C’était la plus belle décoration qu’on puisse imaginer : Le Brun150 avait fait le dessin ; le mausolée touchait à la voûte, orné de mille lumières, et de plusieurs figures convenables à celui qu’on voulait louer. […] La mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure. […] Pourquoi croyez-vous que les Romains fussent si jaloux de mettre leurs aigles et leurs dieux à la tête de leurs légions, et que les autres peuples affectassent de prendre ce qu’il y’avait de plus sacré dans leurs superstitions, et en traçassent les figures et les symboles sur leurs étendards, sinon pour empêcher que le tumulte et l’agitation des guerres ne fit oublier ce qu’on doit aux dieux qui y président, et afin qu’à force de les avoir sans cesse devant les yeux on fût comme dans une heureuse impuissance de les perdre de vue ? […] Ce plan n’est pas encore le style, mais il en est la base, il le soutient, il le dirige, il règle son mouvement et le soumet à des lois ; sans cela, le meilleur écrivain s’égare, sa plume marche sans guide et jette à l’aventure des traits irréguliers et des figures discordantes. […] Tu me quittes, ingrat, et le fais avec joie : Tu ne la caches pas, tu veux que je la voie413 ; Et ton cœur, insensible à ces tristes appas, Se figure un bonheur où je ne serai pas !
C’est sans doute une fort belle figure ; qu’elle est faible, cependant, auprès de celle qui, en l’appelant l’aigle de l’Éternel, place sa chaire dans le ciel, et n’entend plus, dans son éloquence, que la foudre même de Dieu éclatant sur les mortels !
Quand l’image masque l’objet et que l’on fait de l’ombre un corps ; quand l’expression plaît tellement qu’on ne tend plus à passer outre pour pénétrer jusqu’au sens ; quand la figure absorbe l’attention tout entière, on est arrêté en chemin, et la route est prise pour le gite, parce qu’un mauvais guide nous conduit. » 3.
Sans cela, le meilleur écrivain s’égare, sa plume marche sans guide, et jette à l’aventure des traits irréguliers et des figures discordantes.
Si j’étais au spectacle, je trouvais d’abord cent lorgnettes dirigées vers ma figure ; enfin, jamais homme n’a tant été vu que moi.
Une âme telle que la vôtre, dont les amitiés doivent être durables, se persuadera malaisément que tout se réduit à quelques jours d’attachement dans ce monde dont les figures passent si vite, et où tout consiste à acheter si chèrement un tombeau.
Ici, comme dans tous nos Cours, le dix-septième siècle domine ; mais il ne figure pas seul. […] Et déjà, sous Henri IV, Antonio Perez avait importé en France le gongorisme, ou le cultisme, art singulier qui se distinguait par la nouveauté des mots ou de leur acception, par l’étrangeté de la dislocation de la phrase, par la hardiesse et la profusion des figures les plus incohérentes. […] Qui ne sait que l’artiste hollandais qui a dessiné les planches de Dumont, le peintre des batailles et victoires du prince Eugène de Savoie, a dérobé, en grande partie, ses figures à Van der Meulen, le peintre des victoires de Louis XIV ? […] C’est peut-être de tous le plus riche de figures ; mais elles sont si naturellement amenées qu’on ne les aperçoit que par réflexion. […] Ses figures sont fournies moins par la vivacité des sentiments que par la rhétorique.
« On compte, en le voyant, les ennemis qu’il a vaincus, non pas les serviteurs qui le suivent : tout seul qu’il est on se figure autour de lui ses vertus et ses victoires qui l’accompagnent : il y a je ne sais quoi de noble dans cette simplicité ; et moins il est superbe, plus il devient vénérable ».
Pour de l’esprit, j’en ai, sans doute, et du bon goût, A juger sans étude6, et raisonner de tout ; A faire aux nouveautés1, dont je suis idolâtre, Figure de savant sur les bancs du théâtre ; Y décider en chef, et faire du fracas A tous les beaux endroits qui méritent des ah !
Préface Ce choix de morceaux destinés à être lus, médités et appris par cœur vient après mille autres excellents recueils qui l’ont préparé ; s’il se recommande à l’attention, c’est par l’exactitude avec laquelle a été réalisé le programme suivant. Tous ces extraits ont été gradués d’après l’ordre de difficulté croissante, avec un tel soin, que par degrés l’esprit peut passer de l’anecdote intime et familière à l’expression la plus noble du sentiment moral et religieux. Pour mettre ces études littéraires d’accord avec les autres études de nos élèves, les sujets contenus dans chaque volume se rattachent autant que possible aux questions d’histoire, aux programmes de sciences, aux ouvrages des auteurs classiques grecs, latins et français qui sont imposés à chaque classe. Ces rapports concourent à l’unité de l’instruction, facilitent le travail de la mémoire et donnent le goût et l’habitude de l’ordre et de la méthode ; par là toutes les parties de l’enseignement peuvent se soutenir et se compléter. En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Pour trouver plus facilement des synonymes, il faut aussi se rappeler ce que nous avons dit au sujet des figures, que l’on peut mettre quelquefois la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, le terme abstrait pour le terme concret, le genre pour l’espèce, la partie pour le tout, etc. ; que l’on peut et que l’on doit même, en poésie, employer des expressions métaphoriques, etc.
Le genre historique n’admet ni les grandes passions, ni les figures hardies et trop magnifiques.