Sans cette attention, l’oreille du lecteur serait un peu choquée de trouver, en passant d’une stance à l’autre, deux vers masculins, ou deux vers féminins qui ne rimeraient pas ensemble, comme dans celles-ci : Rois, chassez la calomnie. […] Ainsi Racine a eu l’art d’employer les mots chiens et pavé, sans que la délicatesse du lecteur en fût blessée.
C’est un genre particulier qui excite dans l’âme du lecteur une émotion douce et agréable, semblable à peu près à celle qui résulte de l’aspect de la beauté dans les ouvrages de la nature.
Thomas affecte de n’emprunter ses métaphores que des arts les moins connus du commun des lecteurs.
L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter. » 1.
Dans ses vastes et dramatiques tableaux, il sait à la fois embrasser un plan général, et descendre aux moindres détails, avec une précision toujours instructive même pour les lecteurs les plus compétents.
Il faut aussi montrer un auteur en place dans son siècle, et mettre son lecteur au point de vue qui l’éclaire.
Chaque découverte que fait successivement ce petit être, est exprimée avec clarté ; et, à mesure que le lecteur avance dans ce tableau si naturel, il saisit le plus heureux accord entre la pensée et l’expression qui l’interprète. […] Le nombre des membres d’une période peut s’élever jusqu’à cinq ; mais il faudrait éviter d’aller au-delà, à cause de l’impatience qu’éprouve le lecteur ou l’auditeur de voir le sens terminé.
Les grandes parties, les parties essentielles doivent sortir du même fond, se rapporter au même but, se tenir l’une à l’autre, et former un ensemble non moins utile qu’agréable pour le lecteur. […] Les principes doivent y être exposés avec tant de netteté et de précision ; les preuves si bien choisies et si bien arrangées ; les conséquences si directes et si bien déduites ; enfin toutes les parties si bien rapprochées et si bien liées, que le lecteur entraîné par le poëte, ne puisse jamais perdre le fil de son raisonnement. […] Les imiter, et tâcher de les égaler, est une loi, à laquelle le poëte comique doit rigoureusement s’astreindre, s’il veut que ses ouvrages causent le même plaisir au lecteur et au spectateur. […] Nulle plume, dit-il, fût-elle païenne et cynique, n’oseroit produire au grand jour les horreurs que j’ai dérobées aux yeux des lecteurs.
Cicéron peut l’emporter devant les lecteurs, parce qu’il leur donne plus de jouissances : mais devant les auditeurs, nul ne l’emportera sur Démosthène, parce qu’en l’écoutant, il est impossible de ne pas lui donner raison, et c’est là certainement le premier but de l’art oratoire. » Un homme bien fait pour juger les anciens, puisque c’est de tous les modernes celui qui s’en est approché le plus près, l’illustre auteur du Télémaque, ne balance pas à se décider en faveur de Démosthène.
Homère et Virgile ne charment pas toutes les classes de lecteurs : ce sont des mœurs nouvelles à étudier ; des caractères, des intérêts trop éloignés des nôtres ; on s’y trouve, en un mot, trop dépaysé.
garde pour toi seul ton scrupule frivole : Sois captif dans le cercle obscur et limité Qui fut tracé des mains de l’uniformité ; Aux lois de ton compas asservis Melpomène, Et la douleur de Phèdre et l’amour de Chimène, Ravale à ton niveau l’essor audacieux De l’oiseau du tonnerre égaré dans les cieux ; Meurs d’ennui, j’y consens : sois barbare à ton aise ; Mais ne m’accable pas sous un joug qui me pèse ; N’exige pas du moins, insensible lecteur, Que jamais je me plie à ton goût destructeur.
Sur sa vertu par le sort traversée, Sur son voyage et ses longues erreurs, On aurait pu faire une autre Odyssée Et par vingt chants endormir les lecteurs ; On aurait pu des fables surannées Ressusciter les diables et les dieux ; Des faits d’un mois occuper des années, Et, sur ses tons d’un sublime ennuyeux, Psalmodier la cause infortunée D’un perroquet non moins brillant qu’Énée, Non moins dévot, plus malheureux que lui.
Tout à coup, voici le lecteur Qui s’interrompt : « Papa, dit-il, daigne m’instruire Pourquoi5 certains guerriers sont nommés conquérants, Et d’autres fondateurs d’Empire6 ?