La poésie pastorale est donc une sorte d’idéal fictif et 1’allégorique ; elle chante la campagne à la ville ; elle l’aime l en imagination plus qu’en réalité ; ses bergers sont des bergers de convention ; les scènes rustiques sont embellies des riantes couleurs de la poésie.
Sans cela le meilleur écrivain s’égare ; au milieu de couleurs brillantes, de détails admirables, on reconnaît que l’ouvrage n’est point construit, et on accuse l’auteur de manquer d’invention. […] Mais deux règles sont à observer ici : 1° C’est de peindre les personnages, de les faire agir et parler suivant les lois de la nature et les caprices du cœur humain. 2° C’est de donner aux objets cette couleur locale qui les rapproche de l’histoire.
» 11° Pensées hardies La pensée est hardie, lorsque l’objet dont elle est l’image se peint dans l’esprit avec des couleurs extraordinaires. […] Il nous semble légitime de dire que le récit de Racine brille de toutes les couleurs de la poésie, et que c’est un des plus beaux morceaux dramatiques qui existent dans notre littérature.
Chez lui, tout est forme et couleur ; le monde moral et le monde physique se confondent ; les sentiments sont des sensations, les idées ont des contours, l’abstrait prend un corps, et l’invisible même veut qu’on le voie. […] Notre siècle lui doit toute une renaissance poétique. — Nul artiste n’a possédé plus souverainement la science du rhythme et du nombre, nul ne laissera plus de vers souples, nerveux, amples, hospitaliers à toutes les idées, à tous les sentiments, et capables d’exprimer tous les mouvements de l’âme humaine, de peindre toutes les couleurs, ou toutes les formes de la nature2.
Leur langage dut nécessairement ressentir l’influence de la disposition de leurs âmes Ils durent exalter tous les objets, les peindre avec les plus vives couleurs et les expressions les plus véhémentes. […] Un désavantage plus grand encore, c’est que par là nous nous sommes privés de la faculté de donner à nos écrits ces couleurs vives et frappantes qui résultaient des inversions ou transpositions de mots. […] Elle consiste dans une exagération artificielle des circonstances d’un événement que nous voulons représenter sous des couleurs très vives soit en bien soit en mal. […] Démosthène, au contraire, ressemble à un torrent irrésistible, il terrasse son adversaire, et le peint avec les plus noires couleurs. […] La conduite de Verrès, dans cette circonstance, est peinte de la manière la plus vive et avec les couleurs les plus propres à exciter contre lui l’indignation publique.
« C’est en lisant beaucoup, plutôt qu’en lisant beaucoup d’auteurs, qu’il convient de former son esprit et de donner de la couleur à son style… Notre intention, pour nous… a été que de choisir un petit nombre d’écrivains, les plus remarquables de tous.
Il est froid, artificiel ; il a le génie indigent, il se traîne sur des lieux communs mythologiques ; il travaille de mémoire, et pourtant, lorsqu’il est soutenu par un modèle ou des souvenirs, il a de l’harmonie, du rhythme, parfois même de la couleur et de la noblesse dans les détails du style.
C’est ainsi que nous disons : la pénétration de l’esprit, la rapidité de la pensée, la chaleur du sentiment, la dureté du cœur, la lumière de l’esprit, les couleurs de la vérité, la fleur de l’âge, le flambeau de la raison les ailes du Temps. […] Toujours entraîné, on approche du gouffre affreux ; déjà tout commence à se ternir ; les jardins sont moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes les eaux moins claires ; tout pâlit, tout s’efface ; l’ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l’approche du gouffre fatal ; mais il faut aller sur le bord ; encore un pas : déjà l’horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s’égarent… il faut marcher ; on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens : tout est évanoui, tout est tombé, tout est échappé. […] Des nuages de couleur d’ambre flottaient avec grâce, et paraissaient disposés à se grouper vers un centre commun. […] Mais je ne trouve point de couleurs assez noires Pour en représenter les tragiques histoires ; Je les peins dans le meurtre à l’envi triomphants ; Rome entière noyée au sein de ses enfants : Les uns assassinés dans les places publiques ; Les autres dans le sein de leurs dieux domestiques ; Le méchant par le prix au crime encouragé, Le mari par sa femme en son lit égorgé, Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire ; Sans pouvoir exprimer par tant d’horribles traits, Qu’un crayon imparfait de leur sanglante paix.
Vous avez promis de raconter les choses comme elles se sont passées, plutôt en historien fidèle qu’en avocat intéressé : si vos paroles n’ont pas la simplicité d’un témoignage sincère, si vous forcez les couleurs de votre tableau, si vous laissez trop percer le désir de passionner, si vous vous montrez moins le défenseur de la vérité que celui de votre client, votre bonne foi sera d’autant plus suspecte que votre narration aura été plus habile, et votre éloquence même deviendra une arme que votre adversaire tournera contre vous. […] De même les arguments sont la matière commune de l’éloquence : mais chaque orateur en varie l’ordonnance et la forme, et les teint, pour ainsi dire, des couleurs de son génie. […] Donc connaître les traits distinctifs de l’éloquence, c’est connaître la couleur qui lui convient. […] A ces vibrations répondent des intonations différentes, que l’art peut varier à son gré, comme le peintre nuance les couleurs de ses tableaux.
Il devint membre de l’Académie française à la fondation de ce corps en 1635, et ce ne fut qu’à la fin de sa longue carrière qu’il s’occupa de la traduction des Psaumes, où l’on trouve un accent assez ferme, mais où manque trop souvent le sentiment de la couleur originale.
Il y a autant de diverses espèces d’hommes qu’il y a de diverses espèces d’animaux… Il y a des oiseaux qui ne sont recommandables que par leur ramage et par leurs couleurs.
Voyez de quelles couleurs Virgile embellit les préceptes qu’il donne sur la culture de la vigne. […] Il s’agit des couleurs qu’offrent à nos yeux les fils de la lumière séparés par la réfraction. […] La deuxième espèce dans l’ordre des rayons, a reçu de l’or le nom de sa couleur. Cruelle et fatale couleur ! […] Il faut par conséquent qu’il soit peint avec de plus fortes couleurs que les autres.
Si mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage ; Et mes coqs d’Inde sont l’image De leurs pesants imitateurs. […] Il méprise Racine, il insulte à Corneille1 ; Lulli n’a point de sons pour sa pesante oreille, Et Rubens vainement sous ses pinceaux flatteurs De la belle nature assortit les couleurs.
On peut encore distinguer les caractères principaux qui impriment les mouvements à l’action épique ; et les caractères secondaires qui concourent moins énergiquement à l’action, et se détachent comme des nuances sur la vivacité des couleurs. […] Comme l’élocution doit toujours être en harmonie avec le sujet, la diction, dans un poème aussi noble et aussi sublime que l’épopée, devra se faire remarquer par un caractère d’élévation inspirée, qui ne laisse jamais refroidir le sentiment, ni tomber la pensée, ni s’obscurcir les peintures, s’avilir les termes, et qui, dans tout, porte le mouvement, la couleur et le feu. […] La vigueur et la variété du coloris, l’éclat et la vivacité des couleurs, l’harmonie et la rapidité du style, telles sont les principales qualités des descriptions et des tableaux épiques.