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21. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Les prés y sont toujours verts, l’ombre toujours fraîche, l’air toujours pur ; un éternel printemps y règne ; il faut donc que les acteurs et les actes aient un caractère de la plus riante douceur. […] Elle doit avoir un air de négligence et de liberté ; c’est ce qui la caractérise. […] On y distingue deux parties, les récitatifs et les airs, dont la versification est déterminée par les convenances du musicien. […] Un air, au contraire, est un chant mesuré et assujetti à certains retours symétriques. […] Ordinairement, les récitatifs et les airs se succèdent alternativement, quoiqu’on puisse mettre, si on le veut, deux ou trois airs de suite.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Il a été, sous une forme enchanteresse, le plus éloquent interprète de cette mélancolie philosophique et religieuse qui flottait dans l’air, au lendemain des révolutions et des catastrophes publiques : il exprima le malaise des âmes, l’inquiétude de l’infini. […] » Je dis ; et tout le soir, attristant ces déserts, Sa cloche en gémissant le pleura dans les airs, Et, mêlant à ses glas des aboiements funèbres, Son chien, qui l’appelait, hurla dans les ténèbres. […] Jamais aucune main sur la corde sonore Ne guida dans ses jeux ma main novice encore ; L’homme n’enseigne pas ce qu’inspire le ciel ; Le ruisseau n’apprend pas à couler dans sa pente, L’aigle à fendre les airs d’une aile indépendante,   L’abeille à composer son miel. […] De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s’éloigner pour se mêler aux sociétés bruyantes du voisinage ; il ne doit que dans quelques occasions solennelles tremper ses lèvres avec les heureux du siècle dans la coupe d’une hospitalité somptueuse ; le reste de sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans les études sérieuses, parmi les livres, société morte du solitaire ; le soir, quand le marguillier a pris les clefs de l’église, quand l’Angelus a tinté dans le clocher du hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit sous les pommiers de son verger, soit dans les sentiers élevés de la montagne, respirer l’air suave et religieux des champs et le repos acheté du jour, tantôt s’arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l’horizon de la vallée, et redescendre à pas lents dans la simple et délicieuse contemplation de la nature et de son auteur. […] C’est le même air, le même motif, accommodé à deux lyres bien différentes.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Un air simple et naturel toujours, naïf assez souvent, mais assaisonné d’esprit, charmait, avec cette aisance qui était en elle, jusqu’à la communiquer à tout ce qui l’approchait. […] Elle alliait, dans ses rapports avec Mme de Maintenon, la convenance et un air de timidité respectueuse. […] Un air faux.

24. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Sur le bord de la mer, avant les premières lueurs de l’aurore, l’air est plus pur et plus frais : là, plus que partout ailleurs, il porte une nouvelle vie dans les sens, et régénère toutes les facultés de l’âme. […] Un air mortel et empesté succéda à la douce température de cet agréable climat. […] Du salpêtre en fureur l’air s’échauffe et s’allume, Et des coups redoublés tout le rivage fume. […] On voyait au milieu des airs Éoleb empressé, inquiet et ardent. […] L’air n’est plus obscurci par des brouillards épais.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

En purifiant l’air et attendrissant les cœurs, il contribua aussi, malgré ses défauts, à provoquer une renaissance poétique. […] Il est vrai qu’à cette heure du repos des campagnes, l’air ne retentit plus de chants bucoliques, les bergers n’y sont plus ; mais on voit encore les grandes victimes du Clytumne, des bœufs blancs ou des troupeaux de cavales demi-sauvages, qui descendent au bord du Tibre et viennent s’abreuver dans ses eaux. […] Suspendus sur le cours des ondes, groupés sur les rochers et sur les montagnes, dispersés dans les vallées, des arbres de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les parfums, se mêlent, croissent ensemble, montent dans les airs à des hauteurs qui fatiguent les regards. […] Balancé mollement, aux brises matinales, Le psalmiste, élançant sa flèche dans les airs, Seul partage avec lui l’empire des déserts. Le colibri doré sur les fleurs étincelle ; La colombe gémit ; tout s’unit, tout s’appelle, Dans les bois, dans les prés, dans les airs, sur les eaux.

26. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Il est des écrivains qui se figurent que l’univers entier s’occupe de ce qui les occupe, qui prennent un air rogue pour débiter des vétilles, qui s’appesantissent sur de minutieux détails historiques ou philologiques, à peine dignes d’être effleurés, qui moutent en chaire et prêchent, quand il faudrait causer. […] Ni les sables brûlants, ni les déserts, ni les montagnes, ni la distance des lieux, ni les tempêtes, ni les écueils de tant de mers, ni l’intempérie de l’air, ni le milieu fatal de la ligne où l’on découvre un ciel nouveau, ni les flottes ennemies, ni les côtes barbares ne peuvent arrêter ceux que Dieu envoie. […] Dieu seul est toujours le même, et ses années ne finissent point ; le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit avec un air de vengeance et de fureur de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. » Massillon a présenté deux fois la même idée à peu près dans les mêmes termes, dans un des sermons du Grand Carême, et dans le Discours prononcé une bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat. […] L’air était calme, et du dieu de la guerre Elle étouffait les foudres assoupis. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ? 

27. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Il ne s’empresse pas à acquérir l’estime et l’amitié des uns et des autres ; il choisit ceux qu’il veut connaître et qu’il veut aimer ; et pour peu qu’il trouve de bonne volonté, il s’aide après cela de sa douceur naturelle et de certains airs de discrétion qui lui attirent la confiance. […] Certains airs fins et spirituels marquent sur son visage ce qu’il approuve ou ce qu’il condamne, et son silence même est intelligible. […] Ses mœurs étaient aussi pures que sa doctrine, et je ne puis me souvenir de cet air de candeur et de vérité, qui accompagnait ses actions et ses paroles, et qui le rendait si agréable, que je ne regrette le temps que j’ai passé loin de lui. […] Je n’ai pas oublié les bonnes qualités que j’ai remarquées autrefois en cette demoiselle presque dans son enfance2 : un esprit vif, une gaieté modeste, un air plein de discrétion et de prudence, au delà même de son âge, et je ne doute pas qu’elle ne vous fût très-utile pour la conduite de votre maison, et pour le soulagement de madame sa mère ; mais j’ai loué Dieu des bonnes dispositions qu’il lui a inspirées à la fin de sa vie ; elles vous rendront sa mort précieuse, par le souvenir de sa foi, de sa résignation, de son courage.

28. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Aujourd’hui, je n’ai vu autre chose que les ondées courant dans l’air les unes sur les autres par grandes colonnes qu’un vent fou chasse à outrance devant lui. […] Mon Dieu, comment se fait-il que mon repos soit altéré par ce qui se passe dans l’air, et que la paix de mon âme soit ainsi livrée au caprice des vents ? […] Le printemps 3 mai. — Jour réjouissant, plein de soleil, brise tiède, parfums dans l’air ; dans l’âme, félicité. […] Et l’imagination de l’oiseau qui couve sa nitée sous un buisson, bien à couvert, a-t-elle regret aux caprices de sa liberté et aux molles ondulations de son vol dans le haut des airs ?

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Léonard de Vinci regardait tout pour tout dessiner, jusqu’aux salissures des vieilles murailles, où il trouvait des airs de tête, des figures étranges, des confusions de bataille, des habillements capricieux ; lui aussi, le poëte coloriste, a tout regardé pour tout peindre. […] Sur le tombeau d’un petit enfant Nature d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose effleurer, Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer4 ! […] Moi, d’un pas inégal je suivais mes grands frères10, Et les astres sereins s’allumaient dans les cieux, Et les mouches volaient dans l’air silencieux, Et le doux rossignol, chantant dans l’ombre obscure, Enseignait la musique à toute la nature, Tandis qu’enfant jaseur, aux gestes étourdis, Jetant partout mes yeux ingénus et hardis1, D’où jaillissait la joie en vives étincelles, Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles, Horace et les festins, Virgile et les forêts, Tout l’Olympe, Thésée, Hercule, et toi, Cérès, La cruelle Junon, Lerne et l’hydre enflammée, Et le vaste lion de la Roche Némée2. […] Le vol d’un insecte qui traverse les airs suffit pour me persuader ; et souvent l’aspect de la campagne, le parfum des airs, et je ne sais quel charme répandu autour de moi, élèvent tellement mes pensées, qu’une preuve invincible de l’immortalité entre avec violence dans mon âme et l’occupe tout entière. »

30. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Mais enfin j’ai tant fait, avec un peu d’adresse, Qu’elle m’a reconduit d’un air fort obligeant ; Et vous aurez, je crois, au plus tôt votre argent. […] Comédie, opéra, bonne chère, cadeaux : Il traîne en tous les lieux la joie et l’abondance ; On voit régner sur lui l’air de magnificence, Tabatières, bijoux ; sa poche est un trésor ; Sous ses heureuses mains le cuivre devient or1 Hector. […] Ses malheurs sur son front sont écrits : Il a tout le visage et l’air d’un premier pris1. […] Si vous vouliez, monsieur, chanter un petit air ; Votre maître à chanter est ici : la musique Peut-être calmerait cette humeur frénétique.

31. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

Dans les airs agités, qui devant lui s’ouvrirent, Les traits de son carquois sur son dos retentirent. […] Autant qu’un homme assis au rivage des mers Voit, d’un roc élevé, d’espace dans les airs, Autant des immortels les coursiers intrépides En franchissent d’un saut. […] Irai-je pour te fuir jusqu’au plus haut des airs ?

32. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Il n’était point de ces fiers perroquets Que l’air du siècle a rendus trop coquets, Et qui, sifflés par des bouches mondaines, N’ignorent rien des vanités humaines. […] Sœur Mélanie, en guimpe toujours fine, Portait l’oiseau : d’abord aux spectacteurs Elle en faisait admirer les couleurs, Les agréments, la douceur enfantine ; Son air heureux ne manquait point les cœurs. […] Quand il avait débité sa science, Serrant le bec et parlant en cadence, Il s’inclinait d’un air sanctifié Et laissait là son monde édifié.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Ses discours ont grand air. […] Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle.

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