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57. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

quel air de fête on remarque dans cet édifice ! […] Michel-Ange a dit, en voyant la coupole du Panthéon : Je la placerai dans les airs. […] Des courriers traversent les airs, se glissent dans les eaux, franchissent les monts et les vallées. […] Paris, ni toute autre ville, ne pouvait convenir pour cette cérémonie, qui devait s’accomplir en plein air au milieu d’un camp. […] La musique jouait des airs animés dans les passages difficiles et les encourageait à surmonter ces obstacles d’une nature si nouvelle.

58. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Que veut-il, de quel front cet ennemi de Dieu Vient-il infecter l’air qu’on respire en ce lieu ? […]         Du seuil des portes éternelles,         Des légions d’esprits fidèles         À sa voix s’élancent dans l’air. […] Jupiter parle ; tous les Dieux se taisent ; la terre tremble ; un profond silence règne au haut des airs ; les vents retiennent leur haleine ; la mer calme ses flots… Après avoir parlé, le Maître du monde incline sa tête ; et ce signe fait trembler tout l’Olympe . […] Le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit avec un air de vengeance et de fureur de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont emportés dans le cours fatal, l’insulter, en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. » Celui-ci est la description du jugement dernier dans le poème de la Religion par Racine le fils. […] Entouré du tonnerre au milieu des éclairs, Son trône étincelant s’élève dans les airs.

59. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Il parut avec cet air simple et modeste, qui annonce presque toujours le vrai mérite. […] L’air est embrasé, ou respire des flammes. […] Portrait du génie dos tempêtes, front menaçant, air farouche, teint pâle, barbe épaisse, cheveux chargés de gravier, etc., etc. […] Pourquoi vis-je sans terreur le rapide roi des airs, l’aigle frappé de la foudre, tomber à mes pieds ? […] Les airs sont étonnés de cette clarté inattendue la forêt brille et la nuit est étincelante.

60. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

À son approche, le président de l’Académie se leva fort honnêtement et lui montra d’un air triste l’emblème fatal de son exclusion, souriant à cet aspect, le jeune Égyptien comprit aisément ce dont il était question, et ne se déconcerta point. […] L’air devenu serein, il pari tout morfondu Sèche du mieux qu’il peut son corps chargé de pluie. […] Ce palais est enfoui comme un trésor ; mais, à ces dômes bleus, à ces élégants minarets, arrondis sur de larges murs ou élancés dans l’air, à ces longues terrasses qui dominent les bois, à ces flèches légères que le vent balance, à ces croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leurs tapis de mousse et de lierre, et la couleur pâle et mélancolique du ciel n’attestaient un pays pluvieux. […] Équipé de la sorte, au mois de juillet, il attendit dans sa chambre, et non sans impatience, l’arrivée de la compagnie : aussitôt qu’il entendit des voitures dans la cour, il descendit fort lestement, malgré l’étonnante lourdeur de sa parure, et il s’élança sur le perron, afin de donner la main aux dames, ce qu’il fit sérieusement, et de l’air du monde le plus simple et le plus naturel. […] Il fit une circonférence Du pied gauche à l’entour du droit, Et cela d’un air tant adroit, Ce pauvre fugitif de Troie, Que sa mère en pleura de joie.

61. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Va, sublime ignorant, monte aux cieux, pèse l’air ! […] Tout cela contribue à l’élégance, mais n’y suffit pas ; elle exige encore une liberté noble, un air facile et naturel, qui, sans nuire à la correction, déguise l’étude et la gêne. […] mount where science guides ; Go, measure earth, wheigh air, and state che tides ; Instruct the planets in what orbs to run,* Correct old time, and regulate the sun.

62. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Ni les troubles, Zénobie 1, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice : l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient le bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues2 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer, à ceux qui voyagent vers l’Arabie3, de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez de le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] Ce style, trop ferme et trop décisif pour Démophile, n’est pour Basilide ni assez pompeux ni assez exagéré : il a bien d’autres expressions en tête ; il travaille aux inscriptions des arcs et des pyramides qui doivent orner la ville capitale un jour d’entrée ; et, dès qu’il entend dire que les armées sont en présence ou qu’une place est investie, il fait déplier sa robe et la mettre à l’air, afin qu’elle soit toute prête pour la cérémonie de la cathédrale3.

63. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

    A nos yeux attentifs que le spectacle change : Retournons sur la terre, où jusque dans la fange L’insecte nous appelle, et, certain de son prix, Ose nous demander raison de nos mépris2… De l’empire de l’air cet habitant volage, Qui porte à tant de fleurs son inconstant hommage Et leur ravit un suc qui n’était pas pour lui, Chez ses frères rampants qu’il méprise aujourd’hui, Sur la terre autrefois traînant sa vie obscure, Semblait vouloir cacher sa honteuse figure. […] Ici de ses poisons elle infecte les airs ; Là rugit le lion ou rampe la couleuvre : De ce Dieu si puissant voilà donc le chef-d’œuvre ! […] Telle est de l’univers la constante harmonie : De son empire heureux la discorde est bannie ; Tout conspire pour nous, les montagnes, les mers, L’astre brillant du jour, les fiers tyrans des airs.

64. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Et quant à la congnoissance des faictz de nature, ie veulx que tu t’y addonnes curieusement, qu’il n’y ait mer, riviere, ny fontaine dont tu ne congnoisses les poissons : tous les oyseaulx de l’air, tous les arbres, arbustes, et frutices des foretz, toutes les herbes de la terre, tous les melaulx cachez au ventre des abysmes, les pierreries de tout orient et midy, rien ne te soit incogneu. […] Nisard dans un chapitre dont il faut beaucoup rabattre, mais dont le fond est juste et vrai, ne créa pas les talents, mais il leur ouvrit la carrière et il les régla283. » Il offrait dans toute sa personne, dans son air, dans son langage, cette image de justesse, de mesure, de goût, de noblesse, de grandeur et d’unité, que reproduit la littérature de son temps.

65. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Nous ne nous ôtons ni le grand air, ni la vue des objets qui nous environnent, ni la commodité de les contempler à notre gré quand il nous plaît. […] L’autre, les bras en l’air et les doigts écartés, semble concevoir les premières idées de la mort. […] Cet air altier et noble… Le comte. […] Celles-ci volaient en tourbillonnant, à la manière des papillons ; celles-là s’élevaient en l’air, en se dirigeant contre le vent. […] Ils doivent donc voir les fluides monter au lieu de descendre ; se mettre en rond au lieu de se mettre de niveau, et s’élever en l’air au lieu de tomber.

66. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Principaux homonymes. » pp. 63-65

Air, n. m. […] Hâle, n. m. action du soleil, de l’air chaud.

67. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Tu vois, dans l’air, ces hirondelles Filer et se perdre à tes yeux : À la mort, notre âme comme elles S’enfuit dans les hauteurs des cieux ; Elle va se mêler aux anges Qui la traitent comme une sœur, Et chante avec eux les louanges Du bon Dieu, notre créateur. […] L’animal étonné, qu’un poids nouveau tourmente, Bat son poitrail en feu de sa bouche écumante, Élargit ses naseaux, et redouble, heurtés, Ses bonds tumultueux au vertige empruntés ; Son œil indépendant brille en topaze bleue ; En panache de guerre il agite sa queue ; Par ses hennissements il réclame, irrité, Loin des jeux du Djérid, l’air de la liberté ; S’allonge, s’accourcit, se penche, se dérobe ; Ses veines en réseau se gonflent sous sa robe ; Il cache sous ses crins, attristés de l’affront, L’étoile de sa race empreinte sur son front ; Saute comme un bélier, tourne comme un orage, Sans pouvoir loin de lui secouer l’esclavage. […] Qu’il est grand, là surtout, quand, puissance brisée, Des porte-clefs anglais misérable risée, Au sacre du malheur il retrempe ses droits ; Tient au bruit de ses pas deux mondes en haleine, Et mourant de l’exil, gêné dans Sainte-Hélène, Manque d’air dans la cage où l’exposent les rois ! […] De quel front cet ennemi de Dieu Vient-il infecter l’air qu’on respire en ce lieu ? […] C’est une prosopopée que ce beau tableau de Racine : La terre s’en émeut, l’air en est infecté ; Le flot qui l’apporta recule épouvanté.

68. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

La neige, les frimas qu’un froid piquant resserre, En vain sifflent dans l’air, en vain battent la terre. […] Ainsi, on prend Jupiter pour l’air, Neptune pour la mer, Cupidon pour l’amour. […] Écoutez Boileau : D’un air plus grand encor, la poésie épique, Dans le vaste récit d’une longue action, Se soutient par la fable et vit de fiction. […] Écho n’est plus un son qui dans l’air retentisse : C’est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse. […] Son front cicatrisé rend son air furieux, Et l’ardeur du combat étincelle en ses yeux140, etc.

69. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Phédon ou le pauvre Phédon2 a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre : il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a, avec de l’esprit, l’air d’un stupide ; il oublie de dire ce qu’il sait ou de parler d’événements qui lui sont connus, et, s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal ; il croit peser à ceux à qui il parle ; il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire ; il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis, il court, il vole pour leur rendre de petits services ; il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide ; il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre3 ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] Lui seul ignore combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et, incapable de savoir jusqu’où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre, et qui ne porte envie à personne. […] Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 4, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues5 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous, et les princes vos enfants.

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