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40. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « [Dédicace] »

Elle veut alléger vos pénibles travaux, Dans sa main sont cachés mille présents nouveaux ; Demeures de sagesse, accueillez l’étrangère.

41. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Quelquefois même nous rions de notre propre image en la reconnaissant, pour faire bonne contenance et cacher aux autres ce que nous cherchons à nous cacher à nous-mêmes : de toutes manières, l’effet moral est médiocre. […] Quiconque voit bien l’homme, et, d’un esprit profond, De tant de cœurs cachés a pénétré le fond ; Qui sait bien ce que c’est qu’un prodigue, un avare, Un honnête homme, un fat, un jaloux, un bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir et parler.

42. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Or, voilà le danger, car la femme ne peut être savante impunément qu’à la charge de cacher ce qu’elle sait avec plus d’attention que l’autre sexe n’en met à le montrer. » 1. […] Je sais encore moins cacher mes défauts, et faire le personnage d’un homme de bien si je ne le suis pas véritablement ; et quand je pourrais me rendre capable de cette science, il me fâcherait fort, après avoir passé neuf portes et donné des batailles pour en venir là, d’être enfin arrêté à la dixième ; et si on m’y recevait quelquefois, d’entrer en un pays où les chapeaux n’ont point été faits pour couvrir la tête, et où tout le monde devient bossu à force de faire des révérences. […] Jamais encore on n’avait peint l’homme, dans cette sphère de la vie, avec une vérité si profonde ; jamais on n’avait saisi avec cette sagacité pénétrante les caractères, leurs traits saillants et leurs nuances variées ; jamais on n’était descendu aussi avant dans les obscurs replis où se cachent les ressorts des actions humaines.

43. (1852) Précis de rhétorique

L’Euphémisme modeste est paré de velours Pour cacher à l’esprit l’âpreté du discours. […] On entend par secrets du style des formes tantôt douces, tantôt pittoresques, qu’il faut chercher en écrivant : car elles se cachent, et les bons écrivains seuls peuvent les trouver. […] L’allégorie est une composition qui présente un sens mystérieux, caché sous des images qui le laissent deviner, mais ne le font point positivement connaître ; si donc on prenait le soin de l’expliquer, il n’y aurait pas allégorie parfaite, et la composition prendrait un autre nom. […] Dans la forme on s’attache à faire ressortir les beautés des tournures ; au fond, on précise à quel genre appartient le dialogue, et l’on explique la pensée cachée de l’allégorie. […] Il doit cacher, comme la fable, une moralité claire, facile à tirer du sujet, et qu’il convient toujours d’expliquer en peu de mots.

44. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Des parents barbares et inhumains, pour élever un seul de leurs enfants plus haut que ses ancêtres, et en faire l’idole de leur vanité, ne comptent pour rien de sacrifier tous les autres et de les précipiter dans l’abîme : ils arrachent du monde des enfants à qui l’autorité seule tient lieu d’attrait et de vocation pour la retraite ; ils conduisent à l’autel des victimes qui vont s’y immoler à la cupidité de leurs pères plutôt qu’à la grandeur du Dieu qu’on y adore ; ils donnent à l’Église des ministres que l’Église n’appelle point, et qui n’acceptent le saint ministère que comme un joug odieux qu’une injuste loi leur impose ; enfin, pourvu que ce qui paraît d’une famille éclate, brille et fasse honneur dans le monde, on ne se met point en peine que des ténèbres sacrées cachent les chagrins, les dégoûts, les larmes, le désespoir. […] Car connaissant tout seul les plus secrets penchants de nos cœurs ; développant déjà dans les premières ébauches de nos passions tout ce que nous devons être ; jugeant de nous-mêmes par les rapports divers de vice ou de vertu que les situations infinies où il pourrait nous placer ont avec les qualités naturelles de notre âme ; découvrant en nous mille dispositions cachées que nous ne connaissons pas, et qui n’attendent que l’occasion pour paraître ; seul, lorsqu’il tira tout du néant, et qu’il donna à tous les êtres cet arrangement admirable et ce cours harmonieux que la durée des temps n’a jamais pu altérer, il put prévoir quelles étaient dans cet assemblage si bien assorti les circonstances du siècle, de la nation, du pays, de la naissance, des talents, de l’état, les plus favorables à notre salut, et en les rassemblant par un pur effet de sa miséricorde, en former comme le fil et toute la suite de notre destinée.

45. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Tous les assistants étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien : ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes, pour cacher leur élargissement1 et leur joie. […] Ce phlegme dura sans la moindre altération, également éloigné d’être aise par religion, et de cacher aussi le peu d’affliction qu’il ressentait, pour conserver toujours la vérité.

46. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Cette règle trop négligée, et que les savants mêmes, en titre d’office, devraient observer jusqu’à un certain point, est celle-ci : Cache ton savoir. […] L’art est de cacher l’art.

47. (1854) Éléments de rhétorique française

« Nous sommes heureux d’avoir caché sous la terre la hache rouge, si souvent teinte du sang fraternel. […] Où se cacher ? […] On invente de nouvelles choses ; on découvre des choses cachées. […] Voilà pourquoi Caïus Gracchus, lorsqu’il parlait en public, faisait cacher derrière lui un musicien habile, tenant une flûte d’ivoire. […] Est-il une idée plus sublime et plus féconde que celle de ce Dieu caché qui échappe à nos sens, mais qui se révèle à la raison ?

48. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Il lui raconte ses malheurs, il lui expose les dangers qu’il court, il ne lui cache pas ceux auxquels s’exposera son défenseur. […] Alphonse cache avec soin son nom et son origine. […] Le principal du collège (c’était un prêtre) les lui fait ouvrir eu secret, l’introduit dans son appartement, l’y cache, et, après quelques jours, lui donne les moyens de se réunir à sa famille. […] Sans lui donner d’alarme, suivez-le, ne le quittez pas, et portez toujours sur vous quelques armes cachées. » Léon suivit son conseil, et la première fois qu’il sortit pour accompagner son père à la chasse, il cacha une épée sous ses habits. […] Arrivé dans le pays, vous vous êtes caché.

49. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Nul poète n’a su mieux que lui répandre tous les trésors de la poésie, avec ce prestige de l’art, qui cache l’art même : il n’en est aucun qui offre plus de beautés de détail. […] De peur de l’écouter, Pan207 fuit dans les roseaux, Et les Nymphes208 d’effroi se cachent sous les eaux. […] Mais la finesse et l’art n’y sont pas assez cachés, et le style en est un peu trop fleuri. […] Il ne cache jamais la vérité, quelque affreuse qu’elle puisse être, et ne prend pas même soin de l’envelopper. […] Ainsi, sous ce désordre apparent de l’ode, règne un ordre caché, qui est l’ouvrage de l’art ; tout y est sagement distribué, tout y tend à une même fin ; toutes les parties enchaînées s’y prêtent des beautés mutuelles, et forment un tout parfait.

50. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VII. Septième espèce de mots.  » pp. 41-42

Les laquais vont derrière leur maître ; se cacher derrière un mur.

51. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

L’énigme est, en général, une sentence mystérieuse, une proposition qu’on donne à deviner, et qu’on cache sous des termes obscurs, presque toujours allégoriques ou à double sens. […] Telle est l’énigme suivante sur le silence :     Je ne suis rien : j’existe cependant ; Les lieux les plus cachés sont les lieux que j’habite.

52. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

pourquoi avons-nous besoin de nous croire et d’être crus bons, généreux, braves, dévoués, désintéressés, chastes, si nous ne cachons que l’intérêt personnel et l’égoïsme sous le masque du désintéressement, de la chasteté, de la libéralité, de la bravoure. […] Parison avaient cherché et trouvé ce qui est le véritable fruit des livres, la tranquillité de l’âme, le goût d’une vie simple, modeste et cachée M.

53. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

C’est parce que nous le voyons mal caché sous son masque ; c’est parce que Molière a su présenter ce faux dévot par le côté ridicule. […] Isabelle le prie surtout de se bien cacher et de ne rien dire à Léonor quand elle sortira : elle rentre dans la maison, et parlant à haute voix, elle fait semblant de renvoyer sa sœur, et sort dans le même instant. […] Nicomède qui commandoit alors l’armée, en ayant été instruit par ceux-là mêmes qui avoient été chargés de cet assassinat, entra dans le royaume de son père, s’en empara, et força le roi à se cacher dans une caverne où il le fit assassiner. […] Mais on se cache d’Achille, dit-elle, Agamemnon gémit : elle aime à se persuader que quelque orage est près d’éclater sur ces deux amans, et prend la résolution de ne pas mourir sans vengeance. […] Ainsi vous rejeterez les hyperboles, les comparaisons directes, les apostrophes aux êtres insensibles, et toutes ces expressions figurées qui n’appartiennent qu’au nourrisson des Muses, lorsqu’il se montre sans prendre aucun soin de se cacher.

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