Un sommeil calme et pur, comme sa vie, Un long sommeil a rafraîchi ses sens. […] Le monstre qui sort du sein de la tuer fait entendre de longs beuglements Pradon, et cette expression nous paraît trop commune ; ce que Racine a remplacé heureusement par celle-ci, qui est beaucoup plus noble : Ses longs mugissements font trembler le rivage. […] S’il marche dans les places, il se sent tout un coup rudement frappé à l’estomac un au visage, il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie, que porte un ouvrier sur ses épaules.
Que d’accidents imprévus peuvent nous arrêter au milieu de cette course si limitée, et moissonner dans nos plus beaux ans l’espérance d’une plus longue vie ! […] Telles furent les longues et cruelles circonstances des plus douloureux malheurs qui éprouvèrent la constance du Roi, et qui rendirent toutefois un service à sa renommée plus solide que n’avait pu faire tout l’éclat de ses conquêtes ni la longue suite de ses prospérités. […] Quel est le but de ce long sermon que je vous fais ? […] » Nouvel embarras sur ma méchanceté ; cela devenait long et si long que nous laissâmes là ma méchanceté ; mais, en revanche, elle nous dit : « S’il est vrai que monsieur ait apporté chez moi une lettre, auquel de nos gens l’a-t-il remise ? […] L’horizon offrait tous les signes d’une longue tempête ; la mer y paraissait confondue avec le ciel.
On doit éviter également les périodes trop longues et les périodes trop courtes. […] Une longue uniformité, dit Montesquieu, rend tout insupportable. […] comme il exprime bien le regret d’une longue absence ! […] Anchise, il est vrai, était mort depuis peu ; mais l’amour séparé de son objet trouve bien longs les moments les plus courts. […] Le nombre dans une phrase, c’est sa durée divisée symétriquement par des intervalles plus ou moins longs, suivant l’étendue des membres dont elle est composée.
Il est difficile de faire un plus long récit plus rapidement ; il suffirait de dire : Je m’embarquai. Que de gens ne sont jamais plus longs que quand ils se piquent de brièveté ! […] Combien la lenteur et la plénitude des sons rendent avec justesse l’image de ce long et morne silence ! […] Un ouvrage peut être long et concis, lorsqu’il embrasse un sujet qui fournit beaucoup de pensées ou de faits ; une réponse, une lettre, ne peuvent être à la fois longues et laconiques. […] Une longue uniformité, dit Montesquieu, rend tout insupportable : le même ordre de périodes longtemps continué accable dans une harangue ; les mêmes nombres et les mêmes chutes mettent de l’ennui dans un long poème.
Mes yeux virent Sisyphe, et cette énorme pierre, Qu’avec de longs efforts il roulait sur la terre ; Son corps demi-penché, ses bras forts et nerveux Poussaient au haut du mont ce rocher raboteux. […] Au premier sifflement des vents impétueux, Tantôt au haut des monts d’un bruit tumultueux On entend les éclats ; tantôt les mers profondes Soulèvent en grondant et balancent leurs ondes : Tantôt court sur la plage un long mugissement, Et les noires forêts murmurent sourdement24. […] Veut-on des exemples d’harmonie soutenue et caractérisée, d’un bout à l’autre, dans un morceau de longue haleine ?
Quel qu’ait été d’ailleurs le long et triste déclin de ce grand homme, des éclairs de génie ne cessèrent, en brillant çà et là, même dans ses derniers ouvrages, de rappeler sa gloire passée2 ; et tel est le nombre des sublimes et divines beautés, comme disait Mme de Sévigné, qu’offre ce père de notre théâtre, qu’elles suffiront à jamais pour couvrir et faire pardonner ses imperfections et ses fautes. […] Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter les nations, Attaquer une place, ordonner une armée, Et sur de grands exploits bâtir sa renommée. […] Et qu’un long âge apprête aux hommes généreux, Au bout de leur carrière, un destin malheureux ! Moi, dont les longs travaux ont acquis tant de gloire, Moi, que jadis partout a suivi la victoire, Je me vois aujourd’hui, pour avoir trop vécu, Recevoir un affront, et demeurer vaincu. […] On sait qu’il faut s’abstenir de faire rimer, comme dans cet exemple, une syllabe brève avec une syllabe longue.
Le service n’aurait pas plus d’ordre que d’élégance ; la salle à manger serait partout, dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre, quelquefois au loin, près d’une source vive, sur l’herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d’aunes et de coudriers1 : une longue procession de gais convives porterait en chantant2l’apprêt du festin ; on aurait le gazon pour table et pour chaises ; les bords de la fontaine serviraient de buffet, et le dessert pendrait aux arbres3. […] Point d’importants laquais épiant nos discours, critiquant tous bas nos maintiens, comptant nos morceaux5d’un œil avide, s’amusant à nous faire attendre à boire, et murmurant d’un trop long dîner. […] Je souperais gaiement au bout de leur longue table ; j’y ferais choses au refrain d’une vieille chanson rustique, et je danserais dans leur grange, de meilleur cœur qu’au bal de l’Opéra1 Le lever du soleil On voit le soleil s’annoncer de loin par les traits de feu qu’il lance au-devant de lui.
— Les adjectifs, bref, naïf, font au féminin, brève, naïve, en changeant f en v ; long fait longue.
Ce sont ces comparaisons à longue queue, qui, au xviie siècle, faisaient tant rire M. […] Auguste Barbier : Il est, il est sur terre une infernale cuve, On la nomme Paris ; c’est une large étuve, Une fosse de pierre aux immenses contours, Qu’une eau jaune et terreuse enferme à triples tours ; C’est un volcan fumeux et toujours en haleine Qui remue à longs flots de la matière humaine… etc. […] N’en usez que d’urgence, à longs intervalles, sans afféterie ni pédantisme, et la clarté sauve. […] Pièce de poésie, plus ou moins longue, composée de vers ou fragments de vers pris de quelque auteur célèbre, mais détournés de leur sens primitif.
La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point.
On pèche contre la clarté quand les termes sont équivoques, quand les phrases sont embarrassées, longues, quand les rapports sont louches. […] Pour être clair, il faut éviter les phrases trop longues, entortillées de qui et de que, embarrassées par les doubles rapports des pronoms et des adjectifs il, elle, eux, son, sa, ses, leur, leurs. […] Il faut construire les périodes de manière qu’elles ne soient ni trop longues ni trop courtes ; la chute doit en être arrondie et harmonieuse, sans brusquerie comme sans pesanteur. […] Si l’on en voulait étudier toutes les combinaisons, en classer tous les tons, toutes les nuances, on ferait un chapitre aussi long que fastidieux, et dont l’utilité serait médiocre. […] La finesse n’est pas seulement un trait d’esprit : elle peut s’étendre sur un long morceau, et même sur tout un ouvrage.
C’est elle qui coordonne les pensées trouvées par l’invention ; qui révèle leur dépendance, leur déduction, leur génération successive ; qui descend d’un principe à ses dernières conséquences ; qui prépare, appuie, continue les idées l’une par l’autre du commencement à la fin de l’ouvrage, quelque long, quelque compliqué qu’il soit. Et tout cela, d’une façon si naturelle et si soutenue, que, se laissant aller à cette magie de la disposition, chaque lecteur se dise, « je ferais de même, » jusqu’à ce qu’il se mette à l’œuvre, et qu’après de longs et inutiles efforts, il reconnaisse la vanité de ses prétentions. […] Puis ils attaqueraient peu à peu des morceaux plus considérables, des discours, des dissertations, de longs chapitres tout entiers, appartenant toujours aux classiques les plus scrupuleux. […] Il est peu propre aux efforts d’une longue carrière ; je comprends ce sentiment de modestie ; mais il ajoute qu’il est poëte inconstant et rêveur ; Sans cesse en divers lieux errant à l’aventure, Des spectacles nouveaux que m’offre la nature Mes yeux sont égayés ; Et tantôt dans les bois, tantôt dans les prairies, Je promène toujours mes douces rêveries Loin des chemins frayés.
. — Chaque phrase est courte, le récit est long. […] Quels que soient vos développements et quelque étendue que vous leur donniez, s’ils se rapportent tous au point culminant, ils ne seront jamais trop longs, parce qu’ils ne seront jamais déplacés. […] L’épithète pittoresque a remplacé partout l’épithète abstraite : la colonne majestueuse est devenue le fût jaspé et cannelé, le marbre gris et rose ; la main gracieuse et délicate s’est changée en doigts longs et blancs ; de même qu’au siècle précédent, les Grecs bien bottés et bien casqués d’Homère avaient disparu dans les guerriers magnanimes.
Mais nos auteurs l’ont porté jusqu’à l’abus, ils l’ont étendu à des morceaux de plus longue haleine ; de l’exception ils ont fait la règle. […] Wey, étant préparé de longue main et tout tracé par les situations dont il ressort, comme l’effet ressort de la cause, l’auteur, s’il a disposé avec art les fils de son drame, n’a rien à chercher quand il en arrive là. […] Aussi après quelques mots sur sa longue absence et ses infirmités : « Milords, dit-il, je me réjouis de ce que la tombe n’est pas encore fermée sur moi, de ce que je suis encore vivant pour élever ma voix contre le démembrement de cette ancienne et très-noble monarchie.