Imprécation de la langue espagnole.
Sa langue vive, franche, nette, vigoureuse, hardie, rappelle Rabelais, Régnier, Saint-Simon.
En les condamnant, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui par sa prestesse et sa justesse prête de l’agrément à toutes les idées.
C’est surtout dans les yeux qu’elles se peignent, et qu’on peut les reconnaître ; l’œil appartient a l’âme plus qu’aucun autre organe, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils parlent, l’œil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment, c’est le sens de l’esprit et la langue de l’intelligence. […] Accablé sous le poids de la douleur, sa langue éloquente ne trouva plus de sons pour l’exprimer. […] Je tondis de ce pré la largeur de ma langue l’hypallage : il serait plus naturel de dire : Je tondis ce pré de la largeur de ma langue. — Un loup, quelque peu clerc, allusion malicieuse aux hommes de justice, qui ont le talent de grossir les plus petites fautes. […] Il supprime les secondes personnes, en employant la formule ta plus respectueuse de la langue. […] » Alors, et pour la dernière fois, un frémissement subit, fugitif effort de la nature humaine, parcourt ses membres palpitants ; sa langue est brûlante de ardeurs du trépas : elle prononce avec peine ces paroles douloureuses : J’ai soif.
Lorsqu’une préparation de ce genre n’a pas été possible, par exemple, dans les pensionnats de jeunes personnes et dans les établissements où l’enseignement n’a pas pour base l’étude des langues anciennes, le meilleur ou plutôt le seul moyen de préparer les élèves au travail de la composition, c’est de leur faire reproduire, de mémoire et par écrit, des textes choisis avec soin, et, autant que possible, très-variés. […] Mettre de beaux vers en prose nécessairement mauvaise, et s’étudier ainsi à dire mal ce qu’un auteur a bien dit ; traduire en français de nos jours quelque morceau de notre vieille langue que l’on ne comprend qu’a moitié, et par là se familiariser avec des tournures et des locutions incorrectes, à quoi tout cela est-il bon ? […] Nous avons substitué à ce nom, qui a quelque chose de ridicule dans notre langue, celui d’Ézilda. […] Ce nom ayant, dans notre langue, quelque chose de ridicule, nous lui avons substitué celui d’Osmin. […] Son fils aîné s’appelait Mustapha, et non Zéangir ; mais ce premier nom ayant, dans notre langue, quelque chose de ridicule, nous avons cru devoir le changer.
Rousseau au comte du Luc comme le vrai modèle de la marche de l’ode ; pour l’ensemble et le style il ne connaît rien de supérieur dans notre langue.
Bossuet parle tout naturellement la langue de la Bible et des prophètes 3.
Sa langue est souple, élégante, unie, riche en demi-teintes ; elle allie la force à la grâce, mais ses hardiesses n’effrayent point le goût.
Sa langue pittoresque et colorée donnait un accent singulier aux considérations historiques et philosophiques d’un théologien aussi indépendant qu’orthodoxe.
Il vaut donc mieux avoir une langue séduisante, qu’un bras de héros, etc. » Cet emportement d’Ajax, ces éclats, ce reproche indirect qu’il fait aux Grecs des services qu’ils en avaient reçus, étaient bien peu propres à lui rendre ses Juges favorables. […] Celle de l’oraison funèbre du grand Condé 86, par Bossuet, est un des plus beaux modèles qu’on puisse citer en notre langue.
Ici, l’action est subordonnée au caractère : tout doit tendre à le faire ressortir ; aucun trait capital ne doit être omis ; il est même ordinairement un peu outré, car l’auteur peint en lui moins un individu que toute une classe d’individus, en réunissant sur le même type tous les traits épars : c’est ainsi que les noms d’Harpagon, d’Alceste, de Tartufe et de Turcaret 19 deviennent des individualités stéréotypées dans la langue.
Où le poëte a-t-il découvert cette langue qui n’est qu’à lui, pleine de verve et de séve, franche et hardie, délicate et simple, qui embrasse avec tant de souplesse tous les contours de la pensée, en même temps qu’elle lui donne un si puissant relief ?
C’est un des plus beaux morceaux de poésie que nous ayons en notre langue.
Corneille s’est encore servi de ce mot dans Horace, et Voltaire l’en félicite avec raison : « Ce terme, dit-il, n’a été employé que par Corneille et devrait l’être par tous les poëtes. » Il eût pu ajouter que le père de la tragédie en France ne l’avait nullement inventé, mais qu’il l’avait trouvé dans notre ancienne langue, où pour le tour et pour l’expression il y a encore bien des ressources précieuses à exhumer.