Elle s’est fait un idéal de l’esprit humain dans les livres ; elle s’en est fait un du génie particulier de la France, un autre de sa langue3 ; elle met chaque auteur et chaque livre en regard de ce triple idéal4. […] Sous chacun de ces trois premiers genres tout lecteur met des noms célèbres, en faisant une place à part pour celui de l’écrivain supérieur6 qui a élevé la critique à la hauteur de l’histoire, et prouvé que la science littéraire n’est pas la moins relevée des sciences morales. […] C’étaient de belles fêtes pour l’esprit que ces leçons où l’exposition la plus lucide mettait sous nos yeux les quatre systèmes élémentaires nés des premières réflexions de l’homme sur lui-même, sensualisme, idéalisme, scepticisme, mysticisme4 ; où la dialectique la plus pénétrante démêlait le vrai d’avec le faux dans chaque système, et combattait les erreurs de l’un par les vérités de l’autre ; où l’éloquence inspirée du seul intérêt de ces hautes matières nous rendait quelque chose de l’ampleur de Descartes et de l’éclat de Malebranche ; où, charmés et persuadés, nous sentions notre nature morale s’élever et s’améliorer par les mêmes plaisirs d’esprit qui formaient notre goût. […] Certains écrivains sont pleins d’images ; tout reluit, tout brille, tout étincelle ; mettez tout cela au creuset : pour quelques parcelles d’or, que de cendre !
Ainsi, comme nous nous devons à nous-mêmes la première charité, notre premier soin doit être de travailler sur nous-mêmes, et de tâcher de mettre notre esprit en état de supporter sans émotion les opinions des autres qui nous paraissent fausses, afin de ne les combattre jamais que dans le désir de leur être utiles. Or, si nous n’avions que cet unique désir, nous reconnaîtrions sans peine qu’encore que toute erreur soit un mal, il y en a néanmoins beaucoup qu’il ne faut pas s’efforcer de détruire, parce que le remède serait souvent pire que le mal, et que, s’attachant à ces petits maux, on se mettrait hors d’état de remédier à ceux qui sont vraiment importants. […] Nous sommes chargés de travailler sur nous-mêmes et de nous corriger de nos défauts ; et si nous le faisions comme il faut, rien de ce qui viendrait du dehors ne serait capable de nous troubler… Nous ne nous mettons pas en colère, lorsqu’on s’imagine que nous avons la fièvre quand nous sommes assurés de ne pas l’avoir.
Après un séjour de deux années en Italie, où il put étudier les manuscrits antiques, il eut l’honneur d’être choisi par le cardinal de Tournon comme précepteur des fils d’Henri II, et fit paraître en 1559, mais sans y mettre son nom, les Pastorales de Longus, puis les Vies complètes de Plutarque. […] Ronsard lui-même en prit ombrage. « Les beaux dicts des Grecs et Romains, rémémorés par le doux Plutarchus », mirent en oubli les fades romans de chevalerie que lisait encore la cour dissolue des Valois. […] Car ainsi comme les citez qui par guerres ordinaires avec leurs proches voisins, et continuelles expeditions d’armes, ont appris à estre sages, aiment les justes ordonnances, et le bon gouvernement : aussi ceux qui par quelques inimitiez ont esté contraints de vivre sobrement et se garder de mesprendre15 par negligence, et par paresse, et faire toutes choses utilement et à bonne fin, ceux la ne se donnent de garde, que16 la longue accoustumance, petit à petit, sans qu’ils s’en apperçoyvent, leur apporte une habitude de ne pouvoir plus pecher, et embellir leurs meurs d’innocence, pour peu que la raison y mette la main : car ceux qui ont tousjours devant les yeux ceste sentence, Le Roy Priam et ses enfants à Troye Certainement en meneroient grand joye1, cela les divertit et destourne bien des choses dont les ennemis ont accoustumé de se resjouïr et de se mocquer.
Si vous mettez toute votre confiance en Dieu, mes très-chères filles, sans vous appuyer sur vous-mêmes, ni sur aucun talent naturel et sur aucune perfection mondaine, vous deviendrez par votre docilité, par votre humilité et par votre abandon dans la main de Dieu, les vrais instruments de la grâce pour sanctifier les familles séculières et les couvents ; vous formerez d’excellentes vierges pour les cloîtres et de pieuses mères de famille pour le monde. […] On aimera mieux se taire que de parler, travailler que d’être oisive, rendre les parloirs inutiles en ne voyant personne, que mettre sa sûreté dans une grille qui est pourtant de bienséance et de nécessité. […] Je ne suis pas plus grande dame que je n’étais rue des Tournelles, où vous me disiez fort bien mes vérités1 ; et si la faveur où je suis met tout le monde à mes pieds, elle ne doit pas produire cet effet-là sur un homme chargé de ma conscience, et à qui je demande instamment de me conduire dans le chemin qu’il croit le plus sûr pour mon salut.
Là-dessus j’entrerais facilement en composition, pourvu qu’il me fût permis de la parcourir à mon aise ; mais en être venu si près, et n’y pouvoir mettre le pied, n’est-ce pas pour enrager ? […] On peut dire même que ces hommes-là gagnent à mourir, et que leur âme, qu’ils ont mise tout entière dans leurs ouvrages, y paraît plus noble et plus pure, dégagée de ce qu’ils tenaient de l’humanité ; mais vos guerriers1, leurs équipages, leur suite, leurs tambours, leurs trompettes font tout leur être, et, perdant cela, qu’ils vivent ou meurent, les voilà néant2. […] Il s’est mis en cause commune avec Socrate, Pascal, Cicéron, Franklin, Démosthène, saint Paul, saint Basile ; il s’est environné de ces grands hommes, comme d’une glorieuse milice d’apôtres de la liberté de penser, de publier, d’imprimer ; il les montre pamphlétaires comme lui, faisant, chacun de son temps, contre une tyrannie ou contre l’autre, ce qu’il a fait du sien, lançant de petits écrits, attirant, prêchant, enseignant le peuple, malgré les plaisanteries de la cour, le blâme des honnêtes gens, la fureur des hypocrites et les réquisitoires du parquet ; les uns allant en prison comme lui, les autres forcés d’avaler la ciguë ou mourant sous le fer de quelque ignoble soldat.
Lucrèce dit que les chiens de chasse mettaient une forêt en mouvement, c’est-à-dire, les animaux qu’elle renferme. […] et la dose d’encens était raisonnable : mais elle paraît trop faible encore au déclamateur Lucain, qui, non content de mettre son héros (et quel héros !) […] C’est peut-être le charme principal du style figuré, qui nous met en relation avec la nature entière, qui nous intéresse même pour les êtres insensibles, en établissant une communication immédiate entre eux et nous, à la faveur de la sensibilité qu’il leur accorde. […] C’est du contraste que les objets reçoivent leur véritable valeur : la beauté, par exemple, n’est jamais plus sûre de nous charmer, que quand on la met en contraste avec la laideur et la difformité. […] L’on sent combien cette circonstance de mettre son paquet dans le bateau et d’attendre le vent, affaiblit la première idée, et lui fait perdre de dignité.
Pour dire que l’homme vertueux n’a rien à redouter sur la terre, Racine fait ainsi parler Joab : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Les vers qui comptent moins de six syllabes ne s’emploient guère que dans les pièces libres et badines, ou destinées à être mises en musique. […] 3° Pour onze, onzième : Lui onzième arrivant, chacun se mit à table. […] Telles sont les rimes des beaux vers que Boileau met dans la bouche de la Mollesse pour faire l’éloge de Louis XIV : Hélas ! […] En voici un très beau, composé pour être mis au bas d’un portrait de La Fontaine : Dans la fable et le conte, il n’eut point de rivaux, Il peignit la nature et garda ses pinceaux.
L’homme d’Etat exprime énergiquement une réflexion qu’Esther suppliante développera pour attendrir Assuérus : Adorant dans leurs fers le Dieu qui les châtie, Tandis que votre main sur eux appesantie A leurs persécuteurs les livrait sans secours, Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours, De rompre des méchants les trames criminelles, De mettre votre trône à l’abri de ses ailes. […] C’est aussi mettre un écrivain bien haut que de dire de son style : C’est un style vrai. […] Aussi quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. » Et Fénelon disait dans le même sens : « Je veux un homme qui me fasse oublier qu’il est auteur, et qui se mette comme de plain-pied en conversation avec moi.
Les démons du Paradis perdu peuvent rivaliser un instant avec la foudre de Jéhovah ; ce merveilleux plait à l’imagination sans la blesser ; mais si vous mettiez des hommes à la place, il n’y aurait plus de vraisemblance. […] Souvent le poème héroïque n’est que de l’histoire mise en vers, mais ornée de tous les charmes de l’imagination et de tous les prestiges de la poésie. […] Le poème burlesque, mis autrefois à la mode en France par Scarron, est le degré le plus bas et le plus trivial de la poésie ; c’est ordinairement un travestissement de mœurs et de langage, ou la parodie d’un poème sérieux.
L’âme, dans ses douleurs, est patiente et variée, parce qu’elle est immortelle ; tandis que le corps, après souffrir, ne sait que mourir : c’est la seule variété et la seule péripétie qu’il sache mettre dans ses douleurs ; et de là aussi, au théâtre, la stérilité et la monotonie des souffrances matérielles. […] Les caractères étranges et singuliers, qu’il est de mode de mettre sur le théâtre et dans les romans, font le même effet ; ils fatiguent parce qu’ils sont uniformes, parce que leur bizarrerie est comme une sorte de ressort qui tire toujours leur pensée et leurs actions du même côté, et dont le jeu est bien connu. […] Aujourd’hui même que le roman et le théâtre visent, à qui mieux mieux, à l’horrible ; aujourd’hui que le vice a pris des allures fières et hautaines qui déconcertent la vertu, cette manie de mettre le grand dans l’horrible, et le beau dans le mal, n’est pas autre chose qu’une tentative faite par l’homme pour atteindre à cet idéal qu’il cherche toujours, et qu’il place, selon les opinions du temps, tantôt dans le bien, tantôt dans le mal, mais qu’il ne trouve jamais.
S’éloignant à grands pas du village, elle prit un chemin creux qui serpentait dans les vignes, après avoir envoyé devant elle le chien, à qui elle fit un signe qu’il semblait bien connaître ; car aussitôt il se mit à courir en zigzag, passant dans les vignes, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, toujours à cinquante pas de sa maîtresse, et quelquefois s’arrêtant au milieu du chemin pour la regarder en remuant la queue. […] » Et elle se mit à genoux. […] Sans doute une forte éducation classique et d’immenses lectures, auxquelles on ne se résigne guère que lorsqu’on est doué de cette curiosité particulière aux érudits, peuvent mettre aux mains d’un littérateur les premiers matériaux, et, pour ainsi parler, les instruments indispensables à son œuvre ; ce ne sera rien encore tant qu’il n’aura pas compris ou plutôt deviné par une sorte d’intuition la vie antique, si différente de notre vie moderne. »
La description du Temple du goût donne une idée très juste du goût exquis qui doit régner dans un ouvrage : Simple en était la noble architecture : Chaque ornement, à sa place arrêté, Y semblait mis par la nécessité : L’art s’y cachait sous l’air de la nature ; L’œil satisfait embrassait sa structure, Jamais surpris et toujours enchanté. […] Témoins de leur succès, les hommes sensés se mirent à les observer et à les étudier. Ces observations judicieuses, recueillies et mises au jour, formèrent bientôt de nouveaux orateurs, de nouveaux poètes, de nouveaux écrivains qui, joignant les talents naturels à l’étude de ces observations, réussirent mieux que leurs prédécesseurs, et fournirent eux-mêmes une matière abondante à de nouvelles réflexions.
L’homme privé a un intérêt réel à juger sainement des actions de ses semblables ; et c’est par la connoissance des hommes qu’il se met en état de le faire. […] Comparez-la avec celle des sages les plus célèbres de l’antiquité : mettez à côté du Manuel d’Epictète qui est un précis des maximes des Stoïciens, un manuel chrétien, suivant pied-à-pied celui du philosophe (c’est ce qu’a fait le Mourgues, jésuite, dans son excellent Parallèle de la morale chrétienne avec celle des anciens philosophes), et vous verrez bien évidemment la supériorité de nos saintes maximes sur celles de la sagesse humaine. […] Nous ne saurions donc trop nous prémunir contre le venin que renferment les écrits des impies, et nous mettre en état de découvrir toute l’absurdité de leurs principes, toute l’extravagance de leurs opinions, toutes les horribles conséquences de leurs systêmes. […] Parmi la grande quantité de livres qui peuvent nous animer à remplir les devoirs de la religion, il y en a deux sous le même titre d’ Année chrétienne, qu’on doit sans contredit mettre au nombre des meilleurs.
Et comme tes exploits étonnant les lecteurs, Seront à peine crus sur la foi des auteurs, Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour pour les rendre croyables : ; Boileau, qui, dans ses vers pleins de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâm er son étude et sa gloire À pourtant de ce roi parlé comme l’histoire. […] L’une des plus remarquables est celle que Corneille met dans la bouche de Camille : elle fait frémir d’horreur : Qu’elle-même (Rome) sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles. […] Ménalque descend son escalier, ouvre la porte pour sortir ; il la referme ; il s’aperçoit qu’il est en bonnet de nuit ; et venant à mieux s’examiner il se trouve rasé à moitié ; il voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par-dessus ses chausses. […] Et qui m’empêchera de mettre en mon étable, Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
L’apologue est une petite épopée ou l’on peut mettre en action les dieux, les hommes, les animaux et les êtres inanimés. […] Socrate, pour tromper l’ennui de sa prison, entreprit de mettre en vers les fables d’Ésope, et montra le premier qu’on pouvait faire de l’apologue un genre particulier de composition.
Quel fruit revient aux plus rares esprits De tant de soins6 à polir leurs écrits, A rejeter les beautés hors de place, Mettre d’accord la force avec la grâce, Trouver aux mots leur véritable tour Fuir les longueurs, éviter les redites, Bannir enfin tous ces mots parasites1, Qui, malgré vous dans le style glissés, Rentrent toujours, quoique toujours chassés ? […] Un héros Est-on héros pour avoir mis aux chaînes Un peuple ou deux ?
En outre, quelle que soit notre nature, il arrive, par intervalles, que l’action de nos facultés est spontanément provoquée, soit par un sentiment, un intérêt, un souvenir, soit par la présence d’un objet extérieur destiné à mettre en jeu ces facultés. […] Si des génies exceptionnels les ont devinées, ce n’est pas un motif, pour ceux qui viennent ensuite, de ne pas les étudier, de ne pas mettre à profit, dans leur intérêt, les mérites et même les défauts de leurs prédécesseurs. […] Mais, attendu la diversité des temps et des mœurs, il n’attachera pas à l’improvisation, au débit et au geste, la haute importance qu’y mettait l’antiquité romaine.
Leclerc, exercé par ces méthodes artificielles, saura en profiter dans l’occasion, même à son insu, et les mettre en pratique sans y songer. » Outre les trois topiques dont j’ai parlé dans le chapitre précédent, Cicéron et Quintilien en comptent treize autres que l’on peut réduire aux suivants : Le genre et l’espèce ; Les antécédents et les conséquents ; La cause et l’effet ; Les circonstances ou accessoires ; Les semblables et les contraires. […] « M. le Tellier ne ressemble pas à ces âmes oisives qui n’apportent d’autre préparation à leurs charges que celle de les avoir désirées ; qui mettent leur gloire à les acquérir et non pas à les exercer ; qui s’y jettent sans discernement et s’y maintiennent sans mérite, et qui n’achètent ces titres vains d’occupations et de dignités, que pour satisfaire leur orgueil et pour honorer leur paresse : il se fit connaître au public par l’application à ses devoirs, la connaissance des affaires, l’éloignement de tout intérêt. » A ces exemples connus la littérature contemporaine pourrait en ajouter beaucoup d’autres. […] J’ai cherché à bien m’expliquer au commencement du chapitre précédent : les lieux assurément ne sont pas les idées, et je ne les présente pas comme tels ; mais, s’il m’est permis de revenir, à cause de son exactitude, sur une comparaison tirée d’objets purement matériels, je dirai : Les compartiments d’une boutique ne sont pas non plus les marchandises, et cependant si le marchand est privé de ce secours, si les matériaux de son commerce gisent confusément entassés autour de lui, il perdra un temps précieux avant de mettre la main sur la denrée demandée.
L’écueil de l’improvisation, c’est de manquer parfois de clarté, de méthode ; c’est d’être lâche, diffuse, négligée ; mais elle a sur un discours écrit l’avantage d’être plus vraie, plus émue, de mieux se mettre en communication avec le sujet et l’auditoire30. […] Il peut, il doit même mettre de l’art dans son discours, bien ordonner ses preuves, les développer avec vigueur, argumenter avec l’élan de la conviction ; enfin, dans certains cas où le sentiment n’est pas déplacé, il peut avoir recours aux mouvements pathétiques et faire partager à l’auditoire la passion qui l’anime. […] Celles que les historiens mettent si souvent dans la bouche des généraux n’ont pas toujours été prononcées telles qu’on les lit, mais elles sont au moins vraisemblables.
Le parlement confirma la régence de la reine, mais sans limitation ; tous les exilés furent rappelés ; tous les prisonniers furent mis en liberté, tous les criminels furent justifiés, tous ceux qui avaient perdu des charges rentrèrent ; on donnait tout, on ne refusait rien, et madame de Beauvais, entre autres, eut permission de bâtir dans la place Royale. […] L’on se croyait bien obligé au ministre de ce que toutes les semaines il ne faisait pas mettre quelqu’un en prison, et l’on attribuait à la douceur de son naturel les occasions qu’il n’avait pas de mal faire. […] Ce pluriel, dans un sens où aujourd’hui nous mettrions le singulier, était usité au dix-septième siècle.
Pendant trente années, l’engouement de ses contemporains le mit à côté, et peut-être au-dessus d’Homère ! […] Un lieu voit-il naître des mets ? […] Delille est plus païen que Virgile ; il lui met du vermillon et des mouches.
Qui sait mettre à propos le doigt sur chacun de ces ressorts a toute la science oratoire requise chez les Peaux-Rouges. […] Veut-il les exciter contre Sparte, il leur dit qu’il voit déjà du fond du Péloponèse la guerre qui se lève et qui se met en marche. […] Les uns se lèvent de table à l’instant, chassent les marchands qui encombrent la place publique et mettent le feu à leurs baraques. […] Il faut les leur rendre sensibles, les habiller de chair, pour ainsi dire, et les mettre en mouvement sous leurs yeux. […] Vous leur portez un coup, ils mettent la main sur leur blessure ; un second coup, même mouvement.
La Prononciation sera claire et distincte si l’on fait entendre distinctement toutes les syllabes de chaque mot ; si on les prononce suivant leur véritable quantité sans cependant y mettre aucune affectation ; si l’on a soin que les finales des mots ne soient pas perdues pour les auditeurs, sans toutefois appuyer sur les voyelles ou les consonnes qui doivent rester muettes. […] Les sons de la voix répondent, comme les cordes d’un instrument, à la passion qui les touche et les met en mouvement.
Ce serait louer trop faiblement un pareil ouvrage, que de le mettre simplement au-dessus de ce que nous avions de mieux en ce genre : il faut dire franchement que nous ne connaissons point de code aussi complet, en fait de goût et de littérature, et qui soit en général aussi bien exécuté. […] Cette grande et belle idée de s’adresser d’abord au cœur de l’homme, pour convaincre ensuite sa raison, de mettre ses passions même dans les intérêts de la vérité, pour qu’elle triomphe de lui malgré lui, et presqu’à son insu, était une idée aussi nouvelle, aussi heureuse en morale, que féconde en poésie ; et si l’imagination n’eût point entraîné quelquefois M. de Chateaubriand au-delà des justes bornes ; si un goût toujours sage, toujours pur eût présidé constamment à la distribution des richesses que la nature de son plan mettait à sa disposition, il eût mérité, sans doute, que l’on dît de lui : les autres théologiens prouvent la religion, mais M. de Chateaubriand la fait aimer. […] Que, malgré des articles très bien faits de part et d’autre, l’ouvrage ne fut point mis, et n’est pas encore à sa place. […] Quant à ceux, je le répète encore, qui, pour avoir mis en vers secs, décousus et froidement corrects quelques lambeaux d’un dictionnaire de physique ou d’histoire naturelle, prétendent aussi à l’honneur du genre, il est incontestable qu’ils en ont un ; mais il est bien plus sûr encore que ce n’est pas celui de M.
L’on peut voir dans les admirables Institutions de Quintilien, que s’il s’occupe de former avec soin et d’orner l’esprit de son jeune élève, il met bien plus d’attention encore et de sollicitude à ouvrir son âme à toutes les vertus, persuadé avec raison qu’il en fera aisément un orateur habile, quand il en aura fait un citoyen vertueux. […] Aussi me pardonnera-t-on volontiers, je l’espère, d’avoir sacrifié quelquefois au développement de pareilles vérités, les graves niaiseries de la litote et de la catachrèse, et d’avoir mis en exemples, toujours tirés des plus grands maîtres, ce qui ne se trouve ailleurs que sous la forme aride et rebutante des préceptes.
Et il se fit un silence pendant lequel le petit jeune homme s’avise d’improviser un distique latin à la louange de l’Empereur, qui, prenant son parti en habile homme, se mit à dire en souriant : « C’est bon, c’est bon, je t’entends, je t’entends. » Et puis, étendant gravement la main : — « Va, tu seras content de moi. […] Les pastels sont des peintures très-fragiles ; pour que la poussière du rayon ne s’enlève pas, on les met sous verre.
Quel est l’agent qui la met en jeu dans le poète ? […] D’après ce qui précède, il est facile de voir quels sont les sujets les plus poétiques ; ce sont ceux qui sont les plus propres à mettre en jeu l’imagination et la sensibilité, et à produire l’enthousiasme et l’inspiration.
Des sujets qu’il faut mettre sur la scène. […] — Non : s’il est un droit qu’on a toujours eu, qu’on aura toujours, c’est celui de mettre en circulation un mot frappé au coin de l’usage. […] Est-ce la vengeance d’Achille que vous remettez sur la scène : montrez-le-nous ardent, colère, inexorable, impétueux : qu’il se mette résolûment au-dessus des lois, et n’en appelle qu’a son épée. […] vous ferez donc plus sagement de mettre en action quelque épisode de l’Iliade, que d’introduire, le premier, sur la scène une fable étrange et des personnages inconnus. […] Cependant, ne mettez pas sur la scène ce qui ne doit pas avoir le public pour témoin, et dérobez à ses regards certaines catastrophes que lui redira bientôt un récit dramatique.
Rien de plus ordinaire cependant que de le voir négliger aux jeunes gens : l’empressement de produire, l’avidité de jouir ou de faire jouir les autres de ses productions, fait que l’on prend la plume avant d’avoir bien démêlé le fil de ses idées, d’avoir cherché et mis entre elles cette liaison, cette harmonie, sans lesquelles le style le plus chargé d’ornements fatigue, au lieu d’intéresser le lecteur. […] Il se met peu en peine de se faire entendre du premier coup, parce qu’il se propose de revenir sur son idée ; et ce qu’il perd en force, il tâche de le regagner par l’abondance et la variété. […] * Pope corrigea, et mit : Show by what laws the wand’ring planets stray Correct old time, and teach the sun his way.
Il n’y a presque pas une de ces compositions à laquelle un peintre, qui aurait bien employé son temps, n’eût donné les deux années qu’il a mises à les faire toutes. […] Si elle s’était mise à son clavecin, et qu’elle eût préludé ou chanté, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en serait ressenti ; ou, mieux encore, il fallait le laisser seul, et l’abandonner à sa rêverie. […] mon ami, vous m’avez prouvé qu’il y avait en Angleterre des gens d’esprit, et je trouverai peut-être l’occasion, une autrefois, de vous prouver qu’il y a en France des gens de bon sens. » Je vous conte cette histoire à la hâte ; mettez à mon récit toutes les grâces qui y manquent, et puis, quand vous le referez à d’autres, il sera charmant.
On met ce devant les noms qui commencent par une consonne ou une h aspirée : ce village, ce hameau : on met cet devant une voyelle ou une h muette : cet oiseau, cet homme.
rien n’est stable en ce monde, et c’est notre faute si nous n’avons pas appris de nos livres eux-mêmes à mettre au-dessus de tous les biens qui passent, et que le temps va nous emporter, le bien qui ne passe pas, l’immortelle beauté, la source infinie de toute science et de toute sagesse1 ! […] Tant qu’il y aura des hommes sur la terre, ils voudront savoir d’où ils viennent et où ils vont ; ils mettront donc au premier rang la religion et la philosophie.
Ainsi, plus on s’est, en tout sens, éloigné de la nature, plus on a mis d’affectation à avoir sans cesse son nom à la bouche, ce qui est en effet beaucoup plus commun que de la connaître, et plus facile surtout que de l’imiter. […] Que l’on mette ici, à la place de l’écrivain sensible, un de nos enjoliveurs modernes, ou l’un de ces graves et lourds prédicateurs de perfection morale, qui se croient bonnement appelés à convertir le genre humain, dont ils ont, et à qui ils inspirent une égale pitié, et l’on aura des mots harmonieusement cadencés, des vers étincelants d’antithèses et d’esprit, ou des phrases prodiguées sans mesure, et des sentences, des maximes étalées avec prétention. […] Quelle tendre chaleur met la sensible Ruth, dans les instances qu’elle fait à sa mère pour obtenir d’elle la permission de ne la point quitter ! […] Gérard, qui désira, en mourant, qu’elle fût mise au concours, et destinait aux pauvres les fruits de sa victoire, dans le cas où l’académie aurait couronné son ouvrage.
Son effrayante clairvoyance fait tomber tous les masques, perce de ses regards toutes les physionomies, met l’homme à découvert. […] C’est-à-dire tenait les paris, couvrait les mises 6.
Quelle sorte d’utilité pourrait-on jamais tirer d’une classification où l’on met ensemble les architectes, les poètes et les musiciens, comme le fait l’Encyclopédie ? […] Lamotte, homme de beaucoup d’esprit, mais qui n’avait pas le sentiment des arts, fut le premier qui mit au rang des épopées ce beau roman politique, apparemment pour se ménager à lui-même le droit singulier de faire des tragédies et des odes en prose1. » Enfin, Dussault, critique célèbre de l’époque impériale, a dit avec autant d’élégance que de justesse : « La versification est tellement essentielle à la poésie, qu’on ne peut raisonnablement regarder comme des poètes ceux qui ont secoué ce joug.
L’imagination du peintre invente d’abord les principaux traits du tableau ; son jugement met ensuite chaque partie à sa place ; mais le coloris lui est nécessaire pour animer tout l’ouvrage, donner aux objets de l’éclat, et rendre l’expression parfaite. […] Ils me regardent tous et se mettent à rire ! […] Celui qui met un frein à la fureur des flots Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] La métonymie (changement de nom) est une figure par laquelle on met le nom d’une chose pour celui d’une autre. […] La synecdoque (compréhension) étend ou restreint la signification des mots ; elle met le plus pour le moins, ou le moins pour le plus.
On met au nombre des premiers sa descente aux Enfers, où il pénétra deux fois. […] Excellent orateur, on l’appelait l’Olympien, parce qu’il mettait toute la Grèce en mouvement par la force et la vivacité de son éloquence foudroyante. […] Porcius Caton, vers l’an de Rome 554, environ 200 ans avant Jésus-Christ, défendait d’enchaîner, de lier, de garrotter, de frapper ou de mettre à mort un citoyen romain : elle permettait seulement de condamner à l’exil un citoyen convaincu d’un crime capital. […] -C., et mis au nombre des sept sages de la Grèce. […] Le héros qu’elle mit au monde, est Achille.
J’ai l’honneur d’écrire à Votre Majesté pour lui faire connaître le désir qu’a le peuple français de mettre un terme à la guerre qui désole nos pays1. […] Cette perspective afflige tellement mon cœur, que, sans me rebuter de l’inutilité de ma première démarche, je prends derechef le parti d’écrire directement à Votre Majesté, pour la conjurer de mettre un terme aux malheurs du continent. […] Mais Votre Majesté nous a cédé Mayence3, que plusieurs campagnes n’ont pu mettre en notre pouvoir, et qui était dans le cas de soutenir plusieurs mois de siége ; mais le corps germanique demande à grands cris la paix, qui seule peut le sauver de son entière ruine ; mais la plus grande partie du Corps germanique, les États mêmes du roi d’Angleterre, seul instigateur de la guerre, sont en paix avec la République française4. […] Ce mot rappelle aussi ces vers de La Fontaine : Cette lime lui dit, sans se mettre en colère : « Pauvre ignorant !
Le sujet était moins saisissable de première vue, les nuances plus délicates, et puis les mœurs des anciens ne leur permettaient pas de l’analyser aussi complétement, et les modernes mettent presque toujours leurs pas dans les vestiges des anciens. […] On comprend que, pour exercer sur un individu l’influence de la parole, ou le mettre convenablement en scène, le langage qu’on lui adresse ou qu’on lui prête doit subir certaines modifications sous le point de vue du tempérament. […] On comprend que l’éducation, le milieu dans lequel on se meut, les travaux et les habitudes journalières sont autant d’éléments qui modifient à l’infini les mœurs, les pensées, les expressions de chaque individu ; qu’ainsi l’orateur qui s’adresse aux hommes, aussi bien que l’historien, le romancier, le dramatiste, qui les mettent en scène, doivent étudier consciencieusement ces modifications qui leur viendront en aide pour l’invention, et ne jamais les perdre de vue, s’ils veulent conserver à leur pensée et à leur style deux mérites éminents, la vérité et la variété.
Le vieux Nestor, dans Homère, met au premier rang sa cavalerie et ses chars, au dernier sa nombreuse et vaillante infanterie, au milieu ses plus faibles soldats, ϰαϰούς ϑίς μίσσου ἔλατσευ. […] Celle-ci serait moins irrésistible, si elle était toujours et partout de mise. […] Peu importe ; le point essentiel est de bien saisir l’équivoque qui est au fond de tout mauvais raisonnement et de la mettre dans tout son jour.
C’est une vérité dont nous serons aisément convaincus, en consultant l’incalculable supériorité que l’éducation donne à l’homme civilisé sur les peuples barbares, relativement au raffinement du goût ; et la distance prodigieuse qu’elle met, chez le même peuple, entre ceux qui ont étudié les beaux-arts, et l’ignorant et stupide vulgaire. […] Il est difficile de compter tous les divers objets qui peuvent procurer des plaisirs au goût ; il est plus difficile encore de définir ceux que l’expérience a découverts, et de les mettre à leur véritable place ; et lorsque nous voulons faire un pas de plus, et rechercher la cause efficace du plaisir que nous procurent de tels objets, c’est là que notre insuffisance se fait le plus sentir.
» Ceux qui étaient les plus faits pour éclairer leurs contemporains, se sont mis à la tête des incrédules ; ils ont déployé l’étendard de la révolte ; et, par cet esprit d’indépendance, ils ont cru ajouter à leur célébrité. […] L’impiété ne borne pas ses projets d’innovation à dominer sur les esprits. — Son génie inquiet, entreprenant, et ennemi de toute dépendance, aspire à bouleverser toutes les constitutions politiques ; et ses vœux ne seront remplis, que quand elle aura mis la puissance législative et exécutrice entre les mains de la multitude ; lorsqu’elle aura détruit cette inégalité nécessaire des rangs et des conditions ; lorsqu’elle aura avili la majesté des rois, rendu leur autorité précaire et subordonnée aux caprices d’une foule aveugle ; et lorsqu’enfin, à la faveur de ces étranges changements, elle aura précipité le monde entier dans l’anarchie, et dans tous les maux qui en sont inséparables ».
N’ayons pas l’air de rougir de ce qui nous honorera plus tard ; et, en attendant les arrêts de la postérité, qui commence dès aujourd’hui pour plus d’un nom illustre, tirons des œuvres qui nous ont charmés le plaisir ou le profit que le tact d’un goût prudent peut mettre à la portée de la jeunesse. […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression.
Faites donc ces efforts si profitables, qui vous mettront en possession d’une fortune sans vicissitude. […] Nous le mettons sous le patronage de ces hautes pensées.
N’ayons pas l’air de rougir de ce qui nous honorera plus tard ; et, en attendant les arrêts de la postérité, qui commence dès aujourd’hui pour plus d’un nom illustre, tirons des œuvres qui nous ont charmés le plaisir ou le profit que le tact d’un goût prudent peut mettre à la portée de la jeunesse. […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression.
Fidèles à notre plan, qui est de mettre le plus qu’il est possible nos préceptes en exemples, et les exemples eux-mêmes en opposition, nous allons rapprocher ici deux hommes d’une tournure d’esprit tout à fait différente, et qui, en portant malgré eux cet esprit dans leurs ouvrages, ont également contribué à corrompre et à perdre enfin l’éloquence académique : c’est Fontenelle et Thomas. […] Ce dernier jugement a besoin de restriction : sans doute, dans toute autre circonstance, un pareil morceau pourrait être déplacé, et dégraderait peut-être la majesté de l’histoire ; mais a-t-on fait attention qu’entraîné par la marche des événements, l’historien met réellement ici ses héros en présence, et que plus il les rapproche, plus les traits qui leur sont communs ou différents, doivent se rapprocher aussi de l’œil du spectateur.
Les soins de son diocèse, tous les devoirs scrupuleusement observés de l’épiscopat, et les pratiques journalières d’une charité sans bornes, avaient rempli ses dernières années et mis le comble à sa gloire2. […] Mais le temps de votre délivrance n’était pas encore arrivé ; le crime de vos pères n’était pas encore expié ; et le Seigneur ne voulait que glorifier son serviteur en l’éprouvant, et point du tout mettre fin à vos malheurs et à votre ignominie.
Je dis plus : c’est que cet état2, si l’on est enfin assez heureux pour s’y ingérer, bien loin de mettre des bornes à l’ambition et d’en éteindre le feu, ne sert au contraire qu’à la piquer davantage et qu’à l’allumer ; que d’un degré on tend bientôt à un autre, tellement qu’il n’y a rien où l’on ne se porte, ni rien où l’on se fixe ; rien que l’on ne veuille avoir, ni rien dont on jouisse ; que ce n’est qu’une perpétuelle succession de vues, de désirs, d’entreprises, et, par une suite nécessaire, qu’un perpétuel tourment. […] Mais, en second lieu, capable de tout, parce que, quelque dessein que la passion lui suggère, sa piété, ou plutôt l’estime où cette piété fastueuse l’établit, le met en état de réussir.
Ainsi, de tous les tropes, la catachrèse prête le moins au caprice de l’écrivain, et par là même aux préceptes du rhéteur, parce qu’elle suppose, non pas simplement analogie, comme la métaphore, correspondance, comme la métonymie, connexion, comme la synecdoque, entre les deux idées comparées, mais, pour ainsi dire, absorption presque totale d’un des signes dans l’autre, de façon que le second se mette complétement à la place du premier qui n’existe pas réellement, ou est supposé ne pas exister. […] Je lis au bas d’une lettre : votre très-humble et très-obéissant serviteur, sans que l’idée me vienne de mettre à l’épreuve en quoi que ce soit l’humilité et l’obéissance de mon prétendu serviteur. […] Si vous lisez de sang-froid les discours des Danton, des Isnard, des Saint-Just et de tant d’autres orateurs de la Législative et de la Convention, l’emphase vous paraît portée au delà de toutes les bornes ; mais transportez-vous par la pensée dans cette atmosphère de sang, assistez à ces terribles parties où chacun avait sa tête, pour enjeu, mettez-vous à la place de ces gladiateurs désespérés luttant à mort avec le glaive de la parole, et l’hyperbole ne sera plus pour vous que le langage naturel.
Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents. […] Qu’est-ce donc que cet être inexplicable qui a préféré à tous les métiers agréables, lucratifs, honnêtes et même honorables qui se présentent en foule à la force ou à la dextérité humaine, celui de tourmenter et de mettre à mort ses semblables ? […] Ce qu’elle propose est à l’instant même mis en discussion par l’humanité tout entière ; ce qu’elle conclut fait loi.
Après avoir recueilli les faits intéressants et vrais, dont l’historien doit composer son ouvrage, il les mettra dans l’ordre et l’arrangement les plus convenables : c’est en quoi consiste la forme de l’histoire. […] Et quand je vois ce soldat déterminé mettre des armées sur pied de son cabinet ; aller au sénat dans un silence qui marque de la résolution pour affronter le consul ; essuyer tête levée ses invectives ; jeter l’alarme dans Rome ; faire trembler l’Italie ; oser enfin ce qu’un particulier n’avait jamais osé, je ne suis pas surpris après la description que l’historien m’en a faite. […] Il doit donc se borner à raconter avec simplicité, à mettre dans son style de la clarté sans diffusion, de la précision sans obscurité, de l’élévation sans enflure, du nombre, de l’harmonie, et de l’agrément sans art. […] Quand l’historien se borne au récit d’un seul événement important, il doit faire un préambule, pour mettre le lecteur au fait des temps, des lieux, des mœurs, des intérêts, des caractères. […] Gara l’a mise en latin ; et Le Camus 124 en a donné une traduction française, qui a été bien accueillie.
Il a très bien vu et parfaitement établi les différences sensibles qui mettent un si prodigieux intervalle entre ces deux monuments, l’un du génie de l’homme, l’autre de l’esprit divin. […] Mais partout où nous retrouvons le vrai, nous retrouvons aussi notre sensibilité émue ; Achille, Andromaque, Priam, Hector, Didon, Hécube, etc., ne manquent jamais de nous intéresser toutes les fois qu’ils sont ce que nous sommes, qu’ils éprouvent et expriment ce que nous avons éprouvé cent fois nous-mêmes, et ce que notre nature nous met dans le cas d’éprouver tous les jours.
Monsieur, Je viens d’apprendre la triste nouvelle de votre affliction ; et bien que je ne me promette pas de rien mettre en cette lettre qui ait grande force pour adoucir votre douleur, je ne puis toutefois m’abstenir d’y tâcher, pour vous témoigner au moins que j’y participe. […] Descartes écrit à un faiseur de beau style, et il se met en frais pour lui plaire.
Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï, et bien souvent abandonné ? […] On ne peut rien ajouter à ce qu’il écrit sans y mettre du superflu, et l’on ne peut rien en ôter sans y retrancher quelque chose de nécessaire. » 2.
Content de ce succès, notre singe saisit Un verre peint qu’il met dans la lanterne ; Il sait comment on le gouverne, Et crie en le poussant :« Est-il rien de pareil4 ! […] Un capitaine de navire, Fort brave homme, mais peu prudent, Se mit en mer malgré le vent.
Il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres, et il demeure dans la perplexité. » Il est bien évident, au contraire, que, lorsqu’il aura profondément médité sur le dessein qu’il a conçu, sur le but auquel il tend, lorsqu’il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, lorsque, en un mot, il se sera fait un plan, cette perplexité cessera ; car la place du premier mot se trouvera déterminée sur ce plan comme celle des autres, et par celle des autres ; le début sera la conséquence de l’ensemble et de l’idée dominante. […] Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu. […] « La dernière chose qu’on trouve, dit-il, en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » J’ajouterais avec Voltaire : quelquefois !
Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; son investigation philosophique a parcouru tous les rangs de la société ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeoiset nobles, marchands, médecins et hommes de lois ; pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter les ridicules ou les vices de toutes les conditions et de tous les caractères : bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot son siècle et avec lui l’humanité tout entière. […] Non, insolent, je ne veux point m’asseoir, ni parler davantage, et je vois bien que toutes mes paroles ne font rien sur ton âme ; mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions ; que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes déréglements, prévenir sur toi le courroux du ciel, et laver, par ta punition, la honte de t’avoir fait naître. […] J’enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours, et parlent hardiment de toutes choses sans s’y connaître ; qui, dans une comédie, se récrieront aux méchants endroits et ne bougeront pas à ceux qui sont bons ; qui, voyant un tableau ou écoutant un concert de musique, blâment de même et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l’art qu’ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier ou de les mettre hors de place.
Tableau de mœurs ou la caricature se mêle au portrait, et l’invective à la raison, elle reflète ce qu’il y eut d’horrible et de risible dans cette explosion de folie qui précéda le règne d’Henri IV, « Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire. » Dans certaines parties impérissables, c’est un modèle d’ironie, de dialectique véhémente et de virils accents mis au service d’une cause, alors nationale, dans une ville ruinée, affamée, fiévreuse et à demi repentante, qui attendait l’avénement de la poule au pot. […] Je sçay des inventions pour les faire venir à raison : je leur donne le frontal de corde liee en cordeliere1 : je les pends par les aisselles, je leur chauffe les pieds d’une pelle rouge, je les mets aux fers et aux ceps2 : je les enferme en un four, en un coffre percé plein d’eau : je les pends en chapon rosty : je les fouette d’estrivieres3 : je les sale : je les fais jeusner : je les attache estenduz dedans un ban : bref j’ay mille gentils moyens pour tirer la quinte-essence de leurs bourses et avoir leur substance pour les rendre belistres4 à jamais, eux et toute leur race.
Si un volume d’observations ne vous suffit, faites-en encore cinquante ; tant que vous ne m’attaquerez pas avec des raisons plus solides, vous ne me mettrez point en nécessité de me défendre ; de mon côté je verrai, avec mes amis, si ce que votre libelle vous a laissé de réputation vaut la peine que j’achève de la ruiner. […] Ces deux ou trois lignes que Corneille avait mises dans cette Lettre apologétique lui attirèrent de la part de Claveret, une lettre pleine d’impertinences et de ridiculités.
Mettre un adversaire en contradiction avec lui-même, en retournant contre lui ses propres actes et ses propres paroles, est un moyen très-habile et très-employé, qu’on appelle argument personnel, ou argument ad hominem. […] Cur. — Mais admettons que toutes ces circonstances soient aussi contraires à l’accusé qu’elles lui sont favorables, et que le hasard ait pris autant de soin à le charger, qu’il en a mis à le disculper, il resterait encore à démontrer qu’il avait quelque intérêt à commettre un acte si détestable.
Je lis dans la lettre de madame de Sévigné sur la mort de Vatel : « Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup (car il s’en donna deux qui n’étaient pas mortels) qu’il tomba mort. » Voilà une véritable parenthèse. […] et, par conséquent, ne faudra-t-il pas mettre nécessairement le sujet avant le verbe, le verbe avant son régime, l’antécédent avant son conséquent ? […] vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions, par lesquelles l’Ecriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines, devaient ètre pour cette princesse si précises et si littérales. » Essayez de mettre : « Vous savez avec quelle grâce elle fleurissait le matin !
n’est-ce point se mettre en opposition avec les maîtres de l’art ? […] Je recommande le met profond d’un des plus habiles artistes du Théâtre-Français : « Pour savoir bien rire, il faut savoir pleurer ; et pour savoir pleurer, il faut savoir rire. »
Tels sont les mots en ax mis pour acs : audax, audacieux ; tenax, tenace ; pertinax, opiniâtre, etc. — Les terminaisons men, mon, mentum, désignent généralement la cause, ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est. […] Ainsi les verbes amare et diligere expriment tous deux l’action d’aimer ; mais ils diffèrent en ce sens que amare signifie aimer d’un amour naturel, de cet amour que Dieu a mis dans le cœur des hommes en les unissant par les liens du sang et de la parenté.
Ce n’est donc que depuis environ trente siècles que la puissance de l’homme s’est réunie à celle de la nature, et s’est étendue sur la plus grande partie de la terre : les trésors de sa fécondité jusqu’alors étaient enfouis, l’homme les a mis au grand jour ; ses autres richesses, encore plus profondément enterrées, n’ont pu se dérober à ses recherches, et sont devenues le prix de ses travaux. […] Le cheval semble vouloir se mettre au-dessus de son état de quadrupède en élevant sa tête : dans cette noble attitude, il regarde l’homme face à face.
Il me mit ensuite sur la dialectique ; c’est où je l’attendais : il me trouva là-dessus ferré à glace. « Votre éducation, me dit-il avec quelque sorte de surprise, n’a point été négligée. […] Il se mit à rire à mes dépens. — Si ce sonnet, reprit-il, n’est guère intelligible, tant mieux.
Partout où le ciel mit deux cœurs, s’aimer est doux1 ! […] Viens, viens, dernier ami que mon pas réjouisse, Ne crains pas que de toi devant Dieu je rougisse ; Lèche mes yeux mouillés, mets ton cœur près du mien, Et, seuls à nous aimer, aimons-nous, pauvre chien ! […] La poésie et les beaux-arts servent à développer dans l’homme ce bonheur d’illustre origine qui relève les cœurs abattus, et met à la place de l’inquiète satiété de la vie le sentiment habituel de l’harmonie divine dont nous et la nature faisons partie.
Un siége aux clous d’argent te place à nos festins ; Et là, les mets choisis, le miel et les bons vins, Sous la colonne où pend une lyre d’ivoire, Te feront de tes maux oublier la mémoire. […] Dans l’île de Délos s’élevait un palmier au pied duquel Latone mit au jour Apollon et Diane.
Je les fis mettre en mer à bord d’une chaloupe, Hors de notre eau tournante et de son tourbillon, Et je revins, tout seul, me coucher sur la poupe, Au pied du pavillon1. […] J’ai mis sur le cimier doré du gentilhomme Une plume de fer qui n’est pas sans beauté.
L’homme en sa propre force a mis sa confiance. […] Un précipice affreux devant eux se présente ; Mais toujours leur raison, soumise et complaisante, Au-devant de leurs yeux met un voile imposteur.
La seule chose à observer, c’est le mettre dans ce qu’on va dire une gradation descendante, en commençant toujours par les objets qui intéressent le plus les personnes à qui l’on écrit. […] Soyons simples, sincères, naturels ; et pour y parvenir, mettons-nous à la place le la personne affligée, et examinons quel langage nous voudrions entendre.
Mais l’ingrat et jaloux Néron ne récompensa ses services, qu’en ordonnant de le mettre à mort.
Il étoit prêt à faire une invasion dans la ville, lorsque Crassus le mit en fuite, et le joignit dans l’Abruzze, où il extermina son armée.
La bataille de Staffarde, gagnée en 1690 ; et celle de la Marsaille, en 1695, sur le duc de Savoie, mirent le comble à sa gloire.
La captivité du roi Jean avoit mis le royaume à deux doigts de sa perte.
La force d’une description consiste en grande partie dans sa concision ; mais elle comporte encore quelque chose de plus, et c’est principalement un choix judicieux de circonstances capables de mettre l’objet décrit dans son jour le plus favorable. […] L’univers ébranlé s’épouvante… Le Dieu, D’un bras étincelant dardant un trait de feu, De Rhodope ou d’Athos met les rochers en poudre.
Mais si Horace met Virgile sur la même ligne que Plaute, dans la concession de son privilége, y aurait-il mis plus tard Stace on Juvénal ?
1 Monsieur, Je viens d’apprendre la triste nouvelle de votre affliction, et bien que je ne me promette pas de rien mettre en cette lettre qui ait grande force pour adoucir votre douleur, je ne puis toutefois m’abstenir d’y tâcher, pour vous témoigner au moins que j’y participe. […] Allusion aux vertus romaines : l’insensibilité, pour le premier Brutus, qui fait mettre ses fils à mort ; l’orgueil, pour une foule de Romains illustres ; le désespoir, pour Caton, qui se tua lui-même à Utique ; le parricide, pour le second Brutus, qui tua César, son père adoptif.
Ils l’avoient mis au rang des Dieux, et l’honoroient sous le nom de Jupiter indigètes.
On ajoute que cet habile ouvrier avoit trouvé l’art de mettre à ses statues des yeux mobiles qui les faisoient paroître vivantes.
Il faudra donc se garder de mettre les effets avant les causes, tout ce qui est secondaire avant tout ce qui est principal, et enfin le milieu ou la fin avant ce qui est le commencement des choses. […] Dubois) : « Vous communiquez sans réserve à notre jeune Monarque les connaissances qui le mettront un jour en état de gouverner par lui-même ; vous travaillez de tout à votre pouvoir à vous rendre inutile. » Nous allons parler de la deuxième qualité des mots : La Pureté. […] Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe.
Elle se met en effet à la tête des troupes, qu’elle remplit d’une nouvelle ardeur ; et dirigée par les conseils de Dunois, elle entre dans Orléans, bat plusieurs fois les Anglais, et les force de se retirer Après cet exploit décisif, elle fait traverser au roi quatre-vingts lieues de pays occupé par les Anglais et le conduit jusqu’à Reims, où il est sacré.
Outre quelques odes d’Horace, en particulier les trois premières du livre III, nous pouvons citer en ce genre une ode de Joachim du Bellay sur la Vertu ; l’ode à la Fortune, d’Horace, mise en vers français par La Harpe, et comprenant l’O diva gratum et le Parcus deorum cultor ; celles de J. […] Si l’ode anacréontique, dans Horace et dans Anacréon surtout, brille par le sentiment, la naïveté , un certain air de négligence, la douceur et l’harmonie du style, il arrive trop souvent que ces deux poètes, suivis en cela par un trop grand nombre d’autres, offensent gravement la morale par des peintures licencieuses, et par l’expression de sentiments coupables, La religion chrétienne, qui est la source de toutes les inspirations saintes, a épuré ces sentiments, et a appris aux poètes à mettre dans leurs chants tant de modestie et de pureté que l’innocence n’en puisse jamais être alarmée. […] La cantate est une composition lyrique, une espèce d’ode dans le genre héroïque ou gracieux, faite pour être mise en musique, et composée de deux parties : le Récit ou Récitatif, et l’Air ou Chant. […] Racine et Bernis ont mis cette règle en pratique dans leurs épithalames.
La gradation, qui répond au crescendo si familier aux musiciens, est presque toujours de mise, et surtout lorsqu’il s’agit d’entraîner les esprits ou de peindre les passions. […] « Une longue uniformité, dit Montesquieu, rend tout insupportable : le même ordre de périodes longtemps continué accable dans une harangue, les mêmes nombres et les mêmes chutes mettent de l’ennui dans un long poème.
Se mettre à la place du spectateur.]
On a jugé qu’un des moyens d’accélérer les progrès des Cadets Gentilshommes, serait de le leur mettre entre les mains imprimé.
L’hypotypose peint les objets dont on parle avec des couleurs si vives et des images si vraies, qu’elle les met pour ainsi dire sous les yeux. […] Telle est celle que Racine met dans la bouche de Joad : Daigne, daigne, mon Dieu ! […] Lorsque la prosopopée met en scène les personnages et établit un dialogue entre eux, elle prend le nom de dialogisme. […] Celui qui met un frein à la fureur des flots 2. […] Les regards, l’attaque, les mains, voilà trois objets qu’il voulait mettre au grand jour.
Penses-tu qu’un moment ma vertu démentie Eût mis dans la balance un homme et la patrie ? […] A-t-on servi ; il se met le premier à table, et dans la première place : il n’a nul discernement des personnes, ni du maître, ni des conviés : il abuse de la folle déférence qu’on a pour lui…. […] Ce que j’ai à dire du style sublime, et des figures qui lui sont propres, je le renvoie à la section suivante, pour mettre de l’ordre et de l’exactitude dans les matières.
Voyez Racine ; quand il est forcé de mettre en scène des personnages moins tragiques, moins intéressants que les autres, ne sait-il pas les faire passer à la faveur de cette élégance soutenue, qui souvent donne un charme aux idées les plus vulgaires, aux détails les plus insignifiants ? […] » Que Piron n’y eût pas mis de malice, la réponse serait ce qu’on nomme une naïveté, un mot qui échappe spontanément, soit à l’ignorance, soit à la franchise, et qu’on voudrait reprendre, quand on a réfléchi ou appris.
Les sermons de Cheminais ne sont pas sans quelque mérite, et le charme qu’il mettait dans son débit lui procura une vogue passagère, dont l’impression fut le terme, comme elle l’a été de la réputation de Bretonneau, et de quelques autres sermonaires leurs contemporains, qui, depuis longtemps, ne sont plus guère lus.
Aristote ne semble pas ici bien d’accord avec lui-même car, plus bas, il distingue l’épopée de la tragédie, en ce que la première n’a point de mise en scène ni de musique.
Un maître habile et jaloux du progrès de ses élèves ne manquera pas de mettre à profit cette partie si intéressante des études latines.
« C’est pour cela que l’on a souvent dit que les tragédies ne mettent sur la scène qu’un petit nombre de familles : car les poëtes qui cherchoient des actions de cette nature en sont redevables à la fortune, et non pas à leur invention.
Là, ce n’est plus le langage humain, c’est Dieu lui-même qui parle par les prophètes ; c’est lui qui met dans la bouche de David l’expression la plus vraie et la plus touchante de la douleur de l’âme, tempérée par les élans de la foi et de l’espérance religieuse : telle est entre autres le psaume qui chante la captivité de Babylone (Super flumina Babylonis), et que Chateaubriand appelle le plus beau des cantiques sur l’amour de la patrie .
Ce trait de louange, si délicat, avait tant de finesse, que les libraires de Hollande le prirent pour une bévue de l’imprimeur de Paris, et mirent pour rendre la phrase plus intelligible, à vous rendre utile, exprimant ainsi par une banalité une pensée très spirituelle. […] Voici comment Bossuet a réussi à faire passer dans le récit d’un songe de la princesse Palatine, les mots poule et chien, et à les rendre dignes de la majesté de l’oraison funèbre : Dieu, dit-il, qui fait entendre ses vérités en telles manières et sous telles figures qu’il lui plaît, continua de l’instruire, comme il a fait Joseph et Salomon ; et durant l’assoupissement que l’accablement lui causa, il lui mit dans l’esprit cette parabole si semblable à celle de l’Évangile. […] C’est la monotonie qui consiste à mettre une uniformité constante dans l’élévation, dans le tour des phrases, dans l’usage des figures, c’est-à-dire à ne changer ni ses tournures ni ses nuances.
5° dans les monosyllabes ō, dō, prō, prōh, quō, nō (de nare), stō (de stare) ; dans l’interjection iō, dans ergō mis pour causā. […] O final est génér. bref : dans egŏ, duŏ ; dans les adverbes citŏ, modŏ et ses composés dummodŏ, quomodŏ, etc. ; dans sciŏ, nesciŏ, putŏ, volŏ, cedŏ (mis pour da ou dic) ; dans l’interjection ehŏ.
On doit seulement éviter d’en mettre une au cinquième pied, et par conséquent de finir le vers par un mot de quatre syllabes29.
Personne n’a plus que lui réuni l’abondance des idées et des raisonnements, la plénitude du savoir et de la raison, aux richesses de l’expression, à la vérité des tours, et surtout à ce sentiment intime qui sait mettre la justice et la vérité dans tout leur jour, pour les faire aimer de ceux même qu’il combat.
On sait d’ailleurs que l’idée première et le plan dramatique de l’éloge de Marc-Aurèle, furent fournis à Thomas par Diderot, dont la tête ardente concevait et communiquait avec chaleur aux autres des idées infiniment heureuses, qu’il n’eut ni la patience, ni peut être le talent de mettre lui-même en œuvre.
Ceux qu’on met au nombre des meilleurs, sont Zaïde et la princesse de Clèves par madame de La Fayette ; faits avec goût, écrits avec décence, et bien propres à entretenir dans les cœurs l’amour de la vertu : Les Mémoires d’un homme de qualité, le Doyen de Killerine, et autres de l’abbé Prévost ; pleins des situations les plus attendrissantes ou les plus terribles, et qui décèlent l’imagination la plus féconde ; mais où quelquefois les événements ne s’accordent pas assez avec la vraisemblance : Gil Blas 130, le Diable boiteux et autres de Lesage 131 ; ils offrent un tableau de tous les états de la vie, le portrait ou la satire du monde : Le Paysan parvenu de Marivaux, très plaisant.
Le livre de Ruth est une véritable églogue pleine de pureté et de simplicité : Florian l’a mise en vers avec bonheur.
2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.
Il a été mis, dans quelques pays, au nombre des livres classiques.
Il s’agit donc de prouver, 1º que Clodius a été l’agresseur, et que c’est lui qui a tendu des embûches à Milon, Cicéron le prouve, par le récit même du fait, par ce chef-d’œuvre de narration dont nous avons déjà parlé, et qu’il nous tardait de mettre sous les yeux de nos lecteurs. […] Ceux qui suivaient Clodius se partagent ; les uns enveloppent la voiture et attaquent Milon par derrière ; les autres le croient déjà mort, et se mettent à égorger les esclaves qui arrivaient les derniers.
La disposition, qui met dans les idées l’ordre et l’enchaînement nécessaires pour que chacune soit à sa place et produise son effet, n’est pas moins indispensable que l’invention. […] Deux caractères mis en opposition se nomment parallèles.
Croyez-en ses transports : père, sceptre, alliés, Content de votre cœur, il met tout à vos pieds ; Sur lui, sur tout son peuple il vous rend souverain Est-ce là ce vainqueur digne de tant de haine ? […] Cette construction, qui nous paraîtrait trop dure, était reçue au dix-septième siècle ; Boileau a dit de même dans le Lutrin : La déesse en entrant, qui voit la nappe mise, Admire un si bel ordre… 2.
Je ne prêterais aucun serment, lorsque le roi n’aurait plus aucune place dans mon diocèse ; alors je ne m’en irais jamais volontairement, et je me laisserais mettre en prison plutôt que de quitter mon troupeau. […] Le duc de Bourgogne avait un caractère impérieux, qui se révoltait souvent contre la main paternelle attentive à mettre un frein à ses fureurs.
Les hasards, la maladie, les accidents de toute espèce disposant de notre sort malgré nous, comment donc le but de notre liberté morale serait-il le bonheur de cette courte vie que la souffrance et la vieillesse et la mort mettent hors de notre puissance ? […] Fénelon a dit : « Dieu a mis les hommes ensemble dans une société où ils doivent s’aimer et s’entre-secourir comme les enfants d’une même famille, qui ont un père commun.
L’avocat ne saurait mettre jamais trop de bonne loi dans l’exposition des moyens de son adversaire.
Cela ressort très-bien de l’exemple donné plus bas par Aristote : les sujets traités dans les huit ou dix tragédies qu’il cite, se succédaient, sans se tenir par le lien d’une véritable action dramatique, et avec des développements à peu près égaux, dans les poëmes où les auteurs tragiques les avaient pris pour les mettre sur la scène.
Puisque de légitimes désirs de réformes ont préoccupé de nos jours la conscience publique sur tout ce qui regarde l’éducation et l’instruction, il fallait mettre au premier rang de ces réformes un soin plus vigilant à ne présenter aux jeunes intelligences que des modèles accomplis sous le rapport moral ainsi que sous le rapport littéraire.
Mis au collége de Navarre, il apprit le grec et devint bon latiniste.
Parmi les autres écrivains que nous avons mis à contribution, nous citerons Rollin, Marmontel, La Harpe, Blair, Lowth, Lemercier, Domairon, Chateaubriand, Schlegel, Schœl ; MM.
Les Anglais n’ayant point entrepris de porter si haut l’éloquence, ont mis plus d’exactitude dans l’exécution, mais sont restés méthodiques et froids par conséquent.
etc. » Rapprochons de ce morceau une autre définition d’une armée, citée partout comme un chef-d’œuvre, et mise, dans toutes les rhétoriques, au premier rang des lieux communs traités avec une supériorité dont rien n’approche.
Il est malheureux que de pareils morceaux ne puissent pas être mis plus souvent sous les yeux des jeunes gens.
Exagérer, mettre à trop haut prix.
Voiture a été proclamé le père de l’ingénieuse badinerie, et personne n’a plaisanté plus agréablement, soit qu’il raconte les aventures de son voyage aérien, pendant que, lancé par quatre gaillards dont les bras vigoureux l’enlèvent de sa couverture par delà les nues et le mettent aux prises avec un bataillon de grues qui le prennent pour un pygmée ; soit que, par l’entremise du plus muet des poissons, il donne les éloges les plus vifs et les plus délicats à son compère le brochet, duc d’Enghien, vainqueur de Rocroy ; soit que de la terre d’Afrique, aride nourricière des monstres, il en voie à mademoiselle Paulet, à la lionne de l’hôtel de Rambouillet, des nouvelles de ses terribles parents du désert ; soit qu’il prenne parti pour la conjonction car en grand danger d’être proscrite.
j’allais finir ma lettre sans mettre votre très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur.
l’Empereur le désir de mettre fin à la guerre qui désole les deux peuples ; l’intervention de la cour de Londres s’y est opposée.
Aussi, l’éloquence populaire ne triomphe-t-elle jamais avec plus d’éclat, que lorsqu’elle peut mettre d’accord l’utilité publique et la dignité : c’étaient les deux grands moyens de Démosthène.
L’histoire nous a conservé, et la poésie a mis habilement en œuvre une foule de ces traits précieux, de ces mots vraiment éloquents, puisqu’ils n’ont jamais manqué de produire de grands effets.
VII et XVIII de la Poétique, propose de mettre ici un point après μύθων et il traduit, en conséquence : « Très histriones et scenæ picturam invennit Sophocles : ad hoc justum ambitum ex parvis fabularum argumentis oriendum fecit.