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43. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Familiarité hardie, pathétique ingénu, poésie de l’expression, brusques saillies d’imagination, élans impétueux, je ne sais quoi de vif, d’étrange, de soudain ; tel est le caractère de ses premiers sermons : ils ont le feu de la jeunesse, et une grâce de nouveauté qui ravit. […] Mais voici en la personne de Jésus-Christ la résurrection et la vie : qui croit en lui ne meurt pas ; qui croit en lui est déjà vivant d’une vie spirituelle et intérieure, vivant par la vie de la grâce qui attire après elle la vie de la gloire ; mais le corps est cependant sujet à la mort. […] Dans la plupart des hommes, les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup ; Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelles grâces ! […] Priez, Sire, ce grand Dieu2 qu’il vous fasse cette grâce, et que vous puissiez accomplir ce beau précepte de saint Paul3, qui oblige les rois à faire vivre les peuples autant qu’ils peuvent, doucement et paisiblement, en toute sainteté et chasteté. […] Platon, sans doute, a des grâces incomparables, la sérénité suprême et comme le demi-sourire de la sagesse divine.

44. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Si vous mettez toute votre confiance en Dieu, mes très-chères filles, sans vous appuyer sur vous-mêmes, ni sur aucun talent naturel et sur aucune perfection mondaine, vous deviendrez par votre docilité, par votre humilité et par votre abandon dans la main de Dieu, les vrais instruments de la grâce pour sanctifier les familles séculières et les couvents ; vous formerez d’excellentes vierges pour les cloîtres et de pieuses mères de famille pour le monde. […] Je vous conjure, par toute l’amitié que vous avez pour moi, de travailler sur vous et de prier tous les jours pour obtenir les grâces dont vous avez besoin1. […] L’abbé Gobelin lui disait un jour : « Vous n’avez que des étoffes communes ; mais je ne sais ce qu’il y a, ma très-honorée dame, quand vous venez vous confesser, je vois tomber à mes pieds une quantité d’étoffes qui a trop bonne grâce et sied trop bien. » 1.

45. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

Ce grand orateur joignait à beaucoup d’élévation d’esprit, à un grand discernement, à un amour sincère du vrai, le talent de la parole, la beauté de l’organe, et les grâces de la représentation. […] Le Normant couvrait la science d’un avocat de toutes les grâces d’un homme du monde, et de l’attrait bien plus puissant encore des sentiments généreux.

46. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Il a plus de douceur, de facilité, d’abandon et de grâce que le vers alexandrin, et va bien à la poésie familière et légère, ainsi qu’aux sujets gracieux ou badins. […] Ce vers est susceptible de grâce et de douceur, comme de noblesse et d’énergie. […] L’esprit et la gaîté, la grâce, l’enjoûment Ornent tout à la fois votre style charmant. […] Ainsi, dans la fable, la comédie et les poésies dont la simplicité forme le caractère, l’enjambement donne souvent au style plus de grâce et de vivacité. […] : Grâce à lui vous vivez ; grâces à vous je meurs.

47. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Homère ne nous montre pas un jeune homme qui va périr dans les combats, sans lui donner des grâces touchantes. […] Il commence sa harangue par des actions de grâces pour la dignité consulaire dont il vient d’être honoré. […] Vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnés. […] L’abus des grâces est l’afféterie, comme l’abus du sublime est l’ampoulé. […] En disant des choses qui vous ont coûté, vous pouvez bien faire voir que vous avez de l’esprit, mais non des grâces dans l’esprit.

48. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Quelle grâce naïve colore ses idylles et ses élégies, qui semblent un souvenir et un écho de l’antiquité classique ! […] « Ne crains point, disent-ils, malheureux étranger (Si plutôt, sous un corps terrestre et passager, Tu n’es point quelque Dieu protecteur de la Grèce, Tant une grâce auguste ennoblit ta vieillesse !)  […] Qu’aimable est la vertu que la grâce environne !

49. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Si le génie est une illumination soudaine qui brille et disparaît tour à tour, comme dit Bossuet, si son attribut spécial est d’inventer et de créer, si ce don immédiat de la nature se distingue par des pensées sublimes et profondes, par des plans d’une ordonnance surprenante, par des caractères d’une nouveauté frappante, par des raisons d’une force à laquelle rien ne résiste, le talent est une disposition habituelle à réussir dans une chose, une qualité qui se distingue par l’ordre, la clarté, l’élégance, le naturel, la justesse, la grâce, un don acquis ou au moins accru par l’étude, qui se montre principalement dans les détails et qui brille par l’habileté de l’exécution. […] Le goût distingue ce qu’il y a de conforme aux plus exactes bienséances, de propre à chaque caractère, de convenable aux différentes circonstances ; et, pendant qu’il remarque par un sentiment fin et exquis les grâces, les tours, les manières, les expressions les plus capables de plaire, il aperçoit aussi tous les défauts qui produisent un effet contraire, et il démêle en quoi précisément consistent ces défauts et jusqu’où ils s’écartent des règles sévères de l’art et des vraies beautés de la nature. […] Sobre et retenu au milieu de l’abondance et des richesses, il dispense avec mesure et avec sagesse les beautés et les grâces du discours.

50. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

toute la grâce en serait ôtée. […] L’interrogation lui donne beaucoup d’énergie et de grâce. […] L’obscurité nuit la confusion fatigue ; l’ordre, la clarté, la variété, la grâce charment l’esprit en l’éclairant. […] Grâce aux prestiges de sa flatteuse éloquence, tous les objets changent de face. […] Le mérite en est dans la fidélité et la grâce de l’exposé.

51. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Voici maintenant une interruption dans Bossuet, en parlant de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu humblement de deux grandes grâces : l’une de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ? […] Voyez dans l’Oraison funèbre de la duchesse d’Orléans : « Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelle grâce ! vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions, par lesquelles l’Ecriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines, devaient ètre pour cette princesse si précises et si littérales. » Essayez de mettre : « Vous savez avec quelle grâce elle fleurissait le matin !  […] C’est à eux que s’adresse Quintilien au livre IX : « Cependant je n’approuve pas, dit-il, le scrupule de ceux qui veulent que le nom marche toujours avant le verbe, le verbe avant l’adverbe, le substantif avant l’adjectif et le pronom ; car souvent le contraire a beaucoup de grâce. » Les Latins croyaient donc aussi à l’ordre naturel ; s’ils s’en écartaient, ce n’était point par raison, mais pour ajouter de la grâce au discours ; et de ceux-là du moins l’on ne peut dire ce que l’on a dit des rhéteurs modernes qui partagent notre opinion, qu’ils sont entrainés par l’habitude de la construction française.

52. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Seigneur, qu’ainsi les eaux de ta grâce féconde             Réparent nos langueurs ; Que nos sens désormais vers les appas du monde             N’entraînent plus nos cœurs Fais briller de ta foi les lumières propices             A nos yeux éclairés : Qu’elle arrache le voile à tous les artifices             Des enfers conjurés. […] Je tremble au seul penser du coup qui le menace, Et, prête à me venger, je lui fais déjà grâce ! […] Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] Grâce au ciel, j’entrevoi… Dieux !

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Elle avait du sérieux et de la gaieté ; elle sentait également le docteur, l’évêque et le grand seigneur : ce qui y surnageait, ainsi que dans toute sa personne, c’était la finesse, l’esprit, les grâces, la décence et surtout la noblesse. » Égal à tous les emplois, signalé à Louis XIV par son Traité de l’éducation des jeunes filles (1687), chef-d’œuvre de raison délicate, et par les éminentes qualités qu’il avait déployées dans une mission en Poitou, l’abbé de Fénelon fut nommé en 1687 précepteur du duc de Bourgogne. […] C’est pour son royal élève qu’il composa ces fables ingénieuse qui se soutiennent dans le voisinage de La Fontaine ; ces Dialogues des Morts où l’histoire est morale sans nous ennuyer ; enfin le Télémaque, ce roman où un paganisme épuré se mêle à un christianisme embelli de toutes les grâces de la mythologie. […] toi-même qui jouis maintenant d’une jeunesse si vive et si féconde en plaisirs, souviens-toi que ce bel âge n’est qu’une fleur qui sera presque aussitôt séchée qu’éclose : tu te verras changer insensiblement ; les grâces riantes, les doux plaisirs qui t’accompagnent, la force, la santé, la joie s’évanouiront comme un beau songe ; il ne t’en restera qu’un triste souvenir ; la vieillesse languissante et ennemie des plaisirs viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton cœur la source de la joie, te dégoûter du présent, te faire craindre l’avenir, te rendre insensible à tout, excepté à la douleur. […] Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Réprimande d’un précepteur à un prince Je ne sais, Monsieur1, si vous vous rappelez ce que vous m’avez dit hier : que vous saviez ce que vous êtes, et ce que je suis 2 ; il est de mon devoir de vous apprendre que vous ignorez l’un et l’autre.

54. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Mais, lorsque j’arrivais chez ma mère, souvent, Grâce au hasard taquin qui joue avec l’enfant, J’avais de grands chagrins et de grandes colères3. […] vous êtes notre père, Grâce, vous êtes bon ! grâce, vous êtes grand !  […] Il y a dans ce trait de la tristesse et de la grâce.

55. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Tantôt elle peint la cour et la ville, tantôt la solitude et les champs, et toujours avec le même esprit et la même grâce. […] Aimable abandon, caprice de l’esprit, sensibilité touchante, grâce piquante et vive, négligence heureuse, gaîté communicative, elle a tous les secrets de plaire et de charmer. […] Aucune n’est tombés cette fois ; mais une église a écrasé je ne sais combien de bonnes âmes qui sont maintenant en paradis : voyez quelle grâce de Dieu ! […] Parmi elles se distinguait une jeune personne dont la grâce et la beauté illuminaient cette sombre demeure d’un doux rayon :, c’était mademoiselle de Coigny. […] C’est une métaphore demi voilée et pleine de grâce.

56. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Grâce aux dieux mon malheur passe mon espérance ! […] Répétition La Répétition consiste à reproduire plusieurs fois les mêmes expressions avec force, avec noblesse, avec grâce. […] Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin, elle fleurissait, avec quelles grâces ! […] Des nuages de couleur d’ambre flottaient avec grâce, et paraissaient disposés à se grouper vers un centre commun. […] quelle grâce touchante dans ses instructions !

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