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33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Non, vous n’avez point été vaincus, puisque vous n’avez rien fait encore pour vous défendre ». […] Mais vous figurez-vous le nombre de ceux qui n’en croyaient point mon rapport ; qui faute de lumières, traitaient mes soupçons de chimères ; qui allaient même jusqu’à défendre Catilina ; qui, aussi pervers que lui, s’efforçaient enfin de le favoriser ? […] Ce n’est plus pour nous défendre d’un ennemi éloigné qu’ils daignent agir aujourd’hui, ce sont leurs propres temples, ce sont vos asiles qu’ils honorent d’une protection spéciale et d’un secours assuré. Offrez-leur donc, Romains, vos prières, vos hommages, et conjurez-les de défendre, contre l’audace de quelques citoyens indignes de ce nom, celle ville dont l’éclat égale la puissance, et qui, grâce à leur faveur signalée, ne connaît plus d’ennemis ni sur terre ni sur mer ». […] Est-ce parce que la loi Porcia le défend ?

34. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Vide de légions qui la puissent défendre, Tandis que tout s’occupe à me persécuter, Leurs femmes, leurs enfants, pourront-ils m’arrêter ? […] Non que la peur du coup dont je suis menacée Me fasse rappeler votre bonté passée :    ' Ne craignez rien : mon cœur, de votre honneur jaloux, Ne fera point rougir un père tel que vous ; Et, si je n’avais eu que ma vie à défendre, J’aurais su renfermer un souvenir si tendre ; Mais à mon triste sort, vous le savez, seigneur, Une mère, un amant, attachaient leur bonheur. […] Tant qu’un reste de sang coulera dans mes veines, Vous deviez à mon sort unir tous ses moments ; Je défendrai mes droits fondés sur vos serments. […] J’ai votre fille ensemble et ma gloire à défendre : Pour aller jusqu’au cœur que vous voulez percer, Voilà par quel chemin vos coups doivent passer. […] Votre fils, Seigneur, me défend de poursuivre.

35. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

On est humilié d’être battu, et on l’est moins d’être frappé, parce qu’on n’est pas supposé avoir fait usage de ses forces pour se défendre. […] Cette ville occupée par les troupes du sultan Saladin, est assiégée par Lusignan, roi de Jérusalem, Richard, roi d’Angleterre, et Philippe Auguste, roi de France : on voit dans ce morceau, les Musulmans se défendre avec une énergie redoutable. […] Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] Il envoie des Français défendre la chrétienté contre les Turcs, en Allemagne et dans l’île de Crête ; il est protecteur avant d’être conquérant ; et, lorsque l’ambition l’entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie.

36. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Mais on ne laisse pas pour cela de faire les distinctions qu’il est besoin de faire : on n’enveloppe point dans une fausse conséquence la honte des choses que l’on corrompt avec la malice des corrupteurs ; on sépare toujours le mauvais usage d’avec l’intention de l’art ; et, comme on ne s’avise point de défendre la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes, on ne doit point aussi vouloir interdire la comédie pour avoir été censurée en de certains temps. […] La comédie qu’elle a eu dessein d’attaquer n’est point du tout la comédie que nous voulons défendre : il se faut bien garder de confondre celle-là avec celle-ci. […] Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent ; et lorsque je m’y suis bien divertie, je ne vais point demander si j’ai eu tort et si les règles d’Aristote me défendaient de rire.

37. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Si un volume d’observations ne vous suffit, faites-en encore cinquante ; tant que vous ne m’attaquerez pas avec des raisons plus solides, vous ne me mettrez point en nécessité de me défendre ; de mon côté je verrai, avec mes amis, si ce que votre libelle vous a laissé de réputation vaut la peine que j’achève de la ruiner. […] Soit qu’il m’attaque en soldat, soit qu’il m’attaque en écrivain, il saura que je sais me défendre de bonne grâce. » (Notes de M.

38. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des arguments » pp. 306-

Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.) […] Non ; mais de l’orateur incorruptible, de celui que Mirabeau veut défendre en sa personne.

39. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

La gloire, il est vrai, les défend de quelques faiblesses : mais la gloire les défend-elle de la gloire même ? […] Et dans cet endroit de la Tragédie de Phèdre, où Aricie dit à Thésée : Prenez garde, Seigneur, vos invincibles mains Ont de monstres sans nombre affranchi les humains ; Mais tout n’est pas détruit et vous en laissez vivre Un… votre fils, Seigneur, me défend de poursuivre. […] Il reçoit les adieux des siens et de sa femme, Leur défend de le suivre, et s’avance au trépas Avec le même front qu’il donnait des états.

40. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Or, que tous les hommes presque se sauvent, la foi nous défend de le croire. […] Mais comme les vices que je combats ici dominent également dans ces deux écrivains ; comme je les crois, en général, de fort mauvais modèles à proposer aux jeunes gens, j’ai dû les signaler au commencement d’un ouvrage qui n’a pour but, et ne saurait avoir d’autre mérite, que de défendre les principes éternels du goût et de la raison.

41. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Lorsqu’on imprime qu’un souverain m’a dit : « Je vous conserve votre pension, et je vous défends de paraître devant moi », je réponds que celui qui a avancé cette sottise en a menti impudemment. […] Continuez à défendre votre cause comme je défends la mienne. […] À chaque défaite ils s’approchaient de la victoire ; et perdant au dehors, ils apprenaient à se défendre au dedans. […] Kœnig était mon ami ; j’avais à la fois le plaisir de défendre la liberté des gens de lettres avec la cause d’un ami, et celui de mortifier un ennemi qui était autant l’ennemi de la modestie que le mien. » 1.

42. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

— Il allait plus loin encore : — Si vous avez commis une faute, disait-il, ne cherchez pas un avocat pour vous défendre, attendez votre châtiment, courez même au-devant de l’expiation. Si c’est votre ami qui s’est rendu coupable, ne le défendez pas, livrez-le, dans son intérêt, à la vindicte des lois. […] Un jour, un citoyen vint prier Démosthène de le défendre : il se plaignait d’avoir été battu. — « Vous, battu ! […] L’orateur par excellence est celui qui, ayant une cause à défendre, sait en tirer le plus de preuves et les ordonner le plus savamment. […] L’orateur, plein de son sujet, se passionne pour la cause qu’il défend.

43. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Merci ne les peut défendre, et ne paraît plus devant son vainqueur. […] Le pauvre, en sa cabane où le chaume le couvre                    Est sujet à ses lois ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre,                    N’en défend pas nos Rois. […] Ne verrai-je point l’assassin attaquer un homme à l’improviste, lui mettre le poignard sous la gorge ; celui-ci saisi de frayeur, crier, supplier, s’enfuir, ou faire de vains efforts pour se défendre, et enfin tomber percé de coups ? […] Après cette description vive et touchante, l’orateur invoquant les lois, qui défendaient de condamner au supplice des verges ou de la mort un citoyen de Rome, sans l’ordre du peuple romain, s’écrie pour faire sentir toute l’injustice de cet indigne traitement : « Ô doux nom de la liberté, ô admirable prérogative de notre ville ! […] Vous avez soumis des peuples innombrables, répandus en beaucoup de pays différents, formidables par leur férocité, pourvus abondamment de tout ce qui est nécessaire pour se défendre.

44. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Pour juger, sans passion, il faut principalement se défendre des illusions de l’amitié, et s’élever au-dessus de tout sentiment de haine ou de tout motif d’intérêt. […] Voyez avec quelle sage retenue, avec quelle décence enjouée, avec quelle urbanité La Motte défend son sentiment dans la fameuse querelle de la préférence des anciens sur les modernes, tandis que son adversaire, la savante madame Dacier, s’emporte presque jusqu’à la fureur et à la grossièreté.

45. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

La conférence est un discours sacré où l’orateur présente les preuves de la religion et la défend contre les attaques des hérétiques ou des incrédules. […] Elle fait la paix et la guerre, elle décide du sort des nations, elle défend la patrie et venge l’humanité : voilà certes une grande mission. […] Les faire valoir en toute occasion, les défendre contre ceux qui les attaquent, en poursuivre la réparation avec courage, voilà la sublime mission de l’avocat. […] Cicéron défend de s’emparer de la conversation et de l’exploiter comme son bien propre. […] Nous n’aspirons non plus nous-même qu’à le défendre ; nous ne voulons que le justifier.

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