nous savions tout ce que nous pouvions espérer, et nous ne pensions pas à ce que nous devions craindre. […] Pour accomplir vos volontés, et faire craindre vos jugements, votre puissance renverse ceux que votre puissance avait élevés. […] Voici un échantillon des vers de Fléchier : Apostrophe à Rome Non, Rome, tu n’es plus au siècle des Césars, Où parmi les horreurs de Bellone et de Mars, Tu portais ton orgueil sur la terre et sur l’onde ; Et bravant le destin des puissances du monde, Tu faisais voir en pompe aux peuples étonnés Des souverains captifs et des rois enchaînés… Tout cet éclat passé n’est qu’un éclat frivole, On ne redoute plus l’orgueil du Capitole, Et les peuples instruits, charmés de tes vertus, Adorent ta grandeur, et ne la craignent plus.
Il y a des chats, toujours au guet, malicieux et infidèles, et qui font patte de velours ; il y a des vipères dont la langue est venimeuse… ; il y a des hiboux qui craignent la lumière. […] Sans cesse on prend le masque, et quittant la nature, On craint de se montrer sous sa propre figure… Rarement un esprit ose être ce qu’il est.
Arbitre de leur sort, sans craindre de reproche, Je les tourne, retourne, et règle entr’eux les rangs ; Je les écarte ou les rapproche, Je les hausse, les baisse ainsi que je l’entends. […] La Concession est une figure, par laquelle l’orateur ne craint point d’accorder une chose, qui paraît lui être contraire, mais dont il ne manque pas de tirer avantage. […] Le voici : « Un Prince qui craint Dieu, et qui gouverne sagement ses peuples, n’a plus rien à craindre des hommes. […] Je ne craindrai point qu’on le trouve trop long.
Dès qu’il ouvrit les yeux pour les connaître, il apprit à les craindre ; et la religion vint adoucir dans les mœurs ce que la nature y avait laissé de trop rude. […] Le soir, lorsque les troupeaux quittaient les prairies et que les bœufs fatigués avaient ramené la charrue, ils s’assemblaient, et, dans un repas frugal, ils chantaient les injustices des premiers Troglodites et leurs malheurs, la vertu renaissante avec un nouveau peuple et sa félicité ; ils célébraient la grandeur des dieux, leurs faveurs toujours présentes aux hommes qui les implorent, et leur colère inévitable à ceux qui ne les craignent pas ; ils décrivaient ensuite les délices de la vie champêtre et le bonheur d’une condition toujours parée de l’innocence. […] Non ; nous sommes justes, et nous craignons les dieux.
Oui, je le soutiens, et je ne crains point d’être démenti par l’expérience, un enfant qui n’est pas mal né, et qui a conservé jusqu’à vingt ans son innocence, est, à cet âge, le plus généreux, le meilleur, le plus aimant et le plus aimable de tous les hommes4. […] La mort de Socrate philosophant tranquillement avec ses amis est la plus douce5 qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est la plus horrible qu’on puise craindre. […] Voilà, monsieur, des conseils qui valent tous ceux que vous pourriez venir prendre à Montmorency ; peut-être ne seront-ils3pas de votre goût, et je crains que vous ne preniez pas le parti de les suivre ; mais je suis sûr que vous vous en repentirez un jour.
Sainte-Beuve a dit de lui : « Je le comparerais volontiers à ces arbres dont il faut choisir les fruits : mais craignez de vous asseoir sous leur ombre. » S’il est un démon de grâce et d’esprit1, il a donc peu d’autorité morale. […] Rapprochez ce passage de Fénelon : « Le goût exquis craint le trop en tout, sans en excepter l’esprit même. […] Les poëtes qui ont le plus d’essor, de génie, d’étendue de pensées et de fécondité, sont ceux qui doivent le plus craindre cet écueil de l’excès d’esprit. […] Dans sa lettre du 3 avril 1741, Voltaire écrit à peu près les mêmes choses à Helvétius : « Vous ne savez pas combien cette première épître sera belle, et moi je vous dis que les plus belles de Despréaux seront au-dessous ; mais il faut travailler, il faut savoir sacrifier des vers ; vous n’avez à craindre que votre abondance, vous avez trop de sang, trop de substance ; il faut vous saigner et jeûner. » 1.
Ainsi, quand tu fonds sur mon âme, Enthousiasme, aigle vainqueur, Au bruit de tes ailes de flamme, Je frémis d’une sainte horreur ; Je me débats sous ta puissance, Je fuis, je crains que ta présence N’anéantisse un cœur mortel, Comme un feu que la foudre allume, Qui ne s’éteint plus, et consume Le bûcher, le temple et l’autel. […] Viens, viens, dernier ami que mon pas réjouisse, Ne crains pas que de toi devant Dieu je rougisse ; Lèche mes yeux mouillés, mets ton cœur près du mien, Et, seuls à nous aimer, aimons-nous, pauvre chien ! […] On craint de gâter son plaisir en l’analysant. […] Mon cher petit chien, mon joli Bijou est malade, si malade que je crains qu’il n’en meure.
Il livre, pour sa propre conservation, des combats continuels contre les forces de la nature ; il les craint, mais il les adore. […] Mais un homme possèdera-t-il sans trouble la gloire d’être plus craint que les dieux (on parlait ainsi en ce temps-là) ? […] Moi, craindre ! […] D’un empoisonnement vous craignez la noirceur ? […] Que craindre encor quand on a cessé d’être ?
Si, au contraire, il a noyé sa pensée dans un déluge de paroles, il a énervé son style, et fait tout autre chose qu’amplifier : craignez ce verbiage. […] Le talent de la plaisanterie est très rare ; on doit craindre de tomber dans le bas ou le froid, et surtout d’offenser par un bon mot. […] On pouvait même craindre que les juges ne se crussent bravés par un homme dont le sort était entre leurs mains. […] Il faudrait pour la clarté : Et depuis longtemps Phèdre, fixant l’inconstance de ses vœux, ne craint plus de rivale. […] ô qu’il est doux de plaindre Le sort d’un ennemi, quand il n’est plus à craindre !
Il faut craindre le mien. […] Sans craindre aucune chose, Je prends donc la parole, et je viens à ma cause. […] Elle craint que Joas ne fasse une réponse imprudente, et elle parle pour lui. […] Elle ne craint plus que pour Britannicus.
Je voudrais, en un mot, exciter des regrets tels que ceux qui en seraient témoins ne craignissent ni de les éprouver, ni de les inspirer eux-mêmes. […] Joubert y vit un péril, il craignit ces hors-d’œuvre dans un ouvrage qui devait avant tout persuader en charmant. […] Joubert craint pour son ami les nuages de poussière que soulève l’érudition.
Avance au milieu des tempêtes, et ne crains rien sous ma sauvegarde. […] Que crains-tu ? […] Je n’accuse Boileau que sous toutes réserves : car je crains que cet auteur immortel n’ait voulu donner ici, comme il l’a fait en cent endroits, le précepte et l’exemple. […] 1° Le dernier vers contient une figure grammaticale ; la répétition je crains et crainte ajoute une plus grande élévation à l’intrépidité de l’homme qui ne craint que Dieu. […] Donc je ne dois point craindre les méchants, en sous-entendant cette majeure : celui qui est soumis à la volonté de Dieu ne doit point craindre les méchants.
Cette loi de charité n’est difficile qu’à ceux qui la craignent et qui la voudraient élargir, etc. ». […] Jaloux par piété d’y maintenir le bon ordre, il sut se faire obéir, craindre et aimer. […] Animé de cet esprit, et parlant dans la chaire de la vérité, je ne craindrai point de vous parler de ses malheurs ; je vous ferai remarquer les écueils de sa vie ; je vous avouerai même, si vous voulez, ses égarements ; mais jusques dans ses malheurs vous découvrirez avec moi des trésors de grâces ; jusques dans ses égarements vous reconnaîtrez les dons du ciel, et les vertus dont son âme était ornée. […] Ils y verront (mais plus encore en lisant ce beau discours) que ce grand Orateur a trouvé dans la défection même de ce Prince, une abondante matière pour faire son éloge ; et ils ne pourront s’empêcher de remarquer que le célèbre Bossuet a craint de toucher ce point délicat de son histoire. […] Je ne craindrai pas de dire qu’ils ne sont point inférieurs aux plus beaux chefs-d’œuvre sortis des barreaux d’Athènes et de Rome.