Maillet-Lacoste, vrai métromane en prose, et l’homme du monde le plus capable de bien écrire, si, ne voulant pas écrire trop bien, il pouvait quelquefois s’occuper d’autre chose que de ce qu’il écrit ; M. […] J’y vole autant que je le puis, c’est-à-dire que je lui réponds, moi qui ne réponds jamais, et que je vous écris, moi qui n’écris à personne, pas même à vous ni à madame la duchesse de Lévis. […] Aucune des lettres que vous m’avez écrites ne m’a autant affligé que la dernière. […] Cette lettre où il y a tant d’esprit et tant d’âme honore également le haut fonctionnaire qui l’a écrite, et l’humble régent qui a mérité de l’inspirer. […] N’ayant pu le faire connaître ici que par échappée, nous conseillons de lire l’avant-propos écrit avec une simplicité touchante par son parent M. de Raynal.
Vous sortez de prison, je vous vais voir plusieurs fois, je vous dis adieu quand je partis pour la Bretagne ; je vous ai écrit, depuis que vous êtes chez vous, d’un style assez libre et sans rancune ; et enfin je vous écris encore, quand madame d’Époisses me dit que vous vous êtes cassé la tête1. […] Je verbaliserai toujours ; au lieu d’écrire en deux mots, comme je vous l’avois promis, j’écrirai en deux mille ; et enfin j’en ferai tant, par des lettres d’une longueur cruelle et d’un ennui mortel, que je vous obligerai, malgré vous, à me demander pardon, c’est-à-dire à me demander la vie. […] Si l’on pouvoit écrire tous les jours, je m’en accommoderois fort bien ; je trouve même quelquefois le moyen de le faire, quoique mes lettres ne partent pas ; mais le plaisir d’écrire est uniquement pour vous ; car à tout le reste du monde on voudroit avoir écrit, et c’est parce qu’on le doit. […] Il était surtout attaché à la maison de madame de Sévigné, qui lui fit quelquefois l’honneur de lui céder la plume lorsqu’elle écrivait à son cousin. […] Madame de Sévigné lui écrit dix jours après la mort de Louvois.
Ces qualités d’obligation, sans lesquelles on n’écrit rien de durable en France, sont comme autant de priviléges pour le lecteur ; pour l’écrivain, ce sont des charges et des devoirs. […] De là, chez presque tous ceux qui ont du goût, une grande répugnance à écrire. […] La réunion de ces diverses conditions, une certaine facilité apparente qui cache au lecteur jusqu’à la trace des efforts qu’elle a coûtés, voilà ce qui constitue un bon écrit, ou plutôt une chose écrite en français ; car je ne donne pas ici le secret du génie. […] Quand on écrit avec facilité, on croit toujours avoir plus de talent qu’on n’en a. Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise .
Mais quand même on ne sentirait pas cet entraînement qui porte à écrire, ce n’est pas une raison pour abandonner la composition : bien des personnes attendraient en vain l’inspiration du ciel ; elle n’est accordée qu’à un petit nombre d’élus. […] C’est pourquoi ce premier travail de la composition ne suffit pas ; celui qui s’en contenterait prouverait qu’il a l’esprit léger et présomptueux, et en même temps qu’il s’inquiète peu de se perfectionner dans l’art d’écrire. […] Buffon, à l’âge de soixante ans, disait qu’il apprenait encore tous les jours à écrire. Les jeunes gens qui se contentent de jeter leurs idées sur le papier, sans réflexion, sans ordre, qui ne relisent pas avec un soin scrupuleux leurs compositions, peuvent être assurés que leurs progrès seront nuls, et qu’ils écriront toujours mal. […] Pour arriver à bien écrire, il faut observer certaines règles, sans lesquelles la composition serait un exercice peu profitable ; les principales sont : 1° l’unité, 2° l’ordre, 3° la convenance.
Adieu, écrivez-moi plus souvent, et sur un ton moins lugubre. […] Où prenez-vous que je vous aie écrit une lettre mélancolique3 ? […] Parlez-moi et écrivez-moi sans tour, sans cérémonie, sans insinuation, et surtout, je vous en prie, sans respect. […] On peut rapprocher de cette lettre, qui est de 1676, celle que Mme de Maintenon écrivit sur la mort de son frère au duc de Noailles, le 9 juin 1703 : on y voit « qu’il ne lui avait donné, en toute sa vie, d’autre joie que celle d’être mort saintement ». […] Mme de La Maisonfort, à qui est écrite cette lettre (1691 ou 1692), venait d’embrasser, non toutefois sans quelque hésitation, la vie religieuse.
Tous lui conviennent, parce que son style s’élève ou s’abaisse, selon la matière ou selon l’état de la personne qui écrit ou à qui on écrit. […] Le poète doit, dès les premiers vers, exposer en peu de mots la situation et les motifs qui le font parler ou écrire. […] Mais, dans ce sens, il convient d’écrire satyre par un y, et de faire ce mot du masculin. […] La muse raconte et le poète écrit ; au lieu que, dans l’ode, son inspiration est prophétique. […] Il suit de là que le poète l’écrira en grands vers ou en vers libres.
L’autre bout du style était aplati, et servait à effacer l’écriture tracée avec la pointe, quand on voulait corriger ou supprimer ce qu’on avait écrit. […] L’art d’écrire ou le style est d’une très grande importance pour l’écrivain. Sans doute, pour bien écrire, il est indispensable de bien penser : scribendi recte, sapere est et principium et fons ; sans doute, une forme vide, tant gracieuse qu’elle soit, ne peut tenir lieu de l’idée absente ; et des mots harmonieusement disposés et des phrases bien faites ne peuvent suffire à captiver l’esprit de l’homme ; l’art étant l’expression de la beauté, il faut sans doute que la beauté se trouve tout d’abord dans la chose exprimée, et la forme ne doit être qu’une enveloppe transparente qui laisse passer les splendeurs de la réalité qu’elle met en rapport avec nous ; mais il faut que cette forme soit belle aussi, et qu’elle ne masque point par ses propres taches les beautés qu’elle recouvre. […] Ce qui me distingue de Pradon, disait Racine, c’est que je sais écrire. […] La première comprendra les règles générales du style ; la seconde, les moyens de se former le style ou de s’initier à l’art d’écrire.
La rhétorique est donc le recueil des règles qui enseignent à bien parler et à bien écrire. […] La première partie de cet ouvrage a été consacrée à poser les règles de l’art de parler et d’écrire ; seulement, au lieu de restreindre ces principes, comme on le fait trop souvent, à l’éloquence et à la manière de composer des discours, nous les avons étendus à tous les genres de composition ; ce qui nous reste à faire ici, c’est d’étudier l’éloquence dans ses différentes applications. […] L’écueil de l’improvisation, c’est de manquer parfois de clarté, de méthode ; c’est d’être lâche, diffuse, négligée ; mais elle a sur un discours écrit l’avantage d’être plus vraie, plus émue, de mieux se mettre en communication avec le sujet et l’auditoire30. […] L’éloquence judiciaire comprend plusieurs sortes de discours, dont les uns sont parlés et les autres seulement écrits ; ce sont ; 1° Les plaidoyers, discours d’un avocat pour défendre un client ; 2° les réquisitoires, discours d’un magistrat public, dans le but de requérir, au nom de la société, le châtiment d’un coupable ; 3° les mémoires, discours écrits pour éclairer les questions judiciaires ; 4° les rapports, résultats des enquêtes de la justice, où la cause se trouve relatée ; 5° les consultations, sorte de mémoires écrits par un avocat sur une cause pour laquelle on le consulte31. […] L’éloquence ne se trouve pas exclusivement dans les discours parlés ou écrits, comme ceux dont nous venons d’étudier les divers caractères ; elle peut exister dans les ouvrages destinés à convaincre les esprits et à toucher les cœurs.
Il écrit comme il pense, et vise à l’expression directe de son idée. […] L’art d’écrire l’histoire 1 L’observation assidue des hommes et des événements, ou, comme disent les peintres, l’observation de la nature, ne suffit pas : il faut un certain don pour bien écrire l’histoire. […] Je dirai qu’il y a non pas une, mais vingt manières d’écrire l’histoire, qu’on peut l’écrire comme Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, Salluste, César, Tacite, Commines, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon, et qu’elle est ainsi supérieurement écrite, quoique très-diversement. […] « Si j’avais de la sauté, et si je pouvais me flatter de vivre, je voudrais écrire une histoire de France à ma mode. […] Thiers écrivait : « C’est une immense impertinence que de prétendre occuper si longuement les autres de soi, c’est-à-dire de son style.
De l’art d’écrire, de la rhétorique et de l’éloquence. […] — Dans les écrits comme dans les discours, il faut distinguer la rhétorique de l’éloquence. […] — Cette partie de l’art d’écrire a pour objet de découvrir les moyens de persuader. […] Ce précepte des anciens maîtres doit être aussi la première règle de l’art d’écrire. Se faire un jugement sain, un sens droit un esprit loyal, premier devoir de quiconque veut penser et écrire, première condition pour n’écrire et ne dire que ce qu’on pense sérieusement et au fond du cœur.
Avant donc que d’écrire apprenez à penser. […] Lorsque l’obscurité vient de ce que l’on ne comprend pas bien soi-même ce que l’on veut dire ou écrire, elle prend le nom de Galimatias ou Phébus. […] Boileau, le législateur de la langue française, nous recommande dans ses vers d’écrire avec la plus grande pureté : Surtout qu’en vos Écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. […] C’est ainsi que l’on évitera une foule d’expressions fausses qui se rencontrent dans les écrits de ceux qui n’ont pas suffisamment médité leur travail. […] Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.
L’on écrit pour être compris ; et c’est par la clarté que ce but est atteint à la satisfaction du lecteur. […] II se demande si l’auteur a pensé ce qu’il écrit. […] L’écrivain a du suer, pour écrire cette phrase. […] On est correct quand on écrit bien, on est pur quand on écrit très bien. […] Peut-on tracer une méthode sûre pour bien écrire.
Blair, le cardinal Maury et le Traité de l’art d’écrire que M. […] Les phrases et les périodes sont les élémens de toute production de l’esprit ; et il ne peut y avoir d’ouvrage bien écrit qu’à condition que chaque phrase en particulier sera bien faite. […] La preuve qui résulte d’un acte ou d’un écrit est en raison de l’identité ou de la relation de cet acte ou de cet écrit avec le fait ou la convention contestée. […] Mais nous reviendrons sur cette partie importante de l’art d’écrire au livre second de cet ouvrage. […] On doit, selon le conseil d’Horace, étudier l’homme dans les écrits des philosophes1.