En lisant les œuvres de Pradon, nous avons rencontré cette invocation à Corneille : elle n’est pas indigne de mémoire Esprit du grand Corneille, anime nostre veine, Toy qui fus toujours seul le maistre de la scène, Dont le sçavoir profond et les nobles écrits Touchant toujours les cœurs, enlèvent les esprits ; Tous ces traits immortels, en te faisant revivre. […] « Le front d’une race est une assez étrange chose ; il ne fallait plus que dire : les bras de ma lignée et les cuisses de ma postérité. » Scudéru. — « L’observateur a eu raison de remarquer qu’on ne peut dire le front d’une race » Académie. — « Pourquoi, si on anime tout en poésie, une race ne pourra-t-elle pas rougir ? […] qu’il pleure d’orgueil en se voyant renaître Dans le marbre animé par le ciseau d’un maître !
Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, l’écrivain veut toucher : il faut que son style soit doux, insinuant, vif, animé, pathétique. […] La véhémence consiste dans l’impétuosité des idées, dans la succession rapide des impressions, dans la vivacité du style, animée par le sentiment. […] C’est l’énergie, animée par le sentiment, et considérée dans celui qui parle.
Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. […] Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants, trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime.
Il faut que l’étude les place dans la mémoire de l’écrivain, qui les y garde, comme de l’argent qui dort, jusqu’au jour où l’inspiration les en tire, les anime de sa propre vie, en sorte que, tout en ayant le même sens, ils lui appartiennent néanmoins par l’emploi qu’il en fait. […] Sainte-Beuve dit : « Parler de La Fontaine, c’est parler de l’expérience même, du résultat moral de la vie, du bon sens pratique, fin et profond, universel et divers, égayé de raillerie, animé de charme et d’imagination, corrigé et embelli par les meilleurs sentiments, consolé surtout par l’amitié. » 1.
La description a sans doute des charmes : en nous détaillant les beautés de la création, elle élève notre âme au Créateur ; mais il faut qu’elle soit bornée, et que la vie ou le sentiment l’anime.
Chaque trait de cette noble description est le fruit d’une imagination frappée et animée de la grandeur du sujet. […] Nous nous efforçons de nous élever à la hauteur de l’écrivain, notre imagination s’anime et s’exalte ; si, au milieu de ce transport, vous l’abandonnez tout à coup, elle retombe, et la secousse qu’elle éprouve est pénible. […] Il en était de même à l’égard du geste ; car on peut remarquer que les gestes animés accompagnent toujours la prononciation vive et accentuée. […] Dans nos contrées septentrionales, notre manière de nous exprimer rend les passions avec une énergie suffisante pour ceux qui ne sont point accoutumés à un parler plus véhément ; mais il est incontestable que des modulations plus variées et des mouvements plus animés donnent aux sentiments une expression plus vive et plus ardente. […] ) L’ordre du latin est plus animé, celui de la traduction est iilusclair et plus distinct.
La discussion s’anime, et l’éloge en sort naturellement.
Un autre motif anime et soutient encore le courage de Cicéron : la multitude des auditeurs, et le concours nombreux des citoyens, dont la plus grande partie était entièrement dévouée à Milon et à son défenseur : 114« Reliqua verò multitudo, quæ quidem est civium, tota nostra est, neque eorum quisquam, quos undique intuentes, unde aliqua pars fori adspici potest, et hujus exitum judicii exspectantes videtis, non quùm virtuti Milonis favet, tum de se, de liberis suis, de patriâ, de fortunis hodierno die decertari putat. […] « Prêtez-nous donc toute votre attention, Messieurs, et bannissez les craintes qui pourraient vous rester encore ; car si jamais, dans une seule cause, vous eûtes à prononcer sur tous les gens de bien à la fois, sur tous les hommes animés d’un zèle courageux pour la patrie ; si jamais des juges, choisis dans les premiers ordres de l’état, eurent occasion de manifester, par des actions et par des suffrages, l’affection que leurs visages et leurs discours témoignèrent si souvent aux bons citoyens, c’est aujourd’hui surtout qu’elle se présente, cette occasion ; aujourd’hui que vous allez décider si nous serons condamnés à des larmes éternelles, nous les partisans sincères et constants de votre autorité ; ou si, persécutés si longtemps par les citoyens les plus pervers, nous devrons enfin le repos et le bonheur à votre équité et à votre sagesse ».
Les rhéteurs nomment la description des lieux topographie, Celle du temps, chronographie, Celle des personnes, prosopographie et éthopée, La description vive, colorée, animée, hypotypose, La narration ou description dans laquelle l’auteur s’exalte jusqu’à faire agir et parler les êtres animés et inanimés, prosopopée.
Non agitur de vectigalibus, non de sociorum injuriis ; libertas et anima nostra in dubio est. […] « S’il se trouve cependant des citoyens qui, animés de ce zèle qui eût dû être général, me fassent un crime d’avoir laissé fuir Catilina, au lieu de l’arrêter, comme je le pouvais, qu’ils en accusent les circonstances et non pas moi. […] Son avis cependant me semble, je ne dirai pas cruel (on ne saurait l’être à l’égard de tels hommes), mais trop peu conforme l’esprit qui doit nous animer.
Ce qu’on appelle esprit peut être de quelque usage au barreau, lorsqu’il ne consiste toutefois que dans une réplique vive et animée, dans une saillie du moment, dans une de ces réponses qui portent des coups d’autant plus sûrs, qu’ils sont plus imprévus, et que l’adversaire, frappé comme de la foudre, a laissé à l’audience tout le temps d’apprécier la réponse, avant qu’il ait eu celui de lui trouver une réplique.
Embrassant donc l’histoire, l’éloquence, la philosophie, la critique, la morale, la poésie, en un mot toutes les formes de la pensée, nos extraits comprennent les genres essentiels qui ont leur raison d’être, et dont la variété peut solliciter ou animer un esprit curieux. […] Jésus-Christ avait pris la place de leur esprit et de leur raison : ils n’étaient plus animés que de Jésus-Christ ; ils ne songeaient plus qu’à lui ; ils ne se souvenaient plus que de lui, il leur tenait lieu de toutes choses. […] Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore. […] L’intérêt s’anime de scène en scène : tout est préparé, motivé, justifié. […] Le fougueux coursier que je monte, animé d’une noble ardeur, veut se jeter dans l’eau ; mais moi, plus modéré, je mets pied à terre.
Goethe n’a plus cette ardeur entraînante qui lui inspira Werther ; mais la chaleur de ses pensées suffit encore pour tout animer. […] Quand je vis ce désert, aucune plante n’en décorait les débris, aucun oiseau, aucun insecte ne les animait, hors des millions de lézards qui montaient et descendaient sans bruit le long des murs brûlants. […] Les voilà donc tous deux contemporains, spectateurs animés des mêmes événements, le plus jeune accroissant à la hâte sa célébrité, l’autre commençant la sienne. […] Animés par de petits succès et par les relations de leurs espions ou de leurs coureurs à la poursuite de ce dessein gigantesque, les Franks suppléaient à la faiblesse de leurs moyens d’attaque par une activité infatigable. […] La musique jouait des airs animés dans les passages difficiles et les encourageait à surmonter ces obstacles d’une nature si nouvelle.
Après les arguments vient la passion, qui circule comme le souffle et anime la matière. […] — Démosthène a dû toute sa force oratoire à la passion dont’ son patriotisme animait ses discours ! […] Le portrait est la peinture animée des personnes mises en action. […] L’imagination-du peintre invente d’abord les principaux traits du tableau ; son jugement dispose et range chaque chose à sa place ; le coloris Vient, enfin qui doit animer tout l’ouvrage, donner aux objets leur éclat et rendre l’expression parfaite. […] Buffon a dit : Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte ; il se fait au bruit des armes ; il l’aime ; il le cherche, et s’anime de la même ardeur.