Ainsi, dans le quatrain suivant, chaque vers commence par une lettre du mot ange : A…nge qui me protèges, N…e m’abandonne pas ; G…arde-moi de tous pièges, Et suis partout mes pas.
L’amiral de Coligny est en présence des assassins qui vont lui ravir la vie : Compagnons, leur dit-il, achevez votre ouvrage, Et de mon sang glacé souillez ces cheveux blancs, Que le sort des combats respecta quarante ans ; Frappez, ne craignez rien, Coligny vous pardonne ; Ma vie est peu de chose et je vous l’abandonne J’eusse aimé mieux la perdre en combattant pour vous !
Il est comme la vraie grandeur, qui, sûre d’elle-même, s’abandonne sans se compromettre.
Vous vous cachez, seigneur, et semblez soupirer ; Tous vos regards sur moi ne tombent qu’avec peine : Avons-nous sans votre ordre abandonné Mycène ? […] Il abandonne au sort sa fragile innocence. […] Quand il est soutenu par les grandes images qu’il emprunte, son style prend de l’élévation et de la chaleur ; il redevient sec et froid dès qu’elles l’abandonnent. […] Presque tous les auteurs ont une versification abandonnée, remplie d’épithètes parasites, de chevilles redondantes, de rimes maigres et banales. […] La poésie sérieuse est presque complètement abandonnée : « Amoureux de la bagatelle, Nous quittons la lyre immortelle Pour le tambourin d’Érato.
Voici quelques phrases qui pèchent contre cette règle : Dieu ne veut pas la mort de l’impie : il n’abandonne jamais un homme s’il ne l’abandonne le premier. […] Elle consiste à employer des expressions basses, communes, triviales, qu’on supporterait à peine dans les entretiens familiers ou qu’on abandonne au peuple qui fréquente les carrefours. […] Malheur aux jeunes talents qui s’abandonnent aux futilités littéraires de notre époque ! […] Si la verve vous abandonne, si l’enthousiasme se refroidit, ne vous obstinez pas à écrire dans ces moments de stérilité. […] Boileau nous a transmis cette règle : Un auteur, quelquefois trop plein de son objet, Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet.
Là, sur ce théâtre changeant et mobile, où la scène varie à chaque instant ; où, sous les apparences du repos, règne le mouvement le plus rapide : dans cette légion d’intrigues cachées, de perfidies ténébreuses, de méchanceté profonde et réfléchie : dans cette région, où l’on respecte, sans estimer ; où l’on applaudit, sans approuver ; où l’on sert, sans aimer ; où l’on nuit, sans haïr ; où l’on s’offre par vanité ; où l’on se promet par politique ; où l’on se donne par intérêt : où l’on s’engage sans sincérité ; où l’on se retire, où l’on s’abandonne sans bienséance et sans pudeur : dans ce labyrinthe de détours tortueux, où la prudence marche au hasard ; où la route de la prospérité mène si souvent à la disgrâce ; où les qualités nécessaires pour avancer, sont souvent un obstacle qui empêche de parvenir ; où vous n’évitez le mépris, que pour tomber dans la haine ; où le mérite modeste est oublié, parce qu’il ne s’annonce pas ; où le mérite qui se produit, est écarté, opprimé, parce qu’on le redoute ; où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux : là, dès les premiers pas que l’abbé de Fleuri fait dans ces sentiers embarrassés, on croirait qu’il les a parcourus mille fois… Il apporte à la cour les talents qu’on vient y chercher ; il n’y prend aucun des vices qu’elle a coutume de donner… Les sociétés du goût le plus fin, le plus délicat et le plus difficile, le reçoivent, l’appellent et l’invitent… Il se concilie tous les esprits ; il obtient tous les suffrages ». […] Je parle d’une hardiesse sage et réglée ; qui s’anime à la vue des ennemis ; qui dans le péril même pourvoit à tout et prend tous ses avantages, mais qui se mesure avec ses forces ; qui entreprend les choses difficiles, et ne tente pas les impossibles ; qui n’abandonne rien au hasard de ce qui peut être conduit par la vertu ; capable enfin de tout oser, quand le conseil est inutile, et prête à mourir dans la victoire, ou à survivre à son malheur, en accomplissant ses devoirs ». […] Nos troupes semblent rebutées autant par la résistance des ennemis, que par l’effroyable disposition des lieux ; et le Prince se vit quelque temps comme abandonné. Mais, comme un autre Machabée 18 , son bras ne l’abandonna pas, et son courage, irrité par tant de périls, vint à son secours.
Il lui est permis de se jeter dans des écarts, de s’abandonner à l’essor de son génie, de négliger l’ordre jusqu’à un certain point ; mais ce n’est que dans les détails, dans les petites parties de son poëme. […] Il falloit, en fuyant, ne pas abandonner Le fer, qui dans ses mains sert à te condamner ; Ou plutôt il falloit, comblant ta perfidie, Lui ravir tout d’un coup la parole et la vie. […] Ariste dit qu’il veut s’abandonner à la foi de celle qu’il aura épousée, et qu’il prétend vivre toujours comme il a vécu. […] Sganarelle lui rend compte de sa commission, et lui dit qu’il a lieu de croire que son amant abandonnera ses vues. […] Venge un malheureux pere : J’abandonne ce traître à toute ta colère.
Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits.
Et moi, je vais chercher, pour y passer la nuit, Cette guérite abandonnée.
Ce prince abandonna encore une fois la Pologne à ses ennemis ; il se retira en Saxe, et fit réparer avec précipitation les fortifications de Dresde, craignant déjà, non sans raison, pour la capitale de ses Etats héréditaires.
Sur la fin de sa vie, retiré dans sa ville natale3, il abandonna presque entièrement les lettres.
Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment2 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir.
Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï, et bien souvent abandonné ?