Son premier soin sera donc de mettre l’ordre le plus clair, le plus précisât le plus exact dans la distribution et l’arrangement des matières. […] Le style ne saurait être ni trop clair, ni trop simple.
… il est clair que la réflexion a banni sans retour cette idée de meurtre qu’un premier mouvement de rage avait inspirée ; il y a réticence. […] « C’est d’elle seule, dit avec raison l’Encyclopédie, que les autres constructions empruntent la propriété qu’elles ont de signifier, au point que si la construction nécessaire ne pouvait pas se retrouver dans les autres sortes d’énonciations, celles-ci n’exciteraient aucun sens dans l’esprit, ou n’y exciteraient pas celui qu’on voudrait y faire naître. » La langue française, la plus claire des langues analytiques, suit en général cet ordre naturel, dont elle s’écarterait cependant bien plus souvent, si elle avait moyen d’y suppléer par des terminaisons variées.
La narration doit être claire, précise, vraisemblable, intéressante. […] Elle doit être d’ailleurs claire, précise, variée, originale, et, s’il est possible, pathétique.
La proposition du discours est l’exposé clair, net et précis du sujet. […] Le style de l’orateur politique doit être toujours clair, souvent concis et énergique. […] Il n’explique point les majeures, parce qu’elles sont claires et se suppléent assez d’elles-mêmes. […] Il est clair qu’un tel débit n’ayant ni mouvement, ni chaleur, ni véhémence, ne peut qu’ennuyer un auditoire. […] Soyez, dans vos rapports, clair, exact, précis, impartial.
Puisque nous ne concevons pas la véritable éloquence sans la probité, et que nous ne séparons pas l’orateur de l’homme de bien, il est clair que l’avocat ne peut jamais se charger d’une cause dont l’équité lui semblera seulement équivoque.
Quelquefois le sens moral est tellement clair qu’on se dispense de l’exprimer.
On appelle simplement disert celui dont le style est facile, clair, pur, élégant et harmonieux. […] La proposition est l’exposition simple, claire et précise du sujet. […] Cette cadence, cette mélodie se trouve dans les sons doux, rudes, clairs, sonores, sombres, secs, traînants, selon les objets qu’on veut figurer. […] On a recours à la périphrase par bienséance, pour voiler des idées peu décentes, pour relever des idées basses, pour rendre clair ce qui est obscur : les définitions sont autant de périphrases. […] Les tropes, pour être admis, doivent être clairs, faciles, naturels et bien amenés.
L’orateur s’en sert lorsqu’il veut développer une vérité, la rendre plus claire et plus sensible en l’assimilant à une autre. […] Les rhéteurs recommandent que la narration soit simple et claire, vraisemblable, intéressante et courte. Elle sera simple et claire, si elle est bien entendue de tout le monde ; et l’orateur obtiendra ce résultat s’il emploie les mots propres, s’il évite les termes bas, obscurs ou prétentieux ; s’il distingue nettement les temps, les lieux, les personnes, leurs motifs, etc. […] En ce faisant, on doit éviter deux défauts considérables : le premier, c’est de prouver les choses qui sont claires par elles-mêmes, que tout le monde connaît, et que personne ne conteste ; il suffit de les énoncer.
La Prononciation sera claire et distincte si l’on fait entendre distinctement toutes les syllabes de chaque mot ; si on les prononce suivant leur véritable quantité sans cependant y mettre aucune affectation ; si l’on a soin que les finales des mots ne soient pas perdues pour les auditeurs, sans toutefois appuyer sur les voyelles ou les consonnes qui doivent rester muettes.
Celui qui brouille les choses, pour qu’on n’y voie pas clair.
Enfin, les figures ont l’avantage de présenter l’objet sous un aspect plus clair et plus frappant qu’on n’aurait pu le faire en n’employant que des termes simples, et en dépouillant l’idée principale de ses accessoires. […] Mais, pour produire ces heureux effets, les tropes doivent être clairs, se présenter naturellement, être tirés du sujet et usités ou au moins conformes au génie de la langue dont on se sert. […] L’allégorie produit un très bel effet, lorsque le sens figuré est clair, transparent, et facile à saisir à travers le sens propre, et lorsque tous les détails, toutes les circonstances répondent à l’idée principale et se rapportent naturellement à la chose que l’on veut désigner. […] Si l’allégorie doit être claire et juste, il faut encore qu’elle soit soutenue, c’est-à-dire qu’elle n’offre pas d’interruption ; mais que, dans tout son cours, elle suive l’idée qu’elle a présentée à son début, et soutienne jusqu’à la fin sa beauté et sa correction. […] C’est une espèce de métaphore plus hardie que les autres ; mais on ne doit l’employer qu’autant qu’elle est claire et juste, et qu’elle donne plus de force et d’agrément à la composition.
Voilà ce que fait la nature pour l’orateur, voilà les grands traits qui caractérisent son ouvrage ; et il est clair que celui qu’elle a si heureusement disposé, trouvera plus de ressources et de moyens qu’un autre dans les préceptes de l’art : mais il lui sera toujours indispensable de les connaître ; et plus il les approfondira, plus il les rapprochera des grands modèles, plus il se convaincra que ce qu’on appelle un art, n’est autre chose que le résultat de la raison et de l’expérience mis en pratique, et que son but est d’épargner, à ceux qui nous suivront, tout le chemin qu’ont fait ceux qui nous ont précédés.
Car ils en interdisent l’abord aux profanes, qui ne peuvent attacher aucune idée à ces vocables dont les hellénistes tiennent seuls la clef2 En examinant de près les écrivains de cette époque, on pourra surprendre l’influence du grec dans certaines tournures ou expressions, entre autres dans l’emploi des substantifs formés soit avec des adjectifs, comme le clair, le chaud, l’efficace, le subit (pour clarté, chaleur efficacité, soudaineté), soit avec des infinitifs, comme l’imaginer, le vivre, le partir, le mourir, le dormir, le chanter, le vouloir, le taire, le médire et le philosopher. […] Mais respectons les illusions de ceux qui ont le privilége de voir clair en plein brouillard. […] « On avait dû dire d’abord mus, puis muratus, puis ratus, enfin rat. — On faisait venir le latin lucus (bois sacré) de non lusere (ne pas luire), sous prétexte que dans un bois on ne voit pas clair. » 1.
Dans le Style comme dans le reste du Cours, nous nous efforçons d’offrir un plan complet, de suivre une marche logique, de présenter des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes, et, cherchant à former le cœur en même temps que l’esprit, nous faisons ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le christianisme.