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75. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VII. Satire. »

Le poète, alors, ne se contentait pas de censurer en général les vices et les travers de l’homme, il traduisait les individus sur la scène, avec leur nom, leur costume, leur physionomie : cette licence ne put être arrêtée que par des lois sévères. […] Ennius la tira de la place publique, et en composa ces poèmes pleins de variété et de malice qui prirent le nom de satires, mot qui voulait dire mélange. […] Horace à cette aigreur mêla son enjouement : On ne fut plus ni fat ni sot impunément ; Et malheur à tout nom qui, propre à la censure, Put entrer dans les vers sans rompre la mesure !

76. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VIII. Petites pièces anciennes. »

Le rondeau, anciennement rondel, se confondait dans l’origine avec le triolet, qui portait le même nom. […] À ces vingt vers on ajoutait, sous le nom d’envoi, un sixième quatrain qui ramenait à la fin et en dehors du dernier vers les premiers mots du rondeau. […] C’était même le chant consacré aux grands événements, aux nobles infortunes, aux tristes amours ; plus tard, nos vieux auteurs s’avisèrent de croiser des vers très petits avec d’autres plus grands, comme dans l’exemple suivant ; et ils donnèrent à cette combinaison le nom de lai. […] C’est même de là, dit-on, que lui est venu son nom.

77. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Mais quand ces noms sont employés comme titres honorifiques, comme termes de louange ou de blâme, ils se mettent avant le nom propre, pour mieux faire ressortir la qualité qu’ils désignent. […] Il est évident que l’on désire connaître le nom de l’auteur, ou de celui qui le possède, plutôt que le nom du livre, qui nous est déjà connu. […] On rapproche de même les noms qui ont une signification opposée, pour mieux faire sentir l’antithèse. […] Plus on est homme de bien, moins on soupçonne les autres de méchanceté. — 5° Avec un nom de temps, quand il y a un retour périodique de l’action. […] Le nom d’ambassadeur doit imprimer un tel respect, qu’il soit inviolable non seulement parmi les alliés, mais au milieu même des armées ennemies.

78. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Ou le tout pour la partie : lorsqu’on désigne, par exemple, un instrument ou un objet par le nom de la matière dont il est fait : le fer, pour l’épée ou les chaînes, et en combinant encore la synecdoque avec la métonymie, pour l’esclavage, Tu dors, Brutus, et Rome est dans les fers ; l’airain, pour les trompettes, les cloches, le canon, etc. ; la fougère, pour le verre fait avec la cendre de fougère ; un castor pour un chapeau de poils de castor ; L’ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête, etc. […] Tout ce que j’ai dit de la synecdoque prouve qu’il y faut comprendre la figure qu’on a souvent appelée antonomase, qui substitue un nom commun à un nom propre, et réciproquement, ou encore un nom propre ou commun à un autre qui présenterait la même idée, mais d’une manière moins pittoresque, moins métaphorique. […] Quoi qu’il en soit, et que vous préfériez l’une ou l’autre dénomination, observez qu’il ne faut pas abuser de cette personnification des substantifs abstraits, ni employer non plus à tout propos le nom des parties du corps ou des qualités morales au lieu du sujet même ou des pronoms qui le remplacent. […] Racontait-il quelques-unes de ces actions qui l’ont rendu si célèbre, on eût dit qu’il n’en avait été que le spectateur, et l’on doutait si c’était lui qui se trompait ou la renommée. » La litote est la figure favorite de la modestie et de la prévention, comme lorsque Molière, à l’imitation de Lucrèce, prouve, dans le Misanthrope, que la passion sait donner des noms favorables même aux défauts des personnes aimées, La pâle est au jasmin en blancheur comparable… etc.

79. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Pour la tragédie, les poètes s’emparent des noms de personnages qui ont existé. […] Après cela, il faut, le choix des noms une fois arrêté, disposer les épisodes. […] Les espèces de noms sont : Le nom simple ; or j’appelle « nom simple » celui qui n’est pas composé d’éléments significatifs, comme, par exemple, γῆ (terre) ; II. […] Pour quelques noms, il n’existe pas d’analogue établi ; néanmoins on parlera par analogie. […] Le nom forgé est celui que le poète place sans qu’il ait été employé par d’autres.

80. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Le palais d’Orléans et l’hôtel de Condé, étant unis ensemble par ces intérêts, tournèrent en moins de rien en ridicule la morgue qui avait donné aux amis de M. de Beaufort le nom d’Importants ; et ils se servirent en même temps très-habilement des grandes apparences que M. de Beaufort, selon le style1 de tous ceux qui ont plus de vanité que de sens, ne manqua pas de donner en toute sorte d’occasions aux moindres bagatelles. […] Je ne me ressouviens plus du nom de celui à qui on expédia un brevet pour un impôt sur les messes. […] « Ils s’étaient fait donner ce nom, a dit M. […] Ce nom était autrefois commun à plusieurs barrières, en raison même des sergents qui y étaient placés pour la perception des impôts. […] Suivant les uns, ce nom venait des marchands d’étoffes, nombreux en ce lieu, qui y tiraient, c’est-à-dire étendaient, déployaient leurs marchandises.

81. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Qu’il vienne ce Marcellus, habile artisan de paroles et Caton, avec le vain épouvantail de son nom ! […] Il est doux de vivre avec honneur et de mourir en laissant le souvenir immortel de son nom. […] Tels sont les titres au nom desquels les Romains veulent se faire appeler les maîtres de l’univers ! […] Et les Albains, les Latins n’ont-ils pas adopté jusqu’à notre nom ? […] Croit-on que le seul nom de roi ait fait cette grande aversion de nos pères ?

82. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Lors de la première formation des langues, les hommes commencèrent par donner des noms aux objets qui frappaient le plus fréquemment leur vue ; et cette nomenclature fut sans doute longtemps bornée. Mais à mesure qu’ils acquirent la connaissance d’un plus grand nombre d’objets, et que leurs idées se multiplièrent par conséquent, le nombre des noms s’étendit dans la même proportion. […] L’objet qui nous occupe se présente à nous avec les idées accessoires qui l’accompagnent, et nous prononçons le nom de celle de ces images qui nous frappe le plus. […] Mais, quel que soit l’usage ou l’effet des tropes, ils sont généralement fondés sur la relation et l’analogie des objets entre eux, et ces relations plus ou moins intimes produisent tous les tropes, parmi lesquels nous distinguerons : 1º La métonymie, qui signifie transposition, changement de nom, nom pris pour un autre, etc. […] 4º Le nom du lieu où une chose se fait, se prend pour la chose même.

83. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Sur la muraille qui l’incruste, Je recomposais lentement Les lettres du nom de l’Auguste3 Qui dédia le monument. […] Gladiateur est le nom de ceux qui combattaient dans les jeux du cirque avec des armes tranchantes, soit entre eux, soit contre les bêtes féroces. […] Nom consacré à Jules César et aux onze premiers princes qui, héritiers de sa puissance, gouvernèrent après lui l’Empire romain. […]   « Voilà sa vie et ses plaisirs ; ses cheveux blanchissent, ses mains tremblent en élevant le calice, sa voix cassée ne remplit plus le sanctuaire, mais retentit encore dans le cœur de son troupeau ; il meurt ; une pierre sans nom marque sa place au cimetière, près de la porte de son église. […] …” Quand il passait près d’un pâturage, il saluait les brebis du nom de sœurs ; et on dit qu’alors les brebis levaient la tête et couraient après lui, laissant les bergers stupéfaits.

84. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Ver-Vert (c’était le nom du personnage), Transplanté là de l’indien rivage, Fut, jeune encor, ne sachant rien de rien, Au susdit cloître enfermé pour son bien. […] qu’un grand nom est un bien dangereux ! […] Rousseau a qualifié du nom de phénomène littéraire. […] C’est une ancienne religieuse professe : on appelait de ce dernier nom celle qui avait prononcé des vœux définitifs, après le temps de son noviciat expiré.

85. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre I. » pp. 73-74

« Aristote, dont les jugements sont des lois, dit positivement que l’épopée peut être écrite en prose ou en vers : et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il donne au vers homérique ou vers simple un nom qui le rapproche de la prose, ψɩλομɛτρία, comme il dit de la prose poétique, ψɩλοί λόγοɩ. » (Chateaubriand, Préface des Martyrs. […] Il y a eu un poëte de la moyenne comédie qui portait ce nom et qu’il ne faut sans doute pas confondre avec Xénarque, fils de Sophron  ce dernier semble indiqué par Suidas, à l’article Σωτάδη:, comme ayant écrit des ’Іωνɩϰοì λόγοɩ. […] La leçon οὐχ ἤττον est encore moins autorisée : Batteux, qui l’admet, traduit : « Mériterait-il moins le nom de poëte ?  

86. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Ha, ha, vous allez voir le monde, vous estes le ioyeulx du roy, vous avez nom Robin Mouton ; voyz ce mouton là, il ha nom Robin comme vous, Robin, Robin, Robin, bes, bes, bes, bes. […] Ostons ces mots diaboliques, noms de parts, factions et seditions, lutheriens, huguenots, papistes : ne changeons le nom de chrestien… […] Vous ne pouvez retenir le nom de senateurs, de preud’hommes et bons juges, avec la convoitise de vil gaing. […] Tous ces noms ne sont plus que noms de faquins236, dont on fait litiere aux chevaux de messieurs d’Espagne et de Lorraine. […] Dominique la prédication, de laquelle son ordre à pris le nom.

87. (1873) Principes de rhétorique française

— Les noms qui précèdent ont été donnés aux arguments d’après leur forme ; mais ils reçoivent encore d’autres noms, quand on considère la source à laquelle ils puisent leurs principes. […] Et quel autre nom donner à ce qui arrive ? […] O doux nom de liberté ! […] On substituera donc à cette gradation banale la disposition ingénieuse désignée par Quintilien sous le nom d’ordre homérique. […] Les épithètes sont des adjectifs qui s’ajoutent au nom pour en compléter le sens.

88. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

En hyver, i y suis moins continuellement : car ma maison est iuchee sur un tertre, comme dict son nom, et n’a point de piece plus esventee que cette cy, qui me plaist d’estre un peu penible6 et à l’escart, tant pour le fruict de l’exercice, que pour reculer de moy la presse7. […] De maniere que3, ayant aymé, plus que toute aultre chose, feu4 monsieur de La Boëtie, le plus grand homme, à mon advis, de nostre siecle, je penserois lourdement faillir à mon debvoir, si, à mon escient5, je laissois esvanouïr et perdre un si riche nom que le sien, et une memoire si digne de recommandation6, et si je ne m’essayois, par ces parties là7, de le ressusciter et le remettre en vie. […] Or, monsieur, parceque chasque nouvelle cognoissance que je donne de luy et de son nom, c’est autant de multiplication de ce sien second vivre12, et d’advantage que son nom s’ennoblit et s’honnore du lieu qui le receoit13, c’est à moy à faire14, non seulement de l’espandre le plus qu’il me sera possible, mais encores de le donner en garde à personnes d’honneur et de vertu ; parmy lesquelles vous tenez tel reng, que, pour vous donner occasion de recueillir ce nouvel hoste, et de luy faire bonne chère15, j’ay esté d’advis de vous présenter ce petit ouvrage. […] Les noms mesme dequoy12 ils appellent les maladies en addoucissent et amollissent l’aspreté. […] Suivant la valeur de ceux chez qui vit encore son nom, sa mémoire.

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