L’orateur sacré peut puiser ces lieux communs dans l’Écriture sainte, dans les Pères de l’Église, dans l’Histoire Ecclésiastique ; l’orateur du barreau les découvrira dans les lois, dans les arrêts ou ordonnances, dans les dépositions des témoins ; l’historien, les écrivains en général pourront recourir aux traditions, aux ouvrages célébrés tant anciens que modernes, aux auteurs regardés comme jouissant de l’estime publique, etc. […] C’est en cela que nos grands orateurs sacrés se sont montrés si supérieurs aux autres hommes par une observation constante, par une connaissance positive des mœurs de leurs semblables qui leur ont acquis le premier rang parmi les écrivains de leur nation. […] Les passions, qui sont l’amour des objets agréables et la haine des objets désagréables, nous poussent continuellement à rechercher les uns et à fuir les autres ; mais souvent elles rencontrent un obstacle, et cet obstacle, c’est le sentiment de la justice, c’est la loi du devoir qui nous dit : « Sois heureux si tu peux, mais non pas aux dépens du bonheur d’autrui. » Les passions ne s’arrêtent pas toujours à cette voix sacrée ; souvent elles nous conseillent d’immoler à notre intérêt particulier l’intérêt de nos semblables : alors elles deviennent coupables, et l’orateur ou l’écrivain serait criminel en cherchant leur appui. […] Dans cette classe de passions rentrent l’amour qu’une mère éprouve pour ses enfants, la tendresse respectueuse que nous ressentons pour les auteurs de nos jours, l’affection qui unit des enfants issus du même sang et nourris du même lait, l’amitié, contrat sacré qui nous lie pour la vie, la sainte indignation dont notre cœur est saisi à la vue d’une action basse et intéressée, la pitié religieuse que nous inspire le malheur, et cet enthousiasme qui fait battre notre cœur au récit d’un grand sacrifice ou d’une action héroïque.
Après les écrivains sacrés, Homère est de tous les poètes celui qui renferme le plus d’exemples du sublime en tout genre ; et c’est une justice que lui a rendue jusqu’ici l’hommage constant de tous les siècles. […] Ses Poésies Sacrées surtout, la partie la plus recommandable de ses Œuvres, devinrent, pour le patriarche de la secte, la source d’une foule de plaisanteries, plus dignes, pour la plupart, d’un bateleur de la foire, que d’un homme tel que Voltaire.
L’inspiration est une émotion profonde et momentanée de l’âme, une vive exaltation du sentiment et de l’intelligence ; c’est le feu sacré, le souffle de Dieu qui vient parfois électriser un mortel ; c’est un don du ciel qui n’est accordé qu’à des natures d’élite. […] Alors le poète se confond avec le musicien et le devin ; celui qui est atteint du souffle sacré de l’inspiration est considéré comme un être privilégié, comme l’interprète des dieux ; il maîtrise, il gouverne les peuples.
Mais nous jurons, par ce qu’il y a de plus sacré, que, si vous entrez dans nos terres comme ennemis, nous vous regarderons comme un peuple injuste, et que nous vous traiterons comme des bêtes farouches. » Ces paroles furent renvoyées avec mépris ; ces peuples sauvages entrèrent armés dans la terre des Troglodites, qu’ils ne croyaient défendue que par leur innocence. […] je suis à la fin de mes jours ; mon sang est glacé dans mes veines ; je vais bientôt revoir vos sacrés aïeux ; pourquoi voulez-vous que je les afflige, et que je sois obligé de leur dire que je vous ai laissés sous un autre joug que celui de la vertu1 !
Dans une émeute de quelques légions en Germanie, Germanicus se voit forcé de soustraire son épouse et sa famille à l’insolence d’une troupe de furieux, pour qui rien n’était plus sacré. […] « Mon fils, au nom des nœuds sacrés qui unissent les pères et les enfants, je l’en conjure, mon cher fils ! […] Il n’y a qu’un moment que nous avons juré, par tout ce qu’il y a de plus saint, que nous avons touché la main d’Annibal, pour être admis à ce banquet sacré ; et à peine sortis de cette conférence, nous nous a armerions contre lui !
Elle se met en effet à la tête des troupes, qu’elle remplit d’une nouvelle ardeur ; et dirigée par les conseils de Dunois, elle entre dans Orléans, bat plusieurs fois les Anglais, et les force de se retirer Après cet exploit décisif, elle fait traverser au roi quatre-vingts lieues de pays occupé par les Anglais et le conduit jusqu’à Reims, où il est sacré.
Son œuvre poétique se partage entre les poésies bucoliques et amoureuses qu’il composa dans sa jeunesse, et les poésies sacrées qu’il entreprit en rivalité de Malherbe plus encore que de Desportes. […] Le génie de Corneille s’élève toujours, et, en 1640, la muse sacrée vient lui inspirer son plus incontestable chef-d’œuvre, Polyeucte. […] Préférant à tout l’intérêt de l’art, il ne fit jamais, quoi qu’il pût lui en coûter, la moindre transaction avec ses principes sacrés. […] L’absence du don créateur se remarque dans ses odes pindariques comme dans ses odes sacrées. […] Rousseau, Lefranc de Pompignan, Lebrun, dans leurs odes sacrées ou profanes ; Gilbert, dans ses éloquentes satires ; Ducis, dans divers drames où l’inspiration anglaise est mêlée à l’inspiration grecque.
Il faut chercher l’origine de ce mode poétique dans la manière dont les Hébreux chantaient leurs hymnes sacrées. […] Les écrivains sacrés ont déployé dans leurs prosopopées une grandeur et une magnificence dont les autres poètes n’approchèrent jamais. […] Il existe parmi les différents auteurs des livres sacrés une diversité bien évidente dans le ton et dans le style. […] Les poètes sacrés les plus éminents sont Job, David et Isaïe. […] De même qu’Isaïe est le plus sublime des poètes sacrés, David le plus gracieux et le plus tendre, de même aussi Job est le premier dans l’art des descriptions.
Tout cela est beaucoup sans doute, et pourtant ce n’est point assez si le cœur ne s’y ajoute, l’œuvre demeure imparfaite : le feu sacré n’y est pas.
J’ai tâché d’exposer avec précision et avec clarté les règles des différents Ouvrages en prose ; du Discours oratoire en général, des Discours sacrés, des Discours du barreau, des Discours académiques, des Discours politiques, du genre historique, des Ouvrages didactiques, du Roman : et, après quelques notions préliminaires sur la versification française et sur la poésie en général, j’ai tracé les règles des différents Ouvrages en vers ; de tous ceux qui peuvent être compris sous le titre de Poésies fugitives ; des petits Poèmes et des grands Poèmes.
Ce perfide voyant les malheurs de Troie, se rangea du parti des vainqueurs, viola les droits les plus sacrés, assassina Polydore, et s’empara du dépôt. […] Cependant pour en donner une idée encore plus claire et plus juste, je vais rapporter la traduction littérale du texte sacré qui a fourni à Racine la matière des beaux vers que j’ai cités. […] Dans le même Homère, Jupiter, après avoir parlé, fait un signe de ses noirs sourcils ; les cheveux sacrés du roi des Dieux se dressent et se relèvent sur sa tête immortelle ; et tout l’Olympe est ébranlé par ce signe redoutable .
ô vous oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétys ; doux alcyons, pleurez ! […] Non loin de ce camp champêtre, trois sorcières en lambeaux faisaient sortir de jeunes poulains d’un bois sacré, afin de découvrir par leur course à quel parti Tuiston promettait la victoire. […] Leurs mains soutenaient sur leurs têtes des corbeilles qui, sous un voile éclatant, renfermaient des instruments sacrés, des gâteaux et tout ce qui peut servir aux sacrifices. […] Voici le mont Nérite ; et cette grotte sombre Est l’asile sacré des Déesses des eaux. […] rochers, antres sacrés !