Ce discours était trop beau, pour échapper à l’admiration de Silius Italicus qui l’a transporté tout entier dans son poème de la Seconde Guerre punique.
Inventez un nouveau calcul, composez un poème sublime, ayez surpassé Cicéron ou Démosthène en éloquence, Thucydide ou Tacite dans l’histoire, je vous accorderai la célébrité, mais non la gloire.
« Il y a dans les vers une cadence simple, commune, ordinaire, qui se soutient également partout, qui rend le vers doux et coulant, qui écarte avec soin tout ce qui pourrait blesser l’oreille par un son rude et choquant, et qui, par l’heureux mélange de différentes mesures, forme cette harmonie si agréable qui règne dans tout l’ensemble d’un poème.
Cet ouvrage, remarquable par la richesse du coloris, la nouveauté des descriptions, l’heureux mélange des souvenirs antiques et des traditions sacrées, fut accueilli avec plus de faveur que le poème des Martyrs, publié en 1809, et dont le succès demeura plus contesté. On reprocha à l’auteur d’avoir transporté dans un sujet chrétien les procédés et le merveilleux de l’épopée antique, et de n’avoir ainsi produit qu’une œuvre artificielle, sans vraie originalité ; mais, malgré ces réserves, il faut admirer les parties supérieures du poème, la beauté de la pensée générale, les brillants tableaux si heureusement opposés du monde barbare dans sa rudesse et de la vie chrétienne dans sa première innocence.
Préface Ce choix de morceaux destinés à être lus, médités et appris par cœur vient après mille autres excellents recueils qui l’ont préparé ; s’il se recommande à l’attention, c’est par l’exactitude avec laquelle a été réalisé le programme suivant. Tous ces extraits ont été gradués d’après l’ordre de difficulté croissante, avec un tel soin, que par degrés l’esprit peut passer de l’anecdote intime et familière à l’expression la plus noble du sentiment moral et religieux. Pour mettre ces études littéraires d’accord avec les autres études de nos élèves, les sujets contenus dans chaque volume se rattachent autant que possible aux questions d’histoire, aux programmes de sciences, aux ouvrages des auteurs classiques grecs, latins et français qui sont imposés à chaque classe. Ces rapports concourent à l’unité de l’instruction, facilitent le travail de la mémoire et donnent le goût et l’habitude de l’ordre et de la méthode ; par là toutes les parties de l’enseignement peuvent se soutenir et se compléter. En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur.
Il en est de même dans ce vers de La Motte, le seul qu’on ait retenu de son poème des Apôtres : Le muet parle au sourd étonné de l’entendre. […] Les premiers vers du poème sur l’enlèvement de Proserpine, Inferni raptoris equos, afllataque curru Sidera Tænario, caligantesque profundæ, etc. […] Il lisait un poème sans variété. […] Une longue uniformité, dit Montesquieu, rend tout insupportable : le même ordre de périodes longtemps continué accable dans une harangue ; les mêmes nombres et les mêmes chutes mettent de l’ennui dans un long poème. […] Louis Racine (poème de la Religion) : C’est dans un faible objet, imperceptible ouvrage, Que l’art de l’ouvrier me frappe d’avantage.
Il flétrit, dans son poème satirique des Tragiques, la corruption de la royauté des Valois ; il maudit l’abjuration politique du sceptique Béarnais ; il poursuit de ses âpres sarcasmes les abjurations intéressées dans sa Confession de Sancy (Harlay de Sancy), publiée en 1660 ; il tient tête, dans des conférences théologiques, au cardinal Du Perron ; il écrit dans la retraite son Histoire universelle de 1550 à 1610 (1616-1620), que le bourreau brûle en place de Grève,et va finir sa vie à Genève (1620-1630). […] Cependant, en 1660, il publia trois Discours (du poème dramatique, de la tragédie, des trois unités) dont le ton modeste, en un sujet où il était maître consommé, contrastait avec le ton tranchant de l’abbé d’Aubignac (Pratique du théâtre, 1657). Il y fit quelques courtes allusions d’une politesse un peu ironique au suffisant critique qui s’était vanté d’avoir contribué à « changer la face du théâtre » et d’avoir fait confesser un grand poète qu’en « repassant sur des poèmes qu’il avoit donnés au public avec grande approbation, il avoit honte de lui-même et pitié de ses approbateurs ». […] Et certes, après avoir lu dans Aristote que la tragédie est une imitation des actions, et non pas des hommes, je pense avoir quelque droit de dire la même chose de la comédie, et de prendre pour maxime que c’est par la seule considération des actions, sans aucun égard aux personnages, qu’on doit déterminer de quelle espèce est un poème dramatique.
Ce qu’il y a eu en lui de plus éminent, c’est l’esprit, qu’il avait sublime, auquel il a été redevable de certains vers, les plus heureux qu’on ait jamais lus ailleurs, de la conduite de son théâtre, qu’il a quelquefois hasardée contre les règles des anciens, et enfin de ses dénoûments : car il ne s’est pas toujours assujetti au goût des Grecs et à leur grande Simplicité : il a aimé, au contraire, à charger la scène d’événements dont il est presque toujours sorti avec Succès : admirable surtout par l’extrême variété et le peu de rapport qui se trouve pour le dessein entre un si grand nombre de poèmes qu’il a composés.
De tous les ouvrages qu’il composa, il ne nous reste que quelques épigrammes et une traduction en vers latins d’un poème grec d’Aratus sur l’astronomie, intitulé Les Phénomènes.
« Une longue uniformité, a dit Montesquieu, rend tout insupportable ; les mêmes membres et les mêmes chutes répandent l’ennui dans un poème. » Suivons aussi à ce sujet le conseil de Boileau : Sans cesse en écrivant, variez vos discours : Un style trop égal et toujours uniforme ; En vain brille à, nos yeux : il faut qu’il nous endorme.
Blair n’hésite pas à affirmer qu’il y a de plus hardies métaphores dans la harangue qu’un chef sauvage adresse à sa tribu, que dans un poème épique composé par un Européen.
Les ignorants ne peuvent juger ce qu’il y a de vicieux dans un poème ou dans une peinture.
Du Poème Comique. […] Le dialogue est une partie du poème dramatique, sans la perfection de laquelle, une tragédie ne peut être vraiment intéressante.