L’astre des nuits, la triple Hécate, qui répète par des harmonies plus douces celles de l’astre du jour, en se levant sur l’horizon, dissipa l’empire de la lumière, et fit régner celui des ombres. […] Bernardin de Saint-Pierre (Harmonies de la nature.) […] La lune répand alors les dernières harmonies sur cette fête que ramènent chaque année le mois le plus doux, et le cours de l’astre le plus mystérieux. […] Ce même effet d’harmonie est obtenu ici par répétition. […] Le poète y réunit les deux espèces d’harmonie.
Voilà quant aux dispositions générales : le plus ou moins de succès dans l’exécution dépendra ensuite du plus ou moins de talent dans l’écrivain traducteur ; mais il faut observer que le mérite même d’une exécution parfaite ne compensera jamais que faiblement ce défaut d’harmonie première qui a dû exister entre l’original et son imitateur, et qui a déterminé le choix du dernier.
Les figures vives et piquantes, le choix et l’harmonie des mots, la variété des sons, les tours ingénieux et brillants, en un mot tout ce qui peut embellir le discours, lui convient et le caractérise.
Au premier, violons ; en l’autre, luths et voix ; Des flûtes, au troisième ; au dernier, des hautbois, Qui tour à tour dans l’air poussaient des harmonies Dont on pouvait nommer les douceurs infinies.
Le pléonasme (de la racine πλεος, plein) consiste dans l’emploi de mots superflus, quant au sens et à la construction, mais servant à donner plus de force, plus de grâce, plus de clarté ou d’harmonie à la pensée. […] 3° Enfin quand on ajoute des mots qui ne sont point nécessaires au sens de la phrase, mais qui donnent au discours plus de grâce, plus de force ou d’harmonie. […] Les antithèses employées avec goût plaisent infiniment dans les ouvrages d’esprit ; elles y font à peu près le même effet que dans la peinture les ombres et les couleurs qu’un peintre habile sait disposer convenablement, ou dans la musique les voix hautes et basses qui, en se combinant avec art, forment une délicieuse harmonie.
L’harmonie qui ne va qu’à flatter l’oreille n’est qu’un amusement de gens faibles et oisifs, elle est indigne d’une république bien policée : elle n’est bonne qu’autant que les sons y conviennent au sens des paroles, et que les paroles y inspirent des sentiments vertueux. […] Les idées seules forment le fond du style ; l’harmonie des paroles n’en est que l’accessoire377, et ne dépend que de la sensibilité des organes ; il suffit d’avoir un peu d’oreille pour éviter les dissonances, et de l’avoir exercée, perfectionnée par la lecture des poètes et des orateurs, pour que mécaniquement on soit porté à l’imitation de la cadence poétique et des tours oratoires. Or jamais l’imitation n’a rien créé : aussi cette harmonie des mots ne fait ni le fond ni le ton du style, et se trouve souvent dans des écrits vides d’idées.
Il faut consulter l’oreille et l’harmonie, pour placer l’adjectif avant ou après son substantif Par exemple, quoiqu’on puisse dire indifféremment : un habit vieux, ou un vieux habit ; il faudra dire : un habit neuf, et non, un neuf habit, parce que cette dernière construction formerait un son désagréable à l’oreille. […] Mais on voit bien que ces phrases ainsi construites, ont moins de vivacité, de grâce et d’harmonie que les premières.
Esprit brillant, belle imagination, il fut le Malherbe de la prose : il a l’ampleur de la période, l’éclat du discours ; il sait choisir et ordonner les mots ; il orne de grandes pensées par des expressions magnifiques dont l’harmonie soutenue enchante l’oreille. […] Il sait assortir les nuances du sentiment et de la pensée, caresser l’oreille et charmer l’esprit par l’heureux choix des mots et l’harmonie d’une période savante. […] Toutes les nuances s’accordent avec un art prodigieux dans cette épopée en prose, dont le style nous enchante par sa dextérité, sa souplesse et son élégante harmonie. […] Un jour elles aperçurent un berger qu’elles n’avaient point encore vu dans ces bois ; il leur parut gracieux, noble, aimant les Muses846 et l’harmonie : elles crurent que c’était Apollon847, tel qu’il fut autrefois chez le roi Admète, ou du moins quelque jeune héros du sang de ce dieu.
Au fond le plus solide, il ajoute la forme la plus brillante ; et il arrive, dans son style, à une correction, une grâce, une harmonie, une perfection vraiment inimitable.
Il doit donc se borner à raconter avec simplicité, à mettre dans son style de la clarté sans diffusion, de la précision sans obscurité, de l’élévation sans enflure, du nombre, de l’harmonie, et de l’agrément sans art.
en voulant dire la belle harmonie !
Ainsi l’harmonie et le rythme sont mis seuls en usage dans l’aulétique, la citharistique et dans les autres arts qui ont un rôle analogue, tel que celui de la syrinx6. […] Le rythme est l’unique élément d’imitation dans l’art des danseurs, abstraction faite de l’harmonie. […] Comme le fait d’imiter, ainsi que l’harmonie et le rythme, sont dans notre nature (je ne parle pas des mètres qui sont, évidemment, des parties des rythmes), dès le principe, les hommes qui avaient le plus d’aptitude naturelle pour ces choses ont, par une lente progression, donné naissance à la poésie, en commençant par des improvisations. […] J’entends par « langage rendu agréable » celui qui réunit le rythme, l’harmonie et le chant, et par les mots « que chaque partie subsiste séparément » j’entends que quelques-unes d’entre elles sont réglées seulement au moyen des mètres, et d’autres, à leur tour, par la mélodie.
Ce qui m’a toujours charmé dans leur style, c’est qu’ils ont dit ce qu’ils voulaient dire, et que jamais leurs pensées n’ont rien coûté à l’harmonie ni à la pureté du langage.