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93. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Les expositions du théâtre moderne sont généralement moins touchantes, mais elles n’en sont que plus adroites : car une des premières règles de l’art dramatique est que l’intérêt aille en croissant ; et, après une exposition qui arracherait des larmes ou qui saisirait de terreur, il serait difficile durant cinq actes, de graduer les situations. […] Cet inconvénient est très bien évité dans Cinna, parce que le magnifique tableau que vient de faire le chef des conjurés répand sur l’exposition qu’il remplit un éclat admirable, et que la terreur qui saisit les personnages, au moment où Auguste les appelle, commence à engager l’intérêt que leur complot a fait naître. […] Supposez des monarques, des héros, des ministres, des hommes illustres qui sont à la tête d’un gouvernement quelconque, parlant aussi parfaitement qu’ils peuvent parler, soit lorsqu’ils discutent les intérêts de leur nation ou leurs intérêts particuliers, soit lorsqu’ils sont agités d’une violente passion, excités par un grand objet, et faites-les parler de même, vous aurez saisi le véritable style de la tragédie. […] Le vis comica, dont les comédies de Térence étaient dépourvues, au grand regret de César, ne pouvait être que la touche risible du ridicule, ou en d’autres termes, le ridicule exactement saisi et vivement exprimé. […] Pour réussir dans le vaudeville, il faut posséder l’art de saisir ces transformations si rapides et si variées de la société qui échappent à un œil inattentif, et qui fournissent une foule de traits piquants ; il faut être doué de ce tact observateur auquel ne peuvent échapper ces erreurs légères et fugitives de l’esprit humain qui se cachent sous le vernis uniforme de la société .polie, les forcer, par l’art de la composition, à se déceler, et tourner surtout avec agrément ces couplets si gais, si pleins de sel attique, si finement aiguisés de bons mots, où l’épigramme ne va pas au delà de la malice.

94. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Mais je m’aperçus que cette méthode était mauvaise, en ce que mon auteur s’étant saisi d’abord, pour rendre sa pensée, des termes les plus convenables, les plus forts, les plus élégants, si je me servais de ces mots, je ne faisais rien de moi-même ; si j’en employais d’autres, je faisais plus mal. […] Cette règle en renferme mille ; et si on l’a bien saisie, ni les lieux oratoires, ni les figures, ni les ornements, ni aucune des formules de rhétorique, ne s’introduiront qu’à propos et comme sans étude et sans dessein dans l’éloquence. […] L’auditeur, voyant l’art si à découvert, bien loin d’être saisi et transporté hors de lui-même, comme il le faudrait, observe froidement tout l’artifice du discours. […] On croit voir cette armée, on croit entendre le bruit des armes et des chariots : tout est dépeint d’une manière vive qui saisit l’imagination. […] Les artistes, craignant d’être imitateurs, cherchent des routes écartées ; ils s’éloignent de la belle nature, que leurs prédécesseurs ont saisie : il y a du mérite dans leurs efforts : ce mérite couvre leurs défauts.

95. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre premier. »

Avant donc de parler dans une assemblée populaire, il faut commencer par bien concevoir le sujet que l’on veut traiter ; le considérer avec soin sous tous les rapports, saisir ceux qui seront le plus à la portée de la multitude ; choisir et disposer les preuves, dont la solidité lumineuse doit faire la base de tout discours public.

96. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — De Maistre 1753-1821 » pp. 210-213

On lui jette un empoisonneur, un parricide, un sacrilége : il le saisit, il l’étend, il le lie sur une croix horizontale, il lève le bras ; alors il se fait un silence horrible, et l’on n’entend plus que le cri des os qui éclatent sous la barre, et les hurlements de la victime.

97. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Joubert 1754-1824 » pp. 214-217

Il y a, dans l’entrevue de ce petit Mignon avec l’Empereur, des circonstances qu’on est bien aise de savoir, et qu’il raconte avec une grande naïveté : cet élan d’un enfant, cette botte saisie, cette jambe héroïque secouée, et l’entretien qui s’établit : « — Que me demandes-tu ? 

98. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

5° La Similitude La Similitude s’emploie pour rendre une chose plus sensible en faisant mieux saisir les rapports qu’elle a avec une autre. […] C’est d’après cette appréciation que nous pourrons avec exactitude saisir le langage qui leur est propre, et conformer nos idées aux bienséances qui leur conviennent sons le rapport des temps, des lieux, des personnes. […] Dans cette classe de passions rentrent l’amour qu’une mère éprouve pour ses enfants, la tendresse respectueuse que nous ressentons pour les auteurs de nos jours, l’affection qui unit des enfants issus du même sang et nourris du même lait, l’amitié, contrat sacré qui nous lie pour la vie, la sainte indignation dont notre cœur est saisi à la vue d’une action basse et intéressée, la pitié religieuse que nous inspire le malheur, et cet enthousiasme qui fait battre notre cœur au récit d’un grand sacrifice ou d’une action héroïque.

99. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Enfin les orateurs du dix-septième siècle, Bossuet, Bourdaloue, Massillon, ont saisi le vrai caractère de ce précepte, et nous ont laissé, sous ce rapport, les meilleurs modèles à suivre. […] Elle consiste, non à retenir servilement le texte d’un discours, mais à saisir l’ordre et la liaison des pensées, et c’est à cette méthode que le jeune orateur doit s’efforcer d’arriver. […] Si elle est trop rapide, on confond les articulations et les sons, on n’a pas le temps de saisir ce que dit l’orateur, ou du moins d’en être touché. […] L’œil du lecteur, toujours plus subtil que l’oreille de l’auditeur, lui permet de saisir les plus légers défauts et les moindres négligences. […] Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles.

100. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

De nos jours, dit-il, on est inondé de classiques, qui ne sont à vrai dire que des nomenclatures : l’élève n’en a pas plutôt lu un paragraphe, que déjà il bâille, l’ennui le saisit, et il est dégoûté du livre et de la science. — D’ailleurs, toutes les questions n’ont pas une égale importance ; et nous avons nous-même pris soin d’en indiquer un certain nombre que l’on peut se contenter de faire lire attentivement.

101. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

J’ai vu, dit Fénelon, un jeune prince, à huit ans, saisi de douleur à la vue du péril du petit Joas. […] Nos bons poètes ont saisi, comme les anciens, les rapports des sons avec les pensées et les images. […] » Avec quel soin l’orateur a coupé ces mots, comme par des soupirs, saisis, muets, immobiles ! […] Voilà des circonstances finement saisies ; mais cette finesse est en sentiment. […] Alors la multitude inconstante, saisie d’une terreur soudaine, prend la fuite.

102. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Le désespoir m’allait saisir : on pense à moi pour une place ; mais, par malheur, j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint.

103. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Mais un mot n’est pas un discours : un mot remue et saisit ; il ne suffirait pas à convaincre, sur des matières graves et difficiles, des esprits prévenus ou hostiles, où la persuasion ne pénètre que péniblement et par des efforts redoublés. […] Dans le discours proprement dit, il faut entrer en matière et occuper l’attention ; il faut aborder les auditeurs avec ménagement ou les attaquer de vive force, préparer l’esprit ou le saisir. […] L’esprit est saisi dès l’abord, maintenu par le développement des preuves, et soumis, en terminant, à des impressions plus fortes encore et plus durables. […] Au barreau, dans la chaire, à la tribune comme dans l’école, dans les livres comme dans les discours, dans un cabinet, d’affaires, dans un salon, il faut savoir distinguer et saisir, au milieu de leurs manœuvres, de leurs feintes, de leurs détours, les sophismes de chicane, d’intérêt, de passion. […]  » L’autre est, comme Tacite, rempli de traits qui saisissent, de mots impérissables, de portraits, de peintures, de récits vivants.

104. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre II. De l’arrangement des Mots. » pp. 87-179

Il y a deux sortes de régimes, dont il est très important de bien saisir la différence ; le régime simple ou absolu, et le régime composé ou relatif. […] Il est essentiel de saisir cette distinction du qui explicatif, et du qui déterminatif, pour bien prendre le sens de certaines phrases. […] Échapper, signifiant n’être pas saisi, n’être pas aperçu, est neutre, et veut un régime composé avec la préposition à : = il a échappé, il est échappé à la poursuite de son ennemi. […] On n’a besoin, pour la bien saisir sous tous ses rapports, que d’une attention un peu suivie, mais en se rappelant toujours ce que c’est que le régime simple, c’est-à-dire, celui qui n’est pas précédé d’une préposition exprimée ni sous-entendue ; et ce que c’est que le régime composé, c’est-à-dire, celui qui est précédé d’une préposition exprimée ou sous-entendue. […] Il est essentiel de saisir cette distinction, parce que la préposition en, employée ou supprimée avant un gérondif, change entièrement le sens d’une phrase.

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