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42. (1839) Manuel pratique de rhétorique

3° Le souvenir de la clémence de Constantin a survécu à celui de ses victoires. […] C’est la cause pour l’effet ; ce n’est pas la parole, mais le souvenir qu’on en conserve, qui a survécu. […] Conserverez-vous le souvenir de Milon, et lui-même, le bannirez-vous ? […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau ; versez des larmes avec des prières ; et admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si vous conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait courage. […] Sans doute j’ai à m’applaudir de les avoir secourus, et le souvenir de mes bienfaits a été longtemps conservé !

43. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Ce qu’il ne dit pas, les choses et les souvenirs des auditeurs le disent à sa place. […] Tantôt, courant partout où le péril devient plus grand, exposant à tout moment avec sa personne le salut de son armée, sourd aux remontrances des siens, se jetant dans la mêlée comme un simple soldat, il ne se souvient qu’il est roi que pour se souvenir qu’il est obligé de donner sa vie pour le salut de son peuple. […] On lui dit que le roi jouit d’une santé parfaite ; et il se souvient que Thetmosis, un roi d’Égypte, était valétudinaire, et qu’il tenait cette complexion de son aïeul Alipharmutosis. […] Dois-je les oublier s’il ne s’en souvient plus ? […] de quel souvenir viens-tu frapper mon âme !

44. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Boileau, pour peindre la chicane, pouvait utiliser ses souvenirs du Palais. […] La Bruyère a dit : « Le souvenir de la jeunesse est tendre pour les vieillards ; ils aiment les lieux où ils l’ont passée. […] » Nous lisons dans Régnier : Maints fascheux accidents surprennent sa vieillesse : Soit qu’avec du soucy gaignant de la richesse, Il s’en deffend l’usage, et craint de s’en servir, Que tant plus il en a, moins s’en peut assouvir ; Ou soit qu’avec froideur il face toute chose, Imbécile, douteux, qui voudroit et qui n’ose, Dilayant, qui tousjours a l’œil sur l’avenir, De léger il n’espère et croit au souvenir : Il parle de son temps, difficile et sévère ; Censurant la jeunesse, use des droits d’un père Il corrige, il reprend, hargneux en ses façons, Et veut que tous ses mots soient autant de leçons.

45. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Ses Mémoires, adressés à Brantôme, racontent ses souvenirs de 1559 à 1582. […] Peut-on se souvenir de toutes ces choses sans larmes et sans horreur ? […] Barthelemi s’en souviennent bien, et ne peuvent croire que ceux qui l’ont soufferte l’ayent mise en oubli. […] Ne vous êtes-vous pas souvenu que le Cid a été représenté trois fois au Louvre, et deux lois à l’hôtel de Richelieu ? […] Nous l’entendîmes à demi-mot, et cela nous fit souvenir de son confrère, qui a été relégué à Abbeville pour un sujet semblable.

46. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

les bruits, les odeurs, les murs gris des chaumières, Le petit sentier blanc et bordé de bruyères2, Tout renaît, comme au temps où, pieds nus, sur le soir, J’escaladais la porte, et courais au Moustoir ; Et, dans ces souvenirs où je me sens revivre, Mon pauvre cœur troublé se délecte et s’enivre ! […] La mort d’un bouvreuil Ces premiers souvenirs de bonheur ou de peine, Par instant on les perd, mais un rien les ramène.

47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Ne vous êtes-vous pas souvenu que le Cid a été représenté trois fois au Louvre, et deux fois à l’hôtel de Richelieu ? Quand vous avez traité la pauvre Chimène d’impudique, de parricide, de monstre, ne vous êtes-vous pas souvenu que la reine, les princesses et les plus vertueuses dames de la cour et de Paris l’ont reçue et caressée en fille d’honneur ?

48. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

. — La mémoire est le don de conserver le souvenir des objets. — Le discernement est la qualité qui aperçoit les différences des objets entre eux, — Le goût est la connaissance des meilleurs objets. — Le cœur est la source de nos affections, de nos sentiments. — Le sentiment est le mouvement du cœur qui décide de la convenance des objets, — L’esprit est la source de nos idées. — Le génie est le don exceptionnel qui produit les plus belles idées ; c’est la perfection de l’esprit […] Ces deux qualités, la fidélité et la noblesse, sont inséparables, qu’on s’en souvienne ; autrement, on s’éloigne du beau, on tombe dans le laid ; dès lors le mérite de l’invention diminue et se dégrade même entièrement. […] Je lui rappellerai le souvenir de tel de ses amis qui, par le jeu, s’est réduit à la misère ; je lui citerai quelques faits puisés dans l’histoire, l’autorité des moralistes, etc., etc., et ces preuves seront extrinsèques.

49. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Le duc d’Enghien, avant la bataille de Lens, harangua ainsi les troupes qu’il allait lancer sur l’ennemi : Amis, souvenez-vous de Rocroi, de Fribourg et de Nördlingen ! […] Semez les bienfaits : il en naîtra d’heureux souvenirs. […] Dans la Henriade, lorsque Henri IV raconte à Élisabeth les troubles de la France, après lui avoir parlé de la sécurité fatale dans laquelle vivaient les protestants, et lui avoir exprimé la douleur qu’il ressentit a la mort de sa mère Jeanne d’Albret, il passe de là au récit de la mort de Coligny ; il amène ce sanglant épisode par deux vers, qui préparent le lecteur à cette scène dramatique : Ma mère enfin mourut, pardonnez à des pleurs Qu’un souvenir si tendre arrache à mes douleurs.

50. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

Des Mémoires, écrits sous le règne de Louis XIII, furent le testament de ce vieillard, dont l’imagination et le cœur, toujours jeunes, se souvenaient si bien de l’épisode d’Amboise. […] Une lettre courageuse La paix se fit5 et Aubigné se retirant escrivit un à Dieu au Roy son maistre, en ces termes : « Sire, vostre mesmoire vous reprochera douze ans de mon service, douze playes sur mon estomac6 : elle vous fera souvenir de vostre prison et que ceste main qui vous escrit en a desfaict les verrouils et est demourée pure en vous servant, vuide de vos bien-faits et des corruptions de vostre ennemy et de vous ; par cet escrit, elle vous recommande à Dieu à qui je donne mes services passez et vouë ceux de l’advenir, par lesquels je m’efforceray de vous faire cognoistre qu’en me perdant vous avez perdu vostre très fidele serviteur. » Le télégraphe électrique en 15981 Mon secret n’estant point de magie, mais par moyens naturels, est difficile et de coust2 selon ce qu’il entreprend.

51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Le fond du récit nous offre des paysages enchanteurs, et idéalisés par des souvenirs émus. […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »

52. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE I. De la propriété des mots. » pp. 2-8

De même recordari (de rursum cordi dare, donner de nouveau à son cœur), signifie se souvenir, se rappeler. […] Le langage ainsi analysé devient la peinture vivante de nos idées ; notre esprit se plaît à en saisir les rapports, notre imagination les voit comme sur un tableau, et notre mémoire vient facilement à bout de s’en souvenir.

53. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Sa présence nous plonge dans une rêverie ravissante ; et lorsque nous sortons de cette rêverie, la beauté n’est plus ; elle a passé comme une ombre ; elle s’est évanouie comme le souvenir confus d’un songe plein d’enchantement. […]   Mais de ce souvenir mon âme possédée À deux fois en dormant revu la même idée ; Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer Ce même enfant toujours tout prêt à me percer. […] « Souvenez-vous, lui disait-il, d’Abraham, à qui Dieu commanda de plonger lui-même le couteau dans le sein de son fils, et qui obéit sans murmurer. » — Ah ! […] Les citoyens ne se souviennent que des bouffons qui les ont divertis, et ont perdu la mémoire des magistrats qui les ont gouvernés. […] Cette idée laisserait dans l’esprit un souvenir inquiétant et douloureux, répandrait dans l’âme une tristesse importune, empoisonnerait les douceurs des plaisirs.

54. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Réveillez chez celles-ci le souvenir d’un affront, elles pousseront aussi-tôt le cri de guerre et vous suivront au combat. […] Il nous dirait de quelle couleur était la main qui a pris sa chevelure. » — Chacun de ces souvenirs lugubres arrache aux assistants des cris de douleur et de rage. […] Elle était encore capable de se passionner pour le beau, pour la liberté, pour la justice, et de s’exalter au souvenir du rôle désintéressé qu’elle avait joué pendant les guerres Médiques. […] La dignité grave et austère de son maintien inspirait le respect et la confiance, et rappelait aux Athéniens le souvenir de Périclès. […] Athènes au contraire a pour elle la justice de sa cause, sa renommée antique de loyauté et de désintéressement, le souvenir des luttes qu’elle a soutenues pour l’indépendance de la Grèce, la sympathie de toutes les cités libres, et la protection des dieux.

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