L’écrivain, tout en évitant de laisser languir le récit, suivant ces paroles : Semper ad eventum festinat , s’efforcera donc de le suspendre, en intéressant vivement le lecteur, et en le tenant continuellement comme partagé entre la crainte et l’espérance, jusqu’à ce qu’une surprise agréable, une impression profonde ou une catastrophe inattendue vienne graver dans son esprit le fait ou la leçon morale qu’il faut retenir. […] Mais, en même temps, le dénoûment doit être déguisé ou imprévu, parce que l’intérêt ne se soutient qu’autant que l’âme est comme suspendue entre l’espérance et la crainte. Or, si le dénoûment est prévu, il n’y a plus de crainte ni d’espérance, par conséquent, il n’y a plus d’intérêt. […] Les lettres de félicitation qu’on adresse à un supérieur, à un étranger, à un égal demandent beaucoup d’adresse pour rajeunir ces lieux communs déjà épuisés, qui sont : le mérite de la personne, la justice qui lui a été rendue, les espérances qu’elle peut concevoir pour l’avenir, les difficultés qu’il a fallu vaincre, la nature des faveurs obtenues, le discernement de celui qui les dispense, et l’intérêt qu’on prend à tout ce qui regarde la personne à qui on écrit. […] Il est des peines et des revers dans lesquels la douce influence de la religion et les consolantes espérances de la foi peuvent seules ranimer nos forces et relever notre courage.
On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route. […] Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté.
Il se croira chargé des intérêts de tout bon ouvrage qui paraît sous la recommandation d’un nom déjà célèbre1 ; à travers les fautes, il suivra curieusement la trace du talent ; et, lorsque le talent n’est encore qu’à demi-développé, il louera l’espérance. […] Un roi plein d’ardeur et d’espérance saisit lui-même ce sceptre qui, depuis Henri le Grand, n’avait été soutenu que par des favoris et des ministres.
Espérance consolatrice ; projets flatteurs, vous ne fûtes pas réalisés ! […] Quand leurs chefs ont déposé leurs armes et se sont rendus à nous, n’était-ce pas dans l’espérance de conserver leur vie ? […] « Le style de l’Écriture, dit La Harpe, est au-dessus de tout autre : les trois grandes vertus du christianisme, la Foi, l’Espérance et la Charité respirent dans les psaumes, comme dans tous les livres émanés de l’Esprit Saint, et c’est là ce qui rendra toujours ce recueil si précieux : car, sans la foi, l’âme est privée de lumières ; sans la charité, le cœur est vide de bonnes œuvres : sans l’espérance, la vie n’a point d’objet, et la mort n’a point de consolation. » À toutes les citations qui ont été faites dans ce chapitre : nous ajouterons le célèbre Cantique de Moïse, que tous les enfants des Israélites devaient apprendre par cœur, Ce beau cantique est plein d’éloquence.
mon père3, son crime à peine est pardonnable ; Mais s’il est insensé, vous êtes raisonnable : La nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s’effacent jamais ; Un père est toujours père, et sur cette assurance J’ose appuyer encore un reste d’espérance. […] Voyez notre espérance, est le contraire de ce qu’elle entend ; car elle entend ; voyez la juste terreur qui nous reste, voyez où vous nous réduisez, vous, d’une si grande naissance, vous qui avez tant de pouvoir ! […] La foi, l’espérance et la charité.
L’espérance, toute trompeuse qu’elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable. […] On donne plus aisément des bornes à sa reconnaissance qu’à ses espérances et qu’à ses désirs. […] Que tout le reste vous aime, mette en vous sa consolation et son espérance, et reçoive de vous le soulagement de ses maux. […] Dieu, qui foudroie toutes nos grandeurs jusqu’à les réduire en poudre, ne nous laisse-t-il aucune espérance ? […] Ô mortels, l’espérance enivre ; mais la possession sans espérance, même chimérique, entraîne le dégoût après elle : au comble des grandeurs du monde, c’est là qu’on en sent le néant385.
Quelles sont belles et magnifiques les espérances qu’elle nous donne, et qui doivent se réaliser dans notre céleste patrie ! […] Mais la raison et la conscience leur crient sans cesse qu’il existe un être, seul éternel, seul indépendant, seul principe de tous les êtres, et dont ils se sentent forcés de reconnoître la nécessité, que Voltaire a si bien exprimée dans ces vers : C’est le sacré lien de la société, Le premier fondement de la sainte équité, Le frein du scélérat, l’espérance du juste.
Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] « Dans ces huit vers, selon La Harpe, les plus beaux du rôle d’Oreste, l’ironie est sublime à force d’être amère ; et c’est cette ironie, déjà établie par les mots grâce aux dieux, qui amène et justifie le mot d’espérance.
c’est son espérance. […] Ce n’est point sur un syllogisme que je fonde mon espérance.
« Notre conduite passée est précisément ce qui doit nous donner, pour l’avenir, les plus grandes espérances ». […] C’est donc avec raison que j’ai le plus profond mépris pour une année composée de vieillards réduits au désespoir, de paysans conduits par l’espérance du pillage, de dissipateurs, de banqueroutiers enfin, à qui, je ne dis pas seulement la lueur de nos armes, mais un simple édit du préteur, ferait prendre la fuite ». […] C’est l’abondance qui combat la détresse ; la raison, l’aveuglement ; la sagesse, la folie ; l’espérance la mieux fondée, le désespoir le plus légitime.
Bienfaisance, réforme, espérance, l’amour du bien, un optimisme brillant et assez aimable, ce sont les caractères qui le distinguent, et le tout se traduit volontiers dans un style élégant, un peu mou et trop adouci. […] Que d’accidents imprévus peuvent nous arrêter au milieu de cette course si limitée, et moissonner dans nos plus beaux ans l’espérance d’une plus longue vie ! […] Je ne vous reproche point de souper tous les soirs avec M. de La Popelinière198, je vous reproche de borner là toutes vos pensées et toutes vos espérances. […] Le poème de Pope adoucit mes maux et me porte à la patience ; le vôtre aigrit mes peines, m’excite au murmure, et, m’ôtant tout, hors une espérance ébranlée, il me réduit au désespoir. […] Vous l’avez vous-même expliqué : vous jouissez, mais j’espère ; et l’espérance embellit tout.
D’une prison sur moi les murs pèsent en vain, J’ai les ailes de l’espérance. […] C’est ainsi que Chénier a voulu peindre sa captive : elle lutte contre la pensée de la mort, et se rattache à la vie par tout ce que l’existence a de douceur et de charmes : le soleil, l’espérance, les fleurs, la verdure, la poésie ; elle ne veut pas mourir encore. […] La prison est une cage, mais elle ne peut arrêter l’âme libre et vagabonde de la prisonnière : elle a les ailes de l’espérance. […] Ce fut au moins une triste et dernière consolation pour les deux amis, que ce rapprochement du dernier voyage ; ils s’entretinrent de leurs travaux, de leurs anciennes espérances.
« Tu n’es plus, s’écrie l’orateur ; tu n’es plus, ô douce espérance du reste de mes jours !