Pour ne parler que des femmes, voyez ces femmes toutes viriles de Corneille, que Balzac appelait d’ adorables furies, et dans Racine, ces la Vallière égarées à la cour du roi de Pont et des empereurs de Rome ; parcourez ensuite les femmes idéales et vaporeuses du drame allemand ou anglais ; passez aux romanciers, depuis Richardson, peintre si souvent fidèle, et qu’en dépit de la fastidieuse minutie de ses détails d’intérieur, on a eu tort de condamner à un complet oubli, jusqu’aux belles et chastes figures de Walter Scott, jusqu’aux portraits si chaudement et si spirituellement faux de la plupart des romanciers français de notre âge. […] Racine, qui a si admirablement, j’ai presque dit si audacieusement, conservé la couleur locale dans l’Athalie, par exemple, parce que la pensée et le langage bibliques étaient familiers à son parterre, n’a pas osé agir de même avec l’antiquité grecque.
Racine veut une idée qui justifie à la fois les compliments et les reproches adressés à Pyrrhus ; il trouve l’exemple d’Achille : — Oui, comme ses exploits… Mais, ce qu’il n’eût pas fait… Bossuet en veut une qui rapproche la bataille de Roeroy de celle de Lens ; il trouve l’Espagne vaincue à Lens comme à Rocroy : — Elle ne savait pas… Il aurait pu prendre également la France victorieuse dans les deux journées, etc. L’antithèse est la forme la plus ordinaire de ces transitions ; continuez de feuilleter l’oraison funèbre de Condé : — Pendant que le prince se soutenait si hautement avec l’archiduc, il rendait au roi d’Angleterre tous les honneurs qui lui étaient dus… Nous avons parlé des qualités de l’âme, venons maintenant aux qualités de l’esprit… Si les autres conquérants ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, il n’en sera pas ainsi de notre grand prince, en effet,… etc. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion.
Racine, Andromaque. […] Racine, Andromaque.
Sophocle, Euripide, à leur tour, vont revivre sous les noms de Racine, de Crébillon ; Aristophane, sous le nom de Molière. […] La peinture que Racine (Esther, Act. […] Racine de même : Sa croupe se recourbe en replis tortueux. […] Racine, dans le passage suivant, peint, à grands traits, l’irrésolution de Phèdre. […] Racine, Andr.
La pensée qui termine les vers suivants de Racine, dans l’Idylle sur la paix, est pleine de délicatesse : Qu’il règne ce héros, qu’il triomphe toujours ; Qu’avec lui soit toujours la paix ou la victoire ; Que le cours de ses ans dure autant que le cours De la Seine et de la Loire. […] Racine. […] La Fontaine et Racine sont des modèles en ce genre ; leur style est riche et n’est point chargé : c’est l’abondance du génie, que le goût ménage et dirige. […] Perse, Tacite, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, se font remarquer par la concision ; Démosthènes, Virgile, Bossuet, Racine, sont précis ; Ovide et Voltaire sont souvent diffus.
Son éloge de Racine essuya également de nombreuses critiques, et ces critiques étaient fondées. Ce qui choqua le plus, ce fut d’y trouver moins l’intention d’élever Racine, qui d’ailleurs n’avait pas besoin d’éloge, que le projet bien formel de déprécier le grand Corneille, et d’accréditer les nouvelles hérésies littéraires qui commençaient à se répandre au sujet du père de notre tragédie.
« Celle qui se fait avec le moins d’embarras. » (Racine.
Ainsi ils sont contraints de revenir à ces mêmes familles où ces sortes d’événements se sont passés. » (Trad. de Racine.
Ce qui me distingue de Pradon, disait Racine, c’est que je sais écrire.
La savante netteté de Racine dans Bajazet et dans Iphigénie, le grandiose d’Eschyle dans le Prométhée et les Euménides, ou de Voltaire dans Brutus, le saisissant de Shakspeare dans Hamlet et Macbeth, de Molière dans Tartufe et le Misanthrope : voilà les sommités de l’exposition dramatique44. […] Sans perdre le temps à les feuilleter, que le professeur relise à ses élèves les discours de Petit-Jean et de l’Intimé dans cette charmante parodie que Racine a intitulée les Plaideurs.
Racine. — Les Plaideurs. […] mais leur goût n’est pas très sûr, elles rongeront Racine aussi bien que Pradon.
Patru, par exemple, était consulté par Vaugelas comme l’oracle de la langue française : Racine et Boileau s’empressaient de lui lire leurs ouvrages, et son jugement déterminait le leur.
Racine convient qu’il a emprunté d’Euripide les plus beaux traits dont il a orné sa tragédie de Phèdre, et qu’il doit au même poète un bon nombre des endroits qui ont été le plus approuvé s dans son Iphigénie en Aulide. […] Racine, en donnant un tour différent à cette pensée, l’a revêtue de cette belle image. […] Racine, dans sa tragédie de Britannicus, fait dire à Junie, qui parle à Néron : Tout ce que vous voyez, conspire à vos désirs : Vos jours, toujours sereins, coulent dans les plaisirs ; L’empire en est pour vous l’inépuisable source : Ou si quelque chagrin en interrompt la course, Tout l’univers soigneux de les entretenir, S’empresse à l’effacer de votre souvenir. […] C’est encore notre Racine qui imite Euripide. […] Cette même Phèdre s’exprime ainsi dans Racine : Je sais mes perfidies, Œnone, et ne suis point de ces femmes hardies Qui goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont su se faire un front qui ne rougit jamais.