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2. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

Il s’exprime ainsi : Les temps sont mauvais ; chacun souffre ; et n’est-il pas alors de la prudence de penser à l’avenir et de garder son revenu ? […] Tout le monde souffre et est incommode, j’en conviens ; car jamais le faste, jamais le luxe fut-il plus grand qu’aujourd’hui ? […] Si tout le monde souffre, les pauvres ne souffrent-ils pas ? […] Or, à qui est-ce à assister ceux qui souffrent plus, si ce n’est pas à ceux qui souffrent moins ?

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Joubert 1754-1824 » pp. 214-217

Alors on croit ne plus souffrir ; mais on porte au dedans de soi un poids affreux pire que toutes les douleurs. […] Molé, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, dans un billet que vous avez comblé de gloire, et qui ne mérite pas d’être compté ; le second a été de vous écrire à vous-même ; le troisième, de chercher sur ma table une demi-douzaine de lettres éparses que j’avais commencées pour vous dans les intervalles de mes angoisses, et que j’avais toujours été forcé d’interrompre en me disant : Je souffre trop, je recommencerai demain ; le quatrième a été de les lire ; le cinquième enfin est de vous en envoyer la copie. […] Mais l’égalité de son humeur n’en souffrit aucune atteinte.

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

— On n’en peut trop avoir, et, pour en amasser, Il ne faut épargner ni crime, ni parjure ; Il faut souffrir la faim et coucher sur la dure, Eût-on plus de trésors que n’en perdit Galet3 ; N’avoir en sa maison ni meubles, ni valet ; Parmi les tas de blé vivre de seigle et d’orge ; De peur de perdre un liard, souffrir qu’on vous égorge. […] Je sais qu’un noble esprit peut sans honte et sans crime Tirer de son travail un tribut légitime ; Mais je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui, dégoûtés de gloire, et d’argent affamés, Mettent leur Apollon aux gages d’un libraire3, Et font d’un art divin un métier mercenaire. […] épitaphe du docteur arnault 1 Au pied de cet autel de structure grossière, Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière, Le plus savant mortel qui jamais ait écrit : Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ, Combattant pour l’Église, a, dans l’Église même, Souffert plus d’un outrage et plus d’un anathème. […] Mais tout ornement qui n’est qu’ornement est de trop ; retranchez-le, il ne manque rien, il n’y a que la vanité qui en souffre.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

En le lisant, on l’aime et on le plaint, comme un malade qui souffre, même quand il a le rire sur les lèvres. […] Lorsque plus tard, las de souffrir, Pour renaître ou pour en finir, J’ai voulu m’exiler de France ; Lorsque, impatient de marcher, J’ai voulu partir, et chercher Les vestiges d’une espérance… Partout où j’ai voulu dormir, Partout où j’ai voulu mourir4, Partout où j’ai touché la terre, Sur ma route est venu s’asseoir Un malheureux vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère L’incendie Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière, Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre, Il croit d’abord qu’un rêve a fasciné ses yeux, Et, doutant de lui-même, interroge les cieux. […] Il est juste, il est bon ; sans doute il vous pardonne : Tous vous avez souffert, le reste est oublié. […] S’il souffre, s’il pleure, s’il aime, C’est son Dieu qui le veut ainsi.

6. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Madame de Chevry souffre encore. […] Je ne veux point que vous lassiez de votre chef3 aucun effort pour moi ; je vous renverrais ce que vous me prêteriez ; j’aime mieux souffrir. […] En se levant, le pli d’un chausson lui a déplu ; toute la journée sera orageuse, et tout le monde en souffrira. […] N’allez pas lui parler des choses qu’il aimait le mieux il n’y a qu’un moment ; par la raison qu’il les a aimées, il ne les saurait plus souffrir. […] Il a besoin de tout le monde ; il aime, on l’aime aussi ; il flatte, il insinue, il ensorcelle tous ceux qui ne pouvaient plus le souffrir.

7. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idées1 quelque nouvelle réformation ; et si je pensais qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serais très-marri2 de souffrir qu’il fût publié. […] Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment2 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir. […] Il y a, ce me semble, beaucoup de rapport entre la perte d’une main et d’un frère3 ; vous avez ci-devant souffert la première sans que j’aie jamais remarqué que vous en fussiez affligé ; pourquoi le seriez-vous davantage de la seconde ?

8. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Vous souffrez qu’on vous rende des respects qui ne vous sont point dus ; vous ne pouvez souffrir qu’on vous dise qu’ils sont par rapport à moi ; vous voudriez vous élever même au-dessus de moi, tant vous êtes élevée et altière. […] Je souffrais bien, l’autre jour, de tout ce que vous fîtes à madame de Caylus : vous devez du respect à vos cousines2.

9. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Aidons-nous mutuellement, La charge des malheurs en sera plus légère : Le bien que l’on fait à son frère Pour le mal que l’on souffre est un soulagement. […] Notre paralytique, Couché sur un grabat dans la place publique, Souffrait sans être plaint : il en souffrait bien plus.

10. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

L’impatience qui porte à contredire les autres avec chaleur ne vient que de ce que nous ne souffrons qu’avec peine qu’ils aient des sentiments différents des nôtres. […] Le premier est l’ascendant, c’est-à-dire une manière impérieuse de dire ses sentiments, que peu de gens peuvent souffrir, tant parce qu’elle représente l’image d’une âme fière et hautaine, dont on a naturellement de l’aversion, que parce qu’il semble que l’on veuille dominer sur les esprits et s’en rendre le maître… C’est encore un fort grand défaut que de parler d’un air décisif, comme si ce qu’on dit ne pouvait être raisonnablement contesté ; car l’on choque ceux à qui l’on parle de cet air, ou en leur faisant sentir qu’ils contestent une chose indubitable, ou en faisant paraître qu’on leur veut ôter la liberté de l’examiner et d’en juger par leur propre lumière1, ce qui leur paraît une domination injuste. […] Il ne suffit pas, pour conserver la paix avec les hommes, d’éviter de les blesser ; il faut encore savoir souffrir d’eux, lorsqu’ils font des fautes à notre égard : car il est impossible de conserver la paix intérieure, si l’on est si sensible à tout ce qu’ils peuvent faire et dire de contraire à nos inclinations et à nos sentiments ; et il est difficile même que le mécontentement intérieur que nous avons conçu n’éclate au dehors et ne nous dispose à agir envers ceux qui nous auront choqué, d’une manière capable de les choquer à leur tour, ce qui augmente peu à peu les différends et les porte souvent aux extrémités.

11. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Vous souffrez qu’on vous rende des respects qui ne vous sont point dus ; vous ne pouvez souffrir qu’on vous dise qu’ils sont par rapport à moi ; vous voudriez vous élever même au-dessus de moi, tant vous êtes élevée et altière. […] Je souffrais bien, l’autre jour, de tout ce que vous fîtes à madame de Caylus : vous devez du respect à vos cousines2.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Elle ne souffrait rien de servile dans l’esprit des artisans ; elle élevait les pensées d’un particulier au-dessus du trône et de la tiare du roi de Perse. […] Après lui avoir reproché sa mauvaise haleine, sa tête pelée, son visage pétri de boue et de sang, les monstres et les prodiges de ses débauches, en un mot les plus visibles défauts de sa personne et les crimes les plus connus de sa vie, cette grande lettre1, cette lettre injurieuse lui conseille, pour conclusion, de mettre fin par une mort volontaire à tant de maux qu’il souffre et qu’il fait souffrir, l’exhorte de donner par là à toute la terre la seule satisfaction qu’elle pouvait recevoir de lui.

13. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Combien j’ai souffert en Sicile et en Afrique, avant même d’avoir atteint l’âge de l’adolescence ? […] quant à moi, depuis que je suis maître du trône, je m’attache surtout à ne pas demeurer au-dessous de ceux qui m’ont précédé, et à ne souffrir aucun affaiblissement dans notre puissance. […] « Soldats, dit-il, la situation de Syracuse est telle que notre seule ressource est de faire souffrir à nos ennemis ce que nous souffrions nous-mêmes. […] On trouve plus facilement des guerriers prêts à marcher volontairement à la mort, que des hommes capables de souffrir la douleur avec résignation. […] Est-ce là la république, et n’est-ce pas pour cette étrange inégalité que nos ancêtres n’ont pu souffrir les rois et la monarchie ?

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