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2. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

La querelle s’engagea : Clodius blessé, et se sentant le plus faible, se retira dans une hôtellerie, comme pour s’en faire un asile ; mais Milon ne voulut pas manquer une si belle occasion : il ordonna à ses gladiateurs de forcer la maison, et de tuer Clodius. […] Ainsi, il est démontré que Clodius avait des motifs pour dresser des embûches à Milon ; qu’il l’a fait ; et que Milon, se trouvant dans le cas de la défense naturelle, a pu et dû tuer Clodius. Mais non seulement Milon a pu et dû tuer Clodius ; il lui est encore glorieux de l’avoir fait, parce qu’il a délivré la patrie d’un scélérat reconnu, et d’un citoyen pernicieux à la république. […] Aussitôt une foule d’hommes armés fondent sur lui d’un lieu élevé, arrêtent la litière, en tuent le conducteur. […] « J’ai tué ; oui, Romains, j’ai tué, non un Spurius Mélius, qui encourut le soupçon d’aspirer à la royauté, pour avoir, dans un moment de disette, sacrifié tout son bien à la classe indigente du peuple ; non un Tiberius Graccbus, dont le crime était d’avoir soulevé la multitude pour faire déposer un de ses collègues : et cependant les meurtriers de ces deux grands hommes ont rempli l’univers de la gloire de leur nom.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VIII. L’éloquence militaire. »

Un Cimbre est envoyé pour tuer Marius dans sa prison. […] oseras-tu bien tuer Caius Marius ! lui dit d’une voix terrible l’illustre proscrit ; et le soldat s’enfuit épouvanté, en répétant : Je ne puis tuer Caius Marius. […] Un ligueur va tuer le cardinal de Retz : Ah !

4. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Après avoir étudié cette idée, il m’apparait qu’elle est à l’égard de l’idée innocent dans le même rapport que le contenu à l’égard du contenant, et à l’égard de l’idée Milon meurtrier de Clodius dans le même rapport que le contenant à l’égard du contenu ; que la catégorie meurtriers dans le but de légitime défense doit être rangée dans celle d’innocents, et qu’à son tour l’individu Milon est au nombre des meurtriers dans le but de légitime défense, d’où je conclus qu’il est au nombre des innocents, ce qui était à démontrer ; et je formule ma déduction par l’argument suivant : « Quiconque frappe dans le but de légitime défense est innocent ; or Milon a tué Clodius dans le but de légitime défense ; donc Milon, meurtrier de Clodius, est innocent. » La déduction ainsi formulée se nomme syllogisme. […] Si Milon a tué Clodius dans le but de légitime défense, il n’est pas coupable ; or il l’a tué, etc., donc, il n’est pas coupable ; syllogisme conditionnel. — Milon a tué Clodius ou dans le but de légitime défense, ou par tout autre motif ; dans le premier cas, il n’est pas coupable, il l’est dans le second ; or il l’a tué, etc., donc, etc. […] Car il faut démontrer qu’en effet il est permis de tuer dans le cas de légitime défense, et qu’en effet Milon n’a fait que se défendre contre une injuste agression ; le syllogisme ainsi développé prend le nom d’épichérème.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Madame de Sévigné 1626-1696 [Notice] Née à Paris, orpheline à six ans, élevée par son oncle, l’abbé de Livry, instruite par Chapelain et Ménage qui lui enseignèrent le latin, l’espagnol et l’italien, Marie de Rabutin-Chantal épousa le marquis de Sévigné qui, tué en duel, la laissa veuve à vingt-cinq ans. […] Le péril extrême où se trouve mon fils, la guerre qui s’échauffe5 tous les jours, les courriers qui n’apportent plus que la mort de quelqu’un de nos amis ou de nos connaissances, et qui peuvent apporter pis ; la crainte que l’on a des mauvaises nouvelles, et la curiosité qu’on a de les apprendre ; la désolation de ceux qui sont outrés1 de douleur, et avec qui je passe une partie de ma vie ; l’inconcevable état de ma tante2, et l’envie que j’ai de vous voir, tout cela me déchire, me tue et me fait mener une vie si contraire à mon humeur et à mon tempérament, qu’en vérité il faut que j’aie une bonne santé pour y résister. […] Son mari venait d’être tué. […] Madame de Sévigné raconte ainsi les mêmes détails dans une autre lettre (9 août 1675) : « Saint-Hilaire, lieutenant général de l’artillerie, fit arrêter M. de Turenne, qui avait toujours galopé, pour lui faire voir une batterie ; c’était comme s’il lui eût dit : Monsieur, arrêtez-vous un peu, car c’est ici que vous devez être tué. […] Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer.

6. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

La mort de son ami Patrocle, tué par Hector, lui fit reprendre les armes. […] Elle fut tuée dans cette guerre par un Troyen nommé Arruns. […] Il fut tué dans le temple de ce faux dieu, par les ordres du grand prêtre Joad vers l’an 880 avant J. […] Il fut tué, après le passage du Rhin, d’un coup de mousquet à la tête. […] Enfin il tua Rhésus, roi de Thrace, et lui prit ses chevaux avant qu’ils eussent bu de l’eau du Xanthe.

7. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Celui-ci, jaloux de voir que ses offrandes n’étaient pas aussi agréables au Seigneur que celles d’Abel, le tua l’an 3874 avant J. […] Il se jeta sur tous les troupeaux du camp, et en fit un grand carnage, croyant tuer Ulysse, Agamemnon, et les autres rois de la. […] Il fit assassiner le vieux Parménion, qui lui avait rendu les services les plus signalés, et tua de sa propre main, au milieu d’un repas et de l’ivresse, Clitus, un de ses plus fidèles amis. […] Il se livra une grande bataille, où les deux Scipions furent tués, et dont Asdrubal retira tout l’avantage. […] Il aimait passionnément la chasse ; et un jour qu’il prenait cet exercice, il eut le malheur de tuer cette épouse chérie, qui était derrière un buisson, et qu’il avait prise pour une bête sauvage.

8. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Cicéron écrira indifféremment : accepi tuas litteras ou litteras tuas ; litteras tuas ou tuas litteras accepi ; tuas accepi litteras ou litteras accepi tuas.

9. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Adolphe est tué dans le combat. […] Il vainquit et tua Adolphe, à Gelheim, non loin des bords du Rhin. […] Caracola, après avoir surpassé les crimes des Caligula, des Néron et des Domitien, fut tué en 217. […] L’inconnu répond que son nom est Bertrand de Gourdon ; que Richard autrefois, dans un accès de fureur, a tué son père ; qu’il a, lui, juré de venger son père ; qu’il a voulu tuer Richard et l’a tué loyalement, dans un combat. […] Le champ de bataille resta aux Thébains ; mais leur général, Epaminondas, fut tué.

10. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Madame de Sévigné 1626-1696 [Notice] Née à Paris, orpheline à six ans, élevée par son oncle, l’abbé de Livry qu’elle appelle le Bien Bon, instruite par Chapelain et Ménage, qui lui enseignèrent le latin, l’espagnol et l’italien, recherchée pour son esprit et sa beauté, Marie de Rabutin-Chantal épousa le marquis de Sévigné qui, tué en duel, la laissa veuve à vingt-cinq ans, sans lui avoir fait connaître le bonheur domestique. […] Il monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé, et, comme il avait bien des gens avec lui, il les laissa tous à trente pas de la hauteur où il vouloit aller, et dit au petit d’Elbeuf : « Mon neveu, demeurez là : vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnoître. » M. d’Hamilton, qui se trouva près de l’endroit où il alloit, lui dit : « Monsieur, venez par ici ; on tire du côté où vous allez. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là4. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenoient le chapeau de Saint-Hilaire. […] « Saint-Hilaire, lieutenant général de l’artillerie, fit arrêter M. de Turenne, qui avait toujours galopé, pour lui faire voir une batterie ; c’était comme s’il lui eût dit : Monsieur, arrêtez-vous un peu, car c’est ici que vous devez être tué. Le coup de canon vint donc ; il emporte le bras de Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer.

11. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Il lui demande protection pour un gentilhomme qui a tué un fanfaron en duel, et qui ne peut se hasarder à sortir de Paris, Il faudrait donc qu’il fût logé dans l’hôtel du duc, où il sera en sûreté. […] Les Grecs se jettent sur les autres tentes ; à la faveur des ténèbres, ils massacrent leurs ennemis alarmés et surpris, qui, ne pouvant se reconnaître, se tuent les uns les autres. […] Pendant trois jours je me traînai, aveuglé sur leurs cadavres, et la douleur n’ayant pu me tuer, la faim me fit mourir. […] A quatre pas il tire et tue Tours. […] Le ballon tombe et se brise contre un arbre, Harris est tué, la jeune fille qui s’est évanouie arrive à terre sans accident.

12. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Napoléon 1696-1821 » pp. 234-237

avons-nous assez tué de monde, et fait éprouver assez de maux à la triste humanité ? […] Quelle qu’en soit l’issue, nous tuerons, de part et d’autre, quelques milliers d’hommes de plus, et il faudra bien que l’on finisse par s’entendre, puisque tout a un terme, même les passions haineuses2.

13. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE II. Du choix et de la délicatesse des expressions. » pp. 9-77

Ayant saisi son épée, il se tua. […] Res tua agitur, paries quùm proximus ardet. […] Ex. : Tua maturè venientis laudabitur diligentia. […] Ex. : Ad te confugio et supplex tua numina posco. […] Or, Milon une fois tué, Clodius obtenait cet avantage.

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Chimène, fille du comte, vient demander au roi d’Espagne le châtiment de Rodrigue, qui a tué Gomès en combat singulier. […] D’un jeune audacieux punissez l’insolence ; Il a de votre sceptre abattu le soutien, Il a tué mon père. […] Il a tué mon père. […] Sire, ainsi ces cheveux blanchis sous le harnois, Ce sang pour vous servir prodigué tant de fois, Ce bras, jadis l’effroi d’une armée ennemie, Descendaient au tombeau tout chargés d’infamie, Si je n’eusse produit un fils digne de moi, Digne de son pays et digne de son roi : Il m’a prêté sa main, il a tué le comte ; Il m’a rendu l’honneur, il a lavé ma honte. […] Si Chimène se plaint qu’il a tué son père, Il ne l’eût jamais fait si je l’eusse pu faire.

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