Le service n’aurait pas plus d’ordre que d’élégance ; la salle à manger serait partout, dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre, quelquefois au loin, près d’une source vive, sur l’herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d’aunes et de coudriers1 : une longue procession de gais convives porterait en chantant2l’apprêt du festin ; on aurait le gazon pour table et pour chaises ; les bords de la fontaine serviraient de buffet, et le dessert pendrait aux arbres3. Les mets seraient servis sans ordre, l’appétit dispenserait des façons4 ; chacun, se préférant ouvertement à tout autre, trouverait bon que tout autre se préférât de même à lui : de cette familiarité cordiale et modérée, naîtrait sans grossièreté, sans fausseté, sans contrainte, un conflit badin, plus charmant cent fois que la politesse, et plus fait pour lier les cœurs. […] Nous serions nos valets, pour être nos maîtres6 ; chacun serait servi par tous ; le temps passerait sans7 le compter, le repas serait le repos8, et durerait autant que l’ardeur du jour. […] Travaillez donc, monsieur, dans l’état où vous ont placé vos parents et la Providence : voilà le premier précepte de la vertu que vous voulez suivre ; et si le séjour de Paris, joint à l ‘emploi que vous remplissez, vous paraît d’un trop difficile alliage avec elle, faites mieux, monsieur, retournez dans votre province ; allez vivre dans le sein de votre famille ; servez, soignez vos vertueux parents : c’est là que vous remplirez véritablement les soins que la vertu vous impose.
. — Le Verbe est un mot dont on se sert pour exprimer que l’on est, ou que l’on fait quelque chose : ainsi, le mot être, je suis, est un verbe ; le mot lire, je lis, est un verbe. […] Il y a un quatrième passé dont on se sert rarement, le voici : j’ai eu aimé, tu as eu aimé, il a eu aimé, nous avons eu aimé, vous avez eu aimé, ils ont eu aimé. […] Il y a un quatrième passé, mais on s’en sert rarement ; le voici : j’ai eu fini, tu as eu fini, il a eu fini, nous avons eu fini, vous avez eu fini, ils ont eu fini. […] Il y a un quatrième passé mais on s’en sert rarement : le voici : j’ai eu reçu, tu as eu reçu, il a eu reçu, nous avons eu reçu, vous avez eu reçu, ils ont eu reçu. […] Il y a un quatrième passé, mais on s’en sert rarement ; le voici : j’ai eu rendu, tu as eu rendu, il a eu rendu, nous avons eu rendu, vous avez eu rendu, ils ont eu rendu.
Cette idée nous dirigera dans le genre de style que nous devrons suivre ; ou, pour parler le langage de la musique, cette idée nous donnera le ton, ou la note principale qui servira de base à toutes les autres. […] L'harmonie des mots serait une qualité bien frivole, si elle ne servait qu’à couvrir le vide des pensées, en flattant agréablement l’oreille. […] Les Latins emploient le nombre ordinal dans tous les cas où abusivement nous nous servons du nombre cardinal. […] Vous avez traîné hors de chez lui le cadavre sanglant de Clodius, vous l’avez jeté sur la place publique, vous l’avez abandonné à la voirie pour servir de pâture aux chiens dévorants. […] Ce sera donc avant les mots qui leur servent de complément qu’il conviendra de les placer.
Comme le gouvernement fut populaire chez les Romains, tout le temps de la république, il est probable que les discours publics furent un des moyens dont les chefs se servaient pour influencer la multitude et la diriger à leur gré. […] Enfin, après avoir défendu soixante ans les particuliers et l’état, cultivé les lettres, la philosophie et l’éloquence, au milieu des orages, des succès et des malheurs, il périt victime des factions et d’un monstre à qui il avait servi de protecteur et de père. […] Démosthène paraît sortir de soi et ne voir que la patrie ; il ne cherche point le beau, il le fait sans y penser ; il est au-dessus de l’admiration ; il se sert de la parole, comme un homme modeste de son habit, pour se couvrir.
Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits. […] Il n’eut jamais de système fixe, si ce n’est celui de servir son intérêt et sa passion, aux dépens de tous les partis. […] Telles furent constamment les armes dont se servit M. le cardinal Maury, heureusement secondé d’un petit nombre d’hommes demeurés fidèles à la cause de l’état, et restés debout, au milieu des ruines que chaque jour entassait autour d’eux.
— Soit, répondit le Ver, mais ta toile est fragile ; Et puis, à quoi sert-elle ? […] Quelquefois, consolé par une chance heureuse, Il sert de Bucéphale à la beauté peureuse ; Et sa compagne enfin va dans chaque cité Porter aux teints flétris les fleurs de la santé. […] que sert d’espérer !
Il devait périr, cet homme fatal1, il devait périr, dès le premier jour de sa conduite, par une telle ou telle entreprise ; mais Dieu se voulait servir de lui pour punir le genre humain et tourmenter2 le monde : la justice de Dieu se voulait venger et avait choisi cet homme pour être le ministre de sa vengeance. […] Quand la Providence a quelque dessein, il ne lui importe guère de quels instruments et de quels moyens elle se serve. […] Il faudrait aujourd’hui plus qu’elle ne sert ; davantage suivi de que étant considéré comme une incorrection.
Je voudrais être à lui, s’il va en ambassade ; je ne lui demande rien, je le servirai à tout ce qu’il voudra. […] Ce général, né près de Magdebourg en 1661, avait d’abord servi le Danemark, puis la Pologne où régnait Sobieski. […] On désigne ainsi de grosses pièces de bois, armées de pieux pointus et ferrés, dont on se sert pour couvrir un bataillon ou défendre une brèche.
. — Il ne faut pas se servir du pronom son, sa, ses, leur, leurs, mis pour un nom de chose, à moins que ce nom ne soit exprimé dans la même phrase. […] 140. — On ne doit se servir du passé défini qu’en parlant d’un temps absolument écoulé, et dont il ne reste plus rien. […] Cependant, quoique le nom de chose ne soit pas dans la même phrase, on se sert bien de son, sa, ses, quand il est régi par une préposition, comme : Paris est beau ; j’admire la grandeur de ses bâtiments.
Descartes 1596-1650 [Notice] Né à la Haye (Indre-et-Loire), élève des Jésuites de la Flèche, René Descartes passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maxime de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619). […] Que si je fais quelquefois réflexion sur leurs actions, j’en reçois le même plaisir que vous feriez de voir les paysans qui cultivent vos campagnes ; car je vois que tout leur travail sert à embellir le lieu de ma demeure, et à faire que je n’y aie manque d’aucune chose2. […] Je sais bien que je ne vous apprends ici rien de nouveau ; mais on ne doit pas mépriser les bons remèdes pour être vulgaires, et m’étant servi de celui-ci avec fruit, j’ai cru être obligé de vous l’écrire ; car je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Mais que votre aveugle fureur ne s’acharne pas contre elle-même et ne se serve pas de ses propres armes pour anéantir le pays qu’elle doit dé fendre. […] Sa main mourante te présenta à tous les vieillards qui avaient servi sous lui. […] servez-lui de père. […] Tout le secret de la période consiste dans l’emploi de certaines particules qui servent à lier les membres et en suspendent le sens. […] Elle sert à l’ornement du discours, et à cet égard les poètes en font un fréquent usage.
Pour sucer quelque liqueur, les lèvres servent de tuyau et la langue sert de piston. […] Leurs fleurs tendres et délicates, et durant l’hiver enveloppées comme dans un petit coton, se déploient dans la saison la plus bénigne ; les feuilles les environnent comme pour les garder ; elles se tournent en fruits dans leur saison, et ces fruits servent d’enveloppes aux grains, d’où doivent sortir de nouvelles plantes. […] Il ne sert de rien de prouver que leurs mouvements ont de la suite, de la convenance et de la raison ; mais s’ils connaissent cette convenance et cette suite, si cette raison est en eux ou dans celui qui les a faits, c’est ce qu’il fallait examiner. […] Dans son traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même, il parle le plus beau et le meilleur langage dont jamais homme se soit servi. » 1.
L’abbé de Beauvais s’en est servi pour montrer que le but de l’homme ici-bas est d’aimer, de connaître et de servir Dieu de plus en plus. […] On s’en sert pour des laines fines, qu’on rehausse d’une broderie d’or et d’argent. […] Ils peuvent servir d’exemple pour les différentes sortes de sublime, et en sont une véritable récapitulation. […] La pierre criera contre vous du milieu de la muraille, et le bois qui sert à lier le bâtiment rendra témoignage contre vous. […] Mon vêtement était la justice et elle me servait de manteau, l’équité de mes jugements était mon diadème.