Inventez, maniez, changez, embellissez, La Liberté jamais ne dira : C’est assez1 ! […] En changeant de destin aux mains de l’industrie, Le Fer, du monde entier changea l’antique sort : Il féconda la terre, et fit fleurir la vie Où jadis il semait la mort.
Le réveil de psyché Le matin, rougissant dans sa fraîcheur première, Change les pleurs de l’aube en gouttes de lumière ; Et la forêt joyeuse, au bruit des flots chanteurs, Exhale, à son réveil, les humides senteurs ; La terre est vierge encor, mais déjà dévoilée, Et sourit au soleil sous la brune envolée. […] les bons jours d’hiver, dans la salle bien chaude, A chanter1 doucement les antiques noëls, A se faire conter des contes éternels, A s’empresser autour du vieux livre d’images, A changer mille fois de plaisirs et d’ouvrages, A mêler la prière entre les jeux divers, Et même à réciter des fables et des vers !
Il en change selon le changement de nos âges, de nos fortunes et de nos expériences ; mais il lui est indifférent d’en avoir plusieurs ou de n’en avoir qu’une, parce qu’il se partage en plusieurs, et se ramasse en une quand il le faut et comme il lui plaît. […] Quand on pense qu’il quitte son plaisir, il ne fait que le suspendre ou le changer ; et, lors même qu’il est vaincu et qu’on croit en être défait, on le retrouve qui triomphe dans sa propre défaite.
Les fleurs, les fruits, les grains perfectionnés, multipliés à l’infini ; les espèces utiles d’animaux transportées, propagées, augmentées sans nombre ; les espèces nuisibles réduites, confinées, reléguées ; l’or, et le fer plus nécessaire que l’or, tirés des entrailles de la terre ; les torrents contenus, les fleuves dirigés, resserrés ; la mer même soumise, reconnue, traversée d’un hémisphère à l’autre ; la terre accessible partout, partout rendue aussi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes prairies, dans les plaines de riches pâturages ou des moissons encore plus riches ; les collines chargées de vignes et de fruits, leurs sommets couronnés d’arbres utiles et de jeunes forêts ; les déserts devenus des cités habitées par un peuple immense, qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu’aux extrémités ; des routes ouvertes et fréquentées, des communications établies partout comme autant de témoins de la force et de l’union de la société ; mille autres monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l’homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il partage l’empire avec la nature. Cependant il ne règne que par droit de conquête ; il jouit plutôt qu’il ne possède, il ne conserve que par des soins toujours renouvelés ; s’ils cessent, tout languit, tout s’altère, tout change, tout rentre sous la main de la nature : elle reprend ses droits, efface les ouvrages de l’homme, couvre de poussière et de mousse ses plus fastueux monuments, les détruit avec le temps, et ne lui laisse que le regret d’avoir perdu par sa faute ce que ses ancêtres avaient conquis par leurs travaux. […] Le blé Le blé est une plante que l’homme a changée au point qu’elle n’existe nulle part à l’état de nature : on voit bien qu’il a quelque rapport avec l’ivraie, avec les gramens et quelques autres herbes des prairies, mais on ignore à laquelle on doit le rapporter ; et comme il se renouvelle tous les ans ; comme, servant de nourriture à l’homme, il est de toutes les plantes celle qu’il a le plus travaillée, il est aussi de toutes celle dont la nature est le plus altérée. L’homme peut donc non-seulement faire servir à ses besoins tous les individus de l’univers, mais, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces : c’est le plus beau droit qu’il ait sur la nature.
Le temps qui change tout change aussi nos hommes, Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs. […] Il est évident que cette hypocrisie oratoire, cette contradiction des principes avec le langage, serait de courte durée : les hommes, quoique aveuglés par leurs intérêts matériels, auraient bientôt découvert la fourberie, et l’orateur dissimulé verrait promptement les acclamations et l’estime se changer en huées et en mépris.
Il est, je l’avoue, difficile d’imaginer ce que peut être cette invention des prologues, ce mot n’ayant pas d’autre sens dans Aristote que le sens défini au chapitre XII de la Poétique mais est-ce une raison suffisante pour changer dans le texte προλόγους en λόγους contre l’autorité des manuscrits ? […] L’abbé d’Aubignac propose de traduire ή μιχρòν έξαλλάττειν par « ou de changer un peu ce temps » (du jour à la nuit ou de la nuit au jour), et il tient fort à sa nouvelle explication (Pratique du Théâtre, 1669, p. 111) un peu plus haut, il discute sérieusement s’il ne serait pas question dans Aristote d’un jour polaire.
Les poètes disent que son sang fut changé en une fleur, nommé hyacinthe. […] Les Dieux le changèrent en une fleur qui porte son nom. […] La cabane de Philémon et de Baucis fut changée en un temple, dont ils furent les prêtres suivant le souhait qu’ils avaient formé. […] Cette punition sévère, mais juste, changea entièrement le cœur de Thémistocle, qui ne tarda pas à consacrer ses talents au service de sa patrie. […] Il présidait, suivant les poètes, aux changements réglés qui entretiennent le bel ordre de la nature et pouvait lui-même se changer en toutes sortes de formes.
En un mot, les tropes sont des figures qui changent la signification primitive d’un mot pour lui en donner une plus expressive. […] Du Christ avec ardeur Jeanne baisait l’image ; Ses longs cheveux épars flottaient au gré des vents : Au pied de l’échafaud, sans changer de visage, Elle s’avançait à pas lents. […] Telles sont les lignes suivantes tirées de Guénaut de Montbelliard, dans la description qu’il fait de l’hirondelle : Toujours maîtresse de son vol dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction ; elle semble décrire au milieu des airs un dédale mobile et fugitif, dont les routes se croisent, s’entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, descendent, se perdent et reparaissent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine être indiqué à l’imagination par le pinceau de la parole. […] Il va du blanc au noir : Il condamne au matin ses sentiments du soir Importun à tout autre, à soi-même incommode, Il change à tout moment d’esprit comme de mode : Il tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc, Aujourd’hui dans un casque et demain dans un froc. […] Si l’un eût vécu vingt ans de plus, le système de l’Europe était changé.
L’exorde par préparation change de ton et de caractère suivant les circonstances. […] Hors du barreau, dans le genre démonstratif, la narration oratoire change de caractère. […] De malheureuses influences morales ont changé le sens des mots pour les plier aux mensonges des intérêts et des passions. […] Chaque idée, en effet, a un signe propre et particulier qui ne se peut changer. […] Les autres, au contraire, consistent dans l’emploi des termes : changez les mots, la figure s’évanouit.
Ils changent l’adjectif en un substantif. […] Ils changent fréquemment les adverbes en adjectifs. […] Il faut alors chercher dans son esprit ou dans ses souvenirs d’autres expressions qui rendent aussi bien et mieux, s’il est possible, l’idée du mot que l’on veut changer. — Supposons qu’il y ait dans la matière ces deux mots fluctus dividere, fendre les flots, il sera facile de voir que le verbe dīvĭdĕrĕ ne convient ni au sens, ni à la mesure. […] Ce n’est pas assez de changer et d’ajouter des mots, il faut aussi étendre la matière en y ajoutant des idées nouvelles qui intéressent le lecteur, qui lui plaisent et excitent son admiration.
L’équivoque caractérise donc l’énigme : elle y donne le change au lecteur, qui d’ailleurs, doit s’y attendre. […] Quelquefois même il y a de la nouveauté jusque dans le fond des choses, comme dans cette chanson peu connue : Oiseaux, si tous les ans vous changez de climats, Dès que le triste hiver dépouille nos bocages, Ce n’est pas seulement pour changer de feuillages, Ni pour éviter nos frimas.
Il changeait sans peine d’application et de travail ; il paraissait né pour remplir avec distinction les emplois subalternes, qui renferment beaucoup de minuties. […] Toutefois, qu’on ne pense pas que Clazomène eût voulu changer sa misère pour la prospérité des hommes faibles.
Il faudrait, pour la clarté, changer ainsi la phrase : Je crus alors m’ouvrir un champ digne de moi. […] Il y a des figures qui changent la signification des mots, et on les nomme tropes, d’un verbe grec (τρέπω, τέτροπα) qui signifie changer. […] La figure de mot y est tellement attachée, que, si on change le mot, elle périt. La figure de pensée subsiste malgré le changement des mots, pourvu que le sens ne change pas. […] Changez une lettre, staret, maneret, ce sentiment disparaît181.
Les imparfaits du subjonctif des verbes de la première conjugaison offrant un son désagréable, au lieu de dire : je voudrais que vous mangeassiez que vous chantassiez, changez la construction de la phrase. […] Quand ces assemblages changent la signification des mots on les nomme tropes. […] — Si l'on change les mots, les figures de mots cessent, parce qu'elles ne sont que le vêtement, la parure des pensées ; mais les figures de pensées restent toujours. […] Il peut changer de personne après chaque phrase finie, après chaque discours direct ; et il peut employer le passé défini pour le passé indéfini. […] On appelle coup de théâtre, cette surprise qui en change tout à coup la face.