolérante, indulgente, digne de n’avoir jamais eu d’autres ennemis que les envieux et les vicieux.
L’auteur prend le ton dogmatique, il enseigne : il oublie la fiction pour parler le langage de la vérité.
Pourquoi donc cet homme, regardé au barreau comme un des orateurs les plus éloquents, est-il aujourd’hui totalement oublié ?
Ils oublient que si la vraie poésie consiste dans l’imitation d’une nature choisie, il ne faut pas trop restreindre le champ de cette belle nature. […] mon père, oubliez votre rang à ma vue. […] Et se peut-il qu’un homme ait un charme aujourd’hui À vous faire oublier toutes choses pour lui ? […] Mais le poète distrait oublia ce projet. […] N’oubliez rien, de grâce.
paraît condamné à traîner, loin des hommes, une existence pénible et pleine d’amertume, puise dans les Lettres un courage ferme et d’abondantes consolations : elles lui font oublier ses disgrâces, ses revers, et lui tiennent lieu d’amis, de rang et de fortune.
Je les préviens donc que cette douceur, dont on a pu me reprocher l’excès, n’a ici d’autre but que de mettre leur perversité dans tout son jour ; mais que rien ne me peut faire oublier que c’est ici ma patrie, que j’y suis consul, et que mon devoir est de vivre avec mes concitoyens, ou de mourir pour eux. […] » Imitez leur exemple, pères conscrits, et prenez garde que le crime de Lentulus et de ses complices ne l’emporte sur ce que vous vous devez à vous-mêmes, et que votre ressentiment ne vous fasse oublier votre gloire. […] On oublie le crime du scélérat, et l’on ne s’entretient que du châtiment, pour peu qu’il ait paru trop sévère.
Quand mes douleurs me font tristement mesurer la longueur des nuits, et que l’agitation de la fièvre m’empêche de goûter un seul instant de sommeil, souvent je me distrais de mon état présent en songeant aux divers événements de ma vie2, et les repentirs, les doux souvenirs, les regrets, l’attendrissement, se partagent le soin de me faire oublier quelques moments mes souffrances. […] « Il n’y a pour l’homme que trois événements : naître, vivre et mourir ; il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre. » 2. […] On l’est quand, dans ses désirs insensés, on met au rang du possible ce qui ne l’est pas ; on l’est quand on oublie son état d’homme, pour s’en forger d’imaginaires, desquels on retombe toujours dans le sien.
Mais le prédicateur ne doit jamais oublier que la force et la vérité du raisonnement, le choix et la solidité des preuves, l’instruction présentée avec ordre et avec méthode, sont des qualités essentielles, et peut-être les plus essentielles, au sermon ; que, par conséquent, il ne saurait trop s’attacher à la construction du plan de son discours ; plan qui ne doit rien laisser à désirer pour la clarté, la justesse et l’exactitude. […] Raisonnable que j’oublie les injures que j’ai reçues, et qu’en mille conjonctures je sois prêt même à me relâcher de mes prétentions : pourquoi ? […] Je n’ai pas craint de citer ici tous ces divers exemples, parce que j’ai cru que c’était le meilleur moyen de faire sentir aux jeunes Orateurs sacrés, qu’en louant les hommes illustres, ils ne doivent jamais oublier qu’ils parlent à la face des autels, et dans le sanctuaire de la divinité que la religion doit être le principe et la fin de tous leurs éloges ; et que s’ils rehaussent par la pompe et la magnificence du style, la gloire du grand Capitaine, du grand Homme d’État, de l’habile Négociateur, du Magistrat intègre et éclairé, ils doivent un hommage non moins éclatant à l’ami de la vérité, au zélateur de la justice, au vrai sage, et surtout au vrai chrétien. […] Le rapporteur doit surtout ne pas oublier qu’il parle, non comme avocat, mais comme juge ; que par conséquent il doit être sans passions et qu’il ne lui est nullement permis d’exciter celle des autres.
L’important, c’est qu’on n’oublie rien de grave, et qu’on ne laisse pas subsister contre soi une de ces raisons auxquelles il n’y a rien à répondre. […] On peut appliquer au sermon toutes les règles qui conviennent au discours prononcé en général ; mais le prédicateur ne doit jamais oublier que la force et la vérité du raisonnement, le choix et la solidité des preuves, l’instruction présentée avec ordre et avec méthode, sont des qualités essentielles, et peut-être les plus essentielles au sermon ; que, par conséquent, il ne saurait trop s’attacher à la construction du plan de son discours, plan qui ne doit rien laisser à désirer pour la clarté, la justesse et l’exactitude. […] Le rapporteur doit surtout ne pas oublier qu’il parle non comme avocat, mais comme juge ; que, par conséquent, il est sans passions, et qu’il ne lui est nullement permis d’exciter celles des autres. […] Quelques-unes, cependant, ont mérité de n’être pas oubliées.
L’éloquence anglaise ne fut pas plus heureuse au barreau, et les discours des plus habiles avocats ont été oubliés avec la cause qu’ils avaient pour objet.
Vous oyrez4 crier, braire et tempester à l’appetit d’une partie hargneuse5 ; vous verrez les langues impures, venales et mercenaires mettre l’honneur des plus vertueux, illustres et grands personnaiges en compromis6, et ce dont je ne me sçaurois assez estonner, ces asnes d’Arcadie à qui les judges debvroient, à toutes les fois qu’ilz s’oublient et s’esmancipent contre la decence de leur robbe, mettre ung mords de bride, et leur fermer la bouche avec une bonne et grave reprimande, ilz les laissent divaguer de maniere qu’il semble à ces effrontez qu’ilz ont faict quelque beau chef-d’œuvre quand ilz ont, dient-ilz, bien lavé la teste7 à ung homme d’honneur, et mettent ceste haulte et sotte vanterie parmy leurs trophées… Et neantmoins ce sont ceulx ordinairement qui ont le plus de praticque1, parce qu’ilz se mettent à tous les jours, à toutes les causes ; et les bons playdeurs2, qui intenteroient ung procez sur la pointe d’une eguille3, les recherchent plus volontairement que les aultres, dont les mœurs sont composees à la prudence et modestie4 : vray ornement d’ung sçavant homme de bien, d’advocat5, lequel, faisant trop6 plus de cas de l’honneur que de gaing, ne soubtient jamais de cause contre sa conscience ; aussy la deffend il avec tant de vigueur, de force et de solides raisons, que l’on recognoist à vue d’œil7 qu’il ne se fonde pour obtenir la victoire que sur la verité et la justice de sa cause.