/ 318
190. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Voici une jolie syllepse dans la Bruyère : « Une femme infidèle, si elle est connue pour telle de la personne intéressée, n’est qu’infidèle ; s’il la croit fidèle, elle est perfide. » C’est une syllepse de genre. […] Et dans Bossuet : « Quand le peuple hébreu entra dans la terre promise, tout y célébrait leurs ancêtres. » Enfin, Fénelon réunit la syllepse de genre et celle de nombre, quand il fait dire à Mentor : « Il faut envoyer dans les guerres étrangères la jeune noblesse. […] Et que serait-ce si des genres, j’en étais venu aux espèces !

191. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Les Caractères de la Bruyère, ouvrage où tout le genre humain est peint en détail et avec la plus grande vérité ; où l’on voit un portrait de chaque caractère, tracé d’après nature. Cet homme unique, qui n’a pas plus été imité dans son genre, que la Fontaine dans le sien, fait d’un seul coup de pinceau un tableau achevé. […] C’est le meilleur ouvrage que nous ayons en ce genre.

192. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Pourquoi encore avoir établi deux genres de causes : l’un comprenant les questions générales, l’autre les questions déterminées ? […] S’il me fallait aller les chercher dans les classifications des rhéteurs, et dans les lieux communs qu’ils ont assignés à chaque genre de causes, ma mémoire plierait sous le fardeau. Car, la nature des faits et le caractère des personnes variant à l’infini, le dénombrement des causes serait lui-même infini, et on aurait autant de genres que d’individus différents. […] D’entrer dans l’énumération de tous les genres de causes, de multiplier les exemples, de donner des modèles d’exordes pour tous les procès, pour toutes les personnes, pour toutes les situations, c’est l’affaire des théoriciens intrépides, qui, non contents d’armer l’orateur de pied en cap, veulent le suivre sur le terrain. […] Les genres ont, comme les individus, leur caractère, et par conséquent leur style.

193. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Ce que j’aime en un traité de ce genre, c’est une méthode régulière, mais se détournant à dessein en quelques digressions rapides, et s’écartant, sans s’égarer, des limites rigoureuses ; c’est l’exposition des préceptes consacrés, mais en les expliquant, en les modernant, comme disent les architectes, en donnant toujours le cui bono actuel, en présentant une causerie avec des lecteurs, plutôt qu’une dictée à des élèves ; c’est un style didactique, sans doute, mais animé quand le sujet le comporte, fleuri avec réserve, et qui garde cette couleur individuelle, seul moyen de donner du relief et de la vie aux produits de l’art. […] Épouvanté, et on le serait à moins, de la pénurie toujours croissante de premiers sujets dans tous les genres, il jette à pleines mains bouquets et couronnes à tout débutant qui laisse percer la moindre lueur de talent ; il décerne au plus mince succès de collége l’ovation et le vin d’honneur ; les fumées de cette gloire précoce montent au cerveau des lauréats et les étourdissent à tout jamais.

194. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Quels sont les vers appropriés à chaque genre. — 89. […] Mais, si je n’ai pas le talent d’assortir à chaque genre le rhythme et le ton qui lui conviennent, pourquoi me saluerait-on poëte ? […] Chaque genre doit garder la place que lui a si bien marquée la nature. […] Il n’est pas un seul genre que n’aient abordé nos poëtes ; et ce n’est pas sans gloire que, renonçant à l’imitation des Grecs, ils osèrent traiter sur la scène, dans la tragédie comme dans le genre comique, des sujets tout nationaux. […] N’importe le genre où l’on s’exerce, le goût, ce goût sévère, qui sait en prendre et en laisser (hoc amet, hoc sernat), le goût est la première loi de l’écrivain : Le style le moins noble a pourtant sa noblesse.

195. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Ce sexe va plus loin que le nôtre dans ce genre d’écrire. […] Mais tout, en ce genre tremblait sous Fagon. […] N’y avait-il pas d’autres princes qui contribuèrent à polir et à éclairer le genre humain ? […] Souffrez donc, milord, que je tâche d’élever à sa gloire un monument que je consacre encore plus à l’utilité du genre humain. […] Chaque genre a son mouvement, son style qui lui est propre.

196. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Ceux-là sont faits pour une pensée qui est dans le même genre. […] Il y a des phrases, des mots, des tours qui ont de l’éclat et de la grandeur : ceux-là sont destinés à paraître dans les genres élevés. Il y en a d’autres qui n’ont aucune illustration : ceux-là sont faits pour les genres médiocres. […] Le genre pour l’espèce ; comme lorsque par le mot mortels, on entend seulement les hommes, quoique tous les êtres animés soient sujets à la mort : ou l’espèce pour le genre ; comme lorsque les poètes Grecs et les Latins se sont servis du mot Tempé, nom d’une plaine de la Thessalie, pour marquer toutes sortes de belles campagnes.

197. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Toutes ces grandes fortunes par lesquelles les ambitieux s’élèvent, comme par différents degrés, sur la tête des peuples et des grands, ne sont soutenues que par des appuis aussi délicats et aussi fragiles en leur genre que l’étaient ceux de cet ouvrage d’ivoire. […] A ce suffrage il faut ajouter celui de Voltaire, qui appelle ce livre « un chef-d’œuvre auquel, en son genre, on ne trouve rien d’égal dans l’antiquité ».

198. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Genre épique et genre historique La mort d’Eurydice Protée, interrogé par Aristée sur la cause de ses malheurs, lui répond : Tremble, un dieu te poursuit ! […] Quelle puissance fallait-il pour rappeler dans la mémoire des hommes le vrai Dieu, si profondément oublié, et retirer le genre humain d’un si prodigieux assoupissement ! […] Genre lyrique — genre descriptif À Henri IV Tel qu’à vagues épandues Marche un fleuve impérieux11 De qui les neiges fondues Rendent le cours furieux : Rien n’est sûr en son rivage, Ce qu’il trouve, il le ravage ; Et traînant comme buissons Les chênes et leurs racines, Ôte aux campagnes voisines L’espérance des moissons. […] Le Lion et le Tigre Dans la classe des animaux carnassiers, le lion est le premier, le tigre est le second ; et, comme le premier, même dans un mauvais genre, est toujours le plus grand et souvent le meilleur, le second est ordinairement le plus méchant de tous. […] Genre dramatique — genre oratoire Homère et Ésope Homère.

199. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Il a essayé tous les genres, et, dans chacun d’eux, a marqué brillamment sa trace, comme en se jouant. […] J’ai reçu, monsieur, votre nouveau livre1 contre le genre humain ; je vous en remercie. […] Qu’importe au genre humain que quelques frelons pillent le miel de quelques abeilles ?

200. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

C’est une des vieilles maladies du genre humain, et qui presque a commencé avec le monde. […] je ne sais s’il s’en est encore trouvé de ce genre. […] Le beau ne perdrait rien de son prix, quand il serait commun à tout le genre humain : il en serait plus estimable. […] Tout ce qui est uniquement dans le genre fort et vigoureux a un mérite qui n’est pas celui des grâces. […] Il semble qu’en général le petit, le joli en tout genre, soit plus susceptible de grâce que le grand.

201. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

Balzac et Voiture, les écrivains les moins naturels que je connaisse, sont, chacun dans leur genre, les types de cette manière fausse et chargée qui devait produire, dans le sérieux, le fatras de Brébeuf ; dans le plaisant, le burlesque de Scarron. […] Bientôt l’exagération du style soutenu, et d’autre part l’extrême difficulté de la rime et le peu de ressources que présente la prose aux partisans fanatiques de l’harmonie, firent imaginer la prose métrique ou scandée, mélange prétentieux de vers blancs d’inégale mesure et d’inversions poétiques, genre amphibie et bâtard, qui n’a ni les qualités de la prose, ni celles de la poésie.

202. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

les Athéniens n’avaient commis jusqu’à cette époque que des fautes en tout genre : ils avaient manqué de prévoyance et de politique dans vingt circonstances ; ils avaient abandonné ou négligé leurs alliés, et c’est là précisément ce qui doit les rassurer pour l’avenir ! […] Un monument bien précieux, chez les anciens, du genre d’éloquence que nous traitons actuellement, ce sont les discours fameux prononcés dans le sénat romain, par César et par Caton, au sujet des complices de Catilina. […] Il n’y a que la crainte en effet, ou l’énormité de l’attentat qui aient pu vous déterminer, Silanus, vous consul désigné, à décerner un nouveau genre de supplice. […] S’il en était ainsi, jamais elle n’eût été plus florissante qu’entre nos mains, puisque nous avons plus d’alliés, de citoyens et de troupes en tout genre qu’ils n’en eurent jamais ; mais ils la durent, cette grandeur, à des avantages qui nous manquent totalement.

/ 318