L’art de varier les inflexions de la voix est le grand secret pour donner un vif intérêt à une lecture ; c’est la variété des accents, de la mesure, des tons et des demi-tons qui fait ressortir les mouvements et les effets divers du discours. […] Cet enseignement pratique le délivrait de bien des routines, et lui révélait bien des secrets. […] À l’égard des vrais et intimes amis, un cœur ouvert, rien pour eux de secret que le secret d’autrui, excepté dans les choses où vous pourriez craindre qu’ils ne fussent préoccupés. […] Mais lorsque, passant de solitude en solitude l’espace s’étend sans bornes devant vous, peu à peu l’ennui se dissipe ; le voyageur éprouve une terreur secrète qui, loin d’abaisser l’âme, donne du courage et élève le génie. […] Ils soutenaient que tous les secrets de la théologie, de la physique, de la morale, et des mathématiques même, étaient renfermés dans ce que vous aviez écrit.
Il néglige bien des instincts secrets, bien des situations intimes de l’âme, bien des aspirations vers un monde autre que le monde terrestre. […] Un si habile et si magnifique développement des plus secrets ressorts de l’âme est un prodige de l’art. […] Avec les termes les plus ordinaires il a le secret de faire un langage qui lui est tout personnel. […] Enfin l’heure est venue Qu’il faut que mon secret éclate à votre vue. […] Aussitôt je triomphe, et ma Muse en secret S’estime et s’applaudit du beau coup qu’elle a fait.
Il est facile aux esprits médiocres d’en pénétrer les secrets et d’en posséder le mécanisme. […] Il expose sa méthode et ses secrets personnels plus encore que les règles universelles de l’art. […] On a défini l’homme une intelligence servie par des organes : il importe de connaître le jeu et les secrets de toutes ses facultés. […] Il faut trouver le secret d’émouvoir, d’ébranler les hommes et de les persuader. […] C’est la conscience que le génie a de ses œuvres, de sa puissance, des secrets par lesquels il éclaire et persuade les hommes.
Il est semblable au feu, dont la douce chaleur Dans chaque autre élément en secret s’insinue, Descend dans les rochers, s’élève dans la nue, Va rougir le corail dans le sable des mers, Et vit dans les glaçons qu’ont durcis les hivers1. […] L’Europe a vu la célérité de nos mouvements de stratégie et de tactique, et elle a été saisie d’épouvante ; car le secret de la guerre est dans les jambes. […] Que de fois n’avons-nous pas vu nos fantassins, presque engloutis dans les marais et les fondrières, s’encourager à en sortir, en se disant les uns aux autres les motifs de la marche forcée, motifs que le chef était intéressé à tenir secrets, et que leur perspicacité avait devinés !
On sait qu’un an après le décès de la reine, en 1684, il s’unit à la marquise de Maintenon par un mariage secret. […] Après le mariage secret de madame de Maintenon avec Louis XIV, il crut devoir changer de ton avec sa pénitente.
… Les secrets de la nature sont cachés ; quoiqu’elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses effets : le temps les révèle d’âge en âge, et quoique toujours égale en elle-même, elle n’est pas toujours également connue. […] Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable ; également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. […] Le trait distinctif de sa prose est un mélange exquis de naïveté et d’élévation. » La lettre à la reine Christine ne dément pas cet éloge ; si l’on y trouve des hyperboles que Balzac eût admises et qui nous font sourire, l’ampleur du ton, la hauteur des pensées et une secrète fierté y révèlent la marque du génie.
Voici maintenant un exemple emprunté de Massillon : « Vous vous plaignez que votre ennemi vous a décrié en secret et en public. […] C’est alors que, fort de leur propre conscience qu’il a dévoilée, et dont il connaît tous les secrets, il prend hautement la parole pour eux, et multiplie ses réponses, qui les laissent sans réplique.
Né pour des chagrins plus secrets, il a eu de la hauteur et de l’ambition dans la pauvreté. […] Il n’est guère sympathique aux Ménalques ; voulez-vous voir son idéal secret, lisez cette page : « Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très-hautes mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur, je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints.
L’histoire est chez lui une science et un art : une science, car il donne un sens aux faits, il en cherche les lois, il les explique par leurs causes ; il en surprend le secret dans les intentions des acteurs, dans les passions, les intérêts, et les caractères. […] Une révolution philosophique qui a rendu la raison de l’histoire plus ferme ; une révolution politique qui l’a rendue plus libre ; le progrès de certaines sciences, qui lui a donné une connaissance plus complète des faits, des temps, des lieux, des hommes, des institutions ; tant d’expériences fécondes, d’événements instructifs, accumulés pour nous en un demi-siècle, des croyances abandonnées et reprises, des sociétés détruites et refaites ; les excès des peuples, les fautes des grands hommes, les chutes des gouvernements, les prodiges de la conquête et les calamités de l’invasion ; après les plus vastes guerres la plus longue paix, et l’adoration des intérêts succédant à l’enthousiasme des idées, lui ont montré les faces diverses des choses humaines, et doivent nous faire pénétrer plus avant que nos devanciers dans tous les secrets de l’histoire.
Je ne m’en étonne pas, chrétiens ; d’autres pauvres plus pressants et plus affamés ont gagné les avenues les plus proches et épuisé les libéralités à un passage plus secret. […] Le secret dans les conspirations n’a jamais été mieux gardé qu’il ne le fut dans cette entreprise de Louis XIV340. […] Ces intrigues secrètes, à peine commencées, furent soutenues par vingt mille hommes. […] Auparavant, Buffon s’était livré à l’étude des sciences : son puissant génie s’attacha dès lors à pénétrer dans tous les secrets de l’art d’écrire, dont il nous a si parfaitement tracé les lois. […] On parle du cri des remords, qui punit en secret les crimes cachés et les met si souvent en évidence.
Elle a renversé les idoles, établi la croix de Jésus, persuadé à un million d’hommes de mourir pour en défendre la gloire ; enfin, dans ses admirables Épîtres, elle a expliqué de si grands secrets, qu’on a vu les plus sublimes esprits, après s’être exercés longtemps dans les plus hautes spéculations où pouvait aller la philosophie, descendre de cette vaine hauteur, où ils se croyaient élevés, pour apprendre à bégayer humblement dans l’école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul. […] Après avoir trompé tout le monde, il faut que le pécheur s’admire lui-même ; car ces flatteurs industrieux, âmes vénales et prostituées, savent qu’il y a en lui un flatteur secret qui ne cesse de lui applaudir au dedans ; ces flatteurs qui sont au dehors s’accordent avec celui qui parle au dedans, et qui a le secret de se faire entendre à toute heure : ils étudient ses sentiments, et le prennent si dextrement par son faible, qu’ils le font demeurer d’accord de tout ce qu’ils disent. […] Que faites-vous cependant, grand homme d’affaires, homme qui êtes de tous les secrets, et sans lequel cette grande comédie du monde manquerait d’un personnage nécessaire ; que faites-vous pour la grande affaire, pour l’affaire de l’éternité ? […] C’est pourquoi ils s’accordent avec elle ; ils agissent de concert et d’intelligence ; ils s’insinuent si adroitement dans ce commerce de nos passions, dans cette complaisance de notre amour-propre, dans cette secrète intrigue de notre cœur, que nous ne pouvons nous tirer de leurs mains ni reconnaître leur tromperie.
Étudiez Boileau et Racine ; et vous apprendrez dans leurs vers, bien mieux que dans n’importe quel Traité, toutes les règles et tous les Secrets de la versification française. — C’est un travail que nous allons commencer ensemble, et que, pour votre plus grande utilité, je vous laisserai continuer tout seuls. […] Non, très-vraisemblablement ; car, vous le savez : C’est en vain qu’au Parnasse un téméraire auteur Pense de l’art des vers atteindre la hauteur : S’il ne sent point du ciel l’influence secrète, Si son astre en naissant ne l’a formé poète, Dans son génie étroit il est toujours captif ; Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif. […] Enfin l’heure est venue Qu’il faut que mon secret éclate à votre vue : A mes nobles projets je vois tout conspirer ; Il ne me reste plus qu’à vous les déclarer. […] Il excellera à rendre, dans des termes de la plus irréprochable convenance, les mouvements et les transports les plus passionnés, et enfin semblera avoir trouvé le secret d’exprimer tout ce qu’il y a de plus délicat, de plus tendre, de plus aimant dans le cœur humain, et spécialement dans le cœur de la femme, depuis la jeune fille jusqu’à la mère, depuis Iphigénie jusqu’à Andromaque, en passant par Monime, Bérénice, Hermione et Phèdre.
Vous qui voulez pénétrer les secrets de Dieu, çà3 paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature ; choisissez ou ce qui est loin, ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds, ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes : quoi ! […] Que faites-vous cependant, grand homme d’affaires, homme qui êtes de tous les secrets, et sans lequel cette grande comédie du monde manquerait d’un personnage nécessaire ; que faites-vous pour la grande affaire, pour l’affaire de l’éternité ? […] Et pesez vos discours même dans sa balance : Cognoissez les humeurs qu’il verse dessus nous, Ce qui se fait dessus, ce qui se fait dessous ; Portez une lanterne aux cachots de nature, Sçachez qui donne aux fleurs cette aimable peinture Quelle main sur la terre en broye la couleur, Leurs secrettes vertus, leurs degrés de chaleur ; Voyez germer à l’œil les semences du monde, Allez mettre couver les poissons dedans l’onde, Deschiffrez les secrets de nature et des cieux : Vostre raison vous trompe aussi bien que vos yeux.