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36. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

À quelle source puiserai-je la force de sacrifier ma fortune et ma vie à mon honneur, quand vous m’aurez appris que ce besoin même de l’honneur n’est qu’une faiblesse de la vanité, qu’une recherche de l’amour-propre ? […] Ce moi, cet amour-propre, si ce n’est qu’un grossier égoïsme, pourquoi donc a-t-il besoin d’honneur, de gloire, d’estime ? […] Il faut les aimer, avoir leur image dans le cœur comme on a leurs noms dans la bouche, et se faire d’eux une société tendre et familière. » Je rencontre encore ce passage si vivement senti : « Honneur à ceux qui conservent le culte des choses de l’esprit et qui l’entretiennent dans les autres !

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Ce témoignage unanime, ces honneurs solennellement rendus, par un peuple poli et déjà éclairé, à l’écrivain qui venait d’enlever ses suffrages en enchantant ses oreilles, donnèrent aux ouvrages d’Hérodote un grand caractère d’autorité dans la Grèce, et auraient dû rendre les critiques modernes moins prompts à reléguer, sans examen, au nombre des fables, tout ce qui n’avait pas avec nos petites idées la conformité la plus exacte. Ce qui fait à Hérodote, historien et observateur, autant d’honneur au moins que les éloges de ses propres concitoyens, c’est la vérification récemment faite sur les lieux, par des savants dignes de foi, de ce qu’il avait écrit sur l’Égypte, et que l’on était convenu de regarder comme fabuleux. […] J’ai lancé dans la lice sept chars, ce que ne fit jamais aucun particulier ; j’ai remporté les premiers, les seconds et les quatrièmes honneurs de la course ; j’ai montré partout une magnificence digne de mon triomphe. […] Mais telle est la célébrité qu’ils ont laissée après eux, que tout le monde a brigué l’honneur d’appartenir à leur race, et que la patrie elle-même, les regardant comme ses enfants les plus chers, se glorifiait de leur avoir donné la naissance, et s’applaudissait de leurs actions, bien loin de songer à les désavouer. […] Si quelqu’un cependant croit pouvoir réussir avec de moindres préparatifs, je lui cède volontiers l’honneur ou le péril du commandement ».

38. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] La mort, cette fatale ennemie, entraînera avec elle tous nos plaisirs, et tous nos honneurs dans l’oubli et dans le néant. […] Ainsi étant retranché et enveloppé en lui-même, il ne vous présente plus que des piquants ; il s’arme à son tour contre vous, et vous ne pouvez le toucher sans que votre main soit ensanglantée, je veux dire votre honneur blessé par quelque outrage ; le moindre que vous recevrez sera le reproche de vos vains soupçons. […] Vous savez, ô Dieu vivant, que le zèle ardent qui m’anime pour le service de mon roi me fait tenir à honneur d’annoncer votre Évangile à ce grand monarque, digne de n’entendre que de grandes choses, digne, par l’amour1 qu’il a pour la vérité, de n’être jamais déçu. […] Ravis1 d’une certaine douceur de leurs prétentions infinies, ils s’imagineraient perdre infiniment s’ils se départaient de leurs grands desseins ; surtout les personnes de condition, qui, étant élevées dans un certain esprit de grandeur, et bâtissant toujours sur les honneurs de leur maison et de leurs ancêtres2, se persuadent facilement qu’il n’y a rien à quoi elles ne puissent prétendre3.

39. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

J’ose dire pourtant que je n’ai mérité Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité5. […] Du sang dont vous sortez rappelez la mémoire ; Et ne préférez point à la solide gloire Des honneurs dont César prétend vous revêtir, La gloire d’un refus sujet au repentir. […] Quand l’empire devait suivre son hyménée ; Mais ces mêmes malheurs qui l’en ont écarté, Ses honneurs abolis, son palais déserté, La fuite d’une cour que sa chute a bannie, Sont autant de liens qui retiennent Junie5. […] Il faut se sacrifier : il la pique d’honneur. […] Ce n’est ni pour donner plus d’autorité à ce qu’il dit, ni peut-être pour se faire honneur de ce qu’il sait : il veut citer. » (La Bruyère.)

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Il appartient à l’élite de ceux qui, sans chimère ni ambition, veulent le bien de la patrie et l’honneur du genre humain. […] J’ai eu naturellement de l’amour pour le bien et l’honneur de ma patrie, et peu pour ce qu’on appelle la gloire ; j’ai toujours senti une joie secrète lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun1. […] Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare ; et, quoique j’eusse très-bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point connu. […] À M. l’abbé marquis Nicolini3, à Florence J’ai reçu, cher et illustre abbé, avec une véritable joie la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. […] Voilà un accent généreux qui fait honneur au publiciste.

41. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

C’est en vain que l’hypocrisie se couvre d’un voile ou que la fortune nous entoure d’un prestige ; il y a dans l’humanité un sentiment du bien et de l’honneur qui ne la trompe pas. […] Un peuple, après avoir tenu longtemps avec honneur le sceptre de sa destinée, a perdu peu à peu le sens des grandes choses, il n’a plus su croire, ni délibérer, ni se dévouer. […] La curiosité seule tiendra la haine immobile, et l’audace même touchera ceux qui ne voudraient pas être touchés ; la France a un instinct de l’honneur qui la charme partout où elle en trouve l’ombre. […] L’intégrité du caractère Fragment de lettre 1 Je tiens par-dessus tout à l’intégrité du caractère ; plus je vois les hommes en manquer et faillir ainsi à la religion qu’ils représentent, plus je veux, avec la grâce de celui qui tient les cœurs dans sa main, me tenir pur de tout ce qui peut compromettre ou affaiblir en moi l’honneur du chrétien. […] Pour les vertus de l’Évangile, la fuite des plaisirs et des honneurs, l’humilité, la mortification, le mépris des richesses, ces vertus par lesquelles seules nous pouvons arriver au royaume des cieux, ah !

42. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Il obtiendra les honneurs du triomphe avant l’âge fixé par les lois ! Il ne quittera jamais les honneurs qu’il aura une fois ravis ! […] Les Romains, à ce que j’ai entendu dire, sont très jaloux de la conservation de leur honneur. […] Il est doux de vivre avec honneur et de mourir en laissant le souvenir immortel de son nom. […] Fragment traduit du prix d’honneur de 1810 (Victor Cousin).

43. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

44. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Ne perdez point de vue, au fort de la tempête, Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête : Vous le verrez toujours au chemin de l’honneur. » A ces mots, que ce roi prononçait en vainqueur, Il voit d’un feu nouveau ses troupes enflammées Et marche en invoquant le grand Dieu des armées1. […] Vivez pour le parti dont vous êtes l’honneur, Vivez pour réparer sa perte et son malheur3 ; Que vous et Bois-Dauphin, dans ce moment funeste, De nos soldats épars assemblent ce qui reste. […] ) Ce généreux Français, qui vous est inconnu, Par la gloire amené des rives de la France, Venait de dix chrétiens payer la délivrance : Le soudan, comme lui gouverné par l’honneur, Croit, en vous délivrant, égaler son grand cœur. […] Tu ne saurais marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas, sans y trouver ton Dieu ; Et tu n’y peux rester sans renier ton père, Ton honneur qui te parle et ton Dieu qui t’éclaire.

45. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Cet événement date de l’année même où il partit pour ce voyage de Suisse et d’Italie pendant lequel messieurs de Bordeaux l’élurent maire de cette ville, charge qu’il finit par accepter, « parce qu’elle n’a ni loyer, ni gain, autre que l’honneur ». […] Mieux vaut douceur que violence 1 J’accuse toute violence en l’education d’une ame tendre, qu’on dresse pour l’honneur et la liberté. […] Or, monsieur, parceque chasque nouvelle cognoissance que je donne de luy et de son nom, c’est autant de multiplication de ce sien second vivre12, et d’advantage que son nom s’ennoblit et s’honnore du lieu qui le receoit13, c’est à moy à faire14, non seulement de l’espandre le plus qu’il me sera possible, mais encores de le donner en garde à personnes d’honneur et de vertu ; parmy lesquelles vous tenez tel reng, que, pour vous donner occasion de recueillir ce nouvel hoste, et de luy faire bonne chère15, j’ay esté d’advis de vous présenter ce petit ouvrage. […] Si la France un matin vous aligne en phalange, Fiers, vous faites honneur à votre humble berceau, Vous tous, les héritiers des gloires sans mèlange, Frères de Jeanne d’Arc, de Hoche et de Marceau !

46. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Je ne puis estimer ces dangereux auteurs, Qui de l’honneur, en vers, infâmes déserteurs, Trahissant la vertu sur un papier coupable, Aux yeux de leurs lecteurs rendent le vice aimable. […] Ne descendons jamais dans ces lâches intrigues : N’allons point à l’honneur par de honteuses brigues. […] Regnier, satire v, avait dit : Croissant l’âge en avant, sans soin de gouverneur, Relevé, courageux, et cupide d’honneur, Il se plaist aux chevaux, aux chiens, à la campaigne, Facile au vice, il hait les vieux et les dédaigne : Rude à qui le reprend, paresseux à son bien, Prodigue, dépensier, il ne conserve rien, Hautain, audacieux, conseiller de soi-même, Et d’un cœur obstiné se heurte à ce qu’il aime. […] Je lis encore dans Régnier : L’âge au soin se tournant, homme fait il acquiert Des biens et des amis, si le temps le requiert ; Il masque ses discours comme sur un théâtre, Subtil, ambitieux, l’honneur il idolâtre ; Son esprit avisé prévient le repentir, Et se garde d’un lieu difficile à sortir.

47. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

À l’apparition de chaque œuvre nouvelle c’était un nouvel applaudissement ; poètes et savants, amis ou disciples, Muret, Belleau, etc., se faisaient un honneur d’associer par des commentaires leur nom à celui du maître. […] Et par armes un jour agrandis ton empire, Moins pour avoir du bien que pour avoir honneur. […] Que maudit soit l’honneur qui s’achette si cher ! […] On n’estoit de richesse, ains de l’honneur espris ; Ceux qui se marioient ne regardoient au prix. […] Aussi bien sa querelle avec Malherbe est-elle, à vrai dire, querelle d’honneur, qui, souvent, n’est que malentendu.

48. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Amyot, 1513-1593 » pp. -

Après un séjour de deux années en Italie, où il put étudier les manuscrits antiques, il eut l’honneur d’être choisi par le cardinal de Tournon comme précepteur des fils d’Henri II, et fit paraître en 1559, mais sans y mettre son nom, les Pastorales de Longus, puis les Vies complètes de Plutarque. […] Celuy donc qui sçait qu’il a son ennemy pour emulateur de sa vie, concurrent d’honneur et de gloire, prent de plus pres garde à soy, considere circonspectement toutes choses, et ordonne mieux ses meurs et sa vie. […] D’abord habité par des potiers, il devint ensuite un cimetière pour les soldats morts au champs d’honneur, enfin on le divisa en deux parties, l’une au delà des murs, où se trouvait l’Académie, l’autre en deçà, ou était la Grande place.

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