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77. (1854) Éléments de rhétorique française

A la nécessité il faut pourtant joindre une autre cause, aussi ancienne et aussi puissante. […] De la cause et de l’effet. On peut encore emprunter des développements, soit à la cause qui a produit le fait dont on parle, soit aux effets dont il est lui-même la cause. […] C’est ainsi que l’orateur du barreau se sert, dans l’intérêt de sa cause, de l’énumération des parties, des circonstances, des semblables, des contraires, etc. […] Une autre cause agit également sur le style, c’est le caractère de l’écrivain ou de l’orateur.

78. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause. […] « C’est donc avec raison que nos guerriers ont préféré la mort à l’esclavage qui les aurait séparés d’une patrie si digne de leur amour ; c’est avec raison que nous recevons d’eux l’exemple de tout sacrifier pour la défense d’une si belle cause.

79. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

L’un part de ce qu’il entend nettement pour trouver la cause de ce qu’il voit ; l’autre part de ce qu’il voit, pour en trouver la cause, soit claire, soit obscure.

80. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

Madame de Choisi, qui était à l’autre portière avec M. de Turenne, fut la première qui aperçut du carrosse la cause de la frayeur du cocher : je dis du carrosse, car cinq ou six laquais, qui étaient derrière, criaient : « Jésus Maria !  […] Nous voyons les effets de cette irrésolution, quoique nous n’en connaissions pas la cause.

81. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Soit que tu racontes les renversements des États3, et que tu pénètres dans les causes profondes des révolutions ; soit que tu verses des pleurs sur une jeune femme mourante au milieu des pompes et des dangers de la cour ; soit que ton âme s’élance avec celle de Condé, et partage les ardeurs qu’elle décrit4 ; soit que, dans l’impétueuse richesse de tes sermons5 à demi préparés, tu saisisses, tu entraînes toutes les vérités de la morale et de la religion, partout tu agrandis la parole humaine, tu surpasses l’orateur antique ; tu ne lui ressembles pas. […] Cette injuste amertume, cette inimitié sans motif est la cause des plus grands abus de la censure littéraire3.

82. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Trop de causes doivent concourir pour faire éclore ces âges d’or : une cour comme celle d’Auguste ou de Louis XIV, une démocratie comme celle d’Athènes, plus aristocrate par la finesse de ses organes et la délicatesse de son goût que l’aristocratie elle-même ; une certaine fermentation dont le principe nous échappe et qui fait germer à la fois une moisson d’esprits du premier ordre dans tous les genres1 ; du loisir pour attendre l’inspiration et ne travailler que sous son influence ; un amour de l’art pur généralement répandu ; un désir de gloire, d’avenir, d’immortalité, que les besoins du présent n’étouffent pas sous la nécessité de percer, de se faire connaître et de vivre. […] Remontez à la cause de ses hésitations ; il n’y en a pas d’autres que son honnêteté ! […] Cicéron a plaidé quelquefois de mauvaises causes, je le crois ; il n’a jamais exprimé que des pensées droites et honnêtes.

83. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Tourmenté par une imagination ombrageuse, il finit par tomber dans une noire misanthropie qui devint son supplice ; peut-être abrégea-t-il par le suicide une existence solitaire et farouche que consumaient des craintes sans cause, et un orgueil sans bornes. […] Longtemps je me suis abusé moi-même sur la cause de cet invincible dégoût1 commerce des hommes ; je l’attribuais au chagrin de n’avoir pas l’esprit assez présent pour montrer dans la conversation le peu que j’en ai, et, par contre-coup, à celui de ne pas occuper dans le monde la place que j’y croyais mériter. Mais quand, après avoir barbouillé du papier, j’étais bien sûr, même en disant des sottises, de n’être pas pris pour un sot ; quand je me suis vu recherché de tout le monde, et honoré de beaucoup plus de considération que ma plus ridicule vanité n’en eût osé prétendre ; et quand, malgré cela, j’ai senti ce même dégoût plus augmenté que diminué, j’ai conclu qu’il venait d’une autre cause, et que ces espèces de jouissances n’étaient point celles qu’il me fallait. Quelle est donc enfin cette cause ? […] Voilà, monsieur, je vous le jure, la véritable cause de cette retraite, à laquelle nos gens de lettres ont été chercher des motifs d’ostentation, qui supposent une constance, ou plutôt une obstination à tenir à ce qui me coûte, directement contraire à mon caractère naturel.

84. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Toute précipitation, on le voit assez, serait une cause d’erreur. […] Faire ressortir les causes de sa prospérité passée et présente. […] Quelles causes l’ont préparée ? […] Burrhus, qui défend la cause de la vertu, est en face de Néron et d’Agrippine. […] On se défend et l’on attaque, chacun plaide tour à tour sa cause.

85. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

La cause de cette lutte est en nous-mêmes ou en dehors de nous : de là deux systèmes de tragédie, l’ancien et le moderne. Chez les anciens, le mobile principal de la tragédie n’était pas dans l’homme lui-même, dans sa volonté ou dans ses passions ; il était dans une cause supérieure, dans la volonté ou dans la colère des dieux, dans les arrêts inflexibles du destin. […] D’une quantité de causes, mais qui paraissent toutes se rattacher à un centre commun : le contraste. […] Ainsi, l’on rit d’une physionomie irrégulière et grotesque, des travers d’un caractère, des manies de l’esprit ; on rit d’un vice qui trahit dans l’homme des sentiments déplacés ; on rit d’une chute, d’une dissonance, de la gaucherie mêlée à l’intention de plaire, d’un bon mot, d’une raillerie piquante, d’une malice qui réussit ou qui échoue ; on rit des surprises, des méprises, des mécomptes, de la gravité, comme de la folie ; il n’est pas un aspect de la vie humaine qui ne puisse prêter à la plaisanterie et devenir comique ; mais si l’on se rend compte de la cause qui amène le rire, on y trouvera toujours au fond un contraste, même quand on rit de rien, par contagion, ainsi que cela arrive souvent, Comme on le voit, le répertoire du comique est immense c’est une mine inépuisable comme les contrastes de la vie, comme les sottises et les ridicules de l’humanité.

86. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Car l’histoire n’est pas seulement le récit des faits qui sont les évolutions extérieures de l’humanité ; elle doit encore remonter aux causes, apprécier les résultats, et signaler l’influence réciproque des idées sur les faits, et des faits sur les idées. […] La philosophie de l’histoire n’est pas un récit chronologique et suivi des événements ; elle présente des vues générales sur l’histoire ; elle considère spécialement l’esprit des faits, examine les causes, indique les développements des idées et de la civilisation, et montre du doigt les résultats et les conséquences : c’est comme un complément nécessaire à l’histoire proprement dite ; elle s’adresse aux esprits murs et sérieux.

87. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Tout ce qui est au-delà d’une certaine proportion cause à l’homme, à la créature bornée, un invincible effroi. […] Une cause explique le retour sérieux des esprits vers ces études. […] Il y avait du feu dans l’âtre à cause des premiers froids de septembre et peur la préparation des breuvages qu’on administrait aux jeunes malades. […] — Les malheurs dont il est cause depuis la révolution. — Qui sont ceux qui vous ont engagée à cette action ? […] L’opération devait donc durer plusieurs jours, surtout à cause du matériel qu’il fallait faire passer avec les divisions.

88. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

La narration oratoire diffère de la narration historique ; celle-ci ne recherche que le vrai ; l’autre doit être faite en vue de la cause que l’on défend : sens détruire la vérité, elle appuie sur les circonstances favorables, et glisse légèrement sur celles qui pourraient nuire. […] mais jamais un jugement inique n’ordonnera cette cruelle séparation : je me suis adressé à des cœurs sensibles, les chiens gagneront leur cause. […] « La cause des chats est, je l’avoue, Messieurs, plus difficile il défendre.

89. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Or, l’action d’un poème est une lorsqu’elle est indépendante de toute autre action, et que du commencement à la fin, c’est toujours la même cause qui tend au même effet. […] Dans le premier cas, l’action des agents supérieurs est comme séparée de celle des hommes : les héros ne voient pas les ressorts surnaturels et attribuent ce qui se fait aux causes naturelles, et alors le spectacle du merveilleux n’est que pour le lecteur. […] C’est dans cette partie que le poète annonce le héros qu’il va célébrer, le but de l’action, la cause des obstacles, et les interventions surnaturelles. […] Après avoir exposé le sujet, le poète, qui ne peut pas savoir pur lui-même les causes surnaturelles de l’événement qu’il va raconter, effrayé d’ailleurs de la grandeur de l’entreprise et de la longueur de la carrière ouverte devant lui, le poète adresse une prière à la divinité ou à quelque agent surnaturel, pour être éclairé et soutenu dans sa marche : c’est l’invocation. […] Le poème héroïque est une espèce d’épopée qui n’expose que des actions et des événements réels, et tels qu’ils sont arrivés, dans leur ordre historique, et sans s’élever plus haut que les causes naturelles.

90. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VII. Vers, stances, classification des poèmes. »

Les stances de six vers se divisent en deux tercets et admettent une prodigieuse quantité de combinaisons, à cause des vers de différentes mesures, qu’on y fait entrer. […] Les petites pièces, comme les impromptu, épigrammes, madrigaux, chansons, qu’on appelle souvent poésies fugitives, à cause du peu d’importance qu’on leur attribue.

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