Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
Maudit soit à jamais le pointilleux sophiste2 Qui le premier nous dit en prose d’algébriste : Vains rimeurs, écoutez mes ordres absolus ; Pour plaire à ma raison, pensez, ne peignez plus ! […] Eux-mêmes, écrirait-on en prose.
La donnée de cette satire en prose est ingénieuse. […] Sa prose véhémente vaut le pinceau de Salvator Rosa.
Esprit brillant, belle imagination, il fut le Malherbe de la prose : il a l’ampleur de la période, l’éclat du discours ; il sait choisir et ordonner les mots ; il orne de grandes pensées par des expressions magnifiques dont l’harmonie soutenue enchante l’oreille. […] L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.
Nous faut-il recueillir les voix de tout le monde avant de pouvoir juger par nous-mêmes du mérite des ouvrages de prose ou de poésie ? […] Voilà pourquoi nous trouvons tant de charmes à la mesure des vers, et même à celle de la prose, quoique moins précise et moins facile à saisir. […] Phérécydes de Scyros passe chez les Grecs pour avoir composé le premier des ouvrages en prose. […] Notre poésie n’est pas moins riche, et ce n’est pas seulement par la mesure que son style diffère le plus de la prose, c’est par les mots mêmes qui lui sont consacrés ; ce qui prouve combien nos ressources sont étendues, puisque notre prose et notre poésie s’expriment, pour ainsi dire, en langues différentes ; et, à cet égard, nous l’emportons sur les Français, chez lesquels la rime seule distingue la langue poétique de la prose ordinaire. […] Le style seul de Milton, tant en prose qu’en vers, prouve suffisamment que l’anglais n’est dépourvu ni de force ni d’énergie.
Il n’est point de figure qui soit d’un usage plus fréquent, et qui répande plus de charme et de grâces dans le discours, soit en vers, soit en prose. […] Il faut aussi avoir égard aux convenances des différents styles, et distinguer les métaphores qui conviennent au style poétique, et qui seraient déplacées dans la prose. […] On ne dirait pas dans le style familier de la prose qu’une lyre enfante des sons. […] Cette figure est tellement dans le langage de la nature, qu’il n’est point de genre de poésie qui ne lui doive beaucoup : la prose l’admet fréquemment, et elle n’est point exclue de la simple conversation. […] Il faut faire de cette belle figure un usage très sobre dans les compositions en prose.
Je me gronde bien de ma paresse, mon cher et aimable ami ; mais j’ai été si indignement occupé de prose depuis deux mois, que j’osais à peine vous parler de vers. […] D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indigues et du peintre et du coloris ; que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche. […] de la Motte, qui écrivait bien en prose, ne parlait plus français quand il faisait des vers. […] je lui rendrai sa prose et ses vers de tout mon cœur, lui répliquai-je, quoique après tout j’aie plus d’un droit à cet ouvrage. […] « Maupertuis, président de l’Académie de Berlin, indigné qu’un associé étranger lui prouvât ses bévues, persuada d’abord au roi que Kœnig, en qualité d’homme établi en Hollande, était son ennemi, et avait dit beaucoup de mal de la prose et de la poésie de Sa Majesté à la princesse d’Orange.
La poésie s’en accommode mieux que la prose, l’éloquence mieux que l’histoire ; le genre didactique ne la dédaigne pas, la sentence acquiert par elle plus de netteté et d’énergie : les Essayistes anglais l’ont souvent employée avec un bonheur extrême ; chez les poëtes et les orateurs, elle sera plus brillante et plus élastique ; chez les philosophes et les historiens, plus significative et plus rigoureuse. […] Barbier, qui voulut dépasser Juvénal en hyperboles et en crudité d’expression, est un homme d’un talent remarquable, mais il a dans ses vers, le même défaut que Timon l’Athénien dans sa prose. […] Souvent l’allégorie remplit à elle seule une petite pièce tout entière de prose ou de poésie.
Je ne suis, Mademoiselle, qu’un vieux malade, et il faut que mon état soit bien douloureux, puisque je n’ai pu répondre plus tôt à la lettre dont vous m’honorez, et que je ne vous envoie que de la prose pour vos jolis vers. […] Chacun croit, en le lisant, qu’il dirait en prose tout ce que Racine a dit en vers ; croyez que tout ce qui ne sera pas aussi clair, aussi simple, aussi élégant, ne vaudra rien du tout. […] D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indignes et du peintre et du coloris, que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera, comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche !
Ses écrits en prose ont été publiés, la même année, par le libraire Gosselin. […] Pyrénées, en vers comme en prose, est du féminin.
On nomme dialogue dramatique ou poétique, lors même qu’il est écrit en prose, celui qui représente une action plutôt qu’il ne développe une vérité. […] Le rythme est ce qui distingue le vers de la prose. […] Quoiqu’il ne soit pas interdit dans la prose, il y fait presque toujours un mauvais effet. […] En faveur de l’élégance, la licence autorise certaines expressions que la prose n’admettrait pas toujours, telles sont : L’empyrée pour le ciel. […] J’abandonne l’étude de tous ces genres aux élèves qui ont des dispositions naturelles à la poésie, recommandant à ceux qui n’ont pas reçu le feu sacré de s’occuper de prose.
Dans l’épopée, il n’y a que la parole, soit en prose, soit en vers ; en vers de plusieurs espèces ou d’une seule, comme on a fait jusqu’ici. […] Ces différences peuvent se trouver dans la danse, dans les airs de flûte et de cithare, dans les discours, soit en prose, soit en vers, sans accompagnement de chant. […] Elle a le même effet, soit en vers, soit en prose. […] Par tout ce que nous venons de dire, il est évident que l’objet du poète est, non de traiter le vrai comme il est arrivé, mais comme il aurait pu arriver, et de traiter le possible selon le vraisemblable ou le nécessaire ; car la différence du poète et de l’historien n’est point en ce que l’un parle en vers, l’autre en prose : les écrits d’Hérodote mis en vers ne seraient toujours qu’une histoire. […] Euclide lui-même a fait l’un et l’autre, même dans la prose.
Resserrer un événement illustre et intéressant dans l’espace de trois heures ; ne faire paraître les personnages que quand ils doivent venir ; former une intrigue aussi vraisemblable qu’attachante ; ne rien dire d’inutile ; instruire l’esprit et remuer le cœur ; être toujours éloquent en vers, et de l’éloquence propre à chaque caractère que l’on représente ; parler sa langue avec autant de pureté que dans la prose la plus châtiée, sans que la contrainte de la rime paraisse gêner les pensées ; ne pas se permettre un seul vers dur, ou obscur ou déclamatoire : ce sont là les conditions qu’on exige aujourd’hui d’une tragédie pour qu’elle puisse passer, à la postérité avec l’approbation des connaisseurs160. » § 73. […] Quant au langage, les comédies sont en vers ou en prose ; ces dernières, toutes choses égales d’ailleurs, sont toujours considérées comme de beaucoup inférieures aux comédies en vers. Parmi les comédies en prose, il y en a où l’on admet le patois des diverses provinces, ou les fautes grossières que font les personnes ignorantes dans le vocabulaire ou la syntaxe. […] Mais pour indiquer nos auteurs comiques spéciaux, après Molière, il faut placer Regnard, puis Destouches, qui ont fait chacun plusieurs comédies excellentes : Piron, qui a fait la Métromanie ; Gresset, qui a fait le Méchant ; Le Sage, auteur de Turcaret ; Dancourt, Legrand, Picard, Duval et beaucoup d’autres dont la fécondité nous étonnerait à bon droit, si le genre de la comédie, surtout de la comédie en prose, n’était pas si propre aux Français, qu’ils semblent n’avoir qu’à prendre la plume pour écrire des ouvrages piquants par l’exacte observation des mœurs, intéressants par la facilité de l’intrigue, amusants surtout par la franchise, l’esprit et l’originalité du dialogue.