/ 391
232. (1811) Cours complet de rhétorique « Préface. »

Je dois beaucoup à chacun de ces grands critiques en particulier ; formé par leurs leçons, et profondément imbu de leur doctrine, c’est leur esprit, ce sont leurs principes que je reproduis dans mon ouvrage : je me plais à les citer fréquemment ; et, lors même que je ne les nomme pas, il sera facile de reconnaître ce que j’ai emprunté de leur commerce. […] L’on peut voir dans les admirables Institutions de Quintilien, que s’il s’occupe de former avec soin et d’orner l’esprit de son jeune élève, il met bien plus d’attention encore et de sollicitude à ouvrir son âme à toutes les vertus, persuadé avec raison qu’il en fera aisément un orateur habile, quand il en aura fait un citoyen vertueux. […] Ce qu’il eût suffi d’indiquer dans d’autres temps, il le faut clairement énoncer aujourd’hui ; il faut attaquer sans crainte et combattre sans relâche toutes les erreurs du goût, parce qu’elles sont devenues des erreurs de morale ; toutes les hérésies littéraires, parce que l’esprit ne se trompe jamais qu’aux dépens du cœur, et que la corruption des mœurs est partout la conséquence inévitable de la dépravation du jugement.

233. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre premier. De l’art de la composition en général. »

Quand on a travaillé son sujet par la réflexion et qu’on en a disposé les parties avec ordre, le moment est venu de se livrer à l’élan de l’esprit et de l’imagination. Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps. […] C’est pourquoi ce premier travail de la composition ne suffit pas ; celui qui s’en contenterait prouverait qu’il a l’esprit léger et présomptueux, et en même temps qu’il s’inquiète peu de se perfectionner dans l’art d’écrire.

234. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Marc Girardin Né en 1801 » pp. 275-278

A la Sorbonne, sa chaire est un fauteuil ; point d’apparat ; point de prétention, et cependant, sa familiarité judicieuse qu’anime le souffle de l’orateur a autant de prise sur les cœurs que d’autorité sur les esprits. […] Parmi elles, deux sœurs, avec un recueillement et une présence d’esprit admirables, choisirent à ce moment, parmi les psaumes, celui qui convenait le mieux à leur danger, et se mirent à lire à haute voix, alternativement, les versets suivants : « Dieu est notre retraite, notre force et notre secours dans les détresses. […] Cette voix de Dieu domine pour nous le sifflement des vents, les mugissements de l’orage, et les cris des passagers désespérés, s’il en est qui soient encore désespérés à côté de la piété de ces deux jeunes sœurs ; elle domine, dans notre esprit, l’idée de la tempête, comme elle dominait alors la tempête elle-même dans les âmes que ranimait ce cantique, qui ne sera jamais chanté par des voix plus pures.

235. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nicole, 1625-1695 » pp. 72-75

Mais, s’il convient de baisser la note, conseillons Nicole aux esprits qui ont besoin d’être mis à un régime sain et substantiel. […] Ce sont des objets de pitié et non de colère, et nous avons aussi peu de sujet de nous irriter contre ces maladies de l’esprit que contre celles qui attaquent seulement le corps. Il y a même cette différence, que nous pouvons contracter les maladies du corps, malgré que nous en ayons, au lieu qu’il n’y a que notre volonté qui puisse donner entrée dans nos âmes aux maladies de l’esprit.

236. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Il se présente naturellement trois manières de développer un sujet : 1° décrire, raconter des faits, ce qui s’adresse à l’imagination ; 2° émouvoir, en cherchant à exciter les passions ; 3° prouver, en s’adressant à l’esprit par le raisonnement. […] Mais qu’ils se gardent surtout de ces lectures dangereuses où les passions, peintes sous des couleurs attrayantes, peuvent pervertir leur esprit et leur cœur. […] Il faut un esprit sagace pour démêler l’erreur d’un sophisme : en voici quelques exemples : Ignorance du sujet. […] Ce sophisme consiste à abuser du sens des mots, en les prenant tantôt dans une acception, tantôt dans une autre, pour égarer l’esprit.

237. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Son visage vous est connu : pour moi je n’ai pas eu l’esprit d’appliquer son nom dessus. […] que je lui crois un esprit qui me plaît ! […] Es-tu un esprit de lumière, ou une âme proscrite ? […] Je ne vois pas qu’il y ait là matière d’exercer beaucoup son esprit. […] c’est la douleur qui me trouble l’esprit.

238. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Cousin 1792-1867 » pp. 257-260

La tête immobile sur mon sac de paille, je roule en mon esprit les redoutables problèmes que je porte avec moi depuis tant d’années3, et je ne me réveille de ces méditations confuses4, qu’à la vue de Dresde, sur le pont élégant et léger qui joint les deux parties de la ville, et d’où j’ai sous les yeux le cours sinueux de l’Elbe ; en face les montagnes de Pilnitz, qui bornent l’horizon ; à gauche, les jardins du comte de Brüll, la terrasse, le belvédère ; à droite, le gracieux vaisseau de l’Église catholique5. […] Dans les profondeurs de l’abîme comme dans les hauteurs des cieux, dans un grain de sable comme dans une montagne gigantesque, un esprit immortel rayonne à travers les enveloppes les plus grossières. […] Mon esprit épuisé ne sert plus ni mon cœur ni ma pensée ; ma plume est aussi faible que ma main ; elle a tracé péniblement chacune de ces lignes : il n’y en a pas une qui ne m’ait déchiré le cœur, et je n’aurais pas souffert davantage si j’eusse creusé moi-même la fosse de Santa-Rosa.

239. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

D’unanimes témoignages s’accordent du moins à reconnaître la solidité de son esprit et la délicatesse de son jugement. […] Tant que cela est, on peut demeurer sans se déterminer ; mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre. […] « Heureux le prince dont le cœur ne s’est point élevé au milieu de ses prospérités et de sa gloire ; qui, semblable à Salomon, n’a pas attendu que toute sa grandeur expirât avec lui au lit de la mort, pour avouer qu’elle n’était que vanité et affliction d’esprit, et qui s’est humilié sous la main de Dieu, dans le temps même que l’adulation semblait le mettre au-dessus de l’homme !

240. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Lorsqu’à la bien chercher d’abord on s’évertue, L’esprit à la trouver aisément s’habitue ; Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichit. […] Sa vue a ranimé mes esprits abattus ; Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J’admirais sa douceur, son air noble et modeste, J’ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier. […] Lasse enfin des horreurs dont j’étais poursuivie, J’allais prier Baal de veiller sur ma vie, Et chercher du repos au pied de ses autels : Que ne peut la frayeur sur l’esprit des mortels ! […] Par un transport heureux, Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux. […] — Aucune de ces entraves d’aujourd’hui, la politique, les places, les emplois, les tracas de la pauvreté... ou de la richesse ; mais, au contraire toute la libre allure d’esprit que donne dans son alliance avec le désintéressement, ce juste-milieu de la fortune si poétiquement surnommé l’aurea mediocritas.

241. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Sa mémoire est fidèle, et, dans tout ce qu’il dit, De vous et de Joad je reconnais l’esprit. […] Venez, famille désolée ; Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orpheline, Venez faire parler vos esprits enfantins. […] Racine entend par là les mauvaises pensées, les tentations de l’esprit malin. […] Abner a l’esprit d’un courtisan, d’un avocat et d’un diplomate. — Cette fine ironie est plus française que biblique. […] Racine est le plus grand peintre de la délicatesse et du dévouement féminin ; ses héroïnes ont de l’esprit dans la vertu.

242. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

L’oreille a ses besoins comme l’esprit. Personne ne conteste que les sons l’attirent ou la repoussent par leur vertu propre, et indépendamment de toute idée accessoire ; qu’une gamme, un prélude, un accord, une vocalise peuvent lui plaire, sans offrir à l’esprit aucun caractère positif, aucune image déterminée. […] La présence de l’e muet devant une autre voyelle, la répétition de la même voyelle, a-a, e-a, e-é, nous choquent tellement que nous préférons ou anéantir la première voyelle par l’apostrophe, l’âme, l’ange, l’esprit, ou même faire un solécisme, et mettre au masculin ce qui est au féminin mon âme, mon épée 74. […] An entier est insupportable, et ne le cède qu’au vers de Lamotte : Et le mien incertain encore… Tout en reconnaissant quelque exagération dans la sentence de Boileau : Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée, il faut avouer du moins que l’oubli des lois de l’harmonie nuit aux meilleures choses76. […] Elle est un enchaînement de plusieurs membres de phrase symétriquement combinés pour former un tout qui satisfasse l’oreille en même temps que l’esprit.

243. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Et ne mettez-vous pas dans votre esprit, à la place du héros dont parle l’Écriture, celui dont je viens vous parler ? […] « Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts. […] Souvent on résume les principales preuves en les groupant avec de nouvelles couleurs et une nouvelle force, pour frapper vivement les esprits et achever de les convaincre-, ou bien, si le sujet prête à l’émotion, l’orateur met en œuvre toutes les ressources du pathétique pour frapper un grand coup ; il emploie les tours animés, les figures hardies, les expressions énergiques, pour toucher, ébranler, subjuguer les auditeurs. […] On y trouvera toutes les formes habituelles des discours du barreau, la division, le ton, le style : c’est une parodie piquante et originale, que peuvent avouer l’esprit et le bon goût. […] …… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins, Venez faire parler vos esprits enfantins3.

244. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Racine. (1639-1699.) » pp. 83-90

A dire le vrai, où trouvera-t-on un poëte qui ait possédé à la fois tant de grands talents, tant d’excellentes parties, l’art, la force, le jugement, l’esprit ? […] Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de le dire à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de M. votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse. […] Mais ce qui nous touche de plus près, c’est qu’il était encore un très-bon académicien : il aimait, il cultivait nos exercices ; il y apportait surtout cet esprit de douceur, d’égalité, de déférence même, si nécessaire pour entretenir l’union dans les compagnies. […] De là ce mot de Montesquieu, comparant Racine et Corneille : « Le premier est un plus grand auteur, mais l’autre un plus grand esprit. » 1.

245. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre premier. Objet du genre judiciaire. »

Elle est essentiellement la marque d’un esprit irréfléchi ; car il est impossible de parler beaucoup, sans dire nécessairement beaucoup de riens ; et un vieux proverbe a dit il y a longtemps, qu’il vaut infiniment mieux ne rien dire, que de dire des riens. […] Il est de la plus grande importance que les faits restent présents à l’esprit des juges et des auditeurs, pendant tout le cours du plaidoyer ; il faut donc écarter avec soin toutes les petites circonstances, les détails trop minutieux, et tout ce dont une prolixité fastidieuse surcharge inutilement la mémoire. […] Mais au barreau, l’obscurité de quelques points de la loi, la difficulté de trouver et d’en faire toujours l’application convenable, entraînent dans une foule de raisonnements qui se fortifient ou s’éclaircissent mutuellement, et concourent à présenter l’objet de la question sous un point de vue généralement accessible à tous les esprits.

246. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. —  Voiture. (1598-1648.) » pp. 7-11

Il avait au plus haut point l’esprit de société ; il tournait fort bien les vers : par là il mérita la faveur de ce qu’il y avait de plus grand en France, où l’on commençait alors à goûter beaucoup les choses de l’esprit. […] Voiture était l’un des habitués du fameux salon de Mme la marquise de Rambouillet, où l’on conversait quelquefois, il est vrai, avec un peu d’affectation, mais le plus souvent avec beaucoup de politesse et d’esprit.

247. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

En supposant, ce qui n’est pas, ce qui ne saurait pas être, les beautés d’ailleurs égales, il y aurait toujours, en faveur des poètes sacrés, une raison constante de supériorité que les autres ne leur disputent que par intervalle : c’est ce ton de sentiment et d’onction qui se fait remarquer partout, et qui indique à chaque instant le génie divin qui a présidé à l’ouvrage, animé l’esprit et dirigé la plume de l’écrivain. […] Mais le Seigneur se fit entendre, Et je m’écriai plein d’ardeur : Esprit, hâtez-vous de descendre, 153Venez, esprit réparateur ; Soufflez des quatre vents du monde, Soufflez votre chaleur féconde Sur ces corps prêts d’ouvrir les yeux. […] Je vis en même temps comme une main qui me vint prendre par les cheveux de ma tête : l’esprit m’enleva entre la terre et le ciel, et me transporta à Jérusalem, à l’entrée de la porte septentrionale du parvis intérieur, où était placée l’idole de Jalousie, etc. » Le Seigneur fait voir à Ézéchiel, dans l’intérieur de chaque maison, les divers attentats qui s’y commettent, et lui dit, à chaque nouvelle scène d’horreur : Tourne les yeux, et tu verras des abominations plus grandes encore. […] La muse céleste d’Isaïe, c’est-à-dire l’esprit divin qui l’inspire lui-même, abaisse son vol sans effort des pensées les plus sublimes et des images les plus terribles, aux images les plus riantes, aux idées les plus douces.

248. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Les épisodes doivent être courts, à proportion que la matière en est éloignée du sujet, parce qu’en pareil cas ce n’est qu’un délassement accordé en passant pour reposer l’esprit et non pour lui faire perdre le fil de la narration. […] Là, pour nous enchanter tout est mis en usage ; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage ; Chaque vertu devient une divinité : Minerve est la prudence, et Vénus la beauté. […] On lui reproche quelque recherche d’esprit peu convenable dans un genre si sérieux ; ce qui a fait dire à Voltaire dans ses stances sur les poètes épiques : De faux brillants, trop de génie Mettent le Tasse un cran plus bas ; Mais que ne tolère-t-on pas Pour Armide et pour Herminie ? […] On a dit avec quelque raison qu’il y a dans ce poème plus d’esprit que de génie, plus de coloris que d’invention, plus d’histoire que de poésie ; que les portraits, quoique très brillants, se ressemblent presque tous, l’auteur ayant toujours recours à l’antithèse ; que le sentiment y est étouffé par les descriptions ; enfin, que le plan est défectueux143. […] Il a quelques endroits imités de Virgile, qui égalent les plus beaux du poète latin, comme la descente en esprit de Henri aux enfers, conduit par saint Louis, la mort du jeune d’Ailly tué par son père, etc.

249. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

S’il faut revenir sans cesse sur ses pas, relire vingt fois ce qu’on a déjà lu, pour parvenir à le comprendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre, Et, de vos vains discours prompt à se détacher, Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher. […] Nous voulons leur apprendre que le grand point est de concilier la finesse du style avec sa clarté, et que tout ce qui brille aux dépens de cette qualité indispensable, ne peut briller longtemps et ne doit plaire qu’à des esprits faux et superficiels. […] En vain vous me frappez d’un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux ; Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme. […] Les Lettres Persanes et l’Esprit des Lois sont deux ouvrages du même auteur ; ils exigeaient sans doute un genre de composition fort différent, et tous deux sont supérieurement traités dans leur genre : il est facile cependant d’y reconnaître la même main.

250. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

Le lord accordait au président que les Français avaient plus d’esprit que les Anglais, mais qu’en revanche ils n’avaient pas le sens commun. Le président en convenait ; mais il n’y avait pas de comparaison possible entre l’esprit et le bon sens. […] — Par un homme qui est malin quelquefois, par un certain milord Chesterfield, qui aurait voulu vous prouver par expérience qu’une once de sens commun vaut mieux que cent livres d’esprit ; car avec du sens commun… — Ah ! […] mon ami, vous m’avez prouvé qu’il y avait en Angleterre des gens d’esprit, et je trouverai peut-être l’occasion, une autrefois, de vous prouver qu’il y a en France des gens de bon sens. » Je vous conte cette histoire à la hâte ; mettez à mon récit toutes les grâces qui y manquent, et puis, quand vous le referez à d’autres, il sera charmant.

251. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

De tous les grands esprits qu’a produits la France, nul n’a régné plus souverainement sur son siècle. […] Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2. […] Il faut admirer dans Descartes la prudence d’un esprit supérieur et la probité d’un cœur droit.

252. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Sa Galatée et son Estelle sont des pastorales où ne manquent ni la grâce ni l’esprit ; ses arlequinades ont de la malice et de la gaieté. […] Le chat a de l’esprit, il le prouve par son initiative. […] Avec un naturel gracieux, une morale aimable et bienveillante, Florian avait l’esprit railleur.

253. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Les femmes de son temps mettaient tout leur souci A surveiller l’ouvrage, à mériter ainsi Qu’on lût sur leur tombeau, digne d’une Romaine : « Elle vécut chez elle, et fila de la laine. » Les doigts laborieux rendent l’esprit plus fort, Tandis que la vertu dans les loisirs s’endort. […] Cette sécurité dans laquelle on s’endort, Rend les esprits trop mous et le pouvoir trop fort. […] Ton esprit ne sait pas planer dans ces hauteurs Où tout scrupule échappe aux vrais législateurs ; Les terrestres liens t’empêchent de m’y suivre ; D’un misérable orgueil ta parole t’enivre ; Des flatteurs empressés te prodiguent l’encens ; L’or, l’amour, les festins ont captivé tes sens, Et la dépouille belge, hélas ! […] Elle n’agit pas seulement sur les manières, mais sur l’esprit et le cœur ; elle rend modérés et doux tous les sentiments, toutes les opinions et toutes les paroles. […] Ils eurent plus de talent oratoire que d’esprit politique, et furent victimes du parti démagogique dont les violences leur firent horreur.

254. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — M — article » p. 417

C’étoit un homme d’un caractère doux, sage et circonspect ; ayant beaucoup de finesse et de mesure dans l’esprit, avec un courage toujours conforme aux circonstances ; n’employant jamais la force qu’au défaut des autres moyens ; possédant sur-tout à un degré supérieur l’art de connoître les hommes, et de les employer à propos. Durant les troubles de la Fronde, il sortit deux fois du royaume pour y rétablir le calme, mais sans rien perdre de son crédit sur l’esprit de la reine-régente.

255. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Ainsi donc, pour être véritablement poète, il ne suffit pas d’inventer, c’est-à-dire de trouver les objets qui existent et qui peuvent exister et de présenter des actions, des images, des sentiments réels, possibles et vraisemblables ; il faut encore rendre ces objets aussi sensibles à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet représenté sur la toile. […] La poésie dédaigne toute pensée triviale on rabaissée par un usage trop fréquent et trop vulgaire ; elle veut que, dans la comédie même, et jusque dans les rôles de valets, qui sont chez elle le genre le moins élevé, il y ait un certain choix d’idées qui réveille le goût, et qui annonce un certain tour d’esprit agréable et piquant. […] L’esprit et la gaîté, la grâce, l’enjoûment Ornent tout à la fois votre style charmant. […] C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent. […] Le goût ne voit dans ces sortes de poésies que la difficulté vaincue et de simples jeux d’esprit.

256. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Chacune de ces phrases est l’énoncé d’un trait historique, ou d’une pensée morale et religieuse, toujours à la portée des jeunes esprits, toujours conçue de manière à aiguiser leur jugement et à satisfaire leur curiosité. […] Soit que les maîtres insistent, dans leurs corrections verbales, sur les paragraphes auxquels nos chiffres renvoient les traducteurs ; soit qu’ils obligent ces derniers à formuler par écrit les applications qu’ils en auront faites, ils exerceront le jugement de leurs classes, ils habitueront en même temps les esprits à cette précieuse netteté de raisonnement, qui distingue surtout l’auteur de la nouvelle méthode.

257. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Voilà sans doute les esprits suffisamment aigris, et disposés avec tout l’art possible à regarder et à traiter comme ennemi déclaré du bien public un infracteur quelconque de la loi. […] Eschine avait commencé par l’exposé des infractions prétendues faites à la loi : c’était le fort de sa cause, et la partie faible de Démosthène, qui, trop adroit pour adopter le plan de défense que lui traçait son adversaire, commence par occuper les esprits de ce qu’il a fait de vraiment grand, de vraiment utile. […] Transportez-vous en esprit dans la galerie des peintures : on y a représenté le combat de Marathon. […] mais rectifiez, s’il est possible, leur esprit et leur cœur.

258. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

C’est ainsi que, dans les vers suivants, Virgile a su rassembler, conformément au véritable esprit de la poésie pastorale, autant d’images qu’il était possible d’en offrir des plaisirs de la vie champêtre. […] Si le fond du caractère des bergers doit être une aimable simplicité, il n’est nullement nécessaire qu’ils poussent cette qualité jusqu’à l’excès ; ils peuvent avoir du bon sens et de la réflexion, un esprit vif et prompt, mais toujours naturel, ennemi de l’affectation, de la recherche, des jeux de mots et des subtilités. Cet esprit peut même être orné de certaines connaissances, mais toutes relatives à l’art champêtre, à la culture des terres et des fruits, aux maladies des troupeaux, à la qualité des pâturages, à l’influence des vents et des astres. […] L’esprit, en effet, ne peut être intéressé par ces propos alternatifs, qui, détachés les uns des autres, ne se terminent à rien.

259. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Si cette espèce de néologisme se bornait à dénaturer le langage seulement, la contagion serait moins rapide, et ses effets moins multipliés ; les esprits justes et les personnes instruites seraient à l’abri du ravage, ou échapperaient sans effort à la séduction. […] Ainsi disparaîtra du langage ce vague où l’esprit se perd avant d’avoir pu saisir la pensée de celui qui parle ; les mots n’en imposeront plus, et l’on saura, par exemple, qu’une beauté est sentimentale, quand elle réunit tout ce qui est capable de réveiller en nous le sentiment du beau. […] Je crois, par exemple, que l’esprit seul des livres saints pouvait inspirer le morceau suivant : Digne prix de ma foi, quelle auguste merveille Vint charmer tout à coup ma vue et mon oreille ! […] Que l’on mette ici, à la place de l’écrivain sensible, un de nos enjoliveurs modernes, ou l’un de ces graves et lourds prédicateurs de perfection morale, qui se croient bonnement appelés à convertir le genre humain, dont ils ont, et à qui ils inspirent une égale pitié, et l’on aura des mots harmonieusement cadencés, des vers étincelants d’antithèses et d’esprit, ou des phrases prodiguées sans mesure, et des sentences, des maximes étalées avec prétention. […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur.

260. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Vous immolez à votre souveraine grandeur de grandes victimes, et vous frappez, quand il vous plaît, ces têtes illustres que vous avez tant de fois couronnées. » À l’homme en général : c’est ce qu’on voit dans ces vers de Mme Deshoulières : De ce sublime esprit dont ton orgueil se pique,             Homme, quel usage fais-tu ? […] Mais il faut qu’elle soit amenée avec art, et que l’esprit de l’auditeur y ait ôté insensiblement disposé. […] La Suspension est une figure, par laquelle, pour piquer la curiosité du Lecteur, on tient quelque temps son esprit en suspens, et dans l’incertitude de ce qu’on va dire. […] On débute sur un ton noble et pompeux ; on a l’air d’annoncer quelque chose de grand, et l’on finit par un trait d’esprit agréable, plaisant ou épigrammatique. […]         Du seuil des portes éternelles,         Des légions d’esprits fidèles         À sa voix s’élancent dans l’air.

261. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

N’est-il pas clairement démontré pour nous, que le seul moyen d’avoir quelque faible notion du vrai, est de le considérer avec les yeux de l’esprit, et en fermant les yeux du corps et les portes des sens ? […] Xénophon, son disciple ainsi que Platon, a fait aussi une apologie de Socrate, et de plus, quatre livres, sur l’esprit, le caractère et les principes de son maître : c’est un véritable éloge, éloge d’autant plus éloquent, qu’il n’a rien qui semble prétendre à l’éloquence : c’est un exposé pur et simple de la doctrine de son maître, quelques détails toujours précieux, quand il s’agit d’un homme tel que Socrate, et qu’ils sont présentés sans affectation, et sans autres ornements que ceux naturellement inséparables d’une diction enchanteresse. […] Le sujet y est sans doute pour quelque chose ; et c’est par la même raison que les éloges d’Hélène et de Busiris, du même auteur, ne sont que de misérables jeux d’esprit où il n’y a rien, absolument rien à recueillir, que cette grande leçon, que toute la pompe du style le plus harmonieux, les périodes les plus heureusement enchaînées, les chutes les plus laborieusement étudiées, le choix même des expressions et des tournures, ne rachèteront jamais, auprès du lecteur judicieux, la sécheresse du sujet et la stérilité des idées.

262. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VII. Satire. »

La satire est un discours en vers, où l’on attaque directement les vices et les travers des hommes, de même que les erreurs de l’esprit et le mauvais goût littéraire. […] Sous ce rapport, Boileau, dans ses satires, est un modèle de bon ton et d’esprit.

263. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Il est au milieu de tous les préjugés, qui sont en même temps un épais et lourd bouclier fait pour mettre les esprits bornés et timides à couvert de la raison, et une arme acérée et dangereuse dont les esprits artificieux se servent pour intimider la raison même. Il est au milieu des accès de l’esprit d’innovation, espèce de fièvre la plus terrible, qui offusque le cerveau des vapeurs de l’orgueil et de l’ignorance, et allant bientôt jusqu’à la frénésie, se saisit du glaive pour tout abattre faute de savoir s’en servir pour élaguer. […] Mais pour que l’éloquence politique acquière généralement cet empire, il faut supposer d’abord que l’ esprit national est généralement bon et sain, comme il l’était dans les beaux siècles de la Grèce et de Rome ; et il faudrait s’attendre à un effet tout contraire, si une nation nombreuse se trouvait tout-à-coup composée de parleurs et d’auditeurs, précisément à l’époque où ayant perdu le frein de la religion et de la morale, elle aurait aussi rompu le joug de toute autorité. […] Ce n’est pas qu’elle ne doive présenter à l’esprit et à la raison des motifs vrais et forts à l’appui de ses prétentions ; mais elle devra toujours le faire en peu de mots, laissant à la réflexion de l’auditeur le soin de pénétrer tous les secrets de la pensée. […] C’est encore une définition faite pour égarer l’esprit des élèves.

264. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

Si vous voulez donc réussir comme épistolographe, abandonnez-vous à l’impulsion de votre nature, de vos sentiments, de vos opinions, de votre esprit, en appliquant seulement à ce genre les règles générales de l’art d’écrire. […] On a cité le portrait de Mme de Longueville dans le cardinal de Retz : « Elle avait une langueur dans ses manières qui touchait plus que le brillant de celles même qui étaient les plus belles ; elle en avait une même dans l’esprit qui avait ses charmes, parce qu’elle avait des réveils lumineux et surprenants. […] « Mme de Maintenon, mariée en secret à Louis XIV, en 1685, moins vive et moins piquante que Mme de Sévigné, se distingue par l’esprit d’observation, le naturel et la précision. […] Cette forme dramatique, en effet, est la plus concise, la plus saisissante et la plus agréable au lecteur, à qui elle donne la satisfaction d’apprécier lui-même, d’exercer son esprit et de deviner son héros. »

265. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] Il y a même une différence essentielle à observer ici : les actions ne mettent précisément en évidence que le personnage qui agit, tandis que ces discours adressés à tout un peuple, dans une circonstance importante pour lui, nous font d’autant mieux connaître l’esprit et les mœurs de ce peuple, que l’orateur, quel qu’il soit, a dû accommoder son style et ses pensées au langage et aux idées de ceux qui l’écoutaient. […] Ces sortes de contrastes n’ont pas le mérite seulement de rapprocher des temps, des lieux et des styles différents, ce qui pourtant est déjà un avantage ; ils familiarisent les jeunes gens avec l’habitude de voir autre chose encore que des mots dans les auteurs qu’on leur explique, de nourrir leur esprit d’idées solides, et les forcent enfin de réfléchir sur les conséquences funestes, mais inévitables, du luxe et de la mollesse. […] Le seul nom de cette guerre réveille dans l’esprit du lecteur le souvenir de tous les grands hommes qui y jouèrent un rôle ; et après avoir admiré leurs exploits ou leurs talents politiques, peut-être ne sera-t-on pas fâché de les entendre discuter eux-mêmes ces grands intérêts, ou plaider quelquefois leur propre cause devant un peuple léger, ingrat, qui méconnaissait bientôt, et payait souvent de l’exil ou même de la mort, les services les plus signalés. […] Nicias, voyant que la raison ne pouvait plus rien sur leurs esprits, essaya cependant encore de les détourner de leur projet, par le tableau raisonné des difficultés qu’elle présentait.

266. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

Uniquement pénétré de l’esprit de l’évangile et de la substance des livres saints, il traite solidement un sujet, le dispose avec méthode, l’approfondit avec vigueur. […] Toujours conséquent, toujours nerveux, préférant aux mouvements passagers de fonction, des preuves frappantes que le temps grave toujours plus avant dans les esprits ; appelant le système entier de la religion au secours de chacun de ses sujets : raisonneur éloquent, moraliste sublime, il fera éternellement le désespoir des prédicateurs.

267. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIV. » pp. 106-108

. —  Voltaire, Lettre à Maffei, en tête de sa Mérope : « Aristote, cet esprit si étendu, si juste et si éclairé dans les choses qui étaient alors à la portée de l’esprit humain, Aristote, dans sa Poétique immortelle, ne balance pas à dire que la reconnaissance de Mérope et de son fils était le moment le plus intéressant de toute la scène grecque.

268. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre premier. »

. — Quant à nous, qui sommes d’un ordre inférieur, si nous n’avons que nos propres forces, et si nous n’empruntons rien d’autrui, quel moyen qu’avec un seul jugement et un seul esprit, qui n’ont rien que d’ordinaire et de médiocre, nous contentions tant de différents esprits, tant de jugements divers, à qui nous exposons nos ouvrages ?

269. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science. Pour ceux qui ont obtenu ou veulent obtenir cet anoblissement littéraire, il est, comme jadis pour les nobles de race, des idées basses et vulgaires qui ne doivent pas leur venir à l’esprit, et si le sujet les amène forcément, l’expression propre est censée aussi leur être inconnue. […] La magnificence est à l’esprit ce que le sublime est au sentiment, les plus hautes conceptions du génie revêtues des plus brillantes couleurs de l’imagination. […] De produire sur notre esprit une action vive et intense.

270. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Il faut, en un mot, que dans un traité tout soit proportionné à la capacité des esprits médiocres, et n’ait que sa juste étendue. L’écrivain ne doit pas hésiter à revenir plusieurs fois sur une même chose, quand elle ne peut être comprise, à la première vue, que par les lecteurs qui ont l’esprit très pénétrant38. […] Gibert eût le style et l’esprit de M.  […] Il était si peu nécessaire de recourir à des formes si acerbes envers un homme d’esprit, d’excellent ton, et membre de l’Académie française, que Boivin, qui, dans le même temps, en 1715, soutenait le même parti que madame Dacier dans son Apologie d’Homère ne se les est jamais permises.

271. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Le respect, le devoir, l’amitié, la supériorité même, ont chacun un langage particulier ; la bonne éducation, le bon esprit, le sentiment, nous dictent ce langage. […] L’esprit et l’enjouement doivent en être bannis ; dites ce qu’il faut et ne dites que ce qu’il faut. […] C’est beaucoup de ramener les esprits ; des reproches vifs et amers n’ont presque jamais d’autre effet qu’une rupture ouverte.

272. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Nous préférons aussi chacun les choses conformes à telle ou telle disposition de notre esprit. […] Pour celui qui n’a pas de passion et dont l’esprit est chagrin, c’est le contraire. […] Voilà pour les divers états d’esprit où l’on a de la pitié. […] Voilà pourquoi les jeunes gens et les esprits élevés sont animés de ce sentiment. […] Ils s’aiment eux-mêmes plus qu’il ne faut, car il y a, là encore, de la petitesse d’esprit.

273. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

Tous deux eurent assez de talent pour l’emporter de beaucoup sur les autres ; mais tous deux étaient loin encore de ce bon goût qui est de tous les temps, et qui fait vivre les productions de l’esprit. […] Ce grand orateur joignait à beaucoup d’élévation d’esprit, à un grand discernement, à un amour sincère du vrai, le talent de la parole, la beauté de l’organe, et les grâces de la représentation.

274. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre V. Du Roman. »

Le divertissement du lecteur, que le romancier habile semble se proposer pour but, n’est qu’une fin subordonnée à la principale, qui est l’instruction de l’esprit et la correction des mœurs. […] La fin que l’écrivain doit s’y proposer, est d’instruire sous le voile de la fiction, de polir l’esprit et de former le cœur, en présentant un tableau de la vie humaine.

275. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Mais le récit ne s’adresse qu’à l’oreille, et il agit moins vivement sur l’esprit, que ces tableaux animés dont l’œil fidèle transmet directement à l’âme la sympathique émotion. […] — Un demi-as. » — Franchement, quand cette ardeur du gain aura, comme une rouille funeste, infecté les esprits, espérerons-nous encore de ces nobles vers que l’on trempe dans l’huile de cèdre, et que l’on conserve dans des tablettes de cyprès ? […] Tout ce qu’on dit de trop, l’esprit rassasié le rejette. […] — Vous, du moins, vous ne direz, vous ne ferez rien, en dépit de Minerve : votre bon sens et votre esprit m’en répondent. […] 716ne l’accueillent pas pour cela 717avec des esprits favorables, 718et nela récompensent pas d’une couronne.

276. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Par elles il ouvrit à l’art des voies nouvelles, il le porta jusqu’à ses dernières limites ; et, comme s’il n’eût cessé d’acquérir des forces, loin que son génie ait connu la décadence, il termina, heureuse et rare exception, par son chef-d’œuvre, qu’une admiration unanime a proclamé le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] Règne, ô Père éternel, Fils, sagesse incréée ;             Esprit saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée,             Et ne changes jamais. […] Règne, ô Père éternel, Fils, sagesse incréée,             Esprit saint, Dieu de paix, Qui fais changer des temps l’inconstante durée             Et ne changes jamais 1. […] Oreste vous adore ; Mais de mille remords son esprit combattu Croit tantôt son amour et tantôt sa vertu.

277. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VI. »

La simplicité et la naïveté n’excluent pas une légère pointe de finesse et de malice, mais sans recherche ni affectation ; l’esprit doit se cacher sous une apparence de bonhomie qui fasse illusion : nulle part le bel esprit n’est plus déplacé que dans la fable. […] La fable convenait singulièrement à l’esprit fin et naïf de nos pères : outre les nombreux fabliaux que nous présente le moyen-âge, citons le recueil de fables de Marie de France, tirée en partie d’Ésope.

278. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

Dans ces trois publications distinctes, mais formant un ensemble qui embrasse le cercle classique tout entier, nous avons eu pour but de réunir, en les graduant suivant l’âge et l’intelligence de ceux qui les doivent étudier, les modèles les plus incontestés et les plus purs, les morceaux les plus propres à former le cœur autant que l’esprit de la jeunesse. […] « C’est en lisant beaucoup, plutôt qu’en lisant beaucoup d’auteurs, qu’il convient de former son esprit et de donner de la couleur à son style… Notre intention, pour nous… a été que de choisir un petit nombre d’écrivains, les plus remarquables de tous.

279. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Préface » pp. -

Parmi ces ouvrages, dans lesquels nous nous plaisons d’ailleurs à reconnaître des qualités réelles, les uns, tout en présentant d’heureux développements sur quelques points, se taisent presque entièrement sur d’autres qui ont aussi leur importance, ou se servent d’un langage métaphysique souvent résultant pour l’esprit et toujours incommode pour la mémoire ; les autres, sous prétexte d’éviter les longueurs, tombent dans la sécheresse et l’aridité, et ressemblent plutôt à des tables analytiques qu’à des traités destinés aux classes supérieures ; d’autres enfin présentent une étendue démesurée, et se perdent dans des explications trop vagues et trop diffuses. […] Nous avons donc toujours recherché avec soin le but moral de la poésie en général et de chaque genre en particulier, persuadé que l’éducation, comme le dit si justement le savant Évêque d’Orléans, doit former l’esprit à l’intelligence du vrai, le cœur à l’amour du beau, et la vie entière à la pratique du bien.

280. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Ici l’orateur n’avait plus, pour soutenir et pour animer sa marche, le tableau toujours intéressant des troubles des nations, des révolutions des empires : ici, tout l’intérêt repose sur une princesse aimable, qui réunissait toutes les qualités du cœur aux talents de l’esprit le plus cultivé, et qui ne mit entre la santé la plus florissante et la mort la plus affreuse, que l’intervalle de quelques heures ! […] Fidèle en ses paroles, incapable de déguisement, sûre à ses amis, par la lumière et la droiture de son esprit, elle les mettait à couvert des vains ombrages, et ne leur laissait à craindre que leurs propres fautes. […] « Applaudie de tous (la dauphine), mais à son tour affable et civile à tous, elle prévenait ceux-ci, répondait honnêtement à ceux-là, donnant au rang et au mérite des préférences d’inclination et de justice, sans faire des mécontents ni des envieux ; conservant de sa dignité ce que lui en faisait garder la bienséance, et ne comptant pour rien ce que sa bonté lui en faisait perdre. — Vous dirai-je avec quel discernement elle jugeait des ouvrages d’esprit ?

281. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

Et de même, qui prétend les utiliser tous dans chaque argument fait l’effet de celui qui voudrait faire entrer toutes les lettres dans chaque mot. » Mais il n’en est pas moins vrai que l’emploi des lieux, indispensable quand les circonstances ne permettent pas de creuser profondément une matière, ouvre, dans tous les cas, une vaste carrière à l’esprit. […] « L’esprit, dit avec raison M. […] Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.

282. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Il donna toutes les apparences nécessaires pour faire croire qu’on l’avait forcé à cette résolution ; que les conseils de Monsieur et de M. le prince l’avaient emporté dans l’esprit de la reine sur son avis. […] Le parlement s’en retournait ; et il était déjà sur les degrés, quand le président de Mesmes, qui était extrêmement timide, faisant réflexion sur le péril auquel la compagnie s’allait exposer parmi le peuple, l’exhorta à remonter et à faire encore un effort sur l’esprit de la reine. […] En somme, quelle que soit l’inégalité de ce style, il a au plus haut point le cachet de l’esprit français ; il est vif, pittoresque, lucide, ému, impétueux.

283. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Racan. (1589-1670.) » pp. 165-168

Ils n’ont aucun arrêt : ce sont esprits volages, Qui souvent sont tout gris avant que d’être sages ; Et doit-on souhaiter, pour leur utilité, De voir finir leur vie avecque leur beauté : Semblables à ces fleurs dont Vénus se couronne, De qui jamais les fruits n’enrichissent l’automne Oubliez, oubliez l’amour de ce berger, Et prenez en son lieu quelque bon ménager, De qui la façon mâle, à vos yeux moins gentille, Témoigne un esprit mûr à régir sa famille, Et dont la main robuste au métier de Cérès Fasse ployer le soc en fendant les guérets.

284. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — De Maistre 1753-1821 » pp. 210-213

Mille fois j’ai parlé à ta mère du plaisir que j’aurais de former ton esprit, de t’occuper pour ton profit et pour le mien. […] C’est le cas de dire qu’il a l’esprit du cœur.

285. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

L’esprit est moins considéré comme faculté intellectuelle, que comme une puissance périssable et orgueilleuse. […] L’esprit préfère les sciences mystérieuses. — Mol. […] Le président répondit au modeste docteur avec autant de politesse que de présence d’esprit. […] Cela n’aurait-il pas préparé l’esprit à ta disparition d’Œdipe. […] Où sera cet esprit qui ne peut connaître ?

286. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Outre ce livre pénétré de l’esprit antique et des inspirations supérieures de la sagesse chrétienne, Fénelon a laissé d’excellents traités philosophiques et religieux, d’éloquents sermons et plusieurs autres ouvrages, produit spontané de l’imagination la plus riche et la plus facile. […] Il est trop vivement touché des intérêts de sa patrie pour s’amuser à tous les jeux d’esprit d’Isocrate ; c’est un raisonnement serré et pressant, ce sont les sentiments généreux d’une âme qui ne conçoit rien que de grand, c’est un discours qui croît et qui se fortifie à chaque parole par des raisons nouvelles, c’est un enchaînement de figures hardies et touchantes : vous ne sauriez le lire sans voir qu’il porte la république dans le fond de son cœur ; c’est la nature qui parle elle-même dans ses transports ; l’art est si achevé, qu’il n’y paraît point ; rien n’égala jamais sa rapidité et sa véhémence2. […] L’auteur suppose ici une conversation entre deux personnes, dont l’une, celle qui parle en ce moment, a un goût et des connaissances aussi solides que l’esprit de l’autre est dénué de justesse et superficiel.

287. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] M. de Sacy est un esprit attique, un causeur qui ne professe jamais, et semble n’écrire que pour se satisfaire lui-même, ou quand le cœur lui en dit.

288. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

Dans le Style comme dans le reste du Cours, nous nous efforçons d’offrir un plan complet, de suivre une marche logique, de présenter des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes, et, cherchant à former le cœur en même temps que l’esprit, nous faisons ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le christianisme. […] D’illustres princes de l’Église n’ont pas dédaigné d’applaudir à nos efforts ; de nous féliciter d’avoir publié ce travail consciencieux, qui non seulement ne contient rien de contraire aux principes de la saine doctrine en ce qui concerne la foi et les bonnes mœurs, mais encore est très propre à éclairer l’esprit des jeunes humanistes, à épurer leur goût et à orner leur cœur, et qui mérite une place distinguée parmi les livres classiques édités de nos jours ; de nous louer d’avoir mis de la netteté dans notre plan, de la clarté dans notre méthode, de la justesse dans nos définitions, et surtout d’avoir rattaché à notre enseignement les modèles si parfaits qu’offrent les poètes bibliques et liturgiques, trop indignement méconnus ; de nous permettre de compter sur leurs plus favorables dispositions à l’égard de nos travaux, et sur la reconnaissance de tous les amis des lettres, mais surtout des lettres chrétiennes ; d’apprécier toute l’importance de notre œuvre, et d’appeler sur elle les bénédictions les plus abondantes ; enfin, de nous exhorter à servir la cause des bonnes-lettres avec un zèle qui ne se ralentisse jamais.

289. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre premier. Objet de l’Éloquence de la chaire. »

Les grandes vérités qu’elle annonce trouvaient des esprits disposés à les accueillir, et des cœurs pénétrés d’avance de leur utilité. […] Mais il doit s’accommoder à la faiblesse de l’entendement de ses auditeurs, quand il vient pour les instruire ; à la trempe de leur esprit, quand il veut les persuader ; au naturel enfin de leur âme, quand il cherche à les émouvoir.

290. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Beaucoup d’esprit naturel et facile l’y seconda, et beaucoup de qualités aimables lui attachèrent les cœurs, tandis que sa situation personnelle avec son époux, avec le roi, avec Madame de Maintenon, lui attira les hommages de l’ambition1 Douce, timide, mais adroite, bonne jusqu’à craindre de faire la moindre peine à personne, légère et vive, elle était pourtant capable de vues et de suite2. […] Un air simple et naturel toujours, naïf assez souvent, mais assaisonné d’esprit, charmait, avec cette aisance qui était en elle, jusqu’à la communiquer à tout ce qui l’approchait.

291. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Esprit étrange et puissant, M. de Lamennais nous laisse indécis entre l’admiration et la pitié. […] Membre d’un corps de l’État, il y parle peu, mais il vote ; et avec quelle défiance de son esprit !

292. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre Ier. Considérations générales. »

Il importe de conserver toujours présentes à l’esprit ces définitions, afin d’avoir des idées nettes des choses, ou au moins afin d’éviter les discussions inutiles et d’autant plus prolongées qu’on ne s’entend pas sur le sens des mots. […] Lamotte, homme de beaucoup d’esprit, mais qui n’avait pas le sentiment des arts, fut le premier qui mit au rang des épopées ce beau roman politique, apparemment pour se ménager à lui-même le droit singulier de faire des tragédies et des odes en prose1. » Enfin, Dussault, critique célèbre de l’époque impériale, a dit avec autant d’élégance que de justesse : « La versification est tellement essentielle à la poésie, qu’on ne peut raisonnablement regarder comme des poètes ceux qui ont secoué ce joug.

293. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

La rime qu’on appelle masculine, est celle qui termine les vers masculins, et la féminine, celle qui termine les féminins, comme on va le voir dans ceux-ci : Au pied du mont Adulle133, entre mille roseaux, Le Rhin134 tranquille et fier du progrès de ses eaux, Appuyé d’une main sur son urne penchante, Dormait au bruit flatteur de son onde naissante , Lorsqu’un cri tout à coup suivi de mille cris, Vient d’un calme si doux retirer ses esprits. […] J’accablais mon esprit de trop de nourriture ; À prévenir mon goût j’épuisai tous mes soins : Mais mon goût s’émoussait en fuyant la nature, Il n’est de vrais plaisirs qu’avec de vrais besoins. […] Mais si le poète fait faire à son héros des choses impossibles à l’homme ; s’il lui donne des sentiments infiniment au-dessus de l’être le plus grand de son espèce ; s’il présente l’image d’un objet que notre esprit ne peut en aucune manière supposer existant, ou capable de recevoir l’existence, alors on s’écriera : Ce n’est point dans la nature ; on ne reconnaît point là la nature. […] Pour en mériter le beau titre, il faut qu’il rende l’objet qu’il a trouvé, aussi sensible à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet présente sur la toile.

294. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Tel livre didactique présente, après l’exorde, une synthèse, dont tout le reste de l’ouvrage n’est que le développement analytique, sauf à conclure parfois en faisant revenir la synthèse primitive : ainsi l’Esprit des lois, l’Emile de Rousseau, etc. […] La netteté d’esprit et l’attention suffisent généralement pour arriver là dans le poëme, le discours, le roman, partout où l’écrivain prend lui-même la parole. […] Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit.

295. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Des esprits laborieux essayent encore de reproduire par l’imitation les chefs-d’œuvre des maîtres. […] Ce tiers est un vieux juge de ma connaissance, fort aimable malgré ses rhumatismes, et fort jeune encore d’esprit malgré ses soixante et douze ans, — lequel eut avec un jeune avocat de ses amis une conversation que je vous demande la permission de relater tout au long. […] Nous avons d’excellents travaux de critique et d’histoire, étudiez-les : feuilletez même les romans, les brochures, ce qu’on appelle la littérature courante ; vous y trouverez du bon quelquefois, et d’ailleurs un homme d’esprit tire profit de tout, du mauvais comme du bon.

296. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre premier. Du Goût. »

Sa base est absolument la même dans tous les esprits : ce sont les sentiments et les perceptions inséparables de notre nature, et qui agissent généralement avec autant d’uniformité que nos autres principes intellectuels. […] Je me bornerai donc à quelques notions sur les plaisirs du goût en général ; mais j’insisterai particulièrement sur le beau et sur le sublime, dans les ouvrages de l’esprit.

297. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

c’est la chose la plus aisée du monde, et il n’y a si pauvre esprit qui n’en fît autant. […] Et qui ouvrent l’esprit d’un homme aux belles choses.

298. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

[Notice] Aucun auteur n’est plus capable que Massillon d’apprendre à s’exprimer avec facilité, avec grâce et abondance : il achève en quelque sorte la culture des esprits, en leur offrant beaucoup de qualités accessibles qui les fécondent et qui les polissent. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.

299. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Je laisse aux lecteurs judicieux le soin d’apprécier un pareil paragraphe : ils y reconnaîtront sans peine le principe et le terme en même temps du succès de certains ouvrages, élevés par l’esprit de parti bien au-dessus de leur valeur littéraire, et dont je ne sais quelle hardiesse, qu’il eût été facile de qualifier d’un autre nom, faisait à peu près tout le mérite. […] Recevez-moi, disait-il, parmi vous ; éclairez mon esprit, élevez mes sentiments ; que j’apprenne à n’aimer que ce qui est vrai, à ne faire que ce qui est juste. » Je m’arrêterai un moment aussi, avec l’orateur philosophe, à ce mot de philosophie, pour applaudir à la définition aussi juste que sublime, que nous en donne Apollonius, et au portrait qu’il nous en trace. […] Pour bien gouverner, tu dois donc prendre l’esprit de Dieu même.

300. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Métonymies du signe pour la chose signifiée : La robe, pour les professions civiles ; l’épée, pour la profession militaire ; le sceptre, la couronne, pour la dignité royale ; le chapeau, pour le cardinalat ; les bonnets rouges et les talons rouges, pour les démagogues et les aristocrates ; les parties du corps, pour le sens ou le sentiment dont elles sont ou dont on les suppose l’organe : l’œil, l’oreille, pour la vue et l’ouïe ; le cœur, la cervelle, les entrailles, pour le courage, l’esprit, la sensibilité, Mes entrailles pour lui se troublent par avance. […] « L’hyperbole, dit la Bruyère, exprime au delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. Les esprits vifs, pleins de feu et qu’une vaste imagination emporte hors des règles de la justesse, ne peuvent s’assouvir de l’hyperbole. » Elle est le vice dominant des écrivains de l’Orient, de l’Afrique, de l’Espagne et de l’Italie.

301. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Pour achever de déterminer les Athéniens, il s’efforce de détruire l’impression que font nécessairement sur les esprits faibles, les bruits que les malveillants et les oisifs ne manquent jamais de fabriquer et de répandre dans les grandes villes, et aux grandes époques. […] Laissez à l’esprit toute sa liberté, il aura toute son énergie : dominé par la passion, il n’est plus qu’un esclave sans force et sans moyens. […] S’il est un supplice proportionné à l’énormité du crime, j’approuve l’innovation que l’on vous propose ; si au contraire la noirceur de l’attentat surpasse tout ce que l’esprit humain pourrait inventer pour les punir, je suis d’avis qu’il faut s’en tenir aux lois existantes. […] Son avis cependant me semble, je ne dirai pas cruel (on ne saurait l’être à l’égard de tels hommes), mais trop peu conforme l’esprit qui doit nous animer. […] Au-dedans, une industrieuse activité ; au-dehors, un gouvernement juste, des délibérations dirigées par un esprit toujours libre, et qui n’écoutait ni la passion ni l’intérêt du crime.

302. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

L’esprit humain ignore l’avenir. — 8. […] L’agitation de l’esprit est propre aux hommes. — 5. […] L’émulation développe l’esprit. — 2. […] Il faut aux élèves un esprit attentif. — 11. […] Anaxagore s’appliqua à la culture de son esprit. — 4.

303. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Écoutons l’historien de sa vie : « Sa manière de travailler était extrêmement fatigante ; l’agitation de son esprit se communiquent à tous les muscles de son corps ; il se levait brusquement et se promenait à grands pas ». […] Thomas procède peut-être d’une manière un peu trop uniforme : il emploie trop souvent l’analyse et l’épuise trop souvent : il se sert quelquefois de termes de science et d’art qui présentent à l’esprit des idées trop vagues, comme les mots de calcul, de choc, de résistance, de frottement, expressions qui semblent d’ailleurs un peu sèches, lorsqu’il s’agit de morale et de littérature.

304. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

Puis près d’Eugène, esprit qu’hélas ! Dieu submergea, Je travaillais dans l’ombre, — et je songeais déjà, Tandis que j’écrivais — sans peur, mais sans système, Versant le barbarisme à grands flots sur le thème, Inventant aux auteurs des sens inattendus, Le dos courbé, le front touchant presqu’au Gradus, Je croyais, car toujours l’esprit de l’enfant veille, Ouïr, confusément, tout près de mon oreille.

305. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse1. […] Un grand garçon, bien fait, aimant les vers, ayant de l’esprit, ne sachant que faire, s’avise de se faire présenter, je ne sais comment, à Cirey1.

306. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Ce fut le 21 janvier 1814 que s’éteignit ce peintre délicat et vrai de la nature, cet esprit aimable et rêveur qui crut aux progrès de l’humanité et poursuivit ce noble but avec une foi persévérante1 Un acte de vertu. […] Tel fut l’égarement des esprits à cette époque, que Bernardin de Saint-Pierre, en 1798, eut à soutenir, contre plusieurs de ses collègues à l’Institut une discussion au sujet de l’existence de Dieu.

307. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Doué de tous les genres d’esprit, de celui des affaires presque autant que de celui des lettres, Voltaire acquit par des spéculations heureuses non moins que par ses travaux une fortune considérable qui augmenta sa puissance. […] L’étonnement, l’esprit de trouble et de terreur, S’empare, en ce moment, de leur troupe alarmée ; Il passe en tous les rangs, il s’étend sur l’armée : Les chefs sont effrayés, les soldats éperdus ; L’un ne peut commander, l’autre n’obéit plus. […] Villemain, en traçant le tableau du dix-huitième siècle, s’est naturellement beaucoup occupé de Voltaire ; car aucun homme n’a exercé, en bien comme en mal, plus d’influence sur l’esprit français : on peut voir surtout ses 4e, 7e, 8e, 9e, 10e et 25e leçons.

308. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs ; Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs. […] L’Évangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence & faire, et tourments mérités. […] Viennent ensuite ces innombrables phalanges d’esprits angéliques et de saints, tous couronnés de gloire dans le ciel, et disposés dans une brillante hiérarchie d’amour et de pouvoir, mais sensibles à nos maux. […] Pour nous, il nous semble que ces enfants de la vision feraient d’assez beaux groupes sur les nuées : nous les peindrions avec une tête flamboyante, une barbe argentée descendrait sur leur poitrine immortelle, et l’esprit divin éclaterait dans leurs regards. […] Dans l’épopée, son inspiration est tranquille ; c’est l’esprit qui est dans l’extase de l’admiration ; le poète, instruit par le dieu qu’il a invoqué, y raconte avec autant de chaleur que de dignité, la grande action qu’il admire pour nous porter à l’admirer à notre tour.

309. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

Pour développer les rares talents de ce poëte, pour faire pleinement éclore ce que son esprit et sont cœur renfermaient de germes précieux, que fallait-il toutefois ? […] Cf. la satire IX : A mon esprit : Bienheureux Scudéry, dont la fertile plume Peut tous les mois, sans peine, enfanter un volume.

310. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Heureux les pauvres d’esprit ! […] Si elle eut pour auxiliaires les victoires d’Arques et d’Ivry, l’acte d’abjuration et une misère affreuse, elle acheva du moins la ruine de la Ligue, et lui donna le coup de grâce, en délivrant les esprits de ce que Molière eût appelé leurs humeurs peccantes.

311. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Dès les premières questions, La Place reconnaît une fermeté d’esprit qui le surprend. […] Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit ; c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux.

312. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Chansonnier du bon petit roi2, Ami bien cher, esprit bien sage, Du milieu de mon beau voyage Mon souvenir vole vers toi. […] Il veut dire que deux esprits amis mettent en commun leurs idées.

313. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

. — Esprit vraiment démocratique, dans le sens le plus pur et le plus sincère de ce mot, ami des choses simples, des vertus cachées, des existences laborieuses, esprit indépendant s’il en fut, il n’a jamais flatté personne, ni les grands, ni les petits. » 1.

314. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

Nul ne représente mieux toutes les passions et tous les talents du xvie  siècle, cette époque si féconde en grands caractères et en libres esprits. […] Car le souffle d’Ézéchiel y respire avec l’esprit d’Horace.

315. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Lecture est faite de sa lettre conçue à peu près dans le même esprit ; il avoue tout. […] Ainsi il ne retrouve alors ni la souplesse de son esprit, ni ce talent oratoire qu’il possède toujours à un si haut point. […] Vous comprenez ici que c’est son goût pour les belles choses, et non l’esprit d’intérêt, qui le conduit. […] Ce sentiment, reçu chez tous les autres peuples, est si accrédité chez les Siciliens, qu’il semble être naturellement imprimé dans leurs esprits. […] Jamais la dignité du peuple romain, quoique absent, jamais l’image de cette multitude ne s’est présentée à vos yeux et à votre esprit ?

316. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

La même faction, le même esprit de vertige qui, à la faveur de nos dissensions intestines, conduisit, il y a quatorze ans, les Prussiens au milieu des plaines de la Champagne, domine dans leurs conseils. […] qu’ils apprennent que s’il est facile d’acquérir un accroissement de domaines et de puissance avec l’amitié du grand peuple, son inimitié (qu’on ne peut provoquer que par l’abandon de tout esprit de sagesse et de raison) est plus terrible que les tempêtes de l’Océan. […]    Je ne crains que celles du Temps. » Ceci s’adresse à vous, esprits du dernier ordre, Qui, n’étant bons à rien, cherchez surtout à mordre.

317. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Mes chants vont seconder les accords de ma lyre ; L’esprit saint me pénètre, il m’échauffe, il m’inspire Les grandes vérités que je vais révéler. […] Rousseau a dit de lui-même, dans sa prose quelque peu lourde : « Je suis obligé d’avouer que si j’ai jamais senti ce que c’est qu’enthousiasme, ç’a été principalement en travaillant à ces cantiques. » Il n’a d’ailleurs prétendu que donner une imitation libre des psaumes de David, qui lui semblaient ce qu’il y a de plus propre « à élever l’esprit et en même temps à remuer le cœur ».

318. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

Voltaire, Racine, Marmontel, Fénélon, Clément xiv se font lire, mais leur travail sent l’étude ; l’esprit y perce partout et détruit la perfection. […] Il serait bien de n’y insérer des choses étrangères au but qu’on se propose que dans le cas où elles pourraient distraire efficacement l’esprit du correspondant.

319. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

Ce mouvement, ce bruit, cette mer turbulente, Roulant, montant, tombant en montagne écumante, Enivraient mon esprit, mon oreille, mes yeux ; Et le soir me trouvait immobile en ces lieux3. […] Rien n’est si vaporeux que ses teintes légères : L’œil se plaît à saisir ses formes passagères ; Elle brille à demi, se fait voir un moment ; C’est ce parfum dans l’air exhalé doucement ; C’est cette fleur qu’on voit négligemment éclore, Et qui, prête à s’ouvrir, semble hésiter encore ; L’esprit, qui sous son voile aime à la deviner, Joint au plaisir de voir celui d’imaginer.

320. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre IV. Analyse et Extraits du plaidoyer de Cicéron pour Sextius. »

Les premiers donc que distinguèrent leur vertu et leur sagesse, ayant étudié la nature de l’esprit humain et remarqué son aptitude pour l’instruction, rassemblèrent dans un seul lieu les hommes épars, et les firent passer de leur férocité primitive à des sentiments de justice et de sociabilité. […] Dans une si prodigieuse multitude de citoyens, il en est beaucoup, ou, qui se sentant coupables de crimes et appréhendant la peine qui les suit, ne soupirent qu’après les troubles et les révolutions ; ou qui, par un certain esprit naturellement fougueux, se repaissent de séditions et de discordes ; ou qui, dans le désastre de leur fortune, aiment mieux être ensevelis sous les ruines de l’état, que sous les leurs propres.

321. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Nous employons l’adjectif, pour exprimer la qualité de cette chose ou de cette personne : = Esprit vaste ; vertu rare ; maison commode ; jardin agréable ; César victorieux ; Cicéron éloquent. Ici, esprit, vertu, maison, jardin, César, Cicéron, sont des noms substantifs. […] Il est aisé de comprendre que le nom substantif signifie quelque chose par lui-même, comme on le voit dans les mots esprit, vertu, maison, jardin, César, Cicéron, et que l’adjectif ne peut être clairement entendu, s’il n’est joint à un substantif, comme on le voit dans les mots vaste, rare, commode, agréable, victorieux, éloquent. […] Celui qui, quoiqu’au singulier, présente à l’esprit l’idée de plusieurs objets réunis ensemble, s’appelle collectif. […] Ainsi, il y a une faute dans cette phrase : l’esprit de révolte n’était pas éteint : il était passé parmi de nouveaux factieux.

322. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VIII. Épître. »

L’épitre familière prend un air de négligence et de liberté ; elle badine agréablement, elle sème partout la saillie, les traits d’esprit et la grâce.

323. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Bien entendu que quand je parle de remonter aux généralités, il ne s’agit pas de donner dans le lieu commun, mais de dégager l’esprit de la question spéciale, lorsqu’il tend à s’y resserrer, pour le laisser se déployer à l’aise dans le vaste champ des universaux. […] Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend.

324. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

. : prix, esprits ; terre, solitaire ; aimé, consumé. […] Il est un heureux choix de mots harmonieux ; Fuyez des mauvais sons le concours odieux, Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée.

325. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Une démarche où la circonspection la plus attentive devrait encore craindre de se méprendre est toujours l’ouvrage des amusements et des goûts puérils de l’enfance : à peine commence-t-on à bégayer, qu’on décide déjà de l’affaire la plus sérieuse de la vie ; et ces paroles irrévocables qui prononcent sur notre destinée sont les premières qu’on nous apprend à former, avant même qu’on nous ait appris à les entendre ; on accoutume de loin notre esprit naissant à ces images suggérées ; le choix d’un état n’est plus qu’une impression portée de l’enfance ; ainsi, avant que nos penchants soient développés, et que nous sachions ce que nous sommes, nous nous formons des engagements éternels, et arrêtons ce que nous devons être pour toujours. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom.

326. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

« L’hyperbole ou exagération exprime au-delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. » (La Bruyère.) […] La tendresse excelle à couvrir, sous des formes adoucies les imperfections de l’objet aimé : — La géante paraît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des cieux ; L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne ; La fourbe a de l’esprit ; la sotte est toute bonne ; La trop grande parleuse est d’agréable humeur ; Et la muette garde une honnête pudeur, (Molière.)

327. (1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2

Il est surtout important de ne pas leur présenter plusieurs objets à la fois : il faut, pour ainsi dire, faire entrer dans leur esprit les idées une à une, comme on introduit une liqueur goutte à goutte dans un vase dont l’embouchure est étroite : si vous en versez trop en même temps, la liqueur se répand, et rien n’entre dans le vase.

328. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Préface de la première édition. » pp. -

D’ailleurs les bons exemples offrent tantôt de belles idées, qui ne peuvent qu’enrichir l’esprit, tantôt de grands sentiments, propres à former le cœur, et contribuent toujours infiniment à épurer le goût.

329. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VIII. » pp. 96-97

vii : c’est un moyen trop commode, pour un homme d’esprit, de corriger Aristote.

330. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre II. Études du Prédicateur. »

Mais s’il veut porter la conviction dans les esprits, la persuasion dans les cœurs, la consolation dans les âmes, qu’il ouvre les saintes écritures, qu’il se nourrisse, qu’il enrichisse, qu’il fortifie son éloquence de leur lecture : il sera sûr alors de toucher, de persuader et de convaincre.

331. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PRÉAMBULE. » pp. -

En suivant cette méthode, qui nous est spécialement recommandée par un grand poëte1, ils enrichiront leur esprit d’une foule de pensées nobles et fécondes, leurs cœurs s’épanouiront sous l’influence de sentiments élevés, et il se formera en eux comme un riche trésor de termes choisis et de tournures élégantes, où ils n’auront qu’à puiser quand il sera besoin d’écrire et de composer en latin.

332. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VI. Sixième espèce de mots.  » pp. 38-40

Ce qu’on appelle gérondif n’est autre chose que le participe présent, devant lequel on met le mot en, comme : les jeunes gens se forment l’esprit en lisant de bons livres 1.

333. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Bonaventure Desperriers. Mort en 1544 » pp. -

Il fut en prose ce que Marot devait être en poésie, un esprit flottant et libertin, mais naïf et ingénieux, un Fontenelle de boudoir, un épicurien se moquant de la vérité, pour se dispenser de la chercher.

334. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

Ma coupe, mon nectar, le miel américain Que du suc des roseaux exprima l’Africain, Tout est prêt… soit ; l’esprit sourit volontiers à ecs tours de force, pourvu qu’ils ne soient ni déplacés, la passion vive et les convenances historiques les admettent rarement ; ni énigmatiques, comme MM. […] Car la première idée que porte à l’esprit la construction grammaticale de la phrase, c’est que le crime ne fait pas l’échafaud, comme on dit : le peintre fait le tableau et non pas la statue, tandis que l’auteur a voulu dire que l’échafaud ne fait pas la honte.

335. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Si l’on se demande ce qu’eût été Molière en un siècle où tout esprit indépendant avait à craindre le Châtelet, le Parlement et la Sorbonne, Molière privé d’un théâtre et réduit à dérober son bon sens sous la livrée de la folie, on songera tout naturellement au pantagruélisme de Rabelais, côtoyant les piéges sans y tomber, et sauvant ses audaces par l’apparente insanité d’un rire sans cause. […] Dans le cortége de ce souverain équitable et pacifique, une place d’honneur est réservée à Panurge, homme d’esprit nécessiteux, ourdisseur d’intrigues, frondeur impitoyables, relégué par sa naissance au plus bas de l’échelle, mais impatient de prendre son rang, et habile à se venger par ses moqueries des injustices qu’il reproche au hasard.

336. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre V. Genre didactique et descriptif en vers. »

Les modernes ont l’esprit d’analyse et d’observation joint à un goût minutieux et raffiné ; ils s’arrêtent curieusement autour de chaque objet, et ne l’abandonnent souvent qu’après en avoir épuisé la peinture ; ils aiment à se perdre dans les détails, dans la contemplation vague et la rêverie mélancolique : c’est de cette tendance qu’est né le genre descriptif en vers comme en prose.

337. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

Un écrivain que la tournure habituelle de son esprit portait plus volontiers à la satire et même au sarcasme, qu’à l’éloge ; qui a semé partout le sel de cet enjouement et de cette gaîté, dont Swift a donné depuis l’idée et le modèle à la littérature anglaise, Lucien va figurer ici comme panégyriste de Démosthène.

338. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — De la Poétique » pp. 2-4

Les hommes de génie ont considéré la nature et l’ont embellie en l’imitant ; puis des esprits observateurs ont analysé ces productions, et après avoir découvert le secret de leurs beautés, ont fait part aux autres hommes du résultat de leurs investigations, et leur ont indiqué la voie qu’ils devaient suivre.

339. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Il a sa source dans certaines opérations de l’esprit humain, dans certaines affections ou actions de nos semblables.

340. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IV. Éloge de Trajan, par Pline le jeune. »

« Tout ce qne j’ai dit des autres princes que nous avons eus, n’a pour but que de vous faire voir combien notre père commun a changé et corrigé l’esprit du gouvernement, si longtemps corrompu et dépravé.

341. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIV. » pp. 128-130

A moins toutefois qu’il ne lui vienne ici un scrupule à l’esprit sur l’étendue des deux épopées homériques, qui, en effet, ne pourraient guère être lues d’une seule haleine, quoi qu’en dise le savant Dacier.

342. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Quel fruit revient aux plus rares esprits De tant de soins6 à polir leurs écrits, A rejeter les beautés hors de place, Mettre d’accord la force avec la grâce, Trouver aux mots leur véritable tour Fuir les longueurs, éviter les redites, Bannir enfin tous ces mots parasites1, Qui, malgré vous dans le style glissés, Rentrent toujours, quoique toujours chassés ?

343. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Ici, l’esprit n’est pas contraint de se soumettre au joug d’une pénible attention, puisque la langue française est seule employée, et l’on ne saurait accuser cette lecture d’être fastidieuse, rebutante, sous prétexte d’équivoques et d’obscurités. […] Mais lorsqu’ils verront qu’un de leurs soldats devra en combattre dix des nôtres, eux qui seraient incapables de s’opposer à nous, en étant dix contre un, ils prendront la fuite, dont leur esprit est déjà préoccupé. […] Si vous vous montrez tels qu’il le désire, tels que je vous conseille d’être, moi qui comprends bien son esprit, jamais vous ne serez dans le malheur, que dis-je ? […] Et pourtant, comblé de ces bienfaits, tu as résolu de m’assassiner. » À ces mots, Cinna s’étant écrié qu’un dessein aussi lâche, aussi insensé, était bien loin de son esprit : « Tu tiens mal ta promesse, reprit Auguste ; il était convenu que tu ne m’interromprais pas. […] Ne vous mettez pas dans l’esprit qu’avec moi la vengeance de Dieu soit étouffée ; ces flammes ne feront qu’allumer sa colère qui vous dévorera ; ma mort vous coûtera deux cent mille hommes, et quoique morte, je vous chasserai de Paris, de la Normandie, de la Guienne, où vous ne remettrez jamais le pied.

344. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre IV. De l’Éloquence chez les modernes. »

La révolution qui s’opéra alors dans les esprits et dans les âmes, est si frappante ; ses conséquences ont tellement influé sur la destinée des peuples de l’Europe, que nous avons cru nous y devoir arrêter un moment.

345. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

Déjà, dit Fénelon, les raffinements d’esprit avaient prévalu, instruits par les mauvais rhéteurs de leur temps, les pères étaient entraînés par le préjugé universel.

346. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XV. » pp. 109-111

Malgré l’autorité d’un tel critique et de ceux qui l’ont suivi, je crois que ces mouvements d’une âme qui cède d’abord à la douleur et se roidit ensuite contre elle, sont conformes à la nature, conformes à l’esprit du théâtre grec, qui en avait fait le sujet et la leçon de la tragédie. » (M.

347. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voiture 1598-1648 » pp. 15-17

Ses lettres et ses poésies légères sont, au dix-septième siècle, un monument unique où brillent les qualités les plus rares, infiniment d’esprit, une verve comique inépuisable qui part et jaillit à tout propos, une hardiesse qui se permet tout, avec un art qui sait tout dire. » 3.

348. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IV. » pp. 78-81

Au reste, cette réserve à prononcer marque un esprit très-sage, qui ne veut poser ni les bornes de l’art ni celles du génie. » (La Harpe, Analyse de la Poétique d’Aristote.

349. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXV. » pp. 131-134

Ce précepte effectivement, qui donne pour règle de ne point garder quelquefois de règles, est un mystère de l’art qu’il n’est pas aisé de faire entendre à des hommes sans aucun goût…, et qu’une espèce de bizarrerie d’esprit rend insensibles à ce qui frappe ordinairement les hommes. » (Discours sur l’Ode.

350. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Boétie, 1530 1563 » pp. -

Mais, après sa mort, ce peuple là, qui avoit encores à la bouche ses banquets, en l’esprit la soubvenance de ses prodigalités, pour lui faire ses honneurs et le mettre en cendres2, amonceloit, à l’envi, les bancs de la place ; et puis esleva une colonne, comme au pere du peuple, ainsi portoit le chapiteau : et lui fit plus d’honneur, tout mort qu’il estoit, qu’il n’en debvoit faire à homme du monde, si ce n’estoit possible, à ceux qui l’avoient tué.

351. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Joubert 1754-1824 » pp. 214-217

Les événements les plus importants de son existence furent des tendresses dévouées, des regrets fidèles, et des pensées dignes d’être achevées dans le monde des purs esprits.

352. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Préface. »

Un esprit original se montre partout, et le vieil ouvrage qu’on retouche, en s’imposant même la loi de ne rien ajouter aux doctrines, devient, soit par les retranchements, soit par une disposition meilleure, soit par la forme et le caractère du langage, tout autre chose que ce qu’il était d’abord.

/ 391