Tantôt ce même soleil qui avait vu jeter les fondements de ces cités se couchait majestueusement, à mes yeux, sur leurs ruines ; tantôt la lune se levant dans un ciel pur, entre deux urnes cinéraires à moitié brisées, me montrait les pâles tombeaux. […] Pendant que je contemplais ce tableau, mille idées confuses se pressaient dans mon esprit : tantôt j’admirais, tantôt je détestais la grandeur romaine ; je pensais tantôt aux vertus, tantôt aux vices de ce propriétaire du monde qui avait voulu rassembler une image de son empire dans son jardin. […] L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée ; tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige. […] Le fleuve cependant poursuit sa course immense : Tantôt, roulant ses flots dans un profond silence, Réfléchit, doucement agité par les vents, Les arbres, les rochers, les nuages errants ; Tantôt entre deux monts précipitant ses ondes, Fait éclater sa voix sous leurs voûtes profondes, Sort, d’écume, de fange et de débris couvert, De ses flots débordés inonde le désert, Arrose cent climats peuplés ou solitaires ; Et, portant dans ses eaux cent fleuves tributaires, Vers l’Océan jaloux, s’avance avec fierté, Ose du Dieu surpris braver la majesté ; Et, du flux impuissant brisant les faibles chaînes, Semble entrer en vainqueur dans ses vastes domaines.
Une autre manière plus poétique et plus propre à embellir ce genre, consiste à peindre les préceptes, c’est-à-dire à les présenter sous forme d’images, et à les revêtir des couleurs naturelles du sujet, ou bien à accompagner le précepte d’une description, d’un exemple que l’on place tantôt avant, tantôt après. […] Phèdre et La Fontaine placent indifféremment la moralité tantôt avant, tantôt après le récit, selon que le goût l’exige ou le permet. […] Tantôt le corps : — Demoiselle belette au corps long et fluet… Tantôt les lieux : Le lapin à l’aurore allait faire sa cour Parmi le thym et la rosée. […] Elles se distinguent tantôt par la solidité : Dieu prodigue ses biens A ceux qui font vœu d’être siens. […] Ovide excelle dans la manière de diversifier ses tableaux et son langage : rien n’égale sa flexibilité d’imagination et de style pour prendre successivement tons les tons, suivant le genre du sujet ; rien n’est agréable comme l’étonnante variété de ses couleurs toujours adaptées à des tableaux toujours divers, tantôt nobles et imposants jusqu’à la sublimité, tantôt simples jusqu’à la familiarité ; les uns horribles, les autres tendres ; ceux-ci effrayants, ceux-là gais, riants et doux.
Il sera tantôt sérieux, et tantôt enjoué ; tantôt noble, et tantôt naïf ; tantôt touchant, et tantôt léger ; tantôt simple, et tantôt même sublime. […] La simplicité du style fait le caractère propre des historiens sacrés : mais c’est une simplicité, tantôt majestueuse, tantôt énergique, tantôt naïve, tantôt pleine de douceur, et toujours une simplicité sublime, qui transporte et maîtrise l’âme ; simplicité admirable, qui seule serait pour l’homme qui réfléchit, une bien forte preuve de la vérité des écritures.
Ce front, vaste théâtre où l’âme se déploie, Est tantôt éclairé des rayons de la joie, Tantôt enveloppé du chagrin ténébreux3. […] De nuages légers cet amas précieux, Que dispersent au loin les vents officieux, Tantôt, féconde pluie, arrose nos campagnes, Tantôt retombe en neige et blanchit nos montagnes ; Sur ces rocs sourcilleux, de frimas couronnes, Réservoirs des trésors qui nous sont destinés, Les flots de l’Océan apportés goutte à goutte Réunissent leur force et s’ouvrent une route. […] Tantôt le monde entier m’annonce à haute voix Le maître que je cherche, et déjà je le vois. Tantôt le monde entier, dans un profond silence, A mes regards errants n’est plus qu’un vide immense.
Mettant donc à profit notre expérience de trente années et les études toutes spéciales que nous avons faites sur la langue latine, nous avons revu avec le plus grand soin cette nouvelle édition, nous l’avons remaniée presque en entier, et, suivant le conseil du vieux poëte, nous sommes devenu à notre égard un Aristarque sévère, tantôt effaçant ce qu’il y avait de trop, tantôt ajoutant ce qui faisait défaut, tantôt éclaircissant ou modifiant ce qui nous semblait obscur ou défectueux.
Tantôt il arrive qu’avant de poser notre doctrine, il est urgent de réfuter une opinion hostile à la nôtre, erronée, mais dominante, et de déblayer en quelque sorte le terrain sur lequel nous voulons édifier ; en ce cas on commence par la réfutation, comme fait Cicéron dans la Milonienne. Tantôt l’idée ou le fait serait mal établi, si les preuves préalables n’en préparaient d’abord la vraisemblance, si nous ne conduisions insensiblement et d’une manière détournée jusqu’à la vérité ; alors la confirmation prend le premier rang. […] Tantôt il faut prémunir l’une ou l’antre partie de la narration par une discussion préalable, ou l’appuyer d’arguments spéciaux ; tantôt reprendre, en le combattant, l’exposé de la partie adverse et rétablir à notre avantage les faits qu’elle a présentés sous un jour défavorable pour nous ; en un mot, il faut souvent fondre le récit, soit dans la confirmation, soit dans la réfutation. […] Pour y parvenir, l’écrivain rattachera la description tantôt aux héros du poëme, du drame, du roman, du discours, par l’harmonie ou les contrastes qu’il établit entre la nature extérieure et les sentiments qui les animent ; tantôt au lecteur lui-même, en mettant l’action en lui, en réveillant, pour les lui faire partager ou du moins comprendre, les émotions humaines qui dorment au sein de la nature, en faisant pénétrer enfin dans les objets physiques un élément moral.
Tantôt on commence par les plus faibles, tantôt au contraire on place en avant les plus fortes. […] Tantôt il devra faire usage de la logique, en montrant, s’il y a lieu, ou que les principes sont faux et qu’ on ne peut en tirer des conséquences vraies, ou que les principes étant vrais, on en a tiré de fausses conséquences. Il aura soin à cet effet de réduire à quelques syllogismes toute l’argumentation qu’on lui a opposée, tantôt il devra employer l’analyse, pour découvrir, en jetant à bas toute la pompe des ornements, si les pensées sont vraies, si on n’a point donné pour certain ce qui était douteux, ou pour avouer ce qui était contesté. […] 7° II arrange ses vestibules, ses salles d’attente et ses salons, soit en augmentant graduellement la majesté des proportions de ces trois pièces, soit en la diminuant et toutefois en compensant cette diminution par la richesse et l’agrément des détails, mais toujours de manière à ce que le visiteur soit dans l’admiration. — C’est la gradation de la disposition tantôt ascendante, tantôt descendante.
Tantôt ils en font un court sommaire, tantôt un drame qui a ses personnages, ses coups de théâtre, son intrigue et son dénoûment. […] L’éloquence de Voltaire est un courant clair et rapide ; celle de Montesquieu un torrent au lit inégal, tantôt vaste comme un fleuve, tantôt frétillant comme un ruisseau. […] Rullus ; — tantôt, enfin, hautaines et ironiques : Poursuis, Néron : avec de tels ministres, Par des faits glorieux tu vas te signaler. […] Dans le soleil aux rayons pénétrants ils voient tantôt un archer aux flèches d’or, tantôt un berger qui chasse devant lui les troupeaux monstrueux des nuages errants. […] La passion est un archet qui fait vibrer tous les nerfs de l’orateur ; sa voix, comme une corde tendue, retentit à chaque impulsion, tantôt grave ou aiguë, tantôt lente ou précipitée, tantôt faible ou puissante.
Votre bourse est, monsieur, puisqu’il faut vois le dire, Un thermomètre sûr, tantôt bas, tantôt haut, Marquant de votre cœur ou le froid ou le chaud. […] Tantôt vous étiez tout de flamme. […] >Vous savez…>Je dois jouer tantôt. […] Vous la trouviez pourtant tantôt bien agréable.
Tantôt la pensée demande le développement de la période ; tantôt les traits de lumière dont l’esprit est frappé, sont autant d’éclairs qui se succèdent rapidement. […] « Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » !
L’action doit eu être tantôt vive, animée, et tantôt tranquille ; tantôt même cesser absolument, lorsque le discours est calme, ou dans l’extrémité contraire, lorsque la passion est portée au plus haut point.
En un mot, c’est elle qui règne souverainement sur les esprits et sur les cœurs ; qui tantôt brise tout ce qui ose lui résister, tantôt s’insinue dans l’âme des auditeurs par des charmes secrets, et tantôt y établit de nouvelles opinions, ou déracine celles qui paraissent les mieux affermies. […] Tantôt il évoque les morts, tantôt il personnifie la patrie, pour gémir sur les attentats d’un citoyen rebelle.