Tout ce qu’il vous débite en grimaces abonde ; A force de façons il assomme le monde ; Sans cesse il a, tout bas, pour rompre l’entretien, Un secret à vous dire, et ce secret n’est rien : De la moindre vétille il fait une merveille, Et, jusques au bonjour, il dit tout à l’oreille. […] On lit dans La Bruyère : « Théodote, avec un habit austère, a un visage comique, et d’un homme qui entre sur la scène ; sa voix, sa démarche, son geste, son attitude, accompagnent son visage ; il est fin, cauteleux, doucereux, mystérieux ; il s’approche de vous, et il vous dit à l’oreille : Voilà un beau temps, voilà un grand dégel. […] Je ne saurais prendre cet accent avec lequel ils donnent do l’autorité à leurs sottises, ni faire d’une nouvelle un mystère en la disant à l’oreille.
— On ne consulte que l’oreille parce qu’on manque de cœur. […] Oui, sans doute ; les fredons ne font qu’amuser l'oreille ; ils ne signifient rien, ils n’excitent aucun sentiment. […] L’homme de goût a d’autres yeux, d’autres oreilles, un autre tact que l’homme grossier. […] D’où vient qu’en musique des sons aigres et discordants n’ont flatté l’oreille de personne ? […] Conservons la rime ; mais permettez-moi toujours de croire que la rime est faite pour les oreilles, et non pas pour les yeux.
Sa langue musicale et pittoresque produit, par l’arrangement des sons et le choix des mots, des effets d’harmonie et de couleurs qui enchantent l’oreille et les yeux. […] Le rossignol Lorsque les premiers silences de la nuit1 et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées, lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas une feuille, pas une mousse ne soupire, que la lune est dans le ciel, que l’oreille de l’homme est attentive, le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l’Éternel.
Vous prenez leurs placets avec un clin d’oreille, Puis vous allez trouver nostre Roy qui s’esveille. […] C’est encore à Sénèque qu’il a, avec d’autres poètes s’inspirant comme lui du poète latin plus que des Grecs, emprunté ces dialogues coupés où le vers, le tour et le mot s’appellent et se répondent dans une symétrie calculée, faite pour saisir l’oreille et l’esprit. […] « Les princes n’ont point d’yeux pour voir ces grand’mer veilles ; Quand tu voudras tonner, n’auront-ils point d’oreilles ? […] serons-nous muets, serons-nous sans oreilles, Sans mouvoir, sans chanter, sans ouïr tes merveilles ? […] « Que ceux qui ont fermé les yeux à nos miseres, Que ceux qui n’ont point eu d’oreille à nos prieres, De cœur pour secourir, mais bien pour tourmenter, Point de main pour donner, mais bien pour nous oster, « Trouvent tes yeux fermez à juger leurs miseres, Ton oreille soit sourde en oyant leurs prieres ; Ton sein ferré468 soit clos aux pitiez, aux pardons ; Ta main seche, sterile aux bienfaicts et aux dons.
Boileau a bien exprimé les principales règles de la structure matérielle du sonnet, lorsqu’il a dit qu’Apollon Voulut qu’en deux quatrains de mesure pareille La rime avec deux sons frappât huit fois l’oreille, Et qu’ensuite six vers artistement rangés Fussent en deux tercets par le sens partagés. […] Le sonnet paraît être le cercle le plus parfait qu’on puisse donner à une grande pensée, et la division la plus régulière que l’oreille puisse lui prescrire.
La prononciation des mots doit toujours être claire, distincte, articulée et plutôt lente que rapide ; l’oreille saisit avec peine des sons trop précipités et l’esprit se fatigue vite à les suivre. […] En effet, outre son vocabulaire et ses licences, la poésie a aussi son rhythme et sa mélodie ; c’est par là qu’elle charme et remplit doucement l’oreille ; briser ce rhythme, c’est dépouiller la poésie de son agrément musical, c’est méconnaître un de ses caractères essentiels. […] Sous l’étroit chaperon qui presse tes oreilles Est-ce le pli des ans, ou le sillon des veilles Qui traverse ton front si laborieusement ? […] Voici qu’un lièvre part : on a vu ses oreilles. […] emblème éclatant fait pour occuper l’esprit bien plus que l’oreille.
On voit le renard approcher son oreille de la glace, et il semble dire : « Ce qui fait du bruit se remue ; ce qui se remue n’est pas gelé ; ce qui n’est pas gelé est liquide ; et ce qui est liquide plie sous le faix : donc si j’entends, près de mon oreille, le bruit de l’eau, elle n’est pas gelée, et la glace n’est pas assez épaisse pour me porter. » Aussi voit-on le renard s’arrêter et reculer lorsqu’il entend le bruit de l’eau. […] Par exemple, si les oreilles de l’auditeur sont fatiguées, si sa patience est épuisée par les longs discours de l’adversaire, il vaudra mieux se dispenser de l’exorde, et placer dès l’abord le récit des faits, ou quelque argument victorieux. […] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée. […] Mais il est dans l’harmonie une condition non moins nécessaire que le choix et la succession des mots, et qui demande une oreille plus délicate et plus exercée. […] Le choc même des syllabes rudes est un plaisir pour l’oreille dans ces vers imitatifs, Georg.
Il faut consulter l’oreille et l’harmonie, pour placer l’adjectif avant ou après son substantif Par exemple, quoiqu’on puisse dire indifféremment : un habit vieux, ou un vieux habit ; il faudra dire : un habit neuf, et non, un neuf habit, parce que cette dernière construction formerait un son désagréable à l’oreille. […] On ou l’on (il ne faut employer ce dernier, que pour éviter un son désagréable à l’oreille), est ordinairement masculin, et veut, par conséquent, l’adjectif de ce genre : = on est paresseux toute sa vie, quand on n’a pas pris de bonne heure le goût du travail. […] Mais ils sont si durs à l’oreille, qu’ils ne sont presque pas usités. […] J’ajoute qu’on s’exprimerait très correctement, en disant : on a laissé madame la présidente tomber, mourir ; et que si l’on dit ordinairement : on a laissé tomber, on a laissé mourir madame la présidente ; c’est parce que ces mots, ainsi arrangés, flattent bien plus agréablement l’oreille. […] Pléonasme Le Pléonasme ou surabondance, est opposé à l’ellipse, et a quelques mots de plus qu’il ne faut ; comme, entendre de ses oreilles ; voir de ses yeux, etc.
Tout le discours est écrit avec la même pureté, la même élégance : pas une expression ou une tournure qui ait vieilli, pas une dissonance qui choque l’oreille ; et quand on se reporte à l’époque où il fut composé, et qu’on le rapproche de morceaux d’une date beaucoup plus récente, on est également surpris de l’un et des autres.
Je demandais à un ami ce que signifiaient, à son sens, deux vers où Delille décrit les travaux de certains prisonniers : Et d’un art inventif l’élégante merveille S’en va rendre plus pure ou la bouche ou l’oreille. […] Il faut donc dire, je l’ai vu de mes yeux, je l’ai oui de mes oreilles, pour ne laisser aucun sujet de douter que cela ne soit ainsi.
Le poète qui décrit cherche à briller par l’imitation de la nature, par la symétrie des vers, par la cadence habilement calculée, par la pompe des mots et l’harmonie des sons ; mais cette poésie, qui lutte d’expression avec la nature, parle plus à l’oreille qu’à l’âme, et est trop souvent vague et creuse ; elle s’avilit en devenant un ingénieux mais puéril mécanisme.
Rien ne serait plus désagréable à l’oreille qu’un vers où il y aurait, après la césure du deuxième pied, un mot de quatre syllabes dont la dernière formerait la césure du quatrième pied, comme dans ce vers d’Horace : Lectorem delectando pariterque monendo.
Elle accoutume l’esprit et l’oreille à mettre le style de nos grands classiques sur le même rang que le langage méthodique des manuels ; elle efface toute différence entre les éléments de la grammaire française et les imprécations de Camille ou d’Athalie ; Bossuet se dit du même ton que la définition de l’arithmétique. […] La prononciation des mots doit toujours être claire, distincte, articulée et plutôt lente que rapide ; l’oreille saisit avec peine des sons trop précipités et l’esprit se fatigue vite à les suivre. […] En effet, outre son vocabulaire et ses licences, la poésie a aussi son rhythme et sa mélodie ; c’est par là qu’elle charme et remplit doucement l’oreille ; briser ce rhythme, c’est dépouiller la poésie de son agrément musical, c’est méconnaître un de ses caractères essentiels. […] Il y eut toujours des papes, des évêques, des moines, des prédicateurs, pour faire retentir l’égalité chrétienne aux oreilles des puissants. […] Est-ce à vous de prêter l’oreille à leurs discours ?
Euphonique, la construction usuelle, par l’enchaînement et la proportion des mots entre eux, par une certaine convenance de syllabes, cherche uniquement à flatter l’oreille. […] Antithétique, elle s’adresse à l’esprit plutôt qu’à l’oreille, elle choque les mots contre les mots pour en faire mieux jaillir l’opposition des pensées : Romains contre Romains, parents contre parents, Combattaient follement pour le choix des tyrans.