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97. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

Puis j’entre, et c’est d’abord un silence profond, Une nuit calme et noire ; aux poutres du plafond Un rayon de soleil, seul, darde sa lumière, Et tout autour de lui fait danser la poussière5. […] La mort de louise Quand Louise mourut à sa quinzième année, Fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée, Un cortége nombreux ne suivit pas son deuil ; Un seul prêtre en priant conduisit le cercueil ; Puis venait un enfant qui, d’espace en espace, Aux saintes oraisons répondait à voix basse ; Car Louise était pauvre, et jusqu’en son trépas Le riche a des honneurs que le pauvre n’a pas. La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire, Furent les seuls apprêts de son lit funéraire ; Et quand le fossoyeur soulevant son beau corps, Du village natal l’emporta chez les morts, A peine si la cloche avertit la contrée Que sa plus douce vierge en était retirée. […] Bientôt, le temps venu de ses fauves amours, Il partit seul, errant et les nuits et les jours ; S’arrêtant pour humer, épuisé de ses courses, La fraîcheur des taillis et la fraîcheur des sources. […] Nous le vîmes alors couché dans son étable, Sans plus songer à l’heure où se dressait la table, Seul, triste, loin des chiens, tout entier à son mal, Haïssant à la fois et l’homme et l’animal ; Par accès s’élançant, dans ses colères mornes, Contre les visiteurs qu’il frappait de ses cornes ; De tristesse et de crainte il emplit le manoir, Pauvre bête, et mourut ainsi de désespoir1 !

98. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

L’éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan. […] Diègue, seul. […] Oui : tout autre que moi Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d’effroi. […]   Géronte, seul. […] Chef était alors le synonyme de tête. — Excepté ce terme tombé en désuétude, remarque ici La Harpe, « y a-t-il dans tout ce morceau, si vigoureux, si animé, si pathétique, un seul mot au-dessous du style noble ; et, en même temps, y en a-t-il un seul qui ne soit dans la nature et la vérité ? 

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Préface. »

Rappelé, après vingt ans d’interruption, dans une carrière que j’ai toujours aimée, que j’avais choisie de préférence à toute autre, et dont la force seule des événements avait pu m’éloigner, je n’ai pas cru pouvoir mieux témoigner ma reconnaissance au Chef suprême de l’Enseignement, qu’en donnant à cette nouvelle édition du Cours complet de Rhétorique, tous les soins dont je puis être capable. […] Le difficile n’était donc pas de réunir en un seul et même corps ce que ces grands rhéteurs avaient pensé de plus sage et dit de mieux, sur un art qu’ils connaissaient si bien ; mais l’essentiel consistait à donner l’âme et la vie à ce corps de préceptes, naturellement secs et arides ; et c’était le seul moyen de faire un ouvrage neuf sur une matière en apparence épuisée depuis si longtemps. Oui, si les gens sensés, les seuls dont l’opinion puisse être de quelque poids à mes yeux, ont jugé cet ouvrage avec quelque indulgence ; s’ils l’ont distingué des autres compilations du même genre, c’est que mon plan ne leur a point échappé ; c’est qu’ils ont retrouvé, sans doute, à chaque page, à chaque ligne de ce Cours, l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu, en les rappelant à l’étude et a l’admiration du beau et du vrai, et de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie, ni sensibilité sans vertus, comme il ne peut y avoir rien de solide dans le talent, sans les mœurs et la conduite.

100. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IV. » pp. 78-81

Et, dans ce genre, il est le seul.] Je n’ose pas croire ici que ma traduction donne le seul sens convenable. […] Diogène Laërce, III, 56, rapporte en effet que le chœur figura d’abord seul dans les Dionysiaques, que Thespis y ajouta un acteur  puis Eschyle un second (ce qui permit d’appeler protagoniste le premier ou le principal des deux)  puis Sophocle un troisième. […] Quant au fait même des trilogies et des tétralogies sur un seul mythe, qu’on s’étonne de voir négligé par Aristote dans sa Poétique, il est confirmé par une didascalie des Sept devant Thèbes d’Eschyle, publiée par J.

101. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Mon cerf débûche 8, et passe une assez longue plaine ; Et mes chiens après lui, mais si bien en haleine, Qu’on les aurait couverts tous d’un seul justaucorps. […] le rein double 5 : à vrai dire, J’ai trouvé le moyen, moi seul, de le réduire ; Et sur lui, quoiqu’aux yeux il montrât beau semblant 6 Petit-Jean 7 de Gaveau ne montrait qu’en tremblant. […] A la queue 10 de nos chiens, moi seul avec Drécart : Une heure là-dedans notre cerf se fait battre. […] Je le relance seul ; et tout allait des mieux, Lorsque d’un jeune cerf s’accompagne le nôtre : Une part de mes chiens se sépare de l’autre, Et je les vois, marquis, comme tu peux penser, Chasser tous avec crainte, et Finaut2 balancer ; Quelques chiens revenaient à moi, quand, pour disgrâce, Le jeune cerf, marquis, à mon campagnard passe. […] Éraste, seul.

102. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Quelques-uns consentiraient à voir une autre fois les ennemis aux portes de Dijon ou de Corbie2, à voir tendre des chaînes et faire des barricades3, pour le seul plaisir d’en dire ou d’en apprendre la nouvelle. […] Quel moyen, je ne dis pas d’être supérieur, mais de suffire seul à tant et de si puissants ennemis ? […] Il dit que la cavalerie allemande est invincible ; il pâlit au seul nom des cuirassiers de l’empereur. […] Mais, à ma gauche, Basilide met tout d’un coup sur pied une armée de trois cent mille hommes ; il n’en rabattrait pas une seule brigade ; il a la liste des escadrons et des bataillons, des généraux et des officiers ; il n’oublie pas l’artillerie ni le bagage. […] Suard a cité et analysé ce bel apologue « pour donner à la fois, dit-il, par un seul passage, une idée du grand talent de Bruyère et un exemple frappant de la puissance des contrastes dans le style ».

103. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Cette masse informe, vile et grossière prend toutes les formes les plus diverses, et elle seule devient tour à tour tous les biens que nous lui demandons. Cette boue si sale se transforme en mille beaux objets qui charment les yeux : en une seule année elle devient branches, boutons, feuilles, fleurs, fruits et semences, pour renouveler ses libéralités en faveur des hommes. […] Mille générations ont passé dans son sein : tout vieillit, excepté elle seule ; elle se rajeunit chaque année au printemps. […] A vous parler ingénument, si quelque chose vous empêche d’égaler Homère, c’est d’être plus poli, plus châtié, plus fini, mais moins simple, moins fort, moins sublime : car d’un seul trait il met la nature toute nue devant les yeux. […] Rien n’est si doux et si nombreux que vos vers ; leur cadence seule attendrit et fait couler les larmes des yeux.

104. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Le peuple Troglodite se regardait comme une seule famille : les troupeaux étaient presque toujours confondus ; la seule peine qu’on s’épargnait ordinairement, c’était de les partager. […] Voulez-vous qu’il fasse une action vertueuse parce que je la lui commande, lui qui la ferait tout de même sans moi, et par le seul penchant de la nature ? […] Ce prince (Charles XII), qui ne fit usage que de ses seules forces, détermina sa chute en formant des desseins qui ne pouvaient être exécutés que par une longue guerre : ce que son royaume ne pouvait soutenir. […] Walckenaer : « Seul il eût suffi à la gloire de cet écrivain, et il a donné seul la mesure de la force et de la grandeur de son génie. » Voici en quels termes Rivarol, ce grand improvisateur, a parlé aussi de Montesquieu (voy. la Revue des deux mondes, 1er juin 1849) : « Son regard d’aigle pénètre à fond les objets, et les traverse en y jetant la lumière.

105. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mirabeau, 1749-1791 » pp. 368-376

… Mes amis, écoutez un mot, un seul mot. […] Non, vous périrez, et dans la conflagration universelle que vous ne frémissez pas d’allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas une seule de vos détestables jouissances. […] J’espère qu’il sauvera mon âme ; est-il bien décidé qu’il faille laisser périr mon corps, la seule chose de moi qui soit au pouvoir des hommes ? […] Tout ferme propos de bien faire a droit au secours ; serai-je seul excepté de cette loi ? […] Seul ainsi avec son génie, il attaquait le despotisme qu’il avait juré de détruire.

106. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Pour elle le seul but de l’exorde, qu’elle appelle exposition, est de faire comprendre le sujet ou de s’emparer vivement de l’imagination. […] Quand Massillon est appelé à faire l’éloge de Louis XIV, son esprit frappé de la misère de toutes les grandeurs humaines, comparées à la grandeur de Dieu, trouve ce début réellement sublime en face du cercueil de Louis le Grand :« Dieu seul est grand, mes frères !  […] On dirait que son puissant génie se sent mal à l’aise dans ces liens ; il préfère conduire l’auditeur au but par l’enchaînement seul et la progression des idées et fondre tout son discours d’un même jet. […] L’habileté infinie de l’orateur, en cette rencontre, avait frappé le vieux Pline, qui d’un seul mot en fait sentir toute la valeur : Te dicente, s’écrie-t-il, legem agrariam, hoc est alimenta sua, abdicaverunt tribus. […] mais le làche s fui les feux d’Hector, Que mol j’si bravés seul, seul chassés de ce bord !

107. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

On croirait, à vous voir, dans vos libres caprices, Discourir en Caton des vertus et des vices, Décider du mérité et du prix des auteurs Et faire impunément la leçon aux docteurs, Qu’étant seul à couvert des traits de la satire, Vous avez tout pouvoir de parler et d’écrire. […] Vous seul, plus dégoûté, sans pouvoir et sans nom, Viendrez régler les droits et l’état d’Apollon. […]  Tous les jours, à la cour, un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité… Et je serai le seul qui ne pourrai rien dire ! […] Elle seule, bravant l’orgueil et l’injustice, Va jusque sous le dais faire pâlier le vice, Et souvent sans rien craindre, à l’aide d’un bon mot, Va venger la raison des attentas d’un sot. […] J’entends à son nom seul tous mes sujets frémir.

108. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Parfois digne émule de Corneille et de Racine dans la tragédie, il a tenté seul avec un certain succès de donner une épopée à la France. […] Toi qui seul as conduit sa fortune et la mienne, Mon Dieu qui me la rends, me la rends-tu chrétienne ? […] Je suis bien malheureux… C’est ton père, c’est moi, C’est ma seule prison qui t’a ravi ta foi. […] M’ôter, par un seul mot, ma honte et mes ennuis ; Dire : Je suis chrétienne. […] Une seule édition de ce poëme, dédiee à la reine d’Angleterre, femme de Georges II, en 1727 (ce fut la première complète), et publiée dans ce pays qui fut très-hospitalier pour Voltaire, ne lui rapporta pas moins de 150,000 livres.

109. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Chaque mot étant l’image fidèle d’une pensée, il faut donc choisir le mot qui seul est capable de bien représenter cette pensée. […] Battre, c’est redoubler les coups ; Frapper, c’est donner un seul coup, Bats le fer quand il est chaud ; Frappe, mais écoute, dit Thémistocle au Spartiate Eurybiade. […] À Saltzbach, le maréchal de Turenne fut frappé au cœur, et il expira sans proférer une seule parole. […] Quelquefois les membres d’une période sont composés d’autres parties qu’on appelle incises : l’incise présente aussi un sens en elle-même, et elle ferait un membre, si elle était seule ; mais associée à plusieurs autres parties aboutissant au même point, elle concourt avec elles à former ce qu’on l’appelle un membre. […] Exemple de périodes divisées en membres et en incises : Bossuet commence son Oraison funèbre de la reine d’Angleterre par ces deux belles périodes : Celui qui règne dans les cieux | et de qui relèvent tous les empires, | à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, | (membre composé de trois incises), Est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, | et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons. | (2e membre composé de deux incises.)

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