Une fois les preuves trouvées et leur nature reconnue, il faut apprendre à les choisir, à les disposer, à les traiter, en ayant soin de remonter le plus souvent possible aux généralités.
La Fontaine nous donne un charmant exemple de gradation dans sa fable de la Laitière et le Pot au lait ; le voici : Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l’argent ; Achetait un cent d’œufs, faisait triple couvée : La chose allait à bien par son soin diligent.
Mais quand la seconde personne singulière de l’impératif terminant en e, est suivie de y ou de en, elle prend une s : = donnes-en tant que tu voudras : = c’est une affaire importante, donnes-y tes soins. […] Je dois observer ici qu’une conjonction se rapporte bien souvent à plusieurs espèces, suivant le sens dans lequel elle est employée : = Comme vous êtes honnête homme, vous ne manquerez pas à votre parole : = C’est une affaire très importante : aussi devons-nous y apporter tous nos soins.
Messieurs, je vous présente un sage Qui suit la raison pure, et méprise l’usage ; Il n’épargne aucun soin pour servir un ami, En lui serrant la main.
Il n’est point question d’écrire des lettres pensées et réfléchies avec soin, qui peuvent un peu coûter à la paresse ; il n’est question que de deux ou trois mots d’amitié, et quelques nouvelles, soit de littérature, soit des sottises humaines, le tout courant sur le papier sans peine et sans attention.
Et vous savez qu’afin que leur esprit soit aussi plus pur, on observe encore de donner les heures du matin à ces fonctions : tant on apporte de soin pour les préparer à une action si grande, où ils tiennent la place de Dieu, dont ils sont les ministres, pour ne condamner que ceux qu’il condamne lui-même.
Les maîtres ne sauraient mettre trop de soin à faire remarquer ces nuances légères, cette limite délicate où le trop de perfection commence à devenir un modèle d’autant plus dangereux, qu’il est plus aisé de s’en laisser séduire.
Et celui qui le dit, c’est un homme ; et cet homme ne s’applique rien, oublieux de sa destinée, ou s’il passe dans son esprit quelque désir volage de s’y préparer, il dissipe bientôt ces noires idées ; et je puis dire, messieurs, que les mortels n’ont pas moins de soin d’ensevelir les pensées de la mort, que d’enterrer les morts mêmes2.
Rappelons ici la chanson adressée par Béranger à M. de Chateaubriand : elle fut inspirée par les courses de son Odyssée : Chateaubriand, pourquoi fuir ta patrie, Fuir son amour, notre encens et nos soins ?
» Moi, caressant ta barbe, qu’aujourd’hui je touche en suppliante, je te répondais : « — Et toi, mon père, quand tu seras vieux, aurai-je le bonheur de t’avoir auprès de moi, dans ma maison, et de te rendre les soins que tu donnes à mon enfance ?
L’ambition d’exécuter des entreprises difficiles ; la multiplicité fatigante des affaires ; un genre de vie ennemi du repos ; l’ardeur inquiète d’imiter mes actions, ou même de les surpasser ; des embûches à dresser ou à éviter ; voilà le partage de celui qui régnera : vous serez exempt de tous ces soins, qui sont autant d’obstacles au bonheur.
Dans les entractes, l’auteur peut faire supposer que l’action continue ; il profite de cet intervalle pour écarter de la scène les choses qu’il ne veut pas y faire paraître, et il reprend son action un peu plus loin, en ayant soin que ce vide soit-expliqué et motivé par la suite.
Racine, en particulier, a soin, dans toutes ses pièces, de faire entendre d’utiles leçons et de sages conseils. […] Comme à la fin de chaque acte il y a dans la représentation un repos absolu, il faut que le poète ait grand soin de faire tomber ce repos à une place convenable, c’est-à-dire à un moment où une action sur la scène doive être naturellement suspendue, et où l’on puisse supposer que se passe tout ce qu’on ne représente pas sur le théâtre.