« Ô Fabriciusc, qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur vous eussiez, vu la face pompeuse de Rome sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes ses conquêtes ? […] Ce perfide voyant les malheurs de Troie, se rangea du parti des vainqueurs, viola les droits les plus sacrés, assassina Polydore, et s’empara du dépôt. […] Et pour vous souhaiter tous les malheurs ensemble, Puisse naître de vous un fils qui me ressemble ! […] Après le malheur effroyable Qui vient d’arriver à mes yeux, Je croirai désormais, grands Dieux !
Tant que vous serez désunis, et que chacun ne songera qu’à soi, vous n’aurez rien à espérer, que souffrance, et malheur, et oppression1. […] Lorsqu’un innocent meurt sur un échafaud, des générations entières s’occupent de son malheur, tandis que des milliers d’hommes périssent dans une bataille sans qu’on s’informe de leur sort. […] Je me meurs d’épuisement ; mes forces sont usées, et chaque jour j’ai à porter le poids de quelque malheur et de quelque tristesse nouvelle.
Elle a la voix encourageante, le sourire enchanteur, pour éloigner le désespoir et la crainte des malheurs ; elle paraît plus belle à mesure quelle vieillit car elle nous montre le ciel, séjour du bonheur parfait. […] Une plaideuse ruinée explique ses malheurs à un chicaneur bien connu, et en attend des consolations et des conseils. […] Nous essayons souvent vainement de triompher de nos malheurs, nous en sommes accablés, nous sommes tristes et nous nous désespérons. […] La moralité n’est point exprimée mais l’esprit soulève sans efforts le voile de l’allégorie, et reconnaît qu’on ne doit point, dans la crainte des malheurs à venir, tirer vanité de sa position présente. […] Malheur au narrateur qui emploie son talent à réhausser de coupables passions !
La vertu et le malheur de l’un et de l’autre sont semblables ; et il ne manque aujourd’hui à ce dernier qu’un éloge digne de lui. […] et, pour s’être sauvée du naufrage, ses malheurs n’en seront pas moins déplorables. […] Vous alléguez le malheur des temps ! […] Apres Dieu, ce qu’il y a au monde de puis sublime, c’est la constance de l’homme qui se roidit contre le malheur. […] Ce n’étaient point de méchantes femmes, mais des imaginations superstitieuses, vivement frappées par un grand malheur, Oswald contenait à peine son indignation en entendant ces étranges prières.
Peut-il être un malheur au nôtre comparable ? — Ce malheur, mes amis, est-il irréparable ? […] — Est-ce un malheur ? […] ce n’eût pas été un grand malheur. […] à son malheur dois-je la préparer ?
Cela dit, Erato raconte, d’après les Géorgiques de Virgile, le malheur d’Orphée et d’Eurydice ; Calliope lui succède et chante l’amitié et la mort de Nisus et d’Euryale, célébrées dans le neuvième livre de l’Énéide. […] C’est cette division qui va entraîner toute la suite de malheurs qui accableront les Grecs. […] Ainsi Voltaire, imitant Virgile, le Tasse et Milton, a commencé sa Henriade par ces mots : Je chante ce héros qui régna sur la France, Et par droit de conquête et par droit de naissance ; Qui par de longs malheurs apprit à gouverner, Calma les factions, sut vaincre et pardonner, Confondit et Mayenne, et la Ligue et l’Ibère, Et fut de ses sujets le vainqueur et le père. […] Dis comment la Discorde a troublé nos provinces, Dis les malheurs du peuple et les fautes des princes.
Le point le plus important, c’est la constitution des faits, car la tragédie est une imitation non des hommes, mais des actions, de la vie, du bonheur et du malheur ; et en effet, le bonheur, le malheur, réside dans une action, et la fin est une action, non une qualité. […] En effet, il est évident que celui qui va être pris de pitié est dans un état d’esprit tel qu’il croira pouvoir prouver quelque malheur, ou lui-même, ou dans la personne de quelqu’un des siens, et un malheur arrivé dans les conditions énoncées dans la définition, ou analogues, ou approchantes. […] Les malheurs accidentels sont le fait de n’avoir pas d’amis, ou de n’en avoir qu’un petit nombre. […] De même encore, quand un bien ne nous arrive qu’après que le malheur a été subi. […] J’appelle « fortune » : la noblesse, la richesse, les facultés, leurs contraires et, généralement, le bonheur et le malheur.
Il semble qu’on n’écrive plus qu’en énigmes : rien n’est simple, tout est affecté ; on s’éloigne en tout de la nature ; on a le malheur de vouloir mieux faire que nos maîtres4. […] Les ennemis du Tasse firent de sa vie un tissu de malheurs ; ceux de Galilée le firent gémir dans les prisons, à soixante et dix ans, pour avoir connu le mouvement de la terre ; et ce qu’il y a de plus honteux, c’est qu’ils l’obligèrent à se rétracter. […] Avouez, en effet, monsieur, que ce sont là de petits malheurs particuliers, dont à peine la société s’aperçoit.
Sire, Pénétré de servir, depuis neuf ans, sans espérance, dans les emplois subalternes de la guerre, avec une faible santé, je me mets aux pieds de Votre Majesté, et la supplie très-humblement de me faire passer du service des armées, où j’ai le malheur d’être inutile, à celui des affaires étrangères, où mon application peut me rendre plus propre. […] Sainte-Beuve dit : « Malheur à qui, dans l’ordre de la pensée, n’a pas été une fois ou stoïcien à lier, ou platonicien ébloui, ou péripatéticien forcené.
Il n’est que trop vrai que la moitié du monde croit être heureuse du malheur d’autrui, et que ceux qui n’en font pas leur bonne fortune en font pour le moins leur passe-temps. […] malheur à nous ! […] Laissez-moi soutenir mes malheurs, et n’ayez point la cruauté d’y joindre les vôtres. — Callisthène, lui dis-je, je vous verrai tous les jours. […] Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs. […] Dieux, verrons-nous toujours des malheurs de la sorte ?
; Les trois rimes douleurs, malheurs, et pleurs 68 id. […] C'était pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée ; Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ; Même elle avait encor cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage, Pour réparer des ans l’irréparable outrage : « Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi ; Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi. […] Que béni soit le ciel qui te rend à mes vœux, Toi qui, de Benjamin comme moi descendue, Fus de mes jeunes ans la compagne assidue, Et qui d’un même joug souffrant l’oppression, M’aidais à soupirer les malheurs de Sion ! […] Et quel malheur, qu’une mine si riche ait cessé d’être exploitée précisément à l’heure où on en retirait les produits les plus magnifiques !
Peut-on de nos malheurs leur dérober l’histoire6 ? […] Et pouvez-vous, seigneur, souhaiter qu’une fille Qui vit presque en naissant éteindre sa famille, Qui, dans l’obscurité nourrissant sa douleur, S’est fait une vertu conforme à son malheur, Passe subitement de cette nuit profonde Dans un rang qui l’expose aux yeux de tout le monde, Dont je n’ai pu de loin soutenir la clarté, Et dont une autre enfin remplit la majesté6 ? […] Quand l’empire devait suivre son hyménée ; Mais ces mêmes malheurs qui l’en ont écarté, Ses honneurs abolis, son palais déserté, La fuite d’une cour que sa chute a bannie, Sont autant de liens qui retiennent Junie5.
Ce qui fait que les États libres durent moins que les autres, c’est que les malheurs et les succès qui leur arrivent leur font presque toujours perdre la liberté ; au lieu que les succès et les malheurs d’un État où le peuple est soumis confirment également sa servitude. […] Elle ne s’est pas montrée plus sage que tous les autres États de la terre en un jour, mais continuellement ; elle a soutenu une petite, une médiocre, une grande fortune avec la même supériorité, et n’a point eu de prospérités dont elle n’ait profité, ni de malheurs dont elle ne se soit servie.
Cette perspective afflige tellement mon cœur, que, sans me rebuter de l’inutilité de ma première démarche, je prends derechef le parti d’écrire directement à Votre Majesté, pour la conjurer de mettre un terme aux malheurs du continent. […] je veux lui donner la plus grande preuve du souvenir que j’en ai : elle est maîtresse de sauver à ses sujets les ravages et les malheurs de la guerre ; à peine commencée, elle peut la terminer, et elle fera une chose dont l’Europe lui saura gré. […] Voilà un malheur annoncé bien brusquement. — C’est une consolation militaire.