Cette règle souffre néanmoins plusieurs exceptions que l’usage apprendra.
Une fois les preuves trouvées et leur nature reconnue, il faut apprendre à les choisir, à les disposer, à les traiter, en ayant soin de remonter le plus souvent possible aux généralités.
Telle est cette pensée d’Auguste, lorsque, après avoir appris la conspiration de Cinna, et résolu de punir ses ennemis, il fait taire les mouvements de son cœur qui lui conseillaient la vengeance, il s’écrie : Je suis maître de moi, comme de l’univers.
J’apprends, Monsieur le Maréchal, la perte que vous venez de faire (de madame de Villeroi, sa sœur), et ce moment est de ceux où j’ai le plus de regret de n’être pas auprès de vous : car la joie se suffit à elle-même ; mais la tristesse a besoin de s’épancher, et l’amitié est bien plus précieuse dans la peine que dans le plaisir. […] Je suis très persuadée, Monsieur, que vous ne sauriez avoir appris le malheur épouvantable qui m’est arrivé, sans répandre des larmes ; la bonté de votre cœur m’en répond.
Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse ; soit qu’il communique sa puissance aux Princes, soit qu’il la retire à lui-même, et ne leur laisse que leur propre faiblesse ; il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui : car en leur donnant sa puissance, il leur commande d’en user comme il fait lui-même pour le bien du monde ; et il leur fait voir, en la retirant, que toute leur majesté est empruntée, et que pour être assis sur le trône, ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême. […] Des écueils mêmes de sa vie, vous apprendrez à quoi la Providence le destinait, c’est à-dire, à être pour lui-même un vase de miséricorde, et pour les autres un exemple propre à confondre l’impiété ».
Quand, faible et menacée, il fallait qu’au début Elle vainquît sans cesse au prix de son salut, Alors, il était bon qu’une forte puissance Aux insubordonnés2 apprît l’obéissance, Et, pour mieux faire face au péril imminent, Doublât la résistance en la disciplinant3.
Que les jeunes gens, qu’abuse si facilement tout ce qui a l’air de la grandeur ou de la vérité, apprennent et observent de bonne heure, que trois sortes de néologisme défigurent successivement les langues : celui d’abord qui introduit sans nécessité des mots nouveaux : celui qui donne aux mots anciens une acception qu’ils n’avaient pas ; et ici commence la dépravation du jugement et le désordre dans les idées : mais celui de tous qui est le plus dangereux, celui qu’il faut fuir avec le plus de soin, c’est celui, sans doute, qui familiarise insensiblement avec l’habitude de donner tout aux mots, et rien au sentiment ; de se faire un jargon aussi ridicule que barbare, où l’âme et le cœur ne sont et ne peuvent être pour rien, puisqu’il n’offre ni idées, ni sentiments, et que la langue seule en fait les frais.
Ici l’orateur entre dans le détail de ces prétendues difficultés, répond aux objections faites, prévient celles que l’on pourrait faire, et termine le discours de la manière suivante : « Ainsi, Athéniens, persuadés qu’en passant dans un pays étranger vous étendrez votre domination, suivez votre entreprise avec ardeur ; réprimez l’orgueil du Péloponèse ; apprenez à ses peuples qu’ils ne vous intimideront jamais, et que le repos surtout est indigne de vous.
La lecture de nos bons poètes apprendra l’usage qu’on doit en faire, et quelles sont les bornes qu’il ne faut point passer.
Que m’apprenez-vous de rare et de mystérieux ?
Seuls dans leurs doctes vers ils pourront vous apprendre Par quel art sans bassesse un auteur peut descendre ; Chanter Flore210, les champs, Pomone211, les vergers, Au combat de la flûte animer deux Bergers ; Des plaisirs de l’amour vanter la douce amorce, Changer Narcisse212 en fleurs, couvrir Daphné213 d’écorce ; Et par quel art encor l’églogue quelquefois Rend dignes d’un Consul la campagne et les bois. […] Fils des Dieux, qui de flatteries Repaissez votre vanité, Apprenez que la vérité Ne s’entend que dans nos prairies.
La connaissance des figures est très utile à celui qui veut apprendre à bien parler et à bien écrire. […] Les défauts à éviter dans l’arrangement des mots, et que nous avons déjà indiqués en partie, sont : 1° L’hiatus ou bâillement, qui a lieu quand deux voyelles se trouvent vis-à-vis l’une de l’autre, et se tranchent durement, comme dans ces phrases : Il a été un temps ; il alla à Alexandrie, où il s’appliqua à apprendre la peinture ; Baccæ æneæ amœnissimæ impendebant .
En effet, la raison et l’expérience nous apprennent qu’un entretien, pour être intéressant, ne doit avoir lieu qu’entre deux personnages ou entre trois au plus ; encore dans ce dernier cas, s’en trouve-t-il un qui prend généralement peu de part à la conversation. […] Ce sera un magistrat qui, oubliant la décence et la gravité de son état, ne s’occupera que de puérilités ; un homme ruiné qui voudra apprendre aux autres à s’enrichir ; une personne âgée, en qui on retrouve les goûts légers et frivoles de la jeunesse ; un homme d’une condition ordinaire, qui voudra prendre le ton, les manières des grands seigneurs, et qui ne parlera que de rois et de personnages illustres ; un homme, en un mot, qui choquera, par sa manière d’être, la raison, les bienséances ou les usages reçus.