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89. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

S’il n’eût été qu’un simple citoyen, je me serais rendu chez lui ; mais je crus que la première leçon que je devais à un prince, était celle de la dépendance et de l’égalité : j’attendis qu’il vînt chez moi ». […] Romains, croyez-en un vieillard qui, depuis quatre-vingts ans, étudie la vertu et cherche à la pratiquer : la philosophie est l’art d’éclairer les hommes pour les rendre meilleurs ; c’est la morale universelle des peuples et des rois, fondée sur la nature et sur l’ordre éternel. […] Alors je crus entendre une voix secrète qui me dit : Quoi que tu fasses, tu seras toujours un homme ; mais conçois-tu bien à quel degré de perfection un homme peut s’élever ? […] La péroraison, si l’on en croit La Harpe, est encore au-dessus de tout ce que l’on vient de voir. […] Crois-moi, on n’abuse point les peuples ; la justice outragée veille dans tous les cœurs.

90. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

Leur dessin est si naturel, leur coloris si vrai, que vous croyez avoir déjà vu quelque part ce qui n’existe que dans leur pensée, que vous reconnaissez leur modèle, sans l’avoir jamais connu, et qu’une fois admis dans votre imagination, il n’en sort plus. […] Ne croyons donc pas, avec le jésuite Colonia, dans son traité De arte rhetorica, que l’amplification soit nécessairement sophistique et déclamatoire. […] C’est alors que Mirabeau, déterminé à emporter le vote, — je crois voir Condé en face des gros bataillons de l’armée d’Espagne !  […] L’auteur des Leçons de littérature, citant un parallèle entre Corneille et Racine, où éclate une partialité revoltante en faveur du premier, s’est cru obligé, pour la faire comprendre, de signer l’article : fontenelle, neveu de Corneille. […] Sa façon de dire les terminaisons en i faisait croire à quelque chant d’oiseau ; le ch prononcé par elle était comme une caresse, et la manière dont elle attaquait les t accusait le despotisme du cœur. » Ici toute critique est superflue, il suffit de citer.

91. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

En le lisant, on croit l’écouter. […] Il se croira chargé des intérêts de tout bon ouvrage qui paraît sous la recommandation d’un nom déjà célèbre1 ; à travers les fautes, il suivra curieusement la trace du talent ; et, lorsque le talent n’est encore qu’à demi-développé, il louera l’espérance. […] Je sais que cette pureté, et en même temps cette indépendance de goût supposent une supériorité de connaissances et de lumières qui ne peut exister sans un talent distingué ; mais je crois aussi que la perfection du goût, dans l’absence du talent2, serait une contradiction et une chimère. […] Son âme, que l’on croyait subjuguée par la mollesse et les plaisirs, se déploie, s’affermit et s’éclaire, à mesure qu’il a besoin de régner. […] Loin donc de partager l’opinion que vous venez de soutenir, loin de croire, comme vous, que le théâtre est par état en opposition avec les mœurs, qu’il est le contre-pied de la société, et que, pour plaire au public, il ne doit pas du tout lui ressembler, je m’en tiens, je l’avoue, à l’ancienne opinion, et je chargerai vos comédies de réfuter en partie votre discours.

92. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Fénelon a dit de lui : « Son langage est cru et informe », et, comme Boileau, « il parloit grec en françois ». […] qui me croira ? S’on ne le croit, las ! […] Indépendant de caractère et léger de mœurs, il voudrait bien faire croire (Sat. […] Il va droit à son but, à sa pensée, indépendant jusqu’à maudire la muse même qui l’obsède : Je crois prendre en galère une rame à la main.

93. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Nous croyons qu’il y a également un excès dans ces pompeux éloges et dans cet injurieux mépris. […] L’eût-elle cru, il y a dix mois ? […] C’est une erreur de croire que le prédicateur ne doit point songer à plaire. […] Et moi aussi, je ne crois pas les moyens de M.  […] Mais croyez-vous, parce que vous n’aurez pas payé, que vous ne devrez plus rien ?

94. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Ne croit-on pas ailleurs entendre l’Aigle de Meaux lui-même, dans cette belle et éloquente tirade ? […] aux éclats de ta foudre, Quand on croyait des rois voir tressaillir la poudre, Et de leurs descendants chanceler la grandeur, L’avenir t’ouvrait-il sa noire profondeur ? […] Je crois, par exemple, que l’esprit seul des livres saints pouvait inspirer le morceau suivant : Digne prix de ma foi, quelle auguste merveille Vint charmer tout à coup ma vue et mon oreille ! […] Voilà, je crois, des beautés réelles, des beautés qui seront de tous les temps, mais dont il est juste de rapporter, en partie du moins, l’honneur aux sources qui les ont fournies. […] s’il parle de moi, de ma tendresse extrême, » Crois-moi, ce songe, hélas !

95. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Elle est vraisemblable, lorsqu’il y a quelque raison de croire qu’elle a été faite. […] Ne croyez pas pourtant que vous soyez redevable de tout à ma mauvaise destinée. […] Celui-ci répond qu’il croit qu’elle est au bal chez son amie. […] J’ai cru que sa prison deviendroit son asile. […] En quel état croyez-vous la surprendre ?

96. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

A peine arrivé dans le palatinat de Posnanie, il apprend que les deux rois, qu’il croyait à cinquante lieues de lui, avaient fait ces cinquante lieues en neuf jours. […] La réputation de Schullembourg dépendait d’échapper au roi de Suède ; le roi, de son côté, croyait sa gloire intéressée à prendre Schullembourg et le reste de son armée : il ne perd point de temps ; il fait passer sa cavalerie à un gué. […] Non, ne me croyez pas assez hardi ; mais voici le fait. […] Dès qu’il la tient, il se croit trop heureux. — « Je verrai M. d’Argenson ! 

97. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Je ne suis pas plus grande dame que je n’étais rue des Tournelles, où vous me disiez fort bien mes vérités4 ; et si la faveur où je suis met tout le monde à mes pieds, elle ne doit pas produire cet effet-là sur un homme chargé de ma conscience, et à qui je demande instamment de me conduire dans le chemin qu’il croit le plus sûr pour mon salut. […] Sur l’orgueil À mademoiselle d’Aubigné 1 Chantilly, 11 mai 1693 Je vous aime trop, ma chère nièce, pour ne pas vous dire tout ce que je crois qui pourra vous être utile, et je manquerais bien à mes obligations si, étant tout occupée des demoiselles de Saint-Cyr, je vous négligeais, vous que je regarde comme ma propre fille. […] Vous vous croyez une personne importante, parce que vous êtes nourrie dans une maison où le roi va tous les jours ; et le lendemain de ma mort, ni le roi, ni tout ce que vous voyez qui vous caresse ne vous regardera pas. […] Après le mariage secret de madame de Maintenon avec Louis XIV, il crut devoir changer de ton avec sa pénitente.

98. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Sans ajouter foi à toutes les légendes qui enveloppent sa biographie, nous le retrouvons bientôt frère mineur à Fontenay-le-Comte, abbaye de cordeliers, où sa libre humeur faillit lui coûter cher, s’il faut en croire l’anecdote qui nous le montre condamné à une prison perpétuelle, dans les souterrains du monastère. […] Tous les crus de notre sol plantureux fermentent ici comme dans une cuve féconde, sous le chaud soleil de la Renaissance. […] Dont pouez2 bien croire ce que dict Nicolas de Lyra3 sur le passaige du psaultier4 où il est escript : « Et Og regem Basan5, que ledict Og estant encores petit estoit tant fort et robuste, qu’il le falloit lyer de chaisnes de fer en son berceau. […] Parce qu’on le croyait un bourdon (bâton de pèlerin). […] Il crut.

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

On croit y voir la probité s’exprimer par la bouche de Cicéron, et combattre l’injustice avec les armes de Démosthène. […] Le premier redoutable, mais suspect à ses juges, qui, à force de le croire habile, le regardaient comme dangereux : le second, précédé au barreau par cette réputation d’honnête homme, qui est la plus forte recommandation d’une cause, la première qualité de l’avocat, et peut-être la première éloquence de l’orateur. […] Le Normant se crut obligé à la restitution de la somme, et il la restitua.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Tout ce que je vous puis dire, c’est que je ne doute ni de votre noblesse ni de votre vaillance4, et qu’aux choses de cette nature, où je n’ai point d’intérêt, je crois le monde sur sa parole : ne mêlons point de pareilles difficultés parmi nos différends. […] Pour me faire croire ignorant, vous avez tâché d’imposer aux simples, et, de votre seule autorité, vous avez avancé des maximes de théâtre dont vous ne pourriez, quand elles seraient vraies, déduire les conséquences que vous en tirez ; vous vous êtes fait tout blanc d’Aristote, et d’autres auteurs que vous ne lûtes ou n’entendîtes peut-être jamais, et qui vous manquent tous de garantie ; vous avez fait le censeur moral, pour m’imputer de mauvais exemples ; vous avez épluché les vers de ma pièce, jusqu’à en accuser un manque de césure : si vous eussiez su les termes de l’art, vous eussiez dit qu’il manquoit de repos en l’hémistiche. Vous m’avez voulu faire passer pour simple traducteur, sous ombre de soixante et douze vers que vous marquez sur un ouvrage de deux mille, et que ceux qui s’y connoissent n’appelleront jamais de simples traductions ; vous avez déclamé contre moi, pour avoir tu1 le nom de l’auteur espagnol, bien que vous ne l’ayez appris que de moi, et que vous sachiez fort bien que je ne l’ai célé à personne, et que même j’en ai porté l’original en sa langue à Monseigneur le Cardinal votre maître et le mien ; enfin, vous m’avez voulu arracher en un jour ce que près de trente ans d’étude m’ont acquis ; il n’a pas tenu à vous que, du premier lieu où beaucoup d’honnêtes gens me placent, je ne sois descendu au-dessous de Claveret2 ; et pour réparer des offenses si sensibles, vous croyez faire assez de m’exhorter à vous répondre sans outrage, de peur, dites-vous, de nous repentir après, tous deux, de nos folies. […] J’ai cru jusqu’ici que l’amour étoit une passion trop chargée de faiblesse pour être la dominante dans une pièce héroïque ; j’aime qu’elle y serve d’ornement, et non pas de corps, et que les grandes âmes ne la laissent agir qu’autant qu’elle est compatible avec de plus nobles impressions.

101. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

On se trompe, en effet, si l’on croit que le bon peuple se laisse toujours éblouir, et applaudit tout harangueur qu’il n’entend point. […] On se trompe encore si l’on croit que l’obscurité ajoute à l’énergie ou à l’élégance de la pensée. […] Il est naturel de croire que les langues ont d’abord été fondées sur des analogies avouées par la raison humaine ; mais une foule de circonstances, l’origine d’un peuple, son mélange plus ou moins durable, plus ou moins complet avec d’autres, l’infinie variété de relations des hommes entre eux ou avec les choses, les rapides et continuelles vicissitudes des idées et des intérêts, que sais-je ? […] Aussi ne croyez pas que je proscrive aveuglément tous les néologismes, et veuille être plus classique qu’Horace lui-même. […] ou faut-il croire, avec ses ennemis, que la forme n’est barbare que parce que le fond est absurde ?

102. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Un honnête homme, qui dit oui et non, mérite d’être cru : son caractère jure pour lui, donne créance à ses paroles, et lui attire toute sorte de confiance. Celui qui dit incessamment qu’il a de l’honneur et de la probité, qu’il ne nuit à personne, qu’il consent que le mal qu’il fait aux autres lui arrive, et qui jure pour le faire croire, ne sait pas même contrefaire l’homme de bien. […] Il croit fermement, avec la populace, qu’un troisième est mort : il nomme le lieu où il est enterré ; et quand on est détrompé aux halles et aux faubourgs, il parie encore pour l’affirmative. […] Ils sont très-inutiles à l’Etat, et leurs discours de cinquante ans n’ont pas un effet différent de celui qu’aurait pu produire un silence aussi long : cependant ils se croient considérables, parce qu’ils s’entretiennent de projets magnifiques et traitent de grands intérêts. […] Descartes parlant, dans une autre lettre, d’une affection grave dont il avait été atteint dans sa jeunesse : « Je crois, dit-il, que l’inclination que j’ai toujours eue à regarder les choses qui se présentaient du biais qui me les pouvait rendre le plus agréables, et à faire que mon principal contentement ne dépendit que de moi seul, est cause que cette indisposition, qui m’était comme naturelle, s’est peu à peu entièrement passée. » 2.

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