Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, Dis tes expressions enfante les merveilles ; Quels, charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Et quelle force il mêle à ses plus doux attraits. Tu te tais, et prétends que ce sont des matières Dont tu dois nous cacher les savantes lumières, Et que ces beaux secrets, à tes travaux vendus, Te coûtent un peu trop pour être répandus; Mais ton pinceau s’explique et trahit ton silence : Malgré toi, de ton art il nous fait confidence ; Et dans ses beaux efforts, à nos yeux étalés, Les mystères profonds nous en sont révélés.
Elles sont forcées, exagérées, ridicules même dans quelques vers de Corneille : Chimène demandant justice au roi : Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux De se voir répandu pour d’autres que pour vous… Son flanc était ouvert, et pour mieux m’émouvoir, Son sang sur la poussière écrivait mon devoir… Corneille, le Cid. […] Dans le premier, Ulysse, pour déterminer Agamemnon à immoler sa fille Iphigénie, diminue la grandeur de ce sacrifice, en représentant à ce prince qu’il ne s’agit de répandre qu’un peu de sang. […] C’est ce qui fait le mérite de l’allégorie suivante : Le Berger et le Troupeau Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Peut-on donc livrer des batailles contre une nation aguerrie, qui se défend courageusement, sans qu’il y ait de part et d’autre de sang répandu ? […] Cette idée laisserait dans l’esprit un souvenir inquiétant et douloureux, répandrait dans l’âme une tristesse importune, empoisonnerait les douceurs des plaisirs.
Saint-Didier, dans le début de son Clovis, poème médiocre, mais où l’on trouve des morceaux heureux, dit à la muse qu’il invoque : Ose répandre encor sur ces vérités saintes, Les voiles enchanteurs de tes images feintes. […] Ils répandent dans leurs manières plus de dignité que de fierté ; car leur rang, qui les met en vue, fait qu’ils s’observent davantage, et qu’ils gardent toujours une gravite décente. […] Dieu répand la désolation et la mort sur toute la maison royale. […] Vous avez soumis des peuples innombrables, répandus en beaucoup de pays différents, formidables par leur férocité, pourvus abondamment de tout ce qui est nécessaire pour se défendre. […] Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services, du jour que vous vous serez donnés a un maître si bienfaisant.
Il y a un petit air de dimanche gras répandu sur cette lettre, qui la rend d’un goût nom pareil. […] Ce qui ne serait pas permis après avoir fait couler le sang d’un seul innocent, peut-il l’être, lorsqu’on en a fait répandre des flots. […] Leur éclat était légèrement adouci par une espèce de teinte semblable à celle que le temps répand sur les vieux tableaux. […] Tout éprouve la colère céleste, et les nues stériles répandues dans les airs n’y sont plus que des vapeurs enflammées. […] Et l’un des meurtriers, s’approchant avec son glaive, fit jaillir la cervelle et la répandit sur le pavé.
Ce sentiment généralement répandu n’existerait pas sans doute, si tout ce que l’on apprend dans les collèges avait un rapport direct avec les soins et les relations qui nous attendent au sortir de la jeunesse, et si l’on retranchait de l’éducation tout ce qui n’est point applicable à l’existence sociale. […] Les mœurs et les bienséances, quoique répandues dans tout le discours, devront avoir une expression plus marquée dès le commencement. […] Quel sang vouliez-vous répandre ? […] ni la -garde qu’on fait toutes les nuits sur le mont Palatin, ni les-soldats distribués pour veiller partout à la sûreté de la ville, ni l’effroi répandu parmi le peuple, ni le visage et les regards irrités des sénateurs ne font aucune impression sur toi ! […] Servez donc ce roi immortel et plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais de tout votre sang répandu, et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
De ce principe, comme du centre, se répand la lumière sur toutes les parties de cet ouvrage, de même qu’un peintre place dans son tableau le jour, en sorte que d’un seul endroit il distribue à chaque objet son degré de lumière. […] On tombe dans le défaut de répandre un peu trop de sel, et de vouloir donner un goût trop relevé à ce qu’on assaisonne2. […] Ils viennent, non pour enlever les richesses et répandre le sang des vaincus, mais pour offrir leur propre sang et communiquer le trésor céleste3. […] Ce soleil de vérité ne laisse aucune ombre, et il luit en même temps dans les deux hémisphères : il brille autant sur nous la nuit que le jour ; ce n’est point au dehors qu’il répand ses rayons ; il habite en chacun de nous.
) Personne n’admire plus que nous la riche profusion des allégories morales répandues dans Homère ; mais nous n’en sommes pas moins persuadés qu’une religion toute idéale, comme celle des Grecs et des Romains ; qu’une religion qui dit tout à l’esprit, sans presque jamais parler au cœur, ne peut offrir qu’un système de morale très incomplet ; et nous admettrons toujours une prodigieuse différence entre la vérité symbolique qui a tant de voiles à percer pour arriver jusqu’à nous, et la vérité première, qui s’élance de sa source avec la rapidité, et frappe avec l’éclat de la lumière. […] Il prospère, il jouit des bienfaits qu’il répand. […] Mais ici l’âme du sage se répand, se fond insensiblement dans ses discours, et leur prête toute la variété des sentiments qu’il éprouve.
N’a-t-il pas dit : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Observateur profond, et peintre de caractères, il excelle dans l’art d’attirer l’attention par des remarques soudaines, des traits vifs et pénétrants, des métaphores passionnées, des hyperboles à outrance, des paradoxes simulés, des contrastes étudiés, des expressions originales, de petites phrases concises qui partent comme des flèches, des allégories ingénieuses, et des morceaux d’apparat où l’esprit étincelle dans les moindres détails Le berger et son troupeau 1 Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre2 qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturage ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Le paysan au XVIIe siècle L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. […] Pour ne se répandre que sur les dehors, elle n’en est que plus haïssable, parce que c’est toujours un défaut visible et manifeste ; il est vrai cependant qu’il offense plus ou moins, selon la cause qui le produit.
De là l’effroi que répandaient les grands jours, qu’on désignait ainsi, remarque Dupleix dans son Histoire de France, « par quelque allusion au grand jour du jugement dernier ». […] , III), et qu’après avoir répandu sur sa tête des essences et des parfums, après l’avoir couronné de bandelettes comme un homme divin, il l’invitait à sortir de sa république.
Rien ne soulage plus les magistrats, rien ne dégarnit1 plus les tribunaux, rien enfin ne répand plus de tranquillité dans un État, où les mœurs font toujours de meilleurs citoyens que les lois. […] Qu’on voie dans l’histoire de Rome tant de guerres entreprises, tant de sang répandu, tant de peuples détruits, tant de grandes actions, tant de triomphes, tant de politique, de sagesse, de prudence, de constance, de courage, ce projet d’envahir tout, si bien formé, si bien soutien, si bien fini, à quoi aboutit-il ?
Ses yeux ne répandent point de larmes ; ses prières sont simulées. […] Fielding sont très remarquables par la gaîté qu’y répandit cet écrivain, gaîté du moins charmante et originale, si elle n’est pas toujours inspirée par le goût le plus délicat. […] Le grand art de répandre de l’intérêt sur un poème didactique consiste à reposer l’attention du lecteur, et à l’amuser en mêlant au sujet principal quelques épisodes agréables. […] Ils répandent la vie sur toute la nature, et principalement lorsqu’ils parlent de l’apparition du Tout-Puissant ou de ses ouvrages. […] Le poète y a répandu les beautés les plus sublimes.
Les beautés les plus éclatantes des Géorgiques sont répandues dans des digressions de cette nature, où le génie du poète a pu se déployer en liberté : tels sont les prodiges qui accompagnèrent la mort de Jules César, les louanges de l’Italie, le bonheur de la vie champêtre, la fable d’Aristée et l’histoire touchante d’Orphée et d’Eurydice. […] Plus la marche du poème didactique parait unie et monotone, plus le poète doit s’appliquer à le varier dans ses formes, à l’enrichir dans ses détails, à y répandre la chaleur et la vie, et à rendre au moins élégant, rapide et facile, ce qui ne peut être animé. […] Il répandra en même temps sur sa critique tout le sel et tout l’enjouement, toute la délicatesse et toutes les grâces qui pourront la rendre non moins agréable qu’instructive. […] Ce qui répand le plus de charme et d’intérêt sur l’apologue, c’est la naïveté, ce caractère dominant du génie de La Fontaine.