XI Le génitif s’emploie élégamment pour désigner certaines propriétés accidentelles des objets, comme la mesure, le poids, la quantité, la valeur, etc. […] Le lac d’Albe avait cru outre mesure. […] Suprà modum, outre mesure. […] comme il mesure toutes ses paroles ! […] Je ne sais s’ils n’ont pas dépassé la mesure.
Dacier : « chacun ajoutant quelque chose à leur beauté, à mesure qu’on découvrait ce qui convenait à leur caractère. » Batteux donne à peu près le même sens.
Il arrive souvent qu’avant d’aborder le sujet on se lance dans de longs détours, on s’enfonce dans les antécédents, on développe outre mesure le préambule, et puis le temps ou les idées manquent pour traiter le sujet lui-même : c’est comme si l’on faisait une statue qui aurait une tête monstrueuse et un corps maigre et fluet.
Mais peut-être appartient-il à l’Académie française, le jour où elle reçoit un homme d’État aussi éclairé dans ses rangs, de rappeler à la France que c’est l’esprit des nations qui fait leur grandeur, et sert de mesure à leur durée.
Il rapproche successivement de cette idée moyenne qu’il prend pour mesure commune, chacune des deux idées qu’il veut comparer, et il juge de la sorte si elles se conviennent ou non, et jusqu’à quel point elles se conviennent. […] Ainsi le syllogisme est la comparaison de deux idées, par le moyen d’une troisième qui sert de mesure commune. […] Il y a sur la clarté, en fait de raisonnement, une observation importante à faire ; c’est qu’elle est essentiellement relative, et qu’à raison de la diversité des esprits et de la mesure des connaissances, ce qui est clair pour une personne, ne l’est pas pour une autre ; celui qui raisonne peut être clair pour lui-même, sans l’être pour celui qui l’écoute. […] Mesure qu’il convient de garder dans la plaisanterie. […] Écoutons Cicéron parlant des convenances à observer et de la mesure qu’il convient de garder sur ce point.
Ainsi, tout est devenu sentimental, à mesure que toute espèce de sentiment s’est éteint ; et l’on a donné en mots la valeur fictive de choses qui n’existaient plus en réalité. […] Que l’on mette ici, à la place de l’écrivain sensible, un de nos enjoliveurs modernes, ou l’un de ces graves et lourds prédicateurs de perfection morale, qui se croient bonnement appelés à convertir le genre humain, dont ils ont, et à qui ils inspirent une égale pitié, et l’on aura des mots harmonieusement cadencés, des vers étincelants d’antithèses et d’esprit, ou des phrases prodiguées sans mesure, et des sentences, des maximes étalées avec prétention.
Les huit premiers sont partagés en quatrains de même mesure, et qui roulent sur deux rimes, qu’il faut y placer dans le même ordre. […] Ce petit poème n’a point de règles particulières pour le nombre, la mesure, et la disposition des vers.
La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu’elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu’ils y ajoutent, de peur qu’ils ne passent les limites qu’elle leur a prescrites3. […] De là vient que, par une prérogative particulière, non-seulement chacun des hommes s’avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l’univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d’un particulier.
Elle l’accompagnait de toute la discrétion que lui donnait la connaissance de leur caractère, que l’étude et l’expérience lui avaient acquise, pour les degrés d’enjouement ou de mesure qui étaient à propos8 Son plaisir, ses agréments, je le répète, sa santé même, tout leur fut immolé.
Il est bon d’être ferme, il le sait ; mais il sait aussi qu’on ne doit pas être sottement opiniâtre : tout en ce monde a sa mesure, ses bornes ; et encore faut-il dîner.
Outre les vers hexamètres et pentamètres, la poésie latine en comprenait beaucoup d’autres dont la mesure avait été empruntée aux poëtes grecs.
Voltaire 1694-1778 [Notice] En parlant d’un homme dont la gloire, aussi litigieuse qu’impérissable, a dominé son siècle et rempli le monde, il faut tenir un milieu entre ceux qui l’exaltent sans mesure et ceux qui le maudissent sans réserve. […] Personne n’a observé avec plus d’art et de mesure la fameuse maxime dont il s’est tant moqué : Se faire tout à tous.” […] Ce n’était plus, dis-je, ce roi pacifique et clément : c’était un héros toujours plus intrépide à mesure que le péril augmentait ; plus magnanime dans la défaite que dans la victoire ; terrible à ses ennemis, lors même qu’il était leur captif. » 2.
. — Quelle honte pour nous, Athéniens, si nous étions contraints de nous retirer, ou de faire revenir des troupes, pour avoir mal calculé les obstacles, et mal pris nos mesures ! […] « Tu es le premier pour qui la satiété ait produit la faim, puisqu’à mesure que tu as plus, tu désires davantage. — Serre à deux mains ta fortune ; elle glisse, et on ne la retient pas en dépit d’elle : c’est l’avenir plus que le présent qui donne un bon conseil.