Une instruction longtemps soutenue nous lasse, surtout dans un ouvrage de poésie, où l’on vent toujours trouver quelque délassement pour l’esprit. […] Quand le poète vent établir des principes de morale ou de physique, il doit, sans manquer en aucune manière à l’exactitude et à la précision, les orner de toutes les images, de toutes les comparaisons, de toutes les figures propres à donner de l’intérêt et de l’agrément à sa composition. […] Le poète alors expose dans tout leur jour les ridicules et les travers moraux ou sociaux, et souvent ses traits sont d’une grande vigueur, comme dans l’exemple suivant, où l’on vent flétrir la mauvaise plaisanterie : Quelle gloire, eu effet, pour tout être qui pense, De vieillir dans des jeux d’enfantine démence, D’avilir son esprit, noble présent des dieux, Au rôle indigne et plat d’un farceur ennuyeux, Qui, payant son écot en équivoques fades, Envie à Taconet l’honneur de ses parades ; Et même en cheveux gris, parasite bouffon, Transporte ses tréteaux chez les gens de bon ton ! […] Barbier recherche quels sont les plus coupables, des écrivains irréligieux et corrupteurs, ou des hommes du peuple que la misère pousse à la révolte : Ces hommes de ruine et de destruction Ne souffrent pas le vent de la corruption. […] Ou lorsqu’elles seront riches : Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau.
Horace nous en donne un bel exemple, quand il nous dit que « le chagrin plus léger que les cerfs, plus rapide que le vent qui chasse au loin les nuages, monte avec nous dans le même vaisseau, et court avec nous à travers les escadrons ». […] Baour-Lormian adresse une hymne au soleil et lui rend hommage de ce qu’il vient après l’orage rendre la sérénité à la nature : Quand la tempête éclate et rugit dans les airs, Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs, Le char retentissant qui porte le tonnerre, Tu parais, tu souris et consoles la terre. […] La Fontaine, dans la fable, le Chêne et le Roseau, lorsque le Roseau a fini de répondre au discours orgueilleux du Chêne, se sert d’une transition pour passer à l’arrivée de la tempête : Votre compassion, lui répondit l’arbuste, Part d’un bon naturel : mais quittez ce souci ; Les vents me sont moins qu’à vous redoutables : Je plie, et ne romps pas.
» Les hommes doivent s’aider Lorsqu’un arbre est seul, il est battu des vents et dépouillé de ses feuilles ; et ses branches, au lieu de s’élever, s’abaissent comme si elles cherchaient la terre. […] Lorsque l’homme est seul, le vent de la puissance le courbe vers la terre, et l’ardeur de la convoitise absorbe la séve qui le nourrit. […] Ne voyez-vous pas là une image de notre pauvre vie, que les vents aussi agitent et brisent, et dont ils dispersent çà et là les débris2 ?
Il n’y a beste ne oiseau Qu’en53 son jargon ne chante ou crye : Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye. […] Mais il me survint une autre affliction concaténée376 avec les susdites, qui est que la chaleur, la gelée, les vents, pluies et gouttières me gâtaient la plus grande part de mon œuvre aupavarant qu’elle fût cuite ; tellement qu’il me fallut emprunter charpenterie377, lattes, tuiles et clous pour m’accommoder378. […] Si vous avez envie qu’il craigne la honte et le châtiment, ne l’y endurcissez pas : endurcissez-le à la sueur et au froid, au vent, au soleil et aux hasards qu’il lui faut mépriser ; ôtez-lui toute mollesse et délicatesse au442 vêtir et coucher, au manger et au boire ; accoutumez-le à tout ; que ce ne soit pas un beau garçon et dameret443, mais un garçon vert et vigoureux. […] Plaisante raison661 qu’un vent manie, et à tous sens ! […] La cour, la salle, l’escalier, le vestibule, les chambres, le cabinet835, tout est volière ; ce n’est plus un ramage, c est un vacarme ; les vents d’automne et les eaux dans leurs plus grandes crues ne font pas un bruit si perçant et si aigu, on ne s’entend non plus parler les uns les autres que dans ces chambres où il faut attendre, pour faire le compliment d’entrée, que les petits chiens aient aboyé.
Ne vois-tu pas que tes flancs sont dépouillés de leurs rames, que ton mât est endommagé par la violence des vents, que tes antennes gémissent ? […] (On expose les vaisseaux aux vents, et nom le vent aux vaisseaux.) […] Si nous voulons peindre la légèreté d’un cheval à la course, nous disons qu’il va plus vite que le vent. […] Cic. — Anima (même racine), vent, souffle, vie, l’air que nous respirons. […] Lieu ombragé par des bois agités au souffle du vent.
Qui se laissait au vent balancer à demi. […] En général, il faut que les comparaisons ajoutent à l’idée de l’objet qu’on vent peindre, et l’agrandissent.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour trouter, Pour dormir, et pour écouter D’où vient le vent, il laisse la tortue Aller son train de sénateur6 Elle part, elle s’évertue ; Elle se hâte avec lenteur7. […] Ce sont enfants tous d’un lignage4 Le chêne et le roseau Le chêne1 un jour dit au roseau : « Vous avez bien sujet d’accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau, Vous oblige à baisser la tête ; Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil, Brave l’effort de la tempête. […] La nature envers vous me semble bien injuste. — Votre compassion4, lui répondit l’arbuste, Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci : Les vents me sont moins qu’à vous redoutables ; Je plie, et ne romps pas. […] Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts. […] Didon disait à Énée : « Expectet facil-mque fugam ventosque ferentes : qu’il attende une fuite facile et des vents propices. » Elle aussi voulait gagner du temps.
Seulement au printemps, quand Flore137 dans les plaines, Faisait taire des vents les bruyantes haleines, Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent, Promenaient dans Paris138 le monarque indolent. […] Les Vents ont des ailes ; le Tonnerre a des flèches. […] Mais les vents en fureur, la mer pleine de rage, Font-ils d’un bruit affreux retentir le rivage ?
Voulez-vous entendre un vent orageux siffler dans les cordages et briser les voiles d’un vaisseau ? […] Au premier sifflement des vents impétueux, Tantôt au haut des monts d’un bruit tumultueux On entend les éclats ; tantôt les mers profondes Soulèvent en grondant et balancent leurs ondes : Tantôt court sur la plage un long mugissement, Et les noires forêts murmurent sourdement24.
Autans ; nom que les poètes donnent aux vents du midi.
Sans toi, frêles vaisseaux, privés de gouvernail et de pilotes, toujours battus par des vents contraires, portés çà et là sur une mer semée d’écueils, nous péririons sans être plaints, ou nous échapperions pour souffrir encore. […] L’Arabie Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, ou le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante. […] La sagesse dont il parle en ce lieu est cette sagesse insensée, ingénieuse à se tourmenter, habile à se tromper elle-même, qui se corrompt dans le présent, qui s’égare dans l’avenir, qui, par beaucoup de raisonnements et de grands efforts, ne fait que se consumer inutilement en amassant des choses que le vent emporte. […] « Un gouverneur de Cayenne, dit-il quelque part, avait fait venir des abeilles d’Europe, et leur avait assigné une habitation exposée au soleil, parfumée de fleurs, à l’abri des vents, enfin dans une situation délicieuse.
Accusateur aveugle, un mot va te confondre : Tu n’aperçois encor que le coin du tableau, Le reste t’est caché sous un épais rideau1… Mais pourquoi ces rochers, ces vents et ces orages ? […] De nuages légers cet amas précieux, Que dispersent au loin les vents officieux, Tantôt, féconde pluie, arrose nos campagnes, Tantôt retombe en neige et blanchit nos montagnes ; Sur ces rocs sourcilleux, de frimas couronnes, Réservoirs des trésors qui nous sont destinés, Les flots de l’Océan apportés goutte à goutte Réunissent leur force et s’ouvrent une route.
Il avait fait très-chaud ce jour-là, la soirée était charmante, la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion4 rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient l’un à l’autre. […] Quand les rudes aquilons ont ravagé la terre, vous appelez le plus faible des vents ; à votre voix, le zéphyr souffle, la verdure renaît, les douces primevères et les humbles violettes colorent d’or et de pourpre le sein des noirs rochers1.