Les défauts les plus opposés au sublime sont surtout la froideur et l’enflure, plus voisines qu’on ne croit.
L’écrivain diffus, au contraire, ne croit jamais s’être assez expliqué : il semble se méfier tellement de l’intelligence de son lecteur, qu’il fatigue, qu’il retourne sa pensée, jusqu’à ce qu’il l’ait présentée sous tous les jours possibles.
Sans prétendre en présenter une nouvelle, je crois pouvoir définir les figures des formes particulières de langage qui manifestent l’idée d’une manière plus noble, plus énergique, plus élégante que les formes ordinaires, ou qui indiquent mieux que celles-ci le mouvement de la pensée et la vue de l’esprit.
Il ne faut pas croire que les premiers monuments de la littérature d’un peuple soient ordinairement composés en prose.
L’Ellipse ôte les mots sans nuire à la clarté, Et sème en vos écrits grâce et vivacité ; Honteux de n’être point cru sur parole, Erasme Dit : J’ai vu de mes yeux, et fait un pléonasme. […] Les images, dans le style, peignent les idées avec une telle vérité, qu’on croit, avoir les choses sous les yeux. […] Mais il peut se faire qu’on n’ait pas tort, et que le correspondant, qui se croit outragé, exige une réparation ; en ce cas, il faut user des précautions oratoires, tout en rétablissant et expliquant les faits. […] Au bout de quelque temps, on la crut adouc — ie.
Ξ, v. 214) La Motte, qui mutile, étrangle et défigure si indécemment Homère, dans sa prétendue traduction de l’Iliade ; La Motte qui croyait avoir rendu la sublime allégorie des Prières par ces deux vers presque ridicules : On offense les dieux ; mais par des sacrifices De ces dieux irrités on fait des dieux propices ; a cependant bien réussi dans ce morceau qui n’exigeait que de la grâce, de l’esprit et de la galanterie moderne : Vénus lui donne alors sa divine ceinture, Ce chef-d’œuvre sorti des mains de la nature, Ce tissu, le symbole et la cause à la fois Du pouvoir de l’amour, du charme de ses lois. […] On serait tenté de croire que le ridicule exagérateur va s’arrêter après cette fastueuse énumération : point du tout ; il ajoute : Se tante lingue avessi, e tante voci Quant’ occhi il cielo, e quante arene il mare, Perderian tutto il suono, e la favella, Nel dire a pieno le vostri lodi immensi, (Guarini).
Cicéron, Varron, et plusieurs autres auteurs comptent jusqu’à trois cents Jupiters ; ce qui donne lieu de croire qu’on a attribué toutes leurs grandes actions à celui-ci, que les païens honoraient comme le Dieu suprême, le père des Dieux, et le roi des hommes. […] Il fut blessé de cinq coups par les cuirassiers mêmes, qui l’ayant rencontré devant eux, le croyaient Hollandais.
À cette époque, les Romains, qui avaient assujetti les Juifs, leur ôtèrent le droit de se choisir un chef, et leur donnèrent pour roi Hérode, qu’on croit avoir été originaire d’Idumée, et juif de naissance. […] Mollesse (la), divinité poétique qu’on peut bien croire être la sœur du dieu du sommeil.
Le vulgaire s’imagine, dit Fénelon, que la versification est la poésie : on croit être poète quand on a parlé ou écrit en mesurant les paroles. […] Nous ne croyons pouvoir mieux terminer ce qui concerne les licences qu’en citant ces deux vers : D’une licence heureuse usez avec prudence, Mais n’oubliez jamais que c’est une licence.
Ce n’est pas que je blâme le pittoresque dans la description ; loin de là ; je ne condamne que l’abus ; mais je crois aussi qu’elle ne va réellement au cœur de l’homme, qu’autant qu’on y introduit l’homme ; c’est l’éternelle devise de Poussin : Et in Arcadia ego.
La narration oratoire veut de la passion et de l’entraînement ; il faut que l’auditeur soit captivé et échauffé par la simple exposition du fait, qu’il croie voir les choses au lieu de les entendre.
On serait tenté de regarder la pastorale comme une des plus anciennes formes de la poésie, et de croire que la vie champêtre des premiers hommes dut les engager à chanter les riants tableaux de la campagne et les objets qui y ont rapport.
Je les crois sans fondement ; je ne chercherai point cependant à les affaiblir.
Telle est cette pièce de La Martinière : Un gros serpent mordit Aurèle : Que croyez-vous qu’il arriva ?