S’il n’a pas assez de suite et de méthode, si l’on a pu dire qu’il faisait de l’esprit sur les lois, cependant il égale souvent la majesté de son sujet, il découvre les principaux ressorts des sociétés ; il forme des vœux généreux d’humanité, de justice et de liberté réglée. […] Quant aux conversations de raisonnement, où les sujets sont toujours coupés et recoupés, je m’en tire assez bien. […] J’eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique ; car j’entrai tout à coup dans un néant affreux. […] Il est vrai que le sujet est beau et grand.
Mais pourquoi faire égorger nos sujets ? […] Sire, Votre Majesté sera vaincue3 ; elle aura compromis le repos de ses jours, l’existence de ses sujets sans l’ombre d’un prétexte. […] je veux lui donner la plus grande preuve du souvenir que j’en ai : elle est maîtresse de sauver à ses sujets les ravages et les malheurs de la guerre ; à peine commencée, elle peut la terminer, et elle fera une chose dont l’Europe lui saura gré. […] Je ne lui ai donné aucun sujet réel de guerre.
On admire dans ses discours une éloquence naturellement proportionnée aux sujets : sublime dans les plus élevés ; communicative et intéressante dans les plus simples ; une érudition choisie, une profondeur de raisonnement, parées de toutes les grâces de l’élocution. […] Dans un autre discours sur la décadence du barreau, il parle des vices de style qui défiguraient alors l’éloquence, et trace, à ce sujet, les règles du goût le plus sur, et de la critique la plus exercée.
On doit dire les choses d’un air plus ou moins sérieux et sur des sujets plus ou moins relevés, selon l’honneur et la capacité des personnes que l’on entretient, et leur céder aisément l’avantage de décider, sans les obliger de répondre, quand ils n’ont pas envie de parler. […] On déplaît sûrement quand on parle trop longtemps et trop souvent d’une même chose, et que l’on cherche à détourner la conversation sur des sujets dont on se croit plus instruit que les autres.
Ce sujet se confond trop souvent avec notre histoire politique pour en être détaché sans perdre beaucoup de son intérêt. […] Les gens de finance étaient un sujet neuf au théâtre. […] Il était craint de ses sujets, et il ne paraît pas qu’il en fût haï. […] On ne peut même dire qu’il se soit jamais laissé éblouir ou dominer par son sujet. […] Je me souviens qu’à mon service tu étais un assez mauvais sujet.
Quand le sujet du sonnet est grave et sérieux, on y emploie les vers alexandrins ; quand il ne l’est pas, on peut y employer les vers de huit ou de dix syllabes70. […] On n’y souffre ni le moindre écart du sujet, ni un vers faible ou négligé, ni une expression impropre ou superflue, ni la répétition du même mot.
C’est que, pour troubler toute la douceur de cet état, il ne faut souvent que la moindre circonstance et le sujet le plus léger, qu’un esprit ambitieux grossit, et dont il se fait un monstre1 (Sermon sur l’ambition.) […] Et n’est-ce pas (je ne ferai point ici de difficulté de le dire, non pour décréditer la piété, à Dieu ne plaise, mais pour condamner hautement les abus qui s’y peuvent glisser, et qui s’y sont glissés de tout temps), n’est-ce pas par la voie d’une fausse piété, qu’on a vu les plus faibles sujets s’élever aux plus hauts rangs ; les hommes les moins dignes de considération et de recommandation être néanmoins les plus recommandés et les plus considérés, et, sans d’autres titres ni d’autre mérite qu’un certain air de réforme, emporter sur quiconque la préférence, et s’emparer des premières places ?
J’en ai tant eu à vous adresser depuis quelque temps, qu’à moins d’user de redites, je ne vois pas qu’il me reste plus rien à dire sur un sujet où vos bontés m’ont déjà obligé87 de m’épuiser. […] Les alliances avec plus grand que soi sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients. […] Voilà un beau sujet de discourir. […] Et certainement, Sire, il n’y a point de plus juste sujet de pleurer que de sentir qu’on a engagé à la créature un cœur que Dieu veut avoir. […] Participez, mes chers sujets, à cette seconde gloire avec moi, comme vous avez fait à la première.
« Les écarts du dialogue dans le drame, dit Marmontel, viennent communément de la stérilité du fond de la scène et d’un vice de constitution dans le sujet. […] C’est une forme que l’argumentation adopte quelquefois dans les sujets philosophiques et littéraires. […] » l’amplification est excellente, parce qu’elle est à sa place, comme celle de Tite-Live qu’elle rappelle si bien : « Ante portas est bellum ; si inde non pellitur, jam intra mœnia erit, et arcem et Capitolium scandet, et in domos vestrus vos persequetur ; la guerre est aux portes ; qu’on ne l’en chasse pas, elle sera bientôt dans nos murs, elle montera au Capitole, elle occupera la citadelle, elle vous poursuivra jusque dans vos maisons. » Loin donc de blâmer l’amplification, quand au lieu d’être un hors-d’œuvre, elle se lie et se rattache parfaitement à un sujet solide et digne d’elle, disons, avec Cicéron, qu’alors elle est le triomphe du style, summa laus eloquentiæ amplificare rem ornando.
Tendre, enjouée, rêveuse, malicieuse, compatisssante, pathétique et parfois sublime, sans y penser, elle est aussi prompte au sourire qu’aux larmes, elle raille sans amertume, elle badine sans licence comme sans pruderie, elle prend le ton des sujets les plus divers avec une souplesse qui ravit, et un abandon qui défie l’art le plus accompli. […] Mme de Sévigné est intarissable sur ce sujet. Elle a dit ailleurs : « Ne pouvant contenir tous mes sentiments sur ce sujet, je me suis mise à vous écrire, au bout de cette petite allée sombre que vous aimez, assise sur ce siége de mousse où je vous ai vue quelquefois couchée.
Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant ou sublime, Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime : L’un l’autre vainement ils semblent se haïr ; La rime est une esclave, et ne doit qu’obéir. […] Parmi tant de héros je n’ose me placer ; Mais il est des vertus que je lui puis tracer : Je puis l’instruire au moins combien sa confidence Entre un sujet et lui doit laisser de distance. […] Au bruit de votre mort justement éplorée, Du reste des humains je vivais séparée, Et de mes tristes jours n’attendais que la fin, Quand tout-à-coup, madame, un prophète divin : « C’est pleurer trop longtemps une mort qui t’abuse, Lève-toi, m’a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse ; Là tu verras d’Esther la pompe et les honneurs, Et sur le trône assis le sujet de tes pleurs. » (Racine, Esther, acte I, sc. 1.) […] Il pourra bien railler agréablement Chapelain sur son âpre et rude verve et ses douze fois douze cents méchants vers ; mais lui-même (on peut l’affirmer sans crainte) n’aurait jamais été capable de traiter dignement cette sainte légende de Jeanne d’Arc, où le merveilleux est l’histoire même, et qui est peut-être le plus beau sujet de poème épique qui soit au monde. — Mais une pareille matière demanderait l’âme et la lyre d’un Lamartine. — D’un autre côté, il semble que Boileau aurait pu aborder d’autres genres plus voisins du sien, la haute comédie, par exemple, et, marchant sur les traces de l’écrivain qui, selon lui, honorait le plus le règne de Louis XIV, composer peut-être, qui sait ? […] J’ai pris pour sujet la prise de Namur, comme la plus grande action de guerre qui se soit faite de nos jours, et comme la matière la plus propre à échauffer l’imagination d’un poète.
Il faut qu’il se rende maître de son sujet, qu’il l’embrasse, qu’il le possède tout entier, qu’il en montre l’unité, en le présentant sous son véritable point de vue, et qu’il tire d’une seule source les principaux événements qu’il doit raconter. […] Le grand art de l’historien consiste à passer d’un sujet à un autre, non seulement sans distraire le lecteur ; mais encore en l’attachant davantage, et en augmentant son plaisir. […] Mais il faut qu’elles ne nuisent point a la régularité de l’ouvrage ; qu’elles tiennent surtout au fond du sujet par quelque chose d’intéressant, et qu’elles soient plus ou moins étendues, selon leur plus ou moins de liaison avec le corps de l’histoire. […] Les réflexions particulières, les sentences figurent mal dans l’histoire, à moins qu’elles ne naissent naturellement du sujet, à moins qu’elles ne soient courtes et pleines de sens. […] Cela n’empêche pas qu’il ne doive être proportionné aux sujets, se plier, pour ainsi dire, aux circonstances, se conformer aux caractères, se diversifier selon les événements.
Celle qui est moi est très-imparfaite, prévenue, précipitée, sujette à s’égarer, changeante, opiniâtre, ignorante et bornée ; enfin elle ne possède jamais rien que d’emprunt. […] Il était appliqué, prévoyant, modéré, droit et ferme dans les négociations, de sorte que les étrangers ne se fiaient pas moins à lui que ses propres sujets. […] L’orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle : le premier est une personne exprimant de grandes idées, et le second un personnage débitant de grands mots. […] Quel que soit son sujet, il l’agrandit naturellement et sans effort. […] La véritable éloquence n’a rien d’enflé ni d’ambitieux ; elle se modère et se proportionne aux sujets qu’elle traite et aux gens qu’elle instruit ; elle n’est grande et sublime que quand il faut l’être.