Car, comme ceux qui imitent avec les couleurs et le trait exécutent les uns par certaines règles de l’art, les autres par l’habitude seule, quelques-uns par la voix ; de même dans les espèces dont nous venons de parler, et qui imitent avec le rythme la parole et le chant, l’imitation se fait ou par un seul de ces moyens ou par plusieurs ensemble. […] Cependant il y a des tragédies où l’on s’écarte de cette règle, et où l’on ne trouve qu’un ou deux noms qui soient vrais. […] Aujourd’hui les belles tragédies sont prises dans un petit nombre de familles, comme celles d’Alcméon, d’Œdipe, d’Oreste, de Méléagre, de Thyeste, de Télèphe, dans lesquelles il s’est passé ou fait des choses terribles : telle doit être la composition de la fable d’une tragédie selon les règles de l’art. […] Ces règles doivent s’observer ici, et outre cela dans les parties du spectacle qui dépendent nécessairement de la poésie, car souvent on y fait des fautes.
À cette première règle, dictée par le génie, si l’on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le choix des expressions, de l’attention à ne nommer les choses que par les ternîtes les plus généraux, le style aura de la noblesse ; si l’on y joint encore de la défiance pour son premier mouvement, du mépris pour tout ce qui n’est que brillant, et une répugnance constante pour l’équivoque et la plaisanterie, le style aura de la gravité, il aura même de la majesté ; enfin, si l’on écrit comme on pense, si l’on est convaincu de ce que l’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres, et la vérité du style, lui fera produire tout son effet, pourvu que cette persuasion intérieure ne se marque pas par un enthousiasme trop fort, et qu’il y ait partout plus de candeur que de confiance, plus de raison que de chaleur. […] L’harmonie ne fait ni le fond, ni le ton du style : elle peut trouver dans des écrits vides de sens : Les règles ne peuvent suppléer au génie : s’il manque, elles seront inutiles. […] Le ton avec lequel l’écrivain doit parler se règle sur la nature du sujet. […] Indépendamment de ces idées singulières, les écrivains romantiques ne voulurent plus être arrêtés dans leur vol vagabond par aucune des règles auxquelles s’étaient astreints les classiques, et dédaignant de ressembler au fleuve majestueux qui, sagement contenu dans son lit roule ses ondes généreuses et répand la fraîcheur, la vie et l’abondance partout où il passe, ils préférèrent s’assimiler au torrent impétueux, qui, libre dans son cours franchit toute barrière, s’élance de tous côtés, et porte le ravage et la dévastation dans les campagnes qu’il inonde.
L’Académie n’admet point le verbe se suicider ; et nous espérons que le mot, formé contrairement à toutes les règles de la logique et de la grammaire, ne sera jamais français.
La première comprendra les règles générales du style ; la seconde, les moyens de se former le style ou de s’initier à l’art d’écrire.
Jamais les règles de la poésie n’ont trouvé un plus élégant et plus judicieux interprète. […] Par mon exil honteux la Trappe est ennoblie ; J’ai vu dans Saint-Denis la réforme établie : Le Carme, le Feuillant, s’endurcir aux travaux ; Et la règle déjà se remet dans Clairvaux ; Cîteaux dormait encore, et la Sainte-Chapelle Conservait du vieux temps l’oisiveté fidèle : Et voici qu’un lutrin, prêt à tout renverser, D’un séjour si chéri vient encor me chasser !
Enfin5 Malherbe vint, et le premier en France Fit sentir dans les vers une juste cadence ; D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. […] Courant, courant, courant, puis s’arrêtant tout court ; Voulant, ne voulant plus ; sans règle, sans conduite Sans arrêt, sans raison : que de défauts elle a, Cette jeunesse !
On trouve dans les meilleurs poètes quelques exceptions à cette règle.
Je ne m’étendrai pas davantage sur les règles du roman, parce qu’on pourra appliquer celles du poème épique.
Il se peut que je ne puisse, avec le peu d’art que je possède, découvrir la fausseté de ses principes et démontrer ce qu’ils ont d’odieux ; mais je n’en serai pas moins certain qu’il choque, en parlant, la nature, la vraisemblance et la raison, qui sont les fondements de toutes les règles, et ma définition seule l’exclura du rang des bons rhéteurs.
Madame de Maintenon a répondant à la lettre d’un jeune Ecclésiastique, pour qui elle s’intéressait, lui disait : « Je crois votre lettre très exacte, et dans toutes les règles de l’art de bien dire. […] Il y a des personnes qui prétendent que la seconde manière est plus conforme aux règles de la politesse ; et je dois dire qu’aujourd’hui elle est assez généralement suivie, quoiqu’elle soit peut-être moins commode que la première.
Étudiez Boileau et Racine ; et vous apprendrez dans leurs vers, bien mieux que dans n’importe quel Traité, toutes les règles et tous les Secrets de la versification française. — C’est un travail que nous allons commencer ensemble, et que, pour votre plus grande utilité, je vous laisserai continuer tout seuls. […] Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir leurs limites. […] Et s’il parvient, selon toutes les règles de l’art, et même avec une perfection digne d’une autre œuvre, à composer un poème, ce ne sera qu’un poème héroï-comique19.
Aristote donne de même, dans la Rhétorique, i, 1 et 15, des règles pour soutenir le pour et le contre sur la même thèse ce qui ne l’empêche pas dans la Morale à Nicomaque, IV, 13, de condamner formellement le mensonge.